donnez-leur vous-mêmes à manger
Au culte du dimanche, jusqu’à 400 enfants, plus parents et grands-parents

Liberté de croire et fondation de la maison Élim (Moldavie)

Tout a changé après la Perestroïka et la chute de l’Union soviétique. Désormais, on pouvait importer de la littérature chrétienne de l’étranger, mais aussi en imprimer librement dans le pays. On n’avait plus besoin d’être dans la clandestinité pour imprimer. On s’est également orienté vers la culture de légumes et de fleurs pour subvenir à nos besoins du quotidien.

J’avais huit frères et une sœur : deux de mes frères sont décédés très tôt ; l’un avait sept enfants, l’autre trois. Ces orphelins me faisaient de la peine ; j’ai commencé à les soutenir. Puis m’est venue l’idée que je pourrais aussi aider d’autres orphelins, qui n’ont aucune sécurité matérielle et ont besoin de soutien. L’idée consistait à créer un organisme de bienfaisance reconnu juridiquement pour apporter une aide aux enfants de façon officielle. Ainsi est née la maison Élim.
"Ils (le peuple d'Israël) arrivèrent à Elim, où il y avait douze sources d’eau et soixante–dix palmiers. Ils campèrent là, près de l’eau." Exode 15.27

Des bénédictions dans le service aux orphelins malgré les oppositions

Tout le monde ne voyait pas ce service comme une nécessité et je me suis heurté à des résistances. On m’a expliqué que la prise en charge des orphelins était de la compétence de l’État et non de la communauté de Jésus. On m’a demandé ce que je ferais si je ne recevais aucun soutien. J’ai alors répliqué que je faisais confiance en notre Seigneur Jésus pour ce fardeau. « Si mon choix ne plaît pas à Dieu, Il saura m’arrêter. »

Les enfants languissent…
… après le dimanche…
...surtout les orphelins

Depuis ces quelques trois décennies de service auprès des orphelins, je peux dire que nous n’avons connu que des bénédictions. Actuellement, presque 400 enfants viennent chez nous chaque semaine. Notre salle de réunion est parfois trop petite ; pourtant, nous avons commencé avec dix enfants.

Il m’était clairement apparu que Dieu voulait que ces jeunes connaissent sa Parole. Qui peut leur parler de l’amour de Dieu, sinon nous-mêmes ? Beaucoup de ces enfants n’ont pas de parents et vivent dans une extrême pauvreté. Nous faisons ce service la joie dans le cœur. L’occasion s’est présentée plusieurs fois d’émigrer en Amérique, mais nous avons décidé de rester. C’était un devoir pour moi que de conduire les enfants à Jésus-Christ.

Le nombre des orphelins augmente

Nous avons commencé cette mission en 1992. Au début, on s’était concentré sur les orphelins. Le service social nous avait remis la liste des enfants n’ayant qu’un seul ou aucun parent. Nous avons amené ces enfants à nos cultes et leur avons servi des repas. En parallèle, nous avons conduit une école du dimanche avec eux. Les enfants ayant raconté leurs expériences à leurs amis, leur nombre s’est accru.

Ma voiture ne suffisait plus pour les amener au culte et je devais faire plusieurs voyages. Ils étaient alors soixante-dix. Certaines personnes s’impatientaient et exprimaient leur mécontentement. Déjà du temps de Jésus certains trouvaient que les enfants se mettaient en travers de leur chemin. Mais le Seigneur leur a répondu : "Laissez venir à moi les petits enfants et ne les en empêchez pas !" (Marc 10.14)

« Mieux vaut la discothèque que le culte ! »

Un certain temps, nous nous sommes réunis au jardin d’enfants. Le nombre d’enfants ayant encore augmenté, nous nous sommes déplacés vers une exploitation agricole, où nous disposions d’une grande halle. C’est ainsi qu’est née l’association Élim. Le soutien de nombreux chrétiens de l’ouest, nous a permis de construire notre propre bâtiment.

Mais les obstacles sont également venus de l’extérieur. Le pouvoir communiste nous rendait souvent visite, car il cherchait à mettre fin à l’association. Ils nous reprochaient : « C’est mieux pour des enfants d’aller en boîte plutôt que de les endoctriner de force avec l’enseignement biblique ! »

Que pouvions-nous répondre ? Les enfants sont venus eux-mêmes à la rescousse en expliquant qu’ils étaient volontaires pour étudier la Bible et venir au culte.

