donnez-leur vous-mêmes à manger

Mais la Parole de Dieu n’est pas liée (2/2)

Nishneyansk, dernière localité avant l’Océan Arctique (en Yakoutie)

Pour les précédents épisodes voir nos bulletins N°149 (Octobre2020), N°134 (janv. 2017), 139 (avril 2018), 140 (juillet 2018), 144 (juillet 2019 et 145).

« S’il vous plaît, expliquez-nous la Bible »

Deux femmes avaient entendu dire qu’à Batagaï étaient arrivés les gens qui leur avaient offert un Nouveau Testament deux ans plus tôt. Elles sont venues et nous ont exprimé cette demande : « Depuis lors nous lisons dans ce livre, mais nous ne comprenons pas bien des passages difficiles. » Là-dessus nos frères yakoutes les ont visitées, et leur ont expliqué la Parole de Dieu pendant de longues heures.

La Parole de Dieu est efficace !

À notre arrivée dans une entreprise où nous pensions distribuer des Nouveaux Testaments, nous avons trouvé un groupe de femmes lisant ensemble le Nouveau Testament en yakoute. Quelle surprise pour nous : elles venaient juste de recevoir ces livrets de nos mains la veille !f

Le soir, nous avons apporté des colis alimentaires aux familles, et nous avons pu constater que les enfants lisaient les livres qu’ils avaient reçus et que nos calendriers ornaient déjà les murs. Cela nous a fortement encouragés, car nous pouvions constater que toute notre littérature n’avait pas fini au feu !

Même l’ennemi craint Dieu

Notre action ne s’est pas toujours déroulée sans problème. Dans l’un des villages notre frère Dimitri s’est retrouvé dans une situation dangereuse. Plusieurs jeunes Yakoutes, pris par l’alcool, l’ont enfermé dans une maison et ont menacé de le tuer.

Mais subitement l’un d’entre eux est venu vers Dimitri, lui déclarant : « Je crains Dieu, je vais te sortir de là ! » Tout en parlant, il a poussé les autres de côté et a fait sortir notre frère de cette maison. Par la suite, Dimitri reconnut l’un de ces hommes dans une rencontre d’évangélisation. Il écoutait, comme si de rien n’était. Puisse la Parole de Dieu le conduire à la conversion, lui aussi !

Devant une porte fermée
Une porte verrouillée en Yakoutie. Les évangélistes y ont laissé un Nouveau Testament de Yakout.

Des victimes de mensonges

Nous avons quitté le district de Verkhoïansk pour celui d’Eveno-Bytantaïsk. Il est essentiellement peuplé d’Évènes, très hospitaliers, comme tous les autres peuples du Nord. Aussi, avons-nous été surpris que la police ait cherché à nous faire repartir au plus vite.
La plupart des maisons étaient fermées de l’intérieur et les habitants ont refusé de nous ouvrir.
Les gens que nous avons rencontrés dans la rue, étaient indifférents ou se montraient même hostiles.
De même, l’administration a refusé de nous remettre les listes des nécessiteux, nous déclarant : « Nous n’avons pas besoin de vos paquets de vivres, chez nous tout le monde va bien. »
Or nous apercevions des gens qui auraient manifestement eu besoin d’aide.

Lorsque nous avons frappé à la porte de la dernière maison de cette localité, nous avons découvert la raison de cette attitude de refus.
Par What’sApp quelqu’un avait envoyé un avis aux fonctionnaires de la localité et nous avait calomniés. Il y déclarait que nous étions une secte interdite et que les gens devaient rester méfiants.
On leur recommandait de n’accepter aucun écrit, aucun paquet de vivres de notre part.
Cela se terminait en yakoute par un appel à nous passer à tabac. Malheureusement, beaucoup ont cru cette fausse information.

Dans deux autres localités les autorités ont observé la même attitude hostile, ne nous autorisant même pas à passer la nuit dans la salle de réunion du village. Nous avons donc dû passer la nuit dans nos véhicules par un froid sévère.

Cela nous a aidés à mieux comprendre l’apôtre Paul dans ses voyages missionnaires.

