donnez-leur vous-mêmes à manger

Où est ma chaire de prédicateur aujourd’hui ?

Leonid prêchant avant guerre derrière sa chaire

(Compléments à l’article précédent sur la situation du pasteur Léonid et de son église à Kharkiv)

58e jour de guerre. La ville se transforme de plus en plus en ruines. Les cimetières se remplissent de nouvelles tombes. Les cœurs sont bien découragés, chargés de douleurs indicibles et les visages sont inondés de larmes. Au milieu de tous ces événements, tu repenses à ton appel et à ton dévouement pour servir le Seigneur. Tu te poses la question : Que dois-je faire ? Où est ma place aujourd’hui ? Où puis-je servir le mieux ?

Des prédications, des conférences, des séminaires, etc. tout cela est passé au second plan. Combien il est important d’entendre la voix du Seigneur dans cette ville en ruines. Quand tu vois tous ces débris à côté de notre maison de prière, tu ne peux pas préparer tranquillement ta prédication, tu es submergé par les émotions et par un énorme stress.

 « Seigneur ! quoi ? où ? à qui ? Et comment dois-je prêcher aujourd’hui ? Seigneur, pourquoi suis-je là ? Est-ce que tu as encore un plan pour toutes ces personnes qui ont vécu un tel cauchemar ? » Qu’est-ce que je peux dire à Olga qui tient par la main son fils de 15 ans, mort d’une soudaine attaque ?

Et voici une “prédication” toute particulière qui touche des milliers de personnes, elle est préparée par les sœurs. Ce sont 2120 paquets, de 5 à 7 kg chacun, pour 2 ou 3 personnes, avec le Psaume 90, la carte avec les coordonnées de notre église, un autre livre et tout cela avec la prière pour chaque personne qui prendra ce paquet. Ce que font ces sœurs, c’est aussi comme une prédication, c’est leur ministère. En voyant les gens repartir avec ces paquets, nos cœurs se remplissent de joie, parce qu’ils repartent non seulement avec la nourriture du corps, mais aussi avec la Parole vivante de Dieu.

Sous le couvert du bruit des explosions, dans cette ambiance de peur et de terreur, la Parole de Dieu est prêchée de diverses façons : dans la rue, dans le métro, dans les abris, elle est prêchée aux passants inconnus.

C’est la Parole de l’amour de Dieu, annoncée par la bonté du cœur d’un chrétien.

Sous le bruit des explosions, dans cette ambiance de peur et de terreur, la Parole de Dieu est prêchée beaucoup de fois et de façons différentes: dans la rue, dans le métro, dans les abris, elle est prêchée aux passants inconnus. C’est la parole de l’amour de Dieu, de la bonté du cœur d’un chrétien.

La parole est prêchée non seulement à travers ces paquets alimentaires, mais aussi par chaque bonne action envers tous les gens. Les gens nous reconnaissent et ils essaient de comprendre qui nous sommes en réalité.” Saint père Leonid, père Vitaly, les bénévoles, la Croix Rouge, l’aide humanitaire, le service de la protection sociale, les anges de Kharkov” etc. Nous nous présentons toujours comme une église, nous disons que c’est notre ministère en tant que chrétiens, que nous sommes d’une église baptiste. Parfois cela les surprend et parfois au contraire, ils nous font plus confiance, ils s’ouvrent pour discuter avec nous. C’est un bon endroit pour la prédication. Seigneur bénit nous!

Il y a la chaire pour prêcher, mais il y en a une autre pour le s œuvres. Quand, au point de contrôle, on ne te laisse pas passer, quand, en ville, il n’y a plus de véhicules de civils, quand les rues sont remplies de chars, tu viens juste en face d’un char qui ne s’attendait pas à cette “rencontre”. Qu’est-ce que tu fais ici ? Mais tu continues à rouler pour pouvoir évacuer une vieille dame d’un quartier complètement détruit. Je pense que tous les prédicateurs ne sont pas prêts à une telle “prédication”. Le nom du Seigneur se répand même pendant ces horribles évènements.

