donnez-leur vous-mêmes à manger

Voyage en Moldavie du 13 au 20 août 2019

(Carte avec autorisation sur http://www.freeworldmaps.net/fr/moldavie/)


Drapeau de Moldavie

Le 13 août, en compagnie d’Alex Janzen et Mickaël Ruhig, de la mission FriedensBote, nous nous rendons à l’aéroport de Düsseldorf où nous prenons le vol pour la Moldavie. Arrivée à Kichinau, la capitale, je constate ce proverbe : Les voyages forment la jeunesse et déforment les valises ! La mienne a perdu une roue, mais ça roule quand même.

Nous sommes accueillis par les frères Vitaly Vasniésnov et Ivan Nédéoglo qui nous conduisent au centre de Kichinau. Là, nous goûtons à la cuisine moldave.

En fin d’après-midi, nous allons à Agneni Novui, un petit village à 60 km de la capitale. La petite église de maison est composée principalement de 3 familles et leurs 22 enfants… Ils nous offrent une collation pendant laquelle ils nous parlent des merveilles que Dieu a accomplies dans leurs vies.

Le 14 août, Ivan Nédéoglo nous conduit vers le sud, où la température va atteindre 34 degrés. Pendant le trajet, la discussion s’engage sur la situation dans le pays : 60% de la population vit à l’étranger. Cela explique le fait que nous voyons beaucoup de maisons neuves ou en réparation ou en construction, mais vides. Il y a aussi beaucoup de maisons et de bâtiments de la période soviétique à l’abandon. Les salaires sont très bas et donnés au compte-gouttes. Maya, l’épouse de Vitaly Vasniésnov, a reçu le 13 août son salaire de septembre 2018 ! Il y a beaucoup de corruption à tous les niveaux. Sans l’aide de ceux qui travaillent à l’étranger, et de l’Europe, le pays serait en faillite totale. La Moldavie est essentiellement agricole. La terre est aussi noire (donc fertile) que celle d’Ukraine. La vigne est la principale ressource du pays, mais elle ne profite pas à tout le monde. Les langues utilisées sont le roumain 60%, le russe 30% et les autres dialectes 10%. Il n’y a pas de langue spécifique moldave.

Diverses visites individuelles

Il s’agit de prendre des nouvelles auprès de plusieurs frères et sœurs pour les encourager dans leur foi et leur apporter quelque soutiens matériels, en particulier par des denrées alimentaires.

1. Avec Liouba

Nous arrivons chez Liouba Ploutchy [photo 1], concierge de l’église. Elle est atteinte de leucémie. Elle aime évangéliser et nous explique comment le Seigneur l’a bénie. Elle a été mariée à un homme violent et alcoolique qui la battait souvent. Ils possédaient une ferme et cultivaient la terre. Un jour, alors qu’ils ramassaient des choux, il s’est mis à la battre ; elle s’est révoltée et défendue à coups de choux et a tué son mari. Elle a été condamnée à 10 ans de prison pour ce meurtre. C’est là que, suite au passage régulier de frères, elle s’est convertie à Dieu par la foi en Jésus-Christ. Elle s’est fait baptiser et a commencé à évangéliser autour d’elle, y compris durant la difficile période soviétique.

Le 15 août, nous partons vers le nord, et nous arrêtons à Orheï où habite Viorica Dédechcu. Cette sœur en Christ habite un appartement au rez-de-chaussée. Aveugle de naissance, elle était mariée à un à homme aveugle par accident et réparateur d’accordéon... Elle tricote et coud avec sa machine à coudre. Elle possède également l’accordéon de son défunt mari. Elle lit sa Bible et son recueil de cantiques en braille. Âgée de 70 ans, elle a actuellement un problème avec une prothèse à l’œil gauche. Elle s’est préparée avec soin pour nous recevoir. De sa jolie voix, elle nous chante deux cantiques sur Jérusalem et sur Israël. Prenant sa Bible fort épaisse, elle nous lit un passage dans les actes des apôtres, puis prie exprimant sa reconnaissance. Puis, Mickaël lit Lamentations de Jérémie 3.21-23 : “Voici ce que je veux repasser en mon cœur, ce qui me donnera de l’espérance. Les bontés de l’Éternel ne sont pas épuisées, ses compassions ne sont pas à leur terme ; elles se renouvellent chaque matin. Oh ! Que ta fidélité est grande !” Nous quittons cette sœur (qui est soutenue mensuellement par notre mission, le Messager de la Paix) avec le sentiment d’avoir passé un moment privilégié avec elle.

2. Tatiana

Le 16 août, nous allons chez Tatiana [photo 2] et Valentina. Tatiana est invalide depuis une agression, alors que, enfant, elle sortait de l’école primaire. Les auteurs de cet horrible méfait n’ont jamais été retrouvés ! Elle ne bouge plus et ne parle plus, mais semble tout comprendre. De son côté, Valentina a 59 ans et est atteinte d’un cancer. Elle a eu 5 fils qui l’ont abandonnée. L’un d’eux a contracté un crédit bancaire pour s’acheter une Jeep, puis s’est volatilisé. La banque s’est retournée contre elle pour récupérer le montant du prêt : elle veut vendre, non seulement la maison, mais aussi celle des parents située en face. Les maisons sont vétustes.