Notre frère yakout Volodia présente à une femme un paquet de nourriture.
Les gens ont des images de saints chez eux, mais ils ne connaissent pas le Seigneur Jésus.


Inokenty et Volodia apportent l'évangile à une famille du peuple Evene.


Inokenty distribue des calendriers chrétiens en langue yakoute.

En revanche, la population s’est montrée plus aimable que leurs autorités. Dans la première localité, une famille nous a aidés à trouver des personnes en détresse, et dans l’autre nous avons nous-mêmes trouvé des familles nombreuses. Et ainsi nous avons pu faire dans ce district ce que Dieu nous a permis de faire.

Que ces calomnies restent sur la conscience des faux témoins, ainsi que de ceux qui les ont écoutées. Notre prière est que le Seigneur Jésus leur permette d’entendre la Parole par un autre moyen et les sauve malgré tout.

Jésus dit : “Celui qui me rejette et qui ne reçoit pas mes paroles a son juge ; la Parole que j’ai annoncée, c’est elle qui le jugera au dernier jour.” (Jn 12.48)

« Dieu ne nous a pas oubliés »

La quatrième semaine de notre expédition, nous sommes arrivés à Nishneyansk (photo en titre), la dernière localité avant l’Océan Arctique. Autrefois, 2500 personnes habitaient là. Aujourd'hui il n’en reste plus qu’un douzième. Partout on pouvait voir des maisons à deux étages enneigées et vides. C’étaient plutôt des ruines. S’y ajoutaient çà et là des véhicules abandonnés, comme des remorqueurs, des tracteurs, etc. On avait l’impression de s’être égarés dans une tempête en furie, dans une ville fantôme, emballée dans la glace.

Malgré cela, les gens y sont très ouverts et aimables. Nous y avons surtout trouvé des Russes et des Ukrainiens. Tous voulaient nous parler, nous vider leur cœur et savoir d’où nous venions. La déclaration de plusieurs nous a aussi frappés : « Que vous soyez ici est un signe que Dieu ne nous a pas oubliés ! »

L’Évangile parvient dans les ténèbres

Une commission du gouvernement yakoute était de passage à Nishneyansk et à Kasatchyé. C’est pourquoi nous n’avons pas pu y organiser d’évangélisations publiques. Nous avons poursuivi notre chemin jusqu'à Toumat. Malheureusement, ici aussi le chef de l’administration, tout comme une partie de la population, ajoutaient foi aux rumeurs calomnieuses répandues à notre sujet. Dès avant notre arrivée, le chef de la localité a essayé par téléphone de nous dissuader d’y venir. Son principal argument était que même le gouvernement y avait annulé une visite, parce que le mauvais état des routes ne la permettait pas. En effet des tempêtes de neige s’étaient levées et avaient vite fait de barrer les routes. Quand on reste coincé dans une telle congère, en très peu de temps la voiture disparaît sous la neige. Chaque année il arrive ainsi que des gens meurent de froid.

Nous avons décidé de poursuivre tout de même notre route. Jusque-là les mauvaises conditions météo avaient toujours empêché que des chrétiens parviennent jusqu'à Toumat et à Chayir. Nous étions donc les premiers chrétiens à pénétrer dans ces deux localités. Nous ne savions pas ce qui nous y attendait, car une sœur en Christ de la localité de Kasatchyé – à 110 km à vol d’oiseau de là – nous avait mis en garde. Elle avait très peur pour notre sécurité, parce que les habitants de ce village font partie d’une tribu très belliqueuse. La sœur craignait qu’un grand nombre de gens de Toumat ne nous tendent une embuscade et nous tirent dessus, pour nous empêcher de pénétrer dans leur village.

Finalement, il y eut effectivement une rencontre avec les gens de Toumat, mais seulement une fois que nous eûmes rendu visite à presque toutes les familles du village. Un groupe de jeunes gens agressifs s’est mis en travers de la route de Volodia, notre frère yakoute. C’est alors qu’on s’aperçut que l’un des hommes menaçants était le policier local. Volodia lui suggéra qu’avant de se livrer à une bagarre, il ferait bien de commencer par analyser la situation et réfléchir. C’est ce que le policier a effectivement fait, il a examiné tous nos documents et nous a laissé aller. Le cœur du roi est comme un cours d’eau dans la main de l’Éternel ; il l’incline partout où il veut.” (Proverbes 21.1)

« Seigneur Jésus, sauve ces gens ! »

À Oust-Yansk, comme à Chayir, il n’y eut aucune difficulté. L’administration locale était bien disposée envers les protestants et cela nous a permis d’organiser diverses manifestations et actions de distribution.