Le prêtre orthodoxe s’oppose

Le prêtre local, lui aussi, a pris sa part pour nous empêcher de travailler. Un jour, il est monté dans le bus et a empêché les enfants de monter. Il les menaçait en disant qu’il bannirait leurs parents de l’Église. Je lui ai alors demandé qui l’avait investi du pouvoir d’agir de la sorte. Il expliqua qu’il agissait sur ordre du représentant local. J’appelle alors cette autorité et elle me répond qu’elle n’a commissionné personne dans ce sens. Le prêtre me dit alors : « J’ai dû confondre, c’est le policier de la circonscription qui m’a demandé d’intervenir contre vous. » Dieu a fait en sorte que ce même policier se trouve alors à proximité. Je l’ai interpellé et lui ai relaté l’affaire, mais celui-ci a protesté et contredit l’affirmation du prêtre. Je me retourne alors vers le prêtre et lui dit : « Tu ferais mieux d’aller dans les bars et les discothèques et d’en sortir les enfants, plutôt que de les empêcher d’écouter la Parole de Dieu ! ». Honteux, il est sorti du bus.

Le lendemain, il vient me voir pour me demander : « Qui es-tu vraiment ? » Je lui ai dit que j’étais un pécheur pardonné et par là un chrétien. Il m’a reproché d’attirer les enfants avec des bonbons, sur quoi je lui ai répliqué qu’il pouvait faire la même chose. À court d’arguments, il a fini par se montrer plus conciliant et, depuis ce jour, il ne nous ennuie plus.

Les chrétiens aussi souffrent

Durant notre service, nous avons connu plus d’une fois des moments difficiles, mais le Seigneur Jésus ne nous a jamais abandonnés. L’un de nos fils est décédé en 2013, lors d’un accident de voiture ; ce fut un gros choc pour la famille et il nous a fallu beaucoup de temps pour nous en remettre. Mais nous savons que cette tragédie ne s’est pas réalisée sans l’aval de Dieu, un Dieu qui soigne les blessures, même si les cicatrices restent.

Parcage des bus chez Vassily

Deux bus pour les enfants !

Dieu nous a apporté son aide dans des moments particulièrement difficiles, particulièrement perceptibles par exemple lors de notre rencontre avec la mission FriedensBote/Messager de la Paix. Quand les frères ont eu connaissance de notre projet, ils nous ont aidés à l’achat de deux gros bus pour pouvoir transporter les enfants en toute sécurité, notamment pour le culte. Les enfants autant que nous-mêmes en sont très contents.

Dès 6h00 du matin à l’arrêt du bus

On commence le dimanche matin dès 6h00.

À l’arrêt de bus, tôt le matin…
Nous prenons place avec les chauffeurs (Ici Vassily au volant) dans les bus et commençons la tournée de ramassage dans toutes les directions.
Les jeunes viennent de la vingtaine de villages environnants. Certains doivent se lever dès 5h30 pour ne pas rater le bus, d’autres m’appellent s’il y a un retard pour savoir si le bus viendra.
Au bout de 3 heures, les bus sont pleins, et tous sont pleins d’attente…
Pendant ce temps, les frères et sœurs de l’église préparent le petit-déjeuner, lorsque nous arrivons vers… 9h00 !
Les enfants prennent un thé avec des biscuits avant le culte, car la plupart ont peu ou pas à manger chez eux, surtout l’hiver.

Pour entrer dans la salle, ils se mettent en rang en file indienne. Nous chantons beaucoup et leur racontons des récits bibliques. Certains préparent le service en lisant des versets ou des poème.

Après le culte, nous leur servons un gros hot-dog , puis ils repartent chez eux en bus.

Au travers de l’aide, on apprend à aider

Nous rendons visite aux enfants à leur domicile et leur apportons des colis de nourriture.
Nous aidons aussi les familles pauvres avec des biens de première nécessité là où nous le pouvons. Nous avons ainsi la possibilité de mieux connaître leurs besoins réels ainsi que leurs parents, comme ceux-ci aussi nous découvrent.

Famille visitée par Vassili et Dina régulièrement

La pauvreté et la situation désespérée de certaines familles sont au-delà de l’entendement humain. Leur pauvreté est telle qu’elles n’ont parfois rien à manger.
À plusieurs, nous avons aidés à acquérir une vache, à condition, que lorsque la vache vêle, ils élèvent le veau, puis le donne à une autre famille.
On aide aussi certaines familles avec du bois de chauffage pour l’hiver. Pour d’autres, c’est un coup de main pour la maçonnerie d’une cheminée ou l’achat d’une machine à laver.

