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Évangéliser les enfants et les femmes : une entreprise à hauts risques en Ouzbékistan

Le péché détruit ce que le pays a de plus beau

L’Ouzbékistan est généralement connu à cause de la Route de la Soie, une ancienne voie commerciale reliant la Chine à la Méditerranée. Samarcande est l’une des villes les plus importantes sur son parcours. Le Régistan, la magnifique place et les trois splendides écoles religieuses islamiques immédiatement voisines et couvertes de mosaïques, datant d’une époque située entre le 15e et le 17e siècle, sont des monuments emblématiques de l’architecture islamique.

Les quelque 450 000 km2 de la superficie de l’Ouzbékistan consistent essentiellement en déserts ou steppes impropres à l’agriculture. Une assez petite partie orientale est constituée de hautes montagnes. Partout où l’on peut amener l’eau des torrents, on pratique une agriculture active qui constitue la principale source d’approvisionnement du pays. Mais, comme l’industrie n’est que faiblement développée, beaucoup de gens se voient obligés d’aller travailler comme ouvriers migrants à l’étranger, en Russie ou en Corée du Sud. La conséquence est que, d’une part, les familles souffrent de l’absence de l’un ou des deux parents et que, d’autre part, la moralité publique s’accroît par le retour des travailleurs qui ramènent la prostitution et la drogue.

La place “Régistan”, l’une des plus belles au monde.
En Asie Centrale : des chrétiens sous pression.

Confesser Christ, malgré la forte pression

Selon des données officielles, la population de l’Ouzbékistan compte plus de 100 ethnies, dont plus de 70 % sont ouzbèques. Il ne reste guère d’Européens ethniques, établis là autrefois, ni de gens qui s’étaient tournés par conviction vers la foi chrétienne. Aujourd’hui la majorité se déclare musulmane sunnite et cela avec une pratique religieuse croissante. Pour être acceptés dans la société, bien des gens trouvent bon d’aller à la mosquée et de pratiquer les coutumes musulmanes telle que le respect du ramadan, même si beaucoup le font sans conviction.

C’est pourquoi la pression sociale est une fréquente cause de persécution pour les personnes qui se tournent vers Jésus-Christ. Souvent les proches de la famille apprécient les changements positifs dans la vie des convertis. Mais la pression massive de la part de parents éloignés les oblige généralement à réfréner la foi naissante. La conversion d’un membre est considérée comme une honte insupportable pour l’ensemble de la parenté.

Malgré cela, il y a toujours à nouveau des personnes prêtes à confesser Christ. Elles ont besoin d’un Sauveur pour leur âme, de pardon pour leurs péchés et de paix pour leur cœur. Autant de choses qu’on ne trouve qu’en Jésus-Christ ; aussi sont-elles prêtes à payer le prix de la persécution.

Que faire quand on perd des appuis ?

L’histoire de Sabine et de sa grand-mère illustre le fait que la persécution ne connaisse de limite à aucun âge. Sabine a grandi dans une famille adonnée à l’alcool. Le plus souvent ses parents étaient ivres et hors d’état de s’occuper d’elle. Pour Sabine le seul rayon de lumière était sa grand-mère qui avait accueilli Jésus dans sa vie et pouvait désormais aussi soutenir sa petite-fille. Elle a appris à Sabine à aimer Dieu et à apprécier la Bible. Elle l’a également mise en contact avec Emma (nom modifié pour raisons de sécurité), notre évangéliste parmi les femmes et les enfants. Emma l’a accompagnée et encouragée dans sa jeune foi par des visites à domicile et en l’invitant à des colonies de vacances. Mais la foi de Sabine n’a pas tardé à être mise à l’épreuve

Lorsque sa grand-mère mourut, les villageois ont fait de leurs menaces une réalité : ils n’allaient pas enterrer la grand-mère décédée, parce qu’elle était chrétienne. Comme celle-ci était restée résolue jusqu’au bout à ne jamais abandonner Jésus, quoi qu’on fasse d’elle après sa mort, on lui a refusé la mise en terre au cimetière local. Alors les chrétiens ont fini par l’enterrer dans un cimetière russe.

Lutter pour sa foi, c’est lutter pour la Parole de Dieu

À présent la jeune Sabine se retrouvait seule face à sa parenté. Plusieurs membres de sa famille sont venus chez elle pour détruire tous les objets chrétiens de sa grand-mère et tout particulièrement brûler sa littérature. Sabine a tenté d’empêcher ces destructions, mais finalement elle a seulement pu préserver sa Bible qu’elle avait cachée à temps. On s’en est aperçu après coup, et on voulait aussi la lui enlever. Mais elle a pu l’apporter chez Emma où elle pouvait continuer à l’étudier.