L’entraide joue un rôle important en cette période. Nous recevons les coups de fils des frères du monde entier. Les gens envoient du soutien pour tous ceux qui sont dans la souffrance. Le Seigneur seul sait quelle somme a été envoyée à tous ceux qui ont souffert en Ukraine. C’est aussi comme une prédication.

Ceux qui jouent aussi un rôle important, ce sont nos chauffeurs.
Grâce à leur ministère nous pouvons transmettre aux gens tout le nécessaire : des allumettes, de la nourriture, des plats préparés, même des gâteaux.
Ils livrent tout cela le plus rapidement possible en faisant des milliers des kilomètres et en mettant leurs vies en danger.

Nous voyons notre grand Dieu à travers ce ministère !!!

Quelqu’un peut dire que c’est assez facile, mais ce n’est pas un ministère facile. Les personnes qui l’exercent peuvent en témoigner.
C’était sous les bombardements. Au point de contrôle, les soldats ont pu s’allonger derrières les blocs en béton. Mais notre chauffeur n’a pas pu se cacher. Il pleuvait et la voiture était remplie de paquets de nourriture. Il n’arrivait pas à sortir la roue de secours. Il a été obligé de sortir tous les paquets et les ranger dans un arrêt du bus et tout cela sous les sifflements des tirs. Il était tout seul dans la rue.....

Ce n’est pas par hasard qu’on appelle ces gens “ les anges de Kharkov”, ils n’ont pas de casques, de gilets, ils comptent sur la protection du Seigneur.

Tout cela est possible car des milliers de personnes dans le monde entier prient pour nous, les serviteurs de Dieu, qui œuvrons dans ces circonstances.

Nous allons dans les quartiers ou il y a beaucoup de débris de verres par terre. Nous avons déjà changé plusieurs fois les pneus. Tout cela pour que la prédication ne se répande pas seulement par la parole, mais aussi par les œuvres.

Tu as peur, mais quand tu vois toute une foule qui vient t’écouter, tu comprends que ça vaut le coût de prendre des risques, il faut aller prêcher.

Leonid Tkatchëv prêchant ce printemps dernier sous un abricotier en fleur devant une foule d'âmes assoiffées.

Voilà les âmes assoiffées. Elles ne nous écoutent pas comme avant.
Ils écoutent, ils posent beaucoup de questions. Ils vont au culte.
La dernière fois nous avons accueilli 40 personnes.

Je ne sais pas pourquoi Dieu m’a mis dans un endroit très dangereux et inconfortable pour prêcher. J’ai peur, j’ai envie de changer le décor le plus vite possible, j’ai envie de fuir. Mais le plan de Dieu est différent et je continue à prier pour lui rester fidèle, pour rester son serviteur qui prêche Sa Parole.

L ’abricotier fleurit sous tous ces bombardements. Cela rappelle la résurrection du Christ, la grande Victoire.
C’est dommage qu’il y ait eu des personnes qui sont entrées chez nous pour apporter la destruction, les ruines, pour semer la peur dans les cœurs des gens. Mais au milieu de tout cela la vie reprend ses droits tout modestement. Comme une petite pousse qui sort d’une terre aride.

 

Chers amis, continuez à prier pour tous ceux qui œuvrent sur les champs de la guerre.
Vous n’avez pas les réponses à toutes vos prières, mais elles existent et vos prières sont indispensables.

Après avoir lu ce message, priez s’il vous plaît pour les enfants de Dieu, qui vivent dans ces conditions difficiles, qui s’inquiètent pour leurs proches qu’ils ont quittés, pour les gens qui sont à côté et pour eux-mêmes. Les personnes qui se couchent et qui ont peur, ne peuvent pas s’endormir à cause des bombardements.

Réchauffez leurs cœurs par vos prières.

Nous remercions sincèrement notre Seigneur pour vous, pour votre amour envers nous. Nous sommes tous les enfants du même Père Céleste!

22.04.2022

Leonid Tkatchëv