Yakoutie : la grâce de Dieu porte ses fruits
Voilà plus de 20 ans que Dieu donne à notre œuvre missionnaire la possibilité d’annoncer l’Évangile de Jésus-Christ en Yakoutie. Et nous ne cessons de nous émerveiller de la toute-puissance et de l’amour de notre Dieu qui est puissant pour sauver des personnes précisément là où il y avait, naguère, de nombreux camps de détention. Beaucoup de chrétiens ont été bannis jusque dans ces contrées, beaucoup y sont morts. Mais la Parole de Dieu garde toute sa validité : “... les portes du séjour des morts ne prévaudront point contre elle” (Mt 16.18).
Le frère Saïd Protopopov notre contact en Yakoutie, nous décrit la vie des chrétiens yakoutes :
Es-tu le seul chrétien ?
« Dans notre village tu es le seul à croire au “Dieu russe”. Ce n’est pas bon pour notre peuple. » Voilà le genre de remarques que bien des chrétiens yakoutes s’entendent souvent lancer. Entendre jour après jour ces railleries, cela finit par fatiguer et entame le moral.
En fait, la vie quotidienne est déjà bien assez difficile dans ce pays de tous les extrêmes. Presque six fois la France, la Yakoutie n’a pourtant qu’un million d’habitants. En hiver, les températures descendent jusqu'à –60 °C. En franchissant les fleuves gelés, on peut alors atteindre certains villages inaccessibles le reste de l’année par manque de routes carrossables.
La Léna, un des plus grands fleuves du monde, traverse le centre du pays et coupe la capitale, Yakoutsk, de Nichni Bestyach, la localité située sur la rive droite. C’est à bon droit que les Yakoutes appellent ce fleuve “Elyu-Ene”, le “grand fleuve”. En hiver, il n’a que 2 km de large, mais à la fonte des glaces il débite 60 000 m3 d’eau à la seconde en direction de l’Océan Arctique et peut parfois s’étaler jusqu’à 25 km de large. Depuis Yakoutsk on ne peut alors atteindre Nichni Bestyach que par le ferry.
Une fois par an il n’est plus le seul
Comme beaucoup de localités sont coupées du reste du monde, les chrétiens yakoutes sont heureux de pouvoir se rencontrer une fois l’an pour un congrès. Là, ils puisent de nouvelles forces, se font équiper pour le service et progressent dans la connaissance de Dieu.
Comme l’écrivait Paul, le but de ce congrès est : “le perfectionnement des saints en vue de l’œuvre du ministère et de l’édification du corps de Christ, jusqu’à ce que nous soyons tous parvenus à l’unité de la foi et de la connaissance du Fils de Dieu, à l’état d’homme fait, à la mesure de la stature parfaite de Christ” (Éphésiens 4.12-13).
Cette année, le 12 juin, le congrès a eu lieu pour la troisième fois à Nichni Bestyach. Le mot d’ordre en était : « La victoire des chrétiens – la communion en Christ ». En réponse à la foi en Christ, le salut et la communion avec Dieu sont devenus possibles. Le mur qui séparait les hommes de Dieu a été renversé. Le but n’est accessible qu’en Christ et avec lui.
« Seigneur, exauce-moi ! »
Les frères et sœurs en la foi ont beaucoup chanté, échangé des témoignages et se sont concertés sur les actions à mener dans l’année à venir. Puis il y eut encore quelques entretiens avec les hôtes. Certains participants ne sont pas encore chrétiens et sont venus par curiosité pour voir s’il est bien vrai qu’il existe plus qu’une simple poignée de Yakoutes qui croient en Jésus-Christ !
Dieu a non seulement répandu une abondante bénédiction spirituelle, mais il a aussi donné un beau temps ensoleillé. Pendant ce temps, dans le nord de la Yakoutie, il neigeait dans la localité de Députatski.
Le congrès fut aussi l’occasion de remercier Dieu pour le renouveau spirituel dans le pays, car il devenait évident que l’infatigable travail, parfois bien dur, des frères et sœurs porte des fruits. En effet, ce congrès fut organisé par Alexander et Vladimir qui, par la grande grâce de Dieu, sont parvenus à croire en Jésus-Christ à Nichni Bestyach.
Dieu a exaucé les prières de ces chrétiens, comme autrefois celle du prophète Élie : “Réponds-moi, Seigneur, réponds-moi, afin que ces gens sachent que c’est toi, Seigneur, qui es le vrai Dieu et ainsi tu ramèneras leur cœur vers toi” (1 Rois 18.37).
Comment tout a commencé...
Nichni Bestyach est principalement peuplé de Yakoutes. Mais ces dernières années beaucoup de travailleurs immigrés se sont ajoutés, venus surtout d’Asie centrale. Il y a seulement 10 ans, on n’y trouvait aucun chrétien.
Tout a commencé avec Xénia, une chrétienne yakoute. Elle avait demandé le pardon de ses péchés et reçu une vraie paix (lire l'article consacré à Xénia ici). Après avoir prié longuement et avec persévérance, elle décida de quitter Yakoutsk pour retourner chez elle à Nichni Bestyach. Elle avait l’intention d’annoncer à ses compatriotes la bonne nouvelle du salut en Jésus-Christ. Elle commença par inviter des habitants du village chez elle. Autour d’une tasse de thé, elle expliquait aux gens très simplement comment Dieu a transformé sa vie.
Puis elle demanda de l’aide à l’église de Yakoutsk. Chaque fois qu’ils le purent, des frères et sœurs de Yakoutsk vinrent mener des actions d’évangélisation. Dieu a ouvert le cœur des auditeurs et quelques personnes se sont converties, ce qui donna naissance à un groupe de chrétiens. Mais il n’y avait personne pour le diriger. Alors l’église de Yakoutsk envoya un prédicateur à Nichni Bestyach pour prendre cette communauté en charge.
