Comment le message du salut atteint des familles pauvres en Sibérie!
Habiter en communauté à Krasnoïarsk
La ville de Krasnoïarsk, en Sibérie, compte environ un million de personnes, elle comporte aussi plusieurs communautés chrétiennes. On y trouve toutes sortes de missions d’aide, et j’aimerais vous en présenter une plus particulièrement.
Dans nombre de quartiers de la ville des gens vivent très pauvrement. Des femmes y élèvent seules leurs enfants et des chômeurs habitent dans des logements en communauté. Il s’agit bien souvent de bâtiments à cinq étages desservis à chaque étage par un long couloir étroit, au bout duquel se trouvent une cuisine commune, des toilettes et une salle de bains pour tous les habitants de l’étage. À gauche et à droite sont alignées des pièces d’environ 16 m2.
Celui qui croit en Christ voit, puis agit
Une sœur de notre église vivait à proximité d’un tel quartier. Un jour, elle remarque des enfants à l’entrée de l’un de ces immeubles. S’adressant à eux, elle constate qu’ils étaient affamés et n’avaient pas encore mangé de la journée. Elle retourne chez elle et leur cuisine un repas chaud. Depuis, elle leur apporte le repas chaque jour.
Par la suite, elle a appris qu’une pièce restait vide dans le bâtiment ; elle a donc demandé à l’administration l’autorisation de l’utiliser. Ayant reçu un avis favorable, elle s’y est rendue régulièrement pour s’occuper des enfants sur place. Après avoir parlé de cette situation dans son église, quelques jeunes se sont joints à elle pour la seconder. Ils ont commencé par les tâches ménagères et le bricolage. Puis, une fois par semaine, ils ont conduit une réunion avec eux. Ils ont aussi organisé des camps de loisirs pour ces enfants, l’un en été et l’autre en hiver. Des actions pour Noël ont également été organisées depuis deux ans.
Nous sommes très reconnaissants pour le soutien financier que nous apporte la mission FriedensBote dans ce ministère parmi les enfants, et nous comptons ainsi pouvoir faire connaître l’Évangile à un plus grand nombre d’entre eux.
L’évangélisation personnelle et les bibles pour enfants sont la clé pour toucher les cœurs
Une bonne bible pour enfant est une bénédiction pour beaucoup. Bien souvent, nous utilisons ces bibles pour nous adresser aux adultes, car les gens de ce quartier ne liraient pas une bible normale. D’ailleurs, ils sont dans l’incapacité d’en comprendre le contenu, la plupart d’entre eux n’ayant pas été suffisamment scolarisés.
Après nous être occupés de ces enfants pendant de nombreuses années, nous avons compris qu’il était nécessaire d’établir un lien de confiance avec leurs parents et de mieux les connaître. Mais tous nos efforts n’ont pas rencontré le succès attendu. Les parents ne voulaient pas de ce contact. Souvent nous avons observé que plus ils sont pauvres, plus s’accroît leur fierté. Ils semblaient nous dire : « Je n’ai pas besoin de ton aide, laisse-moi tranquille, tout est OK pour moi ! »
Aujourd’hui en Russie, il est quasiment impossible de conduire une personne à Dieu si on ne la connaît pas personnellement. Il faut d’abord lui rendre visite une première fois, boire avec elle plusieurs tasses de thé, puis l’inviter chez soi, et ceci jusqu’à ce que s’établisse un vrai lien. Pendant longtemps, nous ne sommes pas parvenus à construire ce type de relation avec les parents.
La vermine combat la fierté
Aussi, avons-nous prié et demandé à Dieu comment combler ce fossé entre nous et les gens, comment abattre ce mur. Dieu le créateur a aussi créé d’intéressants petits animaux. Il nous a fait remarquer un problème qui concerne chaque cité dortoir. Dans toutes ces chambres, dans toutes les fissures et dans chaque recoin, logent de gros cafards, des punaises de lit et des puces qui mordent parfois à sang. Les gens essayent de se débarrasser de cette vermine d’une façon ou d’une autre, sans y parvenir. Ils ne peuvent pas non plus faire appel à un professionnel du nettoyage, car ils n’ont pas les moyens de payer une telle prestation. Aussi, Dieu nous a-t-il indiqué une solution : « J’ai une idée intéressante pour vous ; là où la vermine insupporte vraiment les gens, vous pouvez entreprendre la désinsectisation sans aucun frais pour eux. » Aussitôt, je réponds : « Mais je n’en ai aucune envie ! » Et je raconte néanmoins cette histoire à ma femme. À sa réaction, j’ai bien compris qu’elle était du même avis que moi. Elle me dit : « Pour finir, ces petites bestioles pénètrent dans les vêtements et les chaussures. Et tu les ramènes à la maison et ça, vraiment, on n’en a pas besoin ! »
Dieu écarte les excuses
Comme c’est toujours le cas chez l’être humain, nous trouvons de bonnes excuses pour ne pas accomplir le service que Dieu nous demande, et nous lui répondons : « Seigneur Jésus, ça, ce n’est pas possible, nous ne savons pas comment le faire ! » Mais, comment Dieu répond-il ? Il nous a envoyé des spécialistes du nettoyage ! Quand ils ont entendu parler de notre projet, ils ont dit : « Nous allons vous apprendre comment combattre ces parasites, et vous recevrez aussi l’insecticide gratuitement ». Sur ce, nous avons appelé les enfants que nous suivons quotidiennement, et nous leur avons expliqué que, si leurs parents étaient d’accord, nous pourrions entreprendre quelque chose contre la vermine.