À l’école, lorsqu’on a su que Sabine prenait position pour Jésus, on ne lui a plus accordé les distinctions que méritaient ses excellents résultats. Mais ses parents n’y ont pas pris garde. Lorsque, une année plus tard, Emma a appris cela, elle entreprit de porter secours à Sabine. Ayant dû rédiger un exposé sur l’Ouzbékistan, Emma lui a apporté son aide. Mais ce fut une nouvelle occasion pour le professeur de traiter Sabine injustement et de se moquer de sa foi. Comme il était obligé de lui donner un très bien plus, il lui a dit : « Ceci n’est PAS une croix, c’est un plus ! »

Aujourd’hui Sabine a 15 ans, elle prie pour ses parents sans se lasser, et elle poursuit fidèlement sa vie avec le Seigneur. Son grand espoir, c’est qu’une fois adulte elle puisse entrer au service de Jésus-Christ. Et si Dieu la conduisait ainsi, par la suite elle pourrait aider Emma dans son travail, voire reprendre celui-ci à sa place.

 

Un sujet de prière urgent : des femmes missionnaires parmi les femmes

Emma conduit une étude biblique.
Ce sont en premier surtout les femmes qui viennent à croire en Jésus. Mais au fil du temps, les membres masculins de la famille se convertissent également.

En Ouzbékistan, sur dix personnes intéressées par la foi chrétienne, il n’y a qu’un homme, mais neuf femmes.

C’est un grand problème car le fait qu’un homme se réunisse avec des femmes est impensable dans un milieu islamique !

C’est donc Emma qui a assumé cette tâche.

Comme professeur de langue et de littérature russes, elle ne manquait pas de parler de Jésus. Cela s’est su et elle a été licenciée.
Cependant, bien qu’elle vive seule et que ses enfants soient établis en Corée du Sud, elle reste infatigable dans ses déplacements comme évangéliste parmi les femmes et les enfants.

Les femmes évangélistes comme Emma constituent un grand sujet de prière.
Elles font cela au cours d’entretiens personnels et en petits groupes.
Ce n’est que lorsqu’une personne est fermement décidée à suivre Jésus qu’on la dirige vers un lieu de culte.

Parfois Dieu fait grâce et, après la conversion de l’épouse ou de la mère, les hommes de la famille viennent aussi à la foi.

Une femme missionnaire très engagée auprès des enfants

Les enfants constituent un champ très important pour l’évangélisation.

Au cours d’une année, Emma dispense un cours biblique avec 30 enfants en séances parallèles.

Elle doit aussi voir chacun de ces enfants à leur domicile. Pour les fêtes, ces enfants sont invités à des cultes célébrés dans des églises reconnues par l’État. Là, leur participation peut généralement se faire sans grand danger.

Par la suite, les enfants sont rassemblés quelque part en plein air pour bénéficier d’une sorte de colonie de vacances sans hébergement (Ndlr : comme un centre aéré en France). Rien que cette année, 11 colonies ont eu lieu à divers endroits pour des enfants issus du programme d’Emma, chacune durant trois à quatre jours.

Cours biblique avec les enfants

Cependant, il y avait chaque fois le risque que ces rencontres soient bloquées par les autorités. Emma ne cesse d’être surveillée et même interrogée par les services de sécurité. Des interrogatoires et des interruptions de rencontres sont possibles à tout moment. Elle cache son matériel de travail chrétien, dans l’espoir qu’il ne sera pas confisqué. Comme femme elle se sent constamment responsable de protéger les autres femmes et les enfants de la persécution par leurs proches et par des autorités. Cela lui coûte beaucoup d’énergie.

À cinquante ans, elle est souvent tentée de tout abandonner, mais avec le secours de Dieu elle ne renonce pas. Son esprit de service et sa consécration motivent d’autres femmes à suivre ses traces et à se vouer à l’annonce de la Bonne Nouvelle. Un autre exemple à cet égard est Nargisa dont toute la maisonnée s’est convertie et se fait actuellement équiper pour s’engager dans ce service.

Inquiétude à propos de nouveaux frères et sœurs dans la foi

Pour le récit suivant nous laissons la parole à Emma :

« L’année passée n’a pas été facile pour nous. Il y eut beaucoup de difficultés et d’empêchements : des persécutions, des amendes… Certains endroits où nous avions travaillé depuis bien des années, sont devenus inaccessibles.

