donnez-leur vous-mêmes à manger

Mais la Parole de Dieu n’est pas liée (1/2)

Seul Dieu peut faire de belles choses

Nous ne cesserons sans doute jamais d’admirer la création de Dieu. Même les rudes conditions climatiques de l’extrême Nord ne peuvent la détruire. La Yakoutie est une de ces régions qui attirent beaucoup de gens pour sa neige et ses fleuves, par la richesse de sa flore et la diversité de sa faune et de ses poissons.

On y rencontre des personnes venues, non seulement de Russie, mais aussi de l’étranger. Les uns s’émerveillent de la magnifique nature. D’autres viennent pêcher, d’autres encore espèrent une chasse fructueuse. Il en est aussi qui y vont pour gagner un peu d’argent. Mais l’objectif de notre équipe d’évangélisation est bien différent.

Pourquoi entreprenez-vous cette action ?

Un jour, on a demandé aux dirigeants du groupe Coca-Cola quel était leur objectif. Ils en ont cité deux :

- Tout être humain devrait au moins une fois dans sa vie goûter un Coca.

- Le Coca devrait être accessible à tout être humain.

Et notre objectif à nous ? C’est que l’Évangile arrive à portée de main de toute personne assoiffée de justice et de pardon.

Ce n’était pas notre premier voyage en Yakoutie, dans le Grand Nord, au-delà du Cercle polaire, pour rencontrer des gens et, dans cette saison de froid extrême, leur apporter quelque chose de la chaleur de l’amour de Dieu.
(Voir nos bulletins N°134 (janv. 2017), 139 (avril 2018), 140 (juillet 2018), 144 (juillet 2019 et 145).

À cette expédition ont participé huit frères en Christ de Russie centrale, de Transbaïkalie et de Yakoutie avec un camion Kamaz (Ndlr : qui a remplacé le “Chasseur) et un tout-terrain Toyota.

Cette mission représente des milliers de kilomètres à travers ces régions nordiques, et elle dure en moyenne quelque 40 jours. Chacun de nous aurait eu assez à faire chez lui pendant ce temps ! Nous avons nos emplois, nos familles et nos amis ; mais, ce qui nous unit, c’est le désir d’apporter la Bonne Nouvelle de Jésus-Christ, la Parole de Dieu imprimée et d’autres publications chrétiennes jusqu'au bout du monde, en Arctique. Nous voulions aussi apporter des colis de vivres aux familles nombreuses en détresse.

L’homme propose… mais Dieu dispose !

Nous sommes allés prendre avec nous le dernier membre de notre équipe à Chandyga, situé 400 km à l’est de la capitale, Yakoutsk. Là, on nous a dit que nous n’allions pas pouvoir suivre le trajet prévu, parce que des congères de neige avaient bloqué les routes de glace (des fleuves gelés) et que celles-ci ne peuvent être dégagées. Il y aurait même quelques véhicules qui se seraient enfoncés dans les glaces.

Il a donc fallu changer notre itinéraire et nous sommes partis en direction de Batagaï. Là, nous attendaient déjà des gens dont nous avions fait connaissance deux ans plus tôt, lors d’une expédition d’évangélisation analogue. Batagaï est au centre du district de Verkhoïansk, une localité réputée comme étant le deuxième pôle le plus froid de la terre. En 1892, on y avait relevé une température de -68,7°. Cependant, cela reste toujours vrai :

Le cœur de l’homme médite sa voie, mais c’est l’Éternel qui dirige ses pas. (Pr 16.9)

Thermomètre sous les -50°C!
Dieu a protégé ses missionnaires!

Tout seul, pris dans les glaces

Il s’est avéré que, pour notre expédition, nous avions choisi la période la plus froide de l’hiver.
70 km avant Batagaï, le moteur de notre Kamaz s’est arrêté par -62°. Le gas-oil arctique avait gelé et en quelques heures le camion entier était gelé : plus une roue, plus un arbre de transmission ne tournaient.

Nous avons remercié le Seigneur Jésus de ce que nos frères en Christ, qui avaient préparé le camion à Oust-Bargousin en vue du voyage, y avaient installé un poêle cylindrique en fonte. Cela permit à nos jeunes frères de survivre, en attendant l’arrivée des secours.
Nous avons attendu le secours pendant près de trois jours. Si ce problème était survenu loin de toute habitation, personne n’aurait pu nous venir en aide.
Mais nous ne pouvons cesser de remercier Dieu pour son assistance et son soutien. Il tient toujours une réponse prête à nos appels au secours

Nous avons allumé un feu sous le camion et, dans le froid, il a fallu dévisser toutes les parties mobiles et les tuyaux.
Des hommes de la localité voisine nous ont apporté leur aide et un tracteur a pu être amené sur place.
C’est alors que le dispositif d’attelage s’est brisé et qu’il a fallu manier le volant à quatre mains et des doigts gelés, parce que tout était pris en glace.

Nous avons mis deux heures pour faire le trajet jusqu'au village de Tokouma.
Par un quasi miracle, à ce moment précis, quelqu’un est passé avec son camion et il a pu pousser notre lourd Kamaz dans un garage chauffé. Ce fut un vrai sauvetage.

Je t’invoque au jour de ma détresse, Car tu m’exauces. (Ps 86.7)

« Dieu m’a ouvert les yeux ! »

Quelques frères sont restés dans ce garage où ils ont commencé par dégeler le camion pour le remettre ensuite en état. Avec les autres nous sommes retournés en 4x4 à Batagaï.
Nous étions relativement frigorifiés et, comme j’avais souffert d’insomnie pendant plusieurs jours, j’étais vraiment épuisé. Je n’ai donc pas remarqué que je m’endormais au volant.
Brusquement, je suis sorti de ce court assoupissement et j’ai aperçu le précipice d’une gorge devant moi. À l’extrême limite, j’ai pu faire un écart, restant miraculeusement indemne. Le Tout-puissant m’avait rouvert les yeux juste à temps ! Je n’ai pas tardé à m’arrêter à un endroit propice, où j’ai remercié Dieu avant de me rendormir pour de bon !