Quand les cafards ouvrent les portes à la Parole de Dieu
Une chose merveilleuse s’est alors produite : les portes de tous les appartements se sont ouvertes devant nous, et les gens nous dirent : « Quel plaisir de vous voir ! »
Nous y allons toujours à deux : l’un de nous enfile une combinaison de protection pour 20 minutes d’éradication de la vermine (voir photo p.5), durant lesquelles tout le monde doit quitter la pièce, tandis que son compagnon reste avec les occupants de l’appartement rassemblés dans le couloir. C’est un temps qui se révèle précieux pour leur parler de Dieu et de leurs problèmes personnels. Les voisins ne mettent pas longtemps à se rendre compte que nous sommes là et ils viennent nous rejoindre dans le couloir les uns après les autres.
C’est ainsi que Dieu nous a donné l’occasion de leur parler de l’Évangile. Et ils nous ont posé beaucoup de questions : « Pourquoi nous aidez-vous gratuitement ? Pouvez-vous venir aussi chez moi pour me débarrasser des cafards dans mon appartement ? » « Moi je n’avais jamais eu ce problème, à tous les coups les cafards sont venus de chez mon voisin… » Beaucoup de mères célibataires viennent aussi nous demander : « Mes enfants sont déjà grands et mes garçons ne m’écoutent pas. Peut-être pourriez-vous avoir une discussion d’homme à homme avec eux de temps en temps pour les éduquer un peu ». Parfois, certains nous ouvrent simplement leur cœur, nous racontent leurs problèmes et nous demandent de prier pour eux. C’est ainsi qu’en peu de temps nous avons pu vraiment gagner la confiance de ces personnes et construire une relation solide avec elles.
ALLEZ et annoncer l’Évangile !
Quand nous avons commencé à mieux les connaître, selon notre habitude, nous les avons invités à venir dans notre église. Mais personne n’est venu. Il nous a fallu un temps assez long pour comprendre leur problème : souvent, ils n’ont pas assez d’argent pour payer le ticket de bus pour nous rejoindre de l’autre côté de la ville ; souvent aussi, ils ont honte de leurs habits miteux ; mais le plus grand problème, c’est la peur de l’inconnu : ici, ils connaissent leur quartier, sa sous-culture, ils ont leurs repères ; venir dans notre église, ce serait abandonner leur zone de confort pour s’aventurer en terre inconnue.
Dieu nous a montré que nous n’allions pas les atteindre en les invitant à venir chez nous ; c’était plutôt à nous d’aller vers eux et de fonder de nouvelles assemblées dans leur quartier.
« C’est quelque chose que nous n’avions jamais entendu ! »
Pour Noël, nous les avons donc invités dans le local d’un café du quartier loué par nos soins.
Près de trente personnes ont répondu, mais aucune d’elles n’avait jamais été en contact avec Dieu ou avec une église.
Nous leur avons offert un souper, chanté quelques cantiques et leur avons annoncé l’Évangile.
Ils nous ont stupéfaits quand, au moment de nous séparer, ils ont dit : « Nous n’avions jamais entendu cela, pourrons-nous revenir ? »
C’est ainsi que, pour le 8 mars 2019, nous avons de nouveau invité les mamans.
En Russie, on ne célèbre pas la Fête des Mères, mais la Journée internationale de la femme.
Environ trente d’entre elles sont venues, et nous avons pu leur parler de Dieu.
Avant de les quitter, nous les avons invitées à une journée d’évangélisation à Pâques.
Ce service, pour les personnes socialement défavorisées, est maintenant lancé dans trois quartiers. Actuellement, nous desservons trois centres de ce type, et notre prière est que, par ceux-ci, une nouvelle assemblée soit établie dans chaque quartier.