Le cercle des connaissances s’accroît et de plus en plus de gens entendent parler de la Bonne Nouvelle de Jésus-Christ et viennent à Lui.

L’esclavage implacable du péché

Une famille que l’on connaît a six enfants. Dans leur maison avec deux pièces, c’est la pauvreté absolue.
Toute la famille vit dans l’une des pièces ; tous dorment dans le même lit. Dans l’autre pièce, c’est l’étable. Le sol est en terre battue, les murs et le plafond en argile ; la maison peut s’écrouler à tout moment en cas d’orage très violent ; on a beaucoup de mal à s’imaginer comment cette famille peut vivre en hiver dans ces conditions.

Le premier mari de cette femme était un ivrogne chronique et battait sa femme régulièrement. Un jour, il lui a cassé plusieurs côtes. Elle a été hospitalisée et une instruction pénale a été ouverte contre cet homme. De peur, il s’est pendu. La femme est restée abandonnée, avec ses enfants encore petits.

Puis elle a épousé un autre homme qui buvait lui aussi. Il a rejeté l’invitation de se rendre au culte sous prétexte qu’il n’avait pas le temps pour ça.

Une indigence insupportable règne autour de la maison, c’est un tel tas de ruines ! La mère s’est cassée la colonne vertébrale lors d’un accident et elle ne peut plus travailler malgré une opération. Cependant elle se rend au culte avec ses enfants. Les enfants rayonnent de joie, ils ne sont pas encore corrompus par le mal. Ils sont bien conscients de leur situation et ils cachent cette misère, ils enfilent leurs chaussettes de manière à cacher les trous. Chaque dimanche, ils sont joyeux au culte et ils connaissent les cantiques par cœur.

Abandonnés à la maternité

Plusieurs générations de jeunes ont grandi sous nos yeux. Les premiers enfants sont maintenant adultes et la plupart ont fondé un foyer chrétien. Certains vivent en Ukraine, d’autres en Transnistrie, en Russie ou dans d’autres pays.

C’est grandiose de constater comment Dieu agit et ce qu’Il peut faire à travers la vie d’un enfant. En voici un exemple : un jeune est venu au culte et s’est converti peu après. Il a passé toute son enfance et son adolescence à l’orphelinat. Il n’a connu ni père, ni mère. À la sortie de l’orphelinat, il a vécu chez nous. C’est Sergueï, un adolescent vraiment honnête et intelligent. Il venait au culte régulièrement ; après sa conversion, il s’est fait baptiser. Devenu adulte, il a décidé de retrouver ses parents et il a découvert l’adresse des grands-parents dans une archive. Il m’a demandé de l’accompagner. Nous nous sommes donc rendus à l’adresse des grands-parents maternels. Ceux-ci étaient étonnés de sa ressemblance avec le grand-père. Et Sergueï a pu apprendre des choses sur sa mère.

Dieu redresse des chemins tortueux

La mère de Sergueï étudiait la pédagogie et, avec son mari, ils vivaient dans une ville du nord de la Moldavie à la frontière avec l’Ukraine. Le père dirigeait un atelier de réparation et la mère était directrice de la poste. Des personnes respectables. Quand leur fille dut accoucher d’un enfant illégitime, elle prit peur de le présenter à ses parents. Elle ne retourna pas à la maison durant les derniers mois de grossesse. Elle abandonna son bébé à la naissance à la clinique et poursuivit ses études. Elle fit comme si rien ne s’était passé. Plus tard, elle se maria et eut trois enfants. Mais sa vie ne peut pas être caractérisée comme tranquille et agréable. La rumeur de son péché parvint jusqu’à son mari qui la quitta. Peu de temps après, elle mourut dans un accident... Les enfants furent élevés par les grands-parents.

Quand Sergueï retrouva ses grands-parents, ils l’ont accueilli. Sa plus jeune sœur lui raconta qu’elle pressentait qu’elle avait un autre frère. Quelqu’un aurait pu lui raconter… Mais quand elle en parlait à sa mère, celle-ci la giflait et affirmait que c’était faux.