La meilleure récompense
Mais, qui allait s’occuper du travail parmi les enfants ? Dieu a un temps pour chaque chose. Il conduisit deux jeunes sœurs, Pauline et Victoria, à aller à Nichni Bestyach et ainsi la prière fut exaucée. Entre-temps Marina, la fille de Xénia s’était également convertie à Dieu et vint habiter chez sa mère. La petite assemblée atteignit le nombre de 15 personnes. Peu à peu les fruits de la semence répandue se manifestèrent. Vladimir et Alexander s’étaient convertis en même temps que leurs femmes et ils travaillent maintenant dans l’église naissante. L’épouse de Vladimir accompagne les cantiques à l’accordéon. Les larmes aux yeux, Xénia dit : « Il n’y a pas de plus belle récompense sur terre que de voir Dieu amener ces fruits à maturité. Cela donne un courage et une joie renouvelés pour continuer à le servir de tout cœur ! »
En ce moment l’église se réunit dans la maison d’Alexander. Leur principal sujet de prière actuel c’est que Dieu leur donne les moyens de construire une petite maison de prière.
Quand Dieu t’appelle, obéis-lui !
À 1 005 km à l’ouest de Yakoutsk se situe Kempendyay. Déjà il y a 10 ans, Dieu avait travaillé dans cette région par des missionnaires et atteint le cœur de quelques Yakoutes. Ces nouveaux convertis avaient besoin de soutien et ce besoin fut diffusé dans tout le pays comme sujet de prière. La nouvelle en parvint aux oreilles du frère Afanasy. Quelques années plus tôt, il s’était converti à Jésus-Christ à Oktemsy, à quelques 1 100 km à l’est de Kempendyay. « Mais qui va aller dans ce village ? » se demanda-t-il. « Moi je suis né là-bas, n’est-ce pas un appel sans équivoque ? » C’est ainsi que Afanasy retourna dans son village natal et prit en charge l’église en pleine croissance.
Il fut régulièrement soutenu par les frères Saïd et Agit qui prirent beaucoup de temps pour répondre aux nombreuses questions des nouveaux convertis et pour les instruire. Actuellement, l’église compte 20 membres. Elle a sa propre maison de prière et répand la Parole de Dieu autour d’elle.
Malheureusement, en ce moment, le frère Afanasy a des difficultés de santé qui ont un fort impact sur sa mémoire.
Mais, berger fidèle, Dieu a pris soin de son troupeau et lui a donné deux autres frères, Ivan et Peter, convertis depuis quelque temps, et désormais au service de l’assemblée. Ivan préside aux cultes et études bibliques, et Peter l’y aide activement bien qu’il soit en chaise roulante.
L’amour est la clé des cœurs
Les sœurs, elles aussi, travaillent dans l’église. Elles dirigent les réunions d’enfants et de jeunes, organisées le dimanche, l’une après l’autre dans la maison de prière. Elles se rencontrent aussi dans des réunions de dames sous le mot d’ordre « Mères en prière », selon Colossiens 2.7 : “… marchez en lui, étant enracinés et fondés en lui, et affermis par la foi, d’après les instructions qui vous ont été données, et abondez en actions de grâces”.
En été, elles organisent des colonies de vacances avec les enfants, ainsi que des excusions dans la nature. Cela s’accompagne d’études bibliques, de jeux où l’on offre du thé, des gâteaux, et bien d’autres choses.
Avec ses quelques 480 habitants, le village de Kempendyay se situe dans un magnifique cadre naturel. Mais les frères et sœurs qui se dévouent sans compter pour les enfants leur créent une ambiance encore plus belle, ce qui leur procure une immense joie de pouvoir participer aux excursions et aux jeux.
Cet été, la mission Friedensbote a pu soutenir des colonies chrétiennes en Yakoutie pour environ 300 enfants. Y furent aussi invités de nombreux enfants de familles non croyantes. Chers intercesseurs, prions Dieu d’accorder une large bénédiction sur la semence répandue !
Le désert de glace a besoin de chaleur
Au sens spirituel aussi la Yakoutie est un désert de glace : beaucoup de gens n’y ont jamais entendu la Parole de Dieu, alors qu’ils habitent au voisinage de villes assez importantes. Sans Jésus ils seront perdus. Il faut donc que quelqu’un leur apporte l’Évangile. Au cœur de la Yakoutie, à quelques 52 km de Yakoutsk se trouve le village de Balyktakh. Depuis quelque temps les frères et sœurs de Nichni Bestyach s’y rendent pour annoncer la Parole de Dieu. Plusieurs femmes s’y sont déjà converties et ont été baptisées l’an passé.
Avec Xénia, les prédicateurs Saïd et Vladimir vont les voir pour affermir les nouveaux convertis et les instruire dans la foi. Ils les aident à se familiariser avec la Parole de Dieu, répondent à leurs questions et nous racontent comment Dieu agit dans leur vie. Peter, le mari d’une de ces sœurs, aime participer à ces rencontres, il écoute attentivement et se montre très hospitalier. Sujet de prière : qu’il puisse se convertir.
La Bible en langue yakoute
Les chrétiens de Yakoutie attendent impatiemment l’achèvement de la traduction de l’Ancien Testament en langue yakoute. Les travaux sont presque terminés, actuellement a lieu un travail de rédaction finale. On commencera par imprimer les cinq livres de Moïse.
Veuillez prier que Dieu accorde aux traducteurs beaucoup de sagesse et de force, afin que les textes puissent être bientôt imprimés. Si quelqu’un veut soutenir ce travail en Yakoutie par un don, il peut le faire en ajoutant la mention « Yakoutie ».