donnez-leur vous-mêmes à manger

Témoignage de Svetlana Wolkowa

Les lignes qui suivent nous présentent deux personnes fragiles et pourtant spirituellement fortes, dont la foi est passée littéralement par l’épreuve du feu et par de longs mois de souffrances physiques.

Elles nous parlent aujourd’hui de leurs expériences douloureuses, dans l’espoir que leur témoignage serve à quelqu’un à rester maître, avec l’aide de Dieu, de son propre chemin de souffrances. Elles vivent à Marioupol, cette Ukraine orientale déchirée depuis 2014 par des confrontations armées.

En ce matin de 2016 où tout est arrivé, ni la jeune mère, ni sa fille de 7 ans n’auraient imaginé que d’ici quelques heures un événement allait complétement changer le cours de leur vie. Jamais elles n’oublieront ce jour-là.

Danger insoupçonné

Svetlana : « Ce jour-là nous rentrions, ma fille et moi, d’une courte visite chez mes parents. Comme d’habitude, j’ai ouvert la porte avec ma clé et, dans l’obscurité, j’ai actionné l’interrupteur… Soudain il y eut une énorme explosion… »

Par la suite on a constaté que dans l’appartement loué par Svetlana et sa fille la conduite de gaz était défectueuse. Le gaz s’y était accumulé pour devenir une bombe qui n’attendait que l’étincelle décisive. Celle de l’interrupteur a suffi pour provoquer l’explosion.

Svetlana : « Peu avant notre emménagement le propriétaire a fait rénover le logement. La conduite du gaz avait alors été endommagée, mais personne ne s’en était aperçu. Nous non plus, nous n’avions pas remarqué l’odeur de gaz car masquée par celle des peintures fraîchement refaites.

» Quand j’ai manœuvré l’interrupteur, j’ai senti une vague de feu saisir mon visage. Les cheveux se sont immédiatement embrasés. En quelques secondes tout le logement a été envahi par les flammes. En prenant feu, le plafond, garni de plaques de plastique, a dégagé des gaz délétères. J’ai été saisie de vertige et je ne voyais plus rien. Au dernier instant, j’ai agrippé la clé qui était encore dans la serrure pour la tourner et rouvrir la porte. Avec ma fille j’ai titubé vers l’extérieur.

» Arrivée dans la rue, je me suis aperçue que mes mains brûlaient. J’ai pu hurler, malgré mon état de choc. Les passants ont appelé les secours, mais le temps passait et l’ambulance ne venait pas. C’est alors qu’un voisin m’a proposé de nous conduire à l’hôpital le plus proche. Mais là on nous a dit qu’on ne pourrait pas nous aider. On nous a envoyés dans un autre hôpital qui avait un service pour grands brûlés. Tout cela nous a fait perdre un temps précieux et les plaies vives risquaient de s’infecter. »

Dieu donne une chance de survie

Enfin, on a donné les premiers soins. Mais les médecins n’ont absolument pas pu garantir que l’issue serait favorable pour les deux victimes.

Svetlana : « J’avais des brûlures sur 90 % de mon corps au 2e et 3e degré. On a informé mes parents que je n’avais pratiquement pas de chance de survivre et qu’ils devaient s’attendre au pire. Chez des victimes aussi gravement atteintes ce sont le plus souvent les organes internes comme les reins ou le foie qui cessent de fonctionner. D’ordinaire cela conduit à la mort dans de très fortes souffrances.

» Angelina, ma fille, qui présentait également de graves brûlures, n’eut qu’un seul sujet de prière : « Dieu, ne permets surtout pas que maman meure ! »

Ce qui paraît impensable aux médecins reste possible pour Dieu

Le Père céleste a exaucé les prières de la petite fille et de bien d’autres personnes, mais le processus de restauration des deux ne faisait que commencer.

Svetlana : « Huit mois durant – le temps que nous avons passé à l’hôpital – on a prié pour Angelina et moi dans de nombreuses églises, auxquelles se sont naturellement jointes notre parenté et nos connaissances.

» Pendant cinq mois, j’ai été totalement incapable de me lever et branchée à des tubes de perfusions.

» Les médecins n’ont cessé de me placer en coma artificiel, pour que je ne ressente pas les douleurs et pour aider mon corps à se remettre. Une opération suivait l’autre : les chirurgiens devaient ôter la peau brûlée et la remplacer par de la peau saine prélevée à des endroits restés intacts.

Jésus est là, même quand la mort nous fait face

» J’avais entendu le témoignage de gens que le Seigneur Jésus avait guéris de maladies mortelles et je savais que Dieu en est capable, mais j’ai alors vécu personnellement ce que c’est de devoir regarder la mort en face.

» Je me souviens d’une opération pendant laquelle j’ai pu un peu ouvrir les yeux et voir les médecins travailler sur moi sous une forte tension. Le chirurgien donnait certaines directives au personnel dont tous les membres étaient très occupés. Je n’avais pas peur ; je sentais la présence du Seigneur Jésus. J’avais l’impression qu’il me regardait avec amour ; une expérience que je n’arrive toujours pas à décrire et que je n’oublierai pas. J’avais déjà bien souvent rencontré des regards d’affection qui m’étaient destinés, comme par exemple quand des jeunes ou mes parents me regardaient avec amour. Mais ressentir à ce moment-là la présence de Dieu et son amour, était une expérience tout autre. J’ai alors su que j’étais très précieuse aux yeux de Dieu.

» Par la suite, j’ai raconté cette expérience à ma mère et cela a conforté notre conviction que Dieu ne nous abandonnera jamais. Voyant que ma fièvre ne cessait de monter, les médecins ont eu sérieusement peur pour moi. Mais, malgré le total épuisement de mon corps, j’ai constamment expérimenté la présence de Dieu. »

Les chrétiens s’entraident

Outre les souffrances dans son corps, Svetlana avait aussi des soucis financiers qu’elle devait inévitablement affronter. En Ukraine, il n’y a pas de sécurité sociale universelle et, comme femme avec charge d’enfant, il lui restait comme seul espoir la bonté de Dieu.

