Une visite en Géorgie
Rapport abrégé de Pierre Vaubaillon sur son voyage en Géorgie, du 8 au 16 septembre 2022.
Après 3 ans de Covid et autres empêchements, je me rends à Meinerzhagen (Allemagne) pour rencontrer des responsables de la FriedensBote : Alex Janzen, Alexandre Willer et Andreï Kuffield.[1]
Une petite collation et nous voilà partis avec la voiture d’Alex Willer[2]. À l'aéroport de Francfort nous faisons les démarches habituelles et l'embarquement. Ce sera un vol ordinaire avec des turbulences et des maux de tête pour moi, dus sans doute au port du masque.
Vendredi 9 septembre
Arrivée à Tbilissi, capitale de la Géorgie, le vendredi 9, à 4 h (heure locale) ; il fait encore nuit, le docteur Levan Akhalmosulischwilly nous conduit dans les locaux de son église.
La salle principale peut accueillir 250 personnes. L’étage sert “d’hôtel” avec une dizaine de chambres et un assez grand local qui sert de salle à manger/salle de réunion. Depuis le début de la guerre en Ukraine, l’église a accueilli 650 réfugiés Ukrainiens. Actuellement, il y en a une vingtaine. Le rez-de-chaussée est utilisé pour les écoles du dimanche et divers bureaux. Derrière l’ensemble de ces bâtiments, il y a de petits entrepôts et une petite imprimerie. Devant l’église, un bâtiment est en construction. Le rez-de-chaussée accueillera 8 personnes âgées et à l’étage, 8 étudiants.
Tbilissi (ou Tiflis) est traversée par le fleuve Koura qui se jette dans la mer Caspienne ; la ville est composée d’une partie ancienne et d’une partie moderne qui se côtoient, et d’une banlieue. Il y a environ 1 200 000 habitants. La ville est entourée de montagnes.
La Géorgie est un pays montagneux entre l’Europe et l’Asie, entre l’Occident et l’Orient. Située dans le Caucase, sa terre est l’objet des convoitises entre les Russes au nord, les Turcs et les Perses/Iraniens au sud, sans oublier l’Arménie. C’est aussi la route de la soie. Il y avait beaucoup de Juifs jusqu’à la perestroïka : la très grande majorité d’entre eux est partie en Israël. Cette région a une longue histoire très intéressante… Actuellement, la Géorgie est une terre de refuge : on y trouve des Russes, des Ukrainiens, des Arméniens, des Ossètes, des Kurdes…
Comme dans tous les pays de l’Est, la précarité est grande : aujourd’hui, on trouve une population urbaine de petite classe moyenne, vivant chichement, aux côtés des nantis et d’une population rurale subsistant grâce à ses produits avec un faible revenu.
Levan demeure à Vazisubani, à 120 km de Tbilissi. Il fait des emplettes le long de la route ; les gens vendent les produits de leur jardin… Natacha, son épouse, médecin elle aussi, nous accueille avec un formidable repas confectionné des produits de leur jardin, où l’on trouve, entre autres, des arbres fruitiers et un poulailler. Il y a aussi une petite “maison de prière” pouvant accueillir une trentaine de personnes. Levan et son épouse ont eu la grâce de conduire au Seigneur cinq familles parmi leurs voisins.
L’église de Sabatlo, où nous allons le lendemain, est pauvre et composée en majorité de femmes âgées et de jeunes familles avec quelques adolescents. Le responsable est jeune, la trentaine, et vit chez sa mère dans une petite ferme… Nous célébrons le repas du Seigneur lors du culte. À ma grande surprise, les gens me comprennent sans traduction ! Ils chantent en géorgien et en arménien. Leurs visages sont très parlants…
Dimanche 11 septembre
Nous partons vers l’ouest, longeant la frontière avec l’Ossétie du nord, qui est devenue russe lors du conflit de 2008… (voir le bulletin N°105 – 4/2009, entièrement dédié à la Géorgie)
Arrivés en début d’après-midi à Zougdidi, nous partageons un culte dans une église de maison. Dima son responsable est géorgien et sa femme russe. Ils ont 3 filles dont 2 sont déjà mariées. L’assemblée est composée de quelques personnes âgées, de couples avec enfants et ados… Peu de personnes parlent le russe. La réunion est suivie d’un repas fraternel. La petite église compte avoir bientôt sa maison de prière.