Puis, nous arrivons chez une famille nombreuse de 7 enfants. Le dernier a 3 mois. Au mari, qui dormait, il faudra un bon moment pour prendre conscience de notre présence. Dehors, il nous présente un alambic de sa fabrication. Il distille de l’alcool à partir d’un genre de grosses mirabelles. Vassili Kossovan lui suggère qu’il serait plus profitable de faire des compotes ou des confitures pour ses enfants. Sa réponse est que l’alcool est bien meilleur ! Il se dit orthodoxe, mais c’est bien triste de voir ce que lui apporte sa religion sans ce ce ce que lui apporte sa religion sans Christ, une religion mêlée d’occultisme, de superstition et d’alcool...

3. Avec Mikaël et sa maman

Notre dernière visite sera plus réconfortante, bien que la situation y soit lourde. Cette sœur en Christ est atteinte d’un cancer de la vésicule biliaire, qui a été opéré. En plus d’un fibrome, elle a de fortes poussées de température et, malgré la chaleur, reste très couverte. Son mari et deux filles sont absents. Seul Mickaël, le fils, est auprès de sa maman [photo 3] pour laquelle il montre un amour profond. Tous deux manifestent une foi réelle et nous prions ensemble. Quand je demande à Mickaël ce qu’il voudrait faire plus tard, il répond qu’il est bon élève – ce que confirme sa maman – et qu’il est intéressé par la chimie et la physique. Puis, sur l’insistance d’Alex, il avoue, en regardant Vassili Kossovan avec une petite gène, qu’il souhaite devenir pasteur. La maison est bien entretenue. Quel contraste avec ce que nous avons vu précédemment. Quand le Seigneur entre dans un cœur, même l’extérieur change !

Le 17 août, nous commençons les visites par une famille recomposée. Le mari a eu un fils d’un premier mariage. Son épouse actuelle a été mariée, mais, tellement battue par son mari, elle a dû être hospitalisée et opérée de la colonne vertébrale. Son mari a été arrêté et s’est pendu en prison. Le nouveau couple a 4 enfants, dont 2 comme famille d’accueil. Depuis quelque temps, elle est devenue chrétienne. Son mari n’est pas contre, mais garde ses distances. Il a aussi un problème avec l’alcool. Il accepte que nous priions ensemble.

Visite d’œuvres

Le 18 août, c’est dimanche. Nous arrivons à la petite ville de Singuereï, où se situe la fondation “Élim”, un Centre d’Accueil pour orphelins et enfants de familles pauvres. Nous y rencontrons les responsables, Vassily Kossovan et son épouse Dina. Ils sont entièrement consacrés à la cause des enfants perdus. (Voir sur le site messager-delapaix.org, le n°116)

4. À Élim, l’un des bus de ramassage
5. L’assistance au culte
6 - Élim l'église de maison

Le bâtiment principal du centre se compose d’une grande salle de réunion de 300 à 400 places, pleine à craquer tous les dimanches.

Les enfants sont recueillis dans les villages alentour au moyen de cars. Ils reçoivent une instruction biblique ponctuée de chants.

Une collation leur est offerte avant le retour chez eux. Une ferme, en annexe, fournit le lait, le beurre, les œufs et la viande. Un grand potager permet de cultiver les légumes.

L’un des cars de ramassage porte le verset de Jean 14.6 : “Je suis le chemin, la vérité, et la vie. Nul ne vient au Père que par moi”. Pourrions-nous voir cela en France ? [photo 4]

Pour le culte, enfants et adultes entrent en ordre dans la salle. [photo 5]

On commence par des chants. Puis, Alex m’invite à prendre la parole en russe, bien que tous les enfants ne comprennent pas cette langue.

Après le culte, la sortie se fait en bon ordre, et chaque enfant est ravi de recevoir un “big croissant” fourré au chocolat.

Élim dessert aussi une église de maison. [photo 6]

7 - La polyclinique Emmanuel
Lieux où intervient l’équipe mobile
de la polyclinique

Le 19 août, Ivan Nédéoglo nous conduit à la clinique “Emmanuel” de Kichinau, où le Docteur Liviu nous accueille. Il est médecin ORL et directeur de cette polyclinique. [photo 7]. Il projette de mettre en place une chirurgie ambulatoire.

Dans son bureau, affichée au mur, une carte de la Moldavie indique les endroits où intervient l’équipe mobile de la polyclinique. [photo 8]

La carte montre aussi : les hôpitaux, les églises, les orphelinats, les prisons et les hospices pour invalides, que visite cette équipe mobile.

 

Le 20 août, nous partons directement vers le sud. Il fait 34°C. Trois heures plus tard nous arrivons au petit village de Carachia, à 180 km au sud de Kichinau, très proche de la frontière ukrainienne.

Nous sommes attendus à l’entrée du village par le pasteur Nicolaï et par le diacre Viktor.

Le bâtiment qui sert d’église n’est pas très récent, mais semble solide. Dans la cour jouent une quarantaine d’enfants, et dans un coin des vélos jonchent le sol.

L’église sert aussi de centre aéré pendant les vacances, où les enfants viennent des villages environnants. Ils arrivent vers 9 heures et repartent le soir vers 16 heures. Ils reçoivent un repas le midi, mais surtout un enseignement biblique ponctué de chants appris par cœur [photo 9]. Ce sont des enfants de familles peu fortunées et non chrétiennes. À l’image de ces familles, le pasteur n’a pas honte de nous dire que les vêtements et les chaussures qu’il porte viennent de l’aide humanitaire fournie par la FriedensBote.

Le soir même nous prenons l’avion : Alex et Mickaël vont en Abkhazie et moi en Russie, chez Alexandre Dresvyannikov.

Pierre Vaubaillon