Repos de l’âme en des temps troubles
Trois fois, en seulement 13 versets, les fils de Koré se posent la question : “Pourquoi es-tu abattue, mon âme, et es-tu agitée au dedans de moi ?” (vers. Darby, Ps 42.5,11 et 43.5)
Ce constat sur leur état intérieur semble toucher du doigt le cœur de notre situation actuelle. De tous côtés on entend parler d’insécurité, voire de désespoir. Ce sentiment ne touche pas seulement les non-chrétiens qui sont désorientés et sans appui, mais souvent aussi les chrétiens eux-mêmes.
État des lieux
Au cours des 70 dernières années, les peuples du monde occidental ont pris l’habitude de mener une vie bien réglée. Tout est planifiable et, pour tout, une assurance peut être contractée. Soudain, depuis l’apparition de la pandémie du coronavirus, tout est devenu incertain et remis en question, comme si le sol se dérobait sous les pieds.
Lorsque, à la fin des années soixante-dix, nous étions arrivés en Allemagne (Ndtr-Note du traducteur : venant de l’ex-Union soviétique), lors de nos tournées de conférences sur le travail missionnaire de la FriedensBote, on nous demandait régulièrement : « Mais comment pouviez-vous supporter tout cela ? » Allusion était faite à la persécution des chrétiens qui vivaient alors en URSS. À l’Ouest, les frères en la foi craignaient que le temps de la liberté puisse aussi prendre fin pour eux ; comment devrait-on alors se conduire ? Il y eut même des conférences ayant pour thème : “Préparation à des temps de souffrances”. Puis, peu à peu, les choses se sont apaisées. Le nombre de personnes qui ont encore vécu la guerre avec toutes ses incertitudes et ses effrois, s’est réduit de plus en plus et la nouvelle génération ne connaît plus que la sécurité.
Cependant aujourd’hui toutes ces questions redeviennent plus actuelles que jamais : Nos prédécesseurs avaient-ils toujours la maîtrise sur tout ? Obtenaient-ils rapidement ce qu’ils souhaitaient avoir ? Pouvaient-ils tout prévoir ?
Exemples du passé
Abraham a dû attendre vingt-cinq années avant de recevoir le fils promis. Ni lui-même, ni son fils Isaac, ni son petit-fils Jacob n’ont vu se réaliser la promesse que leur postérité serait aussi nombreuse que le sable sur le bord de la mer (cf. Gen 32.12). Dans sa jeunesse, Daniel a été déporté en captivité à Babylone et y a atteint un grand âge, sans jamais revoir sa patrie !
Si nous nous souvenons des prophètes de la Bible, nous ne pouvons que nous étonner de ce qu’ils ont persévéré en demeurant fidèles. Beaucoup d’épreuves et de défis auxquels ont été soumis des “héros de la foi” nous sont rapportés au onzième chapitre de l’épître aux Hébreux. De même, l’histoire de l’Église n’a de loin pas été un chemin de facilité. Une génération après l’autre ont été persécutées et exilées. Ils parcoururent le monde en étrangers, à la recherche d’un havre de paix sans trouver de “cité permanente”.
“C’est dans la foi qu’ils sont tous morts, sans avoir obtenu les choses promises ; mais ils les ont vues et saluées de loin, reconnaissant qu’ils étaient étrangers et voyageurs sur la terre.” (Héb 11.13)
Points de repère
Nos ancêtres n’ont-ils jamais connu le doute où la peur parce qu’ils auraient eu des nerfs d’acier ? Nullement !
Lors d’une conférence pastorale secrète (Ndtr : à l’époque soviétique), après 26 années de captivité, Nikolaï Krapov a déclaré : « Si quelqu’un me dit qu’il n’aurait pas connu la peur, je lui dirais en face qu’il ment. Tout le monde connaît la peur ! Mais au sein de l’épreuve, la peur disparaît. »
Lorsque, en 1951, mon père a été arrêté et conduit à l’interrogatoire, il a dû gravir un très long escalier. Arrivé sur la dernière marche, subitement une paix indescriptible l’envahit… mais seulement à partir de la dernière marche ! (Ndtr : Voir plusieurs cas similaires dans le dernier livre de Georges VINS : Sur le sentier de la fidélité.)
Presque tous ceux qui, un jour, ont été en captivité disent la même chose : nous recevons du Seigneur Jésus exactement ce qui est nécessaire au moment où nous en avons besoin.
Les compagnons de Daniel ne savaient pas ce qui allait se passer au cas où ils seraient jetés dans la fournaise ardente. Malgré cela, ils étaient déterminés à rester fidèles à Dieu. Nous ne savons pas ce qui se passait dans leur cœur à ce moment-là. Mais, c’est seulement dans la fournaise, au sein de l’épreuve, qu’ils eurent tout à coup la liberté de se “promener” dans le feu ! Ce n’est qu’une fois dans le feu qu’ils expérimentèrent la toute-puissance de leur Dieu !
Ayez confiance que Dieu interviendra
Les fils de Koré savaient comment surmonter l’affliction. “Attends-toi à Dieu” ! En principe, les chrétiens savent aussi qu’ils peuvent compter sur Dieu, car ils connaissent la Bible, ils ont souvent lu ou entendu ces versets ou de semblables. Mais, seulement savoir ces choses ne suffit pas. Quand il nous advient quelque chose de grave, nous nous demandons : « Pourquoi Seigneur ? Et pour combien de temps ? Je n’y tiens plus… »
Il y a une différence entre la pratique et la théorie. En Hébreux 5.14, nous lisons qu’il nous faut savoir “discerner ce qui est bien et ce qui est mal”. De la même manière, nous avons besoin d’exercice pour pouvoir attendre patiemment l’intervention de Dieu. Cela prend du temps. Paul écrit aux Colossiens que Dieu accorde la force pour “que vous soyez toujours et avec joie persévérants et patients.”
Soyez profondément enracinés
Un très beau modèle qui illustre cette vérité nous est offert par la nature. Dans les déserts du Sahara et de la Namibie, on trouve des acacias dont les racines pénètrent jusqu’à 80 mètres de profondeur et trouvent toujours de l’eau, même par les plus grandes chaleurs. Cependant, il faut de longues années pour que les racines atteignent ces profondeurs. Par temps favorable, ces arbres développent leurs racines toujours plus profondément. C’est lors d’une épreuve, tel un orage ou une sécheresse, que se révèle la qualité de l’enracinement.
Cela ne nous rappelle-t-il pas la fin du sermon sur la montagne ? C’est seulement au moment de la tempête que se révèle la qualité du terrain sur lequel la maison a été construite (Mat 7.24-27).
C’est selon nos réactions dans les temps difficiles et selon la qualité de notre attitude intérieure que nous pouvons mesurer la qualité de notre enracinement en Christ (cf. Éph 2.20).
Notre espérance éternelle
Quel que soit le résultat lorsque nous nous analysons nous-mêmes, nous avons un but merveilleux que les croyants de tous les temps poursuivaient et, par conséquent, leur permettait de dire : “Le jour, l’Éternel m’accordait sa grâce ; la nuit, je chantais ses louanges, j’adressais une prière au Dieu de ma vie.” (Ps 42.8), et : “Il est mon salut et mon Dieu.” (Ps 42.12 et 43.5)
Celui qui ne perd pas ce but de vue, gardera ses points de repère et connaîtra une profonde paix intérieure quelle que soit la complexité de la situation !
Jakob Janzen