Est de l’Ukraine, la vie dans un environnement de mort
Grâce au soutien des amis de la mission, la FriedensBote a pu acheminer 35 transports de biens de première nécessité en Europe de l’Est, dont 28 en Ukraine, entre le 24 février et fin août 2022 (chiffres actualisés fin août). Trois transports ont également pu être effectués en Moldavie. Ainsi, des personnes dans le besoin ont reçu 440 tonnes de marchandises, dont environ 115 tonnes pour les vivres et 488 matelas. La détresse continue d’être importante et nous voulons soutenir selon nos possibilités l’engagement de nos frères et sœurs en Christ de l’Ukraine. Plus de 7 millions de réfugiés à l’intérieur du pays représentent un énorme défi pour la mission.
Du sein de la zone de guerre, notre évangéliste Léonid Tkatchev nous relate la situation depuis la ville de Kharkov à l’est de l’Ukraine (Ndlr : les médias écrivent Kharkiv, mais c’est Kharkov) :
Dieu sauve d’une mort prématurée au bord de l’abîme
Des colonnes de fumée s’élèvent aux abords de la ville. Les maisons en feu et les débris des obus témoignent de l’horreur. Nous bifurquons dans la prochaine rue et sommes arrêtés par des militaires qui nous barrent le chemin car la situation est trop dangereuse. Nous mesurons alors combien nos possibilités sont limitées et que souvent nous ne remarquons pas combien nous sommes proches du précipice, où la vie ici-bas peut s’arrêter brutalement. Nous prions le Seigneur de nous accorder la grâce de soutenir, de consoler et d’encourager ceux qui sont dans la plus grande détresse. Et Dieu envoie toujours à nouveau des chrétiens qui n’ont pas peur pour leur propre vie, qui sont prêts à servir les gens et à tout faire pour les préserver d’une mort prématurée.
La guerre, la mort et la vie…
La guerre, la mort et la vie sont des notions que nous ne pouvons pas concilier. La vie et la mort prennent un sens particulier pendant la guerre. On éprouve un sentiment particulier en trouvant de la vie au milieu des décombres de bâtiments détruits qui semblaient autrefois sûrs.
Alors que les cœurs sont remplis de douleur, de larmes et de désespoir, se multiplient en ville et en périphérie les tombes creusées récemment. Le troisième mois d’une vie sans protection au milieu de la mort touche à sa fin.
Survivre dans les stations de métro
La vie s’est installée profondément sous la terre entre les structures en béton armé et en métal des puits de métro. Sans lumière du soleil ni air frais, les réfugiés passent leur vie dans les tentes sur le quai de la station de métro. La vie sous le soleil est rappelée seulement par quelques bouquets de lilas. Les gens sont ici parce que la mort fait rage là-haut.
Mais, même en bas, dans la station de métro la vie a réservé aux survivants quelques rayons de joie. Surtout quand des chrétiens, s’extirpant du monde de la destruction et de la guerre, s’aventurent en bas pour aider des réfugiés – qui se sont souvent retrouvés sans maison du jour au lendemain – avec une tasse de lait chaud, de la littérature chrétienne et d’autres produits de première nécessité.
L’évangélisation est notre obligation
Partout où Dieu nous offre des rencontres avec des personnes ayant échappé à la mort, nous pouvons organiser de courtes actions d’évangélisation. Bien que brèves, ces rencontres marquent les cœurs de manière indélébile. Nous sommes tenus, non seulement de partager les choses qui prolongent la vie sur terre, mais surtout de proclamer notre foi en la vie après la mort par le biais de l’Évangile de notre Seigneur Jésus-Christ. Dieu nous a fait le don d’une vie qui agit en nous au sein de la mort et des destructions causées par la guerre qui nous entoure.
80 jours dans les caves, dans un climat de peur
Les habitants de Stary Saltiv, un lieu de repos près de Kharkov, ont dû affronter toutes les horreurs de la guerre dans leurs petites caves. Ils ne pensaient plus à leurs maisons, mais seulement à sauver leur vie. Les meubles, les équipements numériques, les téléviseurs grand écran, les salles de bains et les machines à café ont perdu de leur importance – seule comptait la survie. Les gens n’aspiraient plus qu’au calme et à la protection contre les obus. Durant 80 jours, ils recherchaient la sécurité dans les caves et se réjouissaient des modestes rations de vivres apportées par les chrétiens. Avec beaucoup de prière et de précautions prises à chaque voyage dans ce village, nous avons évacué des mères, des enfants, des blessés, des personnes âgées ou paralysées vers les églises les plus proches. Bien qu’enfin en sécurité, les gens restaient avec la peur et craignaient pour leur vie. Ceux qui avaient été sauvés s’embrassaient entre eux et nous embrassaient en pleurant et en se répandant en remerciements.