Svetlana : Nous n’avions aucune économie et ne pouvions donc même pas payer les soins médicaux les plus élémentaires. Mais Dieu a parlé au cœur de beaucoup de gens et c’est ainsi que de nombreux chrétiens et des églises entières nous ont secourues financièrement. Alors que, pour les soins, on nous avait transférées de la ville de Marioupol à Zaporojié, les chrétiens de cette localité nous ont visitées et soutenues.

» Nous avons été particulièrement touchées par la sollicitude d’une église de Zaporojié, dont je n’avais jusqu’alors même pas entendu parler. Des gens de tous âges sont venus nous voir, nous ont encouragées et nous ont apporté à manger. Les jeunes ont chanté des cantiques dans notre chambre. Pendant les interventions chirurgicales, des chrétiens se tenaient dans le couloir et priaient pour nous ; chacun aidait comme il le pouvait.

» Par la suite, les médecins ont déclaré qu’ils sentaient un soutien invisible. Leurs opérations ont eu de meilleurs résultats que prévu. À la différence d’autres patients, je n’ai eu aucune infection ni d’autres effets secondaires dangereux. Tout s’est déroulé sans complication.

» Un jour, nous avons eu la visite d’un homme d’affaires chrétien. Voyant mon état lamentable, il est tombé à genoux sur le sol sale dans son costume coûteux et il a supplié Dieu pour moi qui lui étais pourtant totalement étrangère. Pareille sollicitude chrétienne a touché le cœur des médecins et d’autres malades.

Dieu console par sa Parole, la Bible

» Un jour ma mère bouleversée s’est répandue en plaintes : « Oh, ça fait si longtemps que vous êtes dans cet hôpital, ça fait déjà quatre mois entiers ! »

Un chrétien présent ce jour-là lui répondit : « Mais ça, c’est peu de chose en comparaison du paralysé que Jésus a guéri après des décennies de maladie ! »

» Cela nous a fait réfléchir. Effectivement, qu’étaient ces quatre mois face aux 38 ans que le paralysé a endurés jusqu’à sa guérison ? 

» La Bible compare parfois les hommes à des aigles : quand un orage éclate, l’aigle s’élève haut dans le ciel pour planer au-dessus des nuages. Lorsque des chrétiens se retrouvent dans les orages de la vie, il faut que, dans leur cœur, ils se placent au-dessus des problèmes qui les assaillent. Nous avons besoin de nous tourner vers Christ qui, sans poser de conditions, nous fera traverser les difficultés et ne nous abandonnera pas.

» Il arrive que des sportifs atteignent les limites de leurs forces tout près du but. Ils n’ont plus la volonté de se battre et ils voudraient abandonner l’épreuve. C’est un peu ce que j’ai vécu, moi aussi. Mais Dieu m’a consolée par les nombreuses personnes qui m’ont visitée et m’ont fortifiée dans ma foi.

La maladie, la meilleure période de notre vie ?

» Jusque-là, j’avais du mal de comprendre le v. 10 du Psaume 90 : “Les jours de nos années reviennent à soixante-dix ans et pour les plus vigoureux à quatre-vingts ans ; et le plus beau de ces jours n’est que peine et tourment…” (version Ostervald révisée 1996). Comment la maladie peut-elle être la partie la plus belle ? me demandais-je.

» Alors que j’étais à l’hôpital et incapable même de manger sans aide extérieure, je fixais le plafond et les quatre murs. Je ne pouvais rien faire d’autre que d’entrer en conversation avec Dieu par la prière. Pendant tous ces mois j’ai eu plus de communion avec Dieu que jamais auparavant dans ma vie. Ce fut bien ma meilleure période !

Les épreuves nous préparent pour l’éternité

Peu à peu la vie de Svetlana retrouve son cours normal. Elle doit bien subir encore quelques opérations, mais elle ne perd pas courage et parle aux personnes de son entourage de l’amour de Dieu qu’elle a pu expérimenter d’une manière toute spéciale.

Angelina va à l’école, elle a beaucoup d’amies et elle aime passer des heures avec son petit chien. Svetlana a trouvé sa vocation dans le soutien qu’elle apporte à des personnes qui ont besoin qu’on prenne soin d’elles et qu’on les encourage. Que ce soit à l’hôpital ou ailleurs, elle leur parle de ce qu’elle a vécu avec Dieu. Son expérience aide beaucoup de gens à comprendre que, dans la vie, les difficultés sont comme une épreuve du feu qu’il s’agit de traverser. Le feu brûle, entraîne des douleurs, mais il purifie nos cœurs et nous prépare ainsi pour l’éternité.

Svetlana : « Ayant vécu tout cela, je voudrais dire aux gens qui passent par des situations analogues : Peut-être êtes-vous gravement malade et vous a-t-on dit que vous n’avez plus d’espoir. Alors sachez-le bien : à Dieu rien n’est impossible. Confiez-vous entre ses mains. Il va vous porter à travers toutes les difficultés. Dans tous les cas il sera avec vous et, si c’est sa volonté, il peut aussi vous guérir. En toute circonstance de notre vie, il est proche de nous. Mais l’essentiel, c’est que nous lui confions notre cœur et qu’il devienne le maître de notre vie. »

Cher lecteur, avez-vous la certitude que vous passerez l’éternité au ciel auprès de Dieu ?

Si nous reconnaissons nos péchés, il est fidèle et juste pour nous les pardonner et pour nous purifier de tout mal” (1 Jean 1.9).