À Chayir aussi, nous avons été les premiers chrétiens à venir dans cette localité. La population a pris grand plaisir à notre culte. Certaines personnes sont venues vers nous, nous donnant leur adresse, pour que nous puissions garder le contact avec eux.

Après le culte nous avons tout de suite repris la route jusqu'à Depoutatskyi, car une tempête de neige s’annonçait. Nous ne pouvions pas passer la nuit à Chayir, sinon il aurait fallu attendre que les services routiers aient dégagé la route après la tempête. De plus, deux jours plus tard deux de nos frères, Mickaïl et Dmitri, devaient prendre l’avion à Depoutatskyi pour Yakoutsk, puis pour Moscou.

Sortir de prison pour se retrouver parmi les éleveurs de rennes

Une petite église nous attendait à Depoutatskyi. Nous étions heureux de pouvoir y faire une pause, depuis longtemps espérée, de nous reposer au chaud, de refaire nos forces et de vivre une communion bénie avec des chrétiens.

Là nous avons fait la connaissance de l’Évène Dimitri, un ancien délinquant. Il avait écopé de la prison pour ses forfaits. C’est là qu’il a reçu une Bible. Il l’a lue et cela a transformé sa vie. Actuellement, il dirige une brigade d’éleveurs de rennes et parle à ses collègues de l’amour de notre Seigneur Jésus. Dimitri nous a raconté bien des épisodes où Dieu l’a aidé à retrouver les rennes dispersés dans la toundra et où Dieu a répondu à ses prières.

La parole de Dieu a également été prêchée aux personnes âgées et handicapées dans une maison de retraite.

Le grand âge dans le Grand Nord

Après avoir rencontré le directeur de l’administration à Depoutatskyi et qu’il s’est assuré que nos papiers avaient été vérifiés par la police des frontières (en effet ce secteur est considéré comme zone frontalière), il nous a remerciés pour le bon travail que nous faisions.

Nous avons pu nous répartir en petits groupes et apporter l’Évangile de maison en maison, sans aucun obstacle.

Cette localité avait une maison de retraite où les personnes âgées venaient de loin pour y passer le restant de leurs jours. On nous a autorisés à les rassembler dans leur salle de réunion et à tenir un culte.
Nous leur avons expliqué qu’il existe un Dieu qui s’intéresse à eux et que le Seigneur Jésus les aime.
Les chants, les entretiens, la prédication et la prière leur ont apporté consolation et bénédiction.
Pour notre part, nous avions le cœur rempli de joie et de paix pour avoir pu apporter ce bonheur à ces personnes.

Pour la première fois, les habitants de l'une des colonies de Yakout entendent le message que Dieu les aime.

Dieu a soin de chaque personne

Le dernier village de notre voyage était Saïlyk, surtout habité par des Évènes. Sans aucun problème nous avons pu organiser une rencontre avec la population au centre culturel et apporter la Parole de Dieu dans chaque maison.

À l’issue du culte, un Évène tout joyeux est venu à nous et nous a demandé l’autorisation de nous prendre en photo. Puis il ajouta : « Je vous remercie de ce que vous visitiez CHAQUE maison, n’oubliant personne. Vos paquets sont une aide précieuse. »

La bonne nouvelle concernant le Christ est également prêchée parmi les éleveurs de rennes.

Christ édifie son Église

Sur le retour, nous avons rencontré, bien des fois, des gardiens de rennes et leur avons remis des Nouveaux Testaments et des paquets de vivres.

Ils étaient d’accord de se rassembler et nous avons pu leur rendre témoignage de Jésus-Christ. Mickaïl leur expliquait en russe comment Christ l’a transformé et lui a donné une vie nouvelle et le frère Inokenty leur traduisait en yakoute.