Le projet commence déjà à se concrétiser dans deux quartiers.
« L’amour a un visage »
En conclusion, j’aimerais vous raconter un témoignage qui m’a beaucoup touché. Je l’ai trouvé dans un livre écrit par une missionnaire qui travaillait dans un camp de réfugiés.
Dans ce livre, intitulé L’amour a un visage, la missionnaire décrit l’arrivée d’une petite fille de trois ans dans le camp. L’enfant avait été confrontée à beaucoup de violence dans sa si jeune vie et elle ne laissait aucun adulte s’approcher d’elle. Dès que quelqu’un cherchait à la toucher, elle se mettait à crier de façon hystérique. Son lieu de refuge était un coin horriblement sale, où elle était allongée au milieu des immondices. D’autres réfugiés voulurent l’aider et essayèrent de la tirer de là, mais elle n’en criait que plus fort. Au bout d’un moment, les gens la laissèrent simplement où elle était en lui disant : « Eh bien, si tu veux rester dans la crasse, restes-y ! ».
La missionnaire s’est alors mise à prier pour demander à Dieu comment elle pourrait aider cette petite fille. Sur cela, elle a lu le passage de l’épître aux Philippiens qui nous exhorte à être dans le même état d’esprit que Jésus-Christ.
“Lui, qui existait en forme de Dieu, n’a point regardé comme une proie à arracher d’être égal avec Dieu, mais s’est dépouillé lui-même, en prenant une forme de serviteur, en devenant semblable aux hommes […]” (Phil 2.5-7)
En lisant ces mots, elle comprit soudain que pour qu’elle-même soit sauvée, Dieu a quitté le ciel et est venu la trouver là où elle était, dans les immondices de ce monde rempli de péchés.
Parfois le silence est plus efficace que les paroles
La missionnaire a alors reposé sa Bible et est partie dans le camp à la recherche de la petite fille. Comme d’habitude, l’enfant était allongée dans son recoin, et la missionnaire s’allongea simplement près d’elle. Elle ne toucha pas l’enfant, elle ne lui parla pas, elle ne la regarda même pas. Elle s’allongea simplement à côté d’elle. Le lendemain, elle refit exactement la même chose, elle alla la retrouver et s’allongea près d’elle dans la saleté. Après plusieurs jours, la missionnaire tendit la main vers l’enfant, mais il n’y eut aucune réaction. Elle revint malgré tout près de l’enfant le jour suivant, s’allongea à côté d’elle et lui tendit la main.
Plusieurs jours s’écoulèrent ainsi, jusqu’à ce que l’enfant tende lentement ses doigts pour toucher la main de la missionnaire. À partir de ce jour-là, quand elles étaient allongées côte à côte, elles se tinrent la main. Il se passa encore plusieurs jours jusqu’à ce qu’un timide sourire effleure le visage de l’enfant.
Il y a donc quelqu’un qui m’aime ?
Le récit décrit ensuite l’enfant deux années plus tard : elle était devenue parfaitement normale, jouant avec les autres enfants, souriant beaucoup et prenant facilement les autres dans ses bras. Ces changements ont pu s’opérer dans la vie de cette fillette parce qu’un jour quelqu’un est venu la rejoindre dans son tas de saletés. Et par ce geste, elle ressentit pour la première fois que quelqu’un l’aimait.
En lisant ce récit, j’ai compris de quelle façon magnifique Dieu, dans sa grâce infinie, a agi également envers moi. Je sais que je suis un être pécheur. Certes, j’ai grandi dans une famille chrétienne, mes parents m’ont emmené à l’église dès mon plus jeune âge et ils m’ont appris à faire les bons choix dans la vie, mais j’ai grandi et je sais ce qu’il y a dans mon cœur. Je connais mes pensées et je sais que je suis un homme pécheur.
Jésus est-il aussi venu dans ta vie ?
Aujourd’hui, Dieu agit encore de même : Il vient rejoindre des pécheurs dans leur poussière, et pour cela Il nous utilise, toi et moi. C’est par ses enfants que Dieu vient rejoindre ceux qui n’ont pas le salut, qui n’ont pas la vie éternelle. C’est pour cela que nous nous rendons dans ces logements en communauté pour y exterminer la vermine et les cafards. C’est merveilleux parce que, là, nous sommes dans le jardin de Dieu et nous avons le devoir et le privilège de témoigner de sa grandeur par les fleurs qu’Il a plantées en nous. Veuille Dieu bénir richement chacun de Ses serviteurs.
Merci de prier pour notre service à Krasnoïarsk, et en particulier pour tant de personnes qui vivent dans ces quartiers socialement si défavorisés.
Pavel B. de l’église de Krasnoïarsk