» Comment allons-nous continuer ? Nous nous faisons du souci : ceux qui ont accueilli Christ tiennent-ils bon dans la foi ? Ont-ils assez de force pour aller jusqu’au bout ? Car bien des chrétiens ont vu leurs proches se détourner d’eux. Ils font l’objet de pressions constantes de la part de leurs voisins et des autorités.

» C’est avec ces grandes préoccupations que j’ai accompagné Gusaly, ma sœur en la foi, chez des membres de sa famille dans le secteur de Syrdarya. Elle s’est tournée vers Christ il y a sept ans. Que de choses se sont produites pendant cette période ! Une de ses sœurs était voyante et a provoqué de grosses altercations à chacune de mes visites. Elle appelait la police, me dénonçait et me maudissait.

Convaincus par la sincérité des chrétiens

» Mais, étape après étape, Dieu a édifié et consolidé cette maison. Au moment de ma première visite c’était une petite cabane. À cette époque le mari de Gusaly venait d’être libéré de prison. Chaque fois elle nous accueillait avec grand plaisir. Car, nous a-t-elle raconté, par notre entrée dans sa vie le Seigneur Jésus a consolé son cœur en lui faisant espérer des temps meilleurs. Son mari ne nous a pas fait de difficultés, mais il gardait ses distances. Longtemps, il nous a observées sans prendre part à la conversation, se levant souvent pour sortir.

» Le temps a passé, les membres de la famille se sont rassurés et habitués aux visites. Les voisins commencèrent à les apprécier pour leur mode de vie modeste et leur grande amabilité. À la place de la cabane on a monté une nouvelle maison que les frères et sœurs en la foi ont aidée à construire. La parenté a cessé de les ignorer, elle les a même invités à leurs fêtes et les écoutait attentivement quand ils leur expliquaient ce que leur “Dieu-Jésus” leur enseignait quant à la manière de vivre. Les enfants ont accueilli Jésus. Quant au mari, il a certes écouté, mais il ne s’est pas incliné devant Dieu. Cependant, lorsqu’il a compris que des gens, totalement étrangers, avaient le désir sincère de les aider, il n’a pu rester indifférent.

Toujours exposés à tous les regards

» Gusaly est l’âme de la maison. Son caractère gai et serviable a ouvert la porte des maisons de la parenté, et celle-ci était nombreuse. Mais il est devenu de plus en plus difficile de venir chez Gusaly, car dans cette localité tout est exposé aux regards de tous. Quand on apercevait des visiteurs inconnus, dans l’heure qui suivait d’autres “visiteurs” venaient soit du comité local (l’administration municipale), soit du service de sécurité. Pour pouvoir nous rencontrer, Gusaly et ses enfants se sont vus de plus en plus obligés de venir chez nous, pour des raisons de sécurité.

Nous savions que cette situation allait se présenter, aussi avons-nous veillé dès le début à l’encourager à sonder par elle-même la Parole de Dieu et à tenir des cultes dans le cadre de la famille. Nous appliquons partout ce principe, même lorsqu’il nous semble que les nouveaux convertis ne sont pas encore affermis dans leur foi, car ils connaissent très peu les Écritures saintes et ont encore un grand besoin d’enseignement…

"Dieu a envoyé son Fils unique dans le monde afin que nous vivions à travers lui." (1Jean 4,9)
De plus en plus de personnes en Ouzbékistan croient à ce message salvateur.

« Les actes parlent plus fort que les paroles »

» Nous avons visité de la parenté de Gusaly qu’elle m’avait fait connaître, il y a plus d’un an. Elle m’avait alors présentée comme une amie et professeur de russe qui enseigne gratuitement les enfants. Chaque famille a des enfants et tous les parents tiennent à ce qu’ils sachent le russe. Mais rares sont ceux qui peuvent se payer un professeur particulier, et on ne trouve plus guère de classes de russe.

En Ouzbékistan les gens sont hospitaliers, bienveillants, mais aussi très méfiants. Ils peuvent vous écouter, sans vous interrompre, vous donner l’impression d’être d’accord, tout en restant sur leurs positions. Ils vous observent très attentivement et vous évaluent non d’après vos paroles, mais d’après vos actes et votre mode de vie. Malheureusement, ils font souvent dépendre leur décision en fonction du gain que va leur apporter l’engagement dans une nouvelle voie et croire en Jésus. Leur choix leur permettra-t-il de connaître le succès terrestre ? De plus, n’importe qui n’a pas le droit de participer aux conversations. Il faut d’abord mériter le respect et l’autorité. Il n’est donc pas rare qu’il faille de nombreuses années avant d’être écouté par les gens.