Ensemble nous avons chanté plusieurs cantiques en yakoute. Tout en chantant, nous avons remarqué une vieille grand-mère émue aux larmes. L’Esprit de Dieu lui avait parlé.

Non loin de Batagaï, nous avons rendu visite au frère Yégor qui avait été baptisé en 2019. Ensemble nous avons célébré la cène, et ce fut une grande joie pour lui.

Devant un mirador d’un ex-camp du Goulag

Sur notre route, nous avons aussi visité l’église de Krest-Khaldchaï où Inokenty est ancien. D’un seul cœur, nous avons pu glorifier le Seigneur Jésus par nos chants avec les frères et sœurs. Eux chantaient en yakoute et nous en russe des louanges à Dieu. Nos cœurs étaient remplis d’une profonde joie. Dans cette partie froide du monde, où des milliers de nos pères ont perdu la vie au Goulag (photo 4), à cause de leur fidélité envers le Seigneur Jésus, il y a aujourd'hui des églises où l’on glorifie le nom de notre Seigneur Jésus-Christ.

Dieu agit au bon moment

Nous remercions nos frères et sœurs qui ont prié pour nous. Le Père céleste nous a protégés à travers divers dangers qui, parfois même, menaçaient notre vie. La surglace dangereuse sur les fleuves, le froid de -62°, des pannes techniques, et même des opposants menaçants, rien de tout cela ne nous a empêchés de remplir notre mission : dans une localité, l’arbre de transmission s’est brisé et nous avons pu le ressouder ; non loin d’un autre village où se trouvait un magasin de pneus, nous avons eu un problème sur un pneu qui a pu être remplacé ; le levier de vitesses s’est cassé sur le Kamaz, mais ça s’est produit à la sortie d’Oust-Yansk où nous avons pu le ressouder ; 800 km avant Tchita, en Transbaïkalie, la cinquième vitesse nous a abandonnés sur le 4x4 ; à notre arrivée à la maison quelque chose a lâché dans la boîte de vitesse et la voiture s’est définitivement arrêtée...

Si ces pannes s’étaient produites au bord de l’Océan Arctique ou sur les routes enneigées des contrées sauvages, cela aurait mis fin à notre expédition. Mais le Seigneur Jésus est grand et magnifique !

Le fruit des prières

Au cours de notre mission, nous avons visité 15 localités isolées dans les immensités désertiques et enneigées du Grand Nord. Nous avons pu remettre 4000 paquets de publications chrétiennes. Nous avons apporté l’Évangile et des colis de vivres à des familles nombreuses, nécessiteuses ou en situation précaire, visitant chaque maison.

À notre retour au point de départ, le compteur indiquait 14 800 km, dont 8800 km sur des routes verglacées.

L’amour et la fidélité de notre Sauveur sont grands.

C’est ensemble, chers frères et sœurs en Christ, que nous avons pu faire ce travail. De votre côté, vous avez prié pour nous et vous nous avez aidés par vos dons, et nous, nous avons fait tout cela au nom de Christ et de son Évangile. C’est pourquoi votre service n’est pas vain dans le Seigneur.
Veuillez nous soutenir dans la prière pour que nous puissions réparer les véhicules et poursuivre notre service, car plusieurs actions d’évangélisation sont encore prévues dans la suite de l’année en Transbaïkalie et dans la région frontalière avec la Mongolie et la Chine.

Unis à vous dans la prière et l’amour fraternel, votre frère Pawel Sinitsa et notre équipe d’évangélisation

 

 

«J'aime Kustur» est écrit sur le panneau - vous pourriez penser que Dieu dit cela. Il a répandu son amour dans le cœur des évangélistes et ils ont porté la Parole de Dieu dans ce lieu oublié ...

NDLR: Kustur est un petit village au cœur de la YAKOUTIE traversé par l'équipe des évangélistes conduits par Pawel Sinitsa

Pour les précédents épisodes voir nos bulletins N°149 (Octobre2020), N°134 (janv. 2017), 139 (avril 2018), 140 (juillet 2018), 144 (juillet 2019 et 145).