Distribution à Bagataï

Une fois réveillé, j’ai repris la route et nous sommes arrivés à Batagaï vers les cinq heures.
Il restait peu de temps pour nous reposer, car ce jour-là il était prévu de faire une distribution dans la localité.

À Batagaï nous avons pu voir les premiers fruits de notre travail des années précédentes.
De nouvelles personnes, surtout des Yakoutes, s’étaient ajoutées à l’église.
Les chrétiens locaux nous ont rapporté de bons témoignages de personnes que nous avions rencontrées lors de nos précédentes évangélisations.

Nous sommes très reconnaissants à l’église de Batagaï pour son authentique hospitalité qu’elle nous a accordée à toute heure du jour et de la nuit, en nous consacrant son temps et ses moyens.

que chacun de vous mette au service des autres le don qu’il a reçu. (1 Pi 4.10)

 

Dieu mobilise la plume d’une journaliste

Plusieurs articles positifs sur les chrétiens ont paru dans un journal

Tandis que nos jeunes frères étaient pris par la remise en état du Kamaz, nous avons présenté le message du salut en Christ aux quelque 3700 habitants de Batagaï. Dans les trois jours suivants, pratiquement chaque famille a reçu un Nouveau Testament, un calendrier et d’autres publications sur l’Évangile. Pour la plupart de ces personnes notre visite était aussi inattendue qu’elle a été une agréable surprise. Après tout, au dehors il faisait autour des -60°…

La majorité de ces Yakoutes étaient très ouverts à l’Évangile. Les uns nous ont invités chez eux, d’autres nous ont offert le thé et avec certains nous avons même pu prier. Également la rédactrice du journal local, Les Nouvelles de Verkhoïansk, s’est montrée intéressée. Comme elle avait trouvé notre numéro de téléphone sur l’un de nos imprimés, elle nous a appelés. Suite à ce contact elle a publié un premier article dans son journal. Puis, dans l’édition suivante, elle a encore publié un deuxième article très positif sur notre travail, concluant par ces mots :

« Il ne nous revient pas de juger si ces gens ont enfreint la loi ou non. En tout cas, ils ont atteint leur objectif principal. Et si l’Évangile, qu’ils ont distribué, sauve au moins une vie humaine, on pourra certainement affirmer que cette action n’a pas été vaine. »

Son reportage était objectif, et elle n’a pas passé sous silence que notre action a déplu à certains qui nous ont dénoncés.

Cette dénonciation nous a valu une convocation à la police. Pendant plusieurs heures nous avons dû prouver que nous agissions en accord avec la loi et nos statuts. Mais ils ont minutieusement cherché un moyen de nous punir. Et ils l’ont trouvé : en tamponnant nos brochures, sur quelques-unes une lettre est restée peu lisible. Pour cela on nous a reproché d’enfreindre la loi antiterroriste qui concerne aussi le travail missionnaire. De ce fait l’administration locale ne nous a pas communiqué l’adresse de familles en détresse auxquelles nous aurions remis des colis de vivres, et on nous a demandé de quitter la ville.

Cette bonne nouvelle du royaume sera prêchée dans le monde entier, pour servir de témoignage à toutes les nations. Alors viendra la fin. (Mt 24.14)

Une surabondance de bénédictions

Nous étions reconnaissants envers Dieu que ces difficultés n’aient pas pu arrêter notre travail. Nous avons poursuivi notre route visitant d’autres localités où nous avons connu bénédiction sur bénédiction. Les autorités locales nous ont accueillis très aimablement, autorisant toutes les actions prévues. L’administration nous a même adjoint un assistant social chargé de nous aider en nous communiquant les adresses de familles nombreuses, socialement fragiles.

Nous avons pu visiter chaque maison de ces localités, et y offrir un Nouveau Testament en yakoute, plus un colis de vivres aux familles pauvres.

Nous avons aussi pu organiser plusieurs rassemblements pour présenter aux personnes, en paroles et par des chants, l’amour de Dieu, son Évangile, ainsi que leur rendre témoignage de ce que la foi en Jésus-Christ nous apporte.
Nos frères yakoutes ont expliqué dans leur langue comment ils ont trouvé Dieu.
Les assistances ont eu l’agréable surprise d’entendre la Parole de Dieu et les chants, non seulement en russe, mais aussi en yakoute. Nous avions expressément appris quelques chants en yakoute.

Certains auditeurs en éprouvaient une telle reconnaissance qu’ils ont absolument voulu nous aider d’une manière ou d’une autre. C’est ainsi qu’un entrepreneur local a refait le plein de nos véhicules à ses frais.

« Jésus a changé notre vie »

Pour nous, la plus belle des bénédictions fut la rencontre avec une famille que nous avions aidée il y a deux ans. À l’époque ces gens faisaient partie des familles socialement fragiles.
Le désespoir les avait poussés à noyer leurs soucis dans l’alcool. Nous leur avions offert un Nouveau Testament et un colis alimentaire.

Quand nous les avons revus, ils nous ont expliqué qu’ils ont alors commencé à lire la Parole de Dieu. Dieu les a aidés à se libérer de l’addiction à l’alcool et le mari a trouvé un emploi. Pleins de reconnaissance, ils ont déclaré : « Lorsque nous nous sommes mis à adorer Jésus-Christ, il nous a aidés et a transformé notre vie. »                    


(à suivre)

Assistance attentive à Suordach