Le soir nous visitons le centre de vacances de l’église de Tbilissi. Il est situé dans une station balnéaire et peut accueillir 80 à 100 personnes. Le bâtiment sert aussi à des conférences et à des retraites tout au long de l’année. Il est bien équipé, mais des réparations sont à faire. Guidés par Levan, les deux Alex en évaluent l’ampleur…
Le lendemain, après un bref passage sur la plage de la mer Noire (car son sable, produit de la lave, est noir), nous revenons à Tbilissi. L’après-midi, nous sommes attendus au ministère des Affaires religieuses par le ministre. Je suis surpris de la réaction des gens quand les frères me présentent. La France a un prestige. Parmi le personnel du ministre, deux femmes parlaient français et étaient enchantées d’échanger quelques mots. Les discussions entre Tariel, membre de l’église, Levan et le ministre, portaient sur un problème de terrain. Alex Janzen a eu l’occasion de présenter la FriedensBote.
Dans les différentes discussions, j’apprends l’impact des chrétiens baptistes géorgiens sur la société. Le patriarche de l’Église orthodoxe géorgienne a déclaré lors d’une rencontre interreligieuse au ministère : « Donnez-moi dix baptistes comme ceux-là et notre société sera changée… ! »
Le lendemain, des contacts intéressants se poursuivent au ministère des affaires religieuses, d’abord avec le vice-ministre, puis l’après-midi avec le premier adjoint au maire.
Mercredi 14 septembre
Nous visitons la polyclinique de Levan et de Natacha. Elle comporte un cabinet de cardiologie, un autre de gynécologie, un laboratoire d’analyses, une petite salle de chirurgie ambulatoire, un bureau de consultation chirurgicale, un cabinet dentaire, une salle de radio et une pièce de stérilisation avec deux poupinels, une salle d’attente centrale avec réception et une grande pièce servant à la fois de bureau du comptable et d’espace de repos pour le personnel…
Ce jour-là et le suivant, nous visitons les modestes assemblées de trois petites villes, Kvareli, Telavi et Sagarejo, et celle du village de Koutchatani.
De 19 h à 21 h 30, nous avons une rencontre avec Levan. C’est une discussion sur les aides à apporter. Pour Levan, le responsable d’une église doit subvenir à ses propres besoins et à ceux de sa famille et, dans une certaine mesure, secourir les membres les plus pauvres de son église. Donc, il doit travailler s’il n’est pas soutenu par une aide extérieure ou par son église. C’est pourquoi nous voyons de nombreux jardins, des poulaillers et des vergers chez de nombreux chrétiens. Cependant, pour Levan, l’évangélisation, le témoignage et la littérature chrétienne sont au premier rang. Le livre de Wilhelm Busch Jésus, notre destin, a un fort impact sur la population…
De retour à l’église de Tbilissi, nous avons un moment de conversation avec des réfugiés venant de Donetsk et Marioupol.
En conclusion, après deux ans d’interruption, je suis heureux d’avoir repris les voyages en compagnie des frères de la FriedensBote, non seulement pour améliorer mon russe, mais aussi pour ces moments de partages fraternels. La famille de Dieu est grande et nous avons un point commun : l’amour de Jésus qui nous unit…
Gloire à Dieu ! Слава Богу !!
[1] La plupart des membres de la Mission ont la quarantaine : ils sont nés dans l’empire soviétique, et sont capables de passer du russe à l’allemand sans problème. Ils sont clairs quant à leurs objectifs : évangélisation et aide : donc bibles, traités, littérature d’abord, soutien, aide matérielle et financière ensuite !
[2] Pendant le trajet, Alex m'apprend qu’il a été infirmier réanimateur dans une clinique : en tant que tel, il a fait de l’humanitaire en Afrique. Il a également suivi une formation en psychiatrie et a commencé à travailler dans un centre d’enfants aux troubles comportementaux. Mais cela posait des problèmes dans le couple et la famille. Il a alors commencé une formation de comptable, comme son épouse. Après la visite d’un frère de la Mission, il a été sollicité comme comptable : il en a parlé à son église. Avec son épouse et son église, il a prié pour cela. Il est entré à la FriedensBote. Et depuis, il est le trésorier/comptable de la mission.