Sergueï raconta à sa parenté comment il s’était tourné vers Dieu et qu’il avait rejoint une communauté chrétienne. Ils trouvèrent une église dans leur région et ils commencèrent à y aller ensemble. Les grands-parents se sont convertis quelques temps après, alors que, jusque-là, ils étaient des communistes convaincus. Plus tard, Sergueï partit en Russie pour le travail. Là, il a fait la connaissance d’une sœur en Christ et ils se sont mariés. Sergueï nous a rendu visite avec sa femme à l’occasion d’une fête. Lors du culte, il a parlé aux enfants de son vécu, comment il était devenu orphelin dès les premiers jours de sa naissance et comment Dieu l’avait trouvé pour atteindre ensuite les grands-parents. Oui, vraiment, Dieu peut redresser les chemins tortueux et Il ne commet pas d’erreurs.

Dieu est un père pour les orphelins

Les enfants vivent souvent des choses tragiques. Les parents de deux enfants sont morts sur le chemin de retour à la maison alors qu’ils traversaient un lac gelé. La glace s’est brisée et ils se sont noyés. La grand-mère a assuré l’éducation de ses petits-enfants d’un an et demi et trois ans. Plus tard, nous les avons emmenés au culte. Ils se sont convertis et se sont fait baptiser.

Grischka a trouvé un père en Dieu

« J’ai lu la Bible six fois ! »

La parole de Dieu pénètre dans le cœur des enfants. Grischa, un jeune homme qui vit avec sa mère, est venu au culte un dimanche matin, avec sa grand-mère et son frère aîné. Le père est parti depuis longtemps et ils ont dû lutter pour survivre.

Grischa a donné un court témoignage : « Une tante m’a amené à l’école du dimanche il y a huit ans. J’ai rencontré Vassily, un homme bon qui a beaucoup aidé notre famille. Il m’a offert une Bible, m’a parlé de Dieu pour m’expliquer que le Seigneur Jésus est notre Sauveur. J’ai commencé à réfléchir à la vie que je menais. Je viens souvent à cette église ; j’ai déjà lu la Bible six fois. Il s’y trouve beaucoup d’histoires intéressantes. Je la lis le dimanche, mais aussi en semaine, parfois deux à trois heures par jour. J’apprends aussi des versets bibliques ; mon verset préféré est celui de Jean 3.16 : Car Dieu a tant aimé le monde, qu’il a donné son fils unique afin que quiconque croit en Lui, ne soit pas perdu mais qu’il ait la vie éternelle.

Le Seigneur Jésus m’aide en toute chose ; je Lui demande avant tout la santé, pour moi et mes proches parents, et aussi une confiance plus grande en Lui. »

Faim après la Parole de Dieu

Dieu aime beaucoup les enfants. Il les appelle à lui, et, dans leur sincérité, les enfants répondent à cet appel par leur propre amour. Un jour, il avait beaucoup neigé et le bus n’a pu atteindre que son premier arrêt. Mais voilà que les enfants sont venus vers nous à pied, à travers les tourbillons de neige, parcourant une distance de sept kilomètres. Ils firent cela parce que leur besoin de venir au culte était plus fort que l’obstacle qu’était la neige pour eux.

Nous sommes très reconnaissants à la mission FriedensBote/Messager de la Paix pour son soutien si fidèle de notre ministère.

Wassili et Dina rendent visite à une femme aveugle et chantent un cantique avec ses petits-enfants qui grandissent sans père.

 

 

Vassily et Dina COSOVAN

 

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Chers amis de la mission,

Présentement, trois bus assurent le ramassage des enfants chaque dimanche. Cela représente environ 350 km. Vu le mauvais état des routes, les bus doivent régulièrement être remis en état. À cela s’ajoute le coût de la nourriture et de l’aide aux familles…

Une pensée ne nous quitte pas : si ces enfants n’avaient pas connu ces personnes qui les entourent si aimablement et leur apportent le message de Jésus, s’il n’y avait pas ces églises, ils n’auraient pas perçu la moindre étincelle d’une vraie joie chrétienne.

Ils n’auraient alors pas eu la possibilité de voir la différence entre une vraie vie avec Dieu et une vie dans le péché ! Ils auraient marché dans les traces des pas de leurs parents et adopté leur mode de vie. Cependant, le Seigneur a eu compassion d’eux et leur a donné Vassily et Dina Cosovan, avec la joie en plus.

S’il vous plaît, continuez de prier pour la maison Élim et aussi que, par l’aide humanitaire, les parents de ces enfants soient atteints par l’Évangile.