La persécution par l’islam s’intensifie

» Un chauffeur nous a fait monter à l’arrière de sa voiture et je me demandais ce qui attend des chrétiens comme Gusaly, si nous ne pouvons plus la rencontrer et l’enseigner chez elle. D’année en année la diffusion de l’Évangile devient plus difficile. Ces derniers temps la pression de l’islam s’est considérablement accrue. La persécution par le gouvernement a augmenté, ainsi que la résistance de la parenté contre la foi chrétienne.

Dieu envoie, quand l’heure est venue

» Tandis que je suivais ainsi le fil de mes pensées, j’ai noté qu’au cours de notre trajet nous avions encore invité un vieil homme à monter à bord. Il avait les cheveux tout gris et portait les vêtements de dessus blancs, comme c’est la coutume lors de la saison chaude. Au bout de quelque temps, il s’est mis à fouiller dans son sac de voyage et en a tiré une grosse grenade rouge bien appétissante. Avançant le bras devant moi vers Gusaly, il dit : « Ana kyzim olinj… », ce qui voulait dire : « Tiens, ma petite fille, prends… ! »

» Sur le moment, je n’ai pas accordé de signification particulière à ce geste, mais je me suis étonnée qu’il ne m’ait pas demandé de faire passer le fruit. Je n’ai été nullement blessée de ne pas l’avoir partagée avec moi et qu’il agisse comme si je n’existais pas. Lorsque je me suis tournée pour mieux voir notre compagnon de voyage, nos regards se sont croisés. Il m’a regardée en plissant légèrement les yeux en un bon sourire rayonnant de chaleur et de paix. J’avais presque l’impression que ce regard me pénétrait très profondément. « Quel grand-père plein de bonté ! », me suis-je dit. Il y avait quelque chose de spécial en lui.

Il faut beaucoup de temps pour gagner la confiance des anciens

» Puis, subitement j’ai compris pourquoi le vieil homme avait passé la grenade devant mes yeux. Par ce tableau le Seigneur Jésus m’a montré très clairement que l’heure que nous attendions depuis longtemps, était arrivée. À présent la possibilité était offerte à Gusaly d’apporter la Bonne Nouvelle à ses parents et à ses voisins au village… »

Les promesses de Dieu restent en vigueur aujourd’hui

Il y eut un temps où le Seigneur Jésus avait envoyé en Ouzbékistan des évangélistes venus d’autres pays, par lesquels nous avons entendu la Bonne Nouvelle. Bien qu’aujourd’hui un tel travail ne soit pratiquement plus possible, l’Évangile se répand toujours plus profondément malgré les obstacles, étendant les frontières du royaume de Dieu.

L’assurance que le Seigneur Jésus-Christ tient tout dans ses mains remplit nos cœurs de la paix de Dieu ; les choses deviennent étonnamment faciles et paisibles. À Dieu tout honneur pour sa fidélité et son action ! Qu’Abraham soit notre modèle : “Il n’a pas douté, par incrédulité, de la promesse de Dieu, mais il a été fortifié par la foi et il a rendu gloire à Dieu, car il avait la pleine conviction que ce que Dieu promet, il peut aussi l’accomplir”. (Rom 4.20-21)

Nous dépendons de vos prières

Veuillez prier particulièrement intensément pour Emma et pour les autres chrétiennes qui évangélisent les femmes, car elles ont un besoin spécial du soutien de Dieu.

De plus en plus d'Ouzbeks lisent la Parole de Dieu dans leur langue maternelle et croient en Christ.

Le travail d’évangélisation parmi les femmes et les enfants en Ouzbékistan est coordonné et accompagné par Alexandre dont le cœur brûle depuis des années pour la population de ce pays. Du temps de l’Union soviétique ses ancêtres avaient été déportés comme Coréens en Ouzbékistan.

Aujourd’hui, il pourrait retourner sans problème en Corée du Sud, mais il reste résolument ici avec sa famille. Secondé par sa femme et ses deux enfants il veut travailler au nom de Jésus parmi les gens qui ne connaissent pas encore Jésus-Christ. Il va jusqu'à partager volontiers ses revenus avec d’autres personnes actives dans le royaume de Dieu. Il les soutient autant qu’il le peut par ses conseils et ses interventions. Dieu l’utilise comme berger pour consoler l’Église dispersée dans des groupes de maison en de nombreux endroits et pour encourager ceux qui servent Dieu. Dieu, Par leur ministère commun, en a déjà appelé beaucoup à le suivre et à recevoir la vie éternelle. Que Dieu en soit loué !