Un chemin à travers des points de contrôle et des zones minées
Lorsqu’il faut se frayer un chemin à travers des points de contrôle et des zones minées pour apporter un colis de nourriture dans les régions les plus reculées, le cœur des personnes atteintes ne reste pas insensible. Pour eux, c’est un signe de la vie avec Dieu. Le cœur est rempli de respect et d’une joie débordante. Par exemple, lorsqu’on peut embrasser une sœur en la foi âgée qui pendant deux mois, 24 heures sur 24, a été bombardée ! C’est un vrai bonheur que d’avoir pu apporter de la bonté, de la joie et des encouragements !
Une œuvre pour l’éternité
Nous sommes très reconnaissants pour tous les dons et les biens vitaux qui ont été acheminés par les chrétiens depuis l’ouest de l’Europe. Cela représente une grande aide pour nos compatriotes, qui souvent ne possèdent plus qu’un t-shirt et des pantoufles, et se réjouissent de chaque ration de nourriture. Si Dieu le permet, nous pourrons à nouveau aider les personnes dans le besoin dans les prochains jours sous forme de colis alimentaires, de littérature chrétienne et d’une invitation aux réunions de l’église, et ainsi apporter un rayon d’espoir dans leur vie.
Maintenant, là où le vacarme des canons a disparu, au moins dans le centre de la ville, nous vous prions de nous soutenir dans la prière. Le service auprès des gens en détresse ne doit pas avoir seulement un caractère social, il doit être marqué par la puissance de Dieu pour qu’ils trouvent le chemin de la vie éternelle. Nous sommes très reconnaissants car lors du dernier culte, il y avait plus de 130 personnes qui ne connaissaient pas notre Seigneur Jésus. Bien qu’il n’y ait plus de chorale ni d’orchestre, les gens viennent pour entendre l’essentiel, la Parole de Dieu. Nous voyons en cela la conduite de Dieu. Il ne nous laisse pas seuls en ces temps si difficiles !
Priez pour…
S’il vous plaît, priez pour que la Parole de Dieu, qui se répand maintenant dans les rues de notre ville de Kharkov, trouve une place dans chacune des âmes à la recherche du salut de Dieu. Que la colère et l’amertume liées aux circonstances actuelles, laissent la place à la Parole céleste, pure et sainte du Seigneur.
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Autres nouvelles toujours dans l'est de l'Ukraine, du pasteur Léonid Tkatchev et de son église à Kharkiv, le 14 juin 2022.
Portions de vie à Kharkov
111e jour de terreurs, de grâces et de miracles.
111 jours tendus et difficiles, mais remplis de la grâce unique de Dieu. Il est impossible d’énumérer toutes les formes et circonstances de ses manifestations : réception de colis alimentaires… jusqu’au salut d’une vie.
111 jours de multiples miracles. Dans toute ma vie chrétienne, je n’ai jamais célébré l’ascension de Jésus-Christ comme cette année-ci. N’est-ce pas un miracle, quand les gens écoutent pour la première fois le vrai récit de l’ascension de Jésus-Christ et l’annonce de sa seconde venue ? Une génération a eu l’occasion de le voir partir, et peut-être que la nôtre sera celle qui le rencontrera. C'était le sujet de ma prédication.
Autre miracle ! Auparavant, nous essayions de distribuer nos brochures aux gens dans la rue, mais ils les refusaient. Maintenant, ils appellent et demandent : « Donnez-nous de la littérature chrétienne. » Au cours de ces 111 jours, nous avons distribué plus de littérature aux non-croyants qu’au cours des 26 années de notre vie d’église. Dites-moi, n’est-ce pas un miracle ?
Et ce n’est pas la fin des miracles... Chaque jour, nos chauffeurs passaient dans les zones de bombardement, devant des obus non explosés. Ils étaient à plusieurs reprises à un pas de la mort, et les voilà vivants !
Et chaque soirée se termine par une prière de reconnaissance à Dieu pour la vie protégée, pour la maison de prière préservée, pour les habitations intactes des membres de l’église.
Léonid Tkatchev Kharkiv, le 14 juin 2022.
NDLR Nous vous invitons aussi à consulter les lettres de nouvelles entre deux parution du journal à la rubrique: Nouvelles