donnez-leur vous-mêmes à manger

Un rayon de lumière dans l’obscurité.

Une adoratrice des démons devient témoin de Jésus.

 

La chanson d’autrefois...

Xénia est Yakoute. Selon son habitude, un soir, elle est assise à sa fenêtre et coud, une épaisse pièce d’étoffe devant elle, ainsi que des houppes en peau de renne, des ciseaux, un couteau yakoute effilé et une bobine de fil.

Dans une coupe, de petites perles de verre brillent de toutes les couleurs de l’arc-en-ciel.

Xénia est experte dans la couture de pièces décoratives folkloriques.

À mi-voix, elle fredonne un chant yakoute aussi long que la soirée. Elle aime chanter et vivre avec ces mélodies. Il n'existe aucune fête populaire à laquelle elle ne participe pas activement. Pour les danses et les chants rythmés, c’est elle qui donne le ton, mettant ainsi tout le monde en mouvement.

À vrai dire, elle n’a jamais réfléchi au sens des paroles de son chant. Quelques mois plus tôt, son amie Soja l’a rendue attentive au fait que de nombreux chants honorent les démons du soleil, de l’eau, du feu, du vent et de bien d’autres mauvais esprits. C’est cette antique chanson qui conduit les gens dans l’esclavage du péché.

« Tu n’as pas peur de la mort ? »

Quelques années plus tôt, Soja s’est jointe à une assemblée chrétienne de Yakutsk, la capitale. Xénia a eu du mal à la comprendre, elle a seulement constaté que son amie pétillait de joie. De plus, elle n’avait plus besoin d’alcool, ni de pipe.

Ce qui impressionna le plus Xénia, c’est que Soja parlait sans crainte de l’au-delà après la mort. Normalement, chez les Yakoutes on se lamente, et on se plaint amèrement à chaque naissance, parce que le nouveau-né sera exposé à beaucoup de maladies et finalement aux affres de la mort. C’est pourquoi bien des hommes et des femmes s’enivrent d’alcool, parce qu’ils n’ont de toute façon aucun espoir de quelque chose de positif dans la vie.

Xénia se demandait si elle ne pourrait pas en savoir un peu plus en posant des questions à Soja. Peut-être pourrait-elle aussi découvrir le secret de sa bonne humeur. Soja parlait d’un certain Jésus-Christ qui fait fuir tous les démons. Mais, s’il était déjà dangereux d’approcher les démons au point que seuls les chamans s’y risquaient, pouvait-on seulement imaginer une relation avec le plus Fort des forts ?

La surprenante prière à table

L’aboiement des chiens détourne Xénia de son travail et de ses réflexions. Elle jette un coup d’œil par la fenêtre, on dirait que c’est une visite. Effectivement on frappe à la porte et une voix connue lance :

– Xénia, ouvre, c’est moi, Soja !

Xénia pose son ouvrage et court ouvrir.

– Soja, enfin tu penses à moi ! Quelle bonne idée d’être venue !

Apercevant près de la porte deux autres femmes inconnues, elle continue sur le même ton :

– Venez, venez, vous êtes vraiment les bienvenues chez moi !

Xénia propose à ses hôtes de prendre place et s’affaire aussitôt à préparer un repas. Il ne pouvait pas en être autrement : avant qu’on ne pose la moindre question à un visiteur, il doit avoir mangé. Telles sont les coutumes venues des temps anciens, des coutumes bonnes et incontournables !

Peu après, il y a sur la table basse une assiette de fines tranches de brochet, du pain frais et un verre de tisane. La théière répand un parfum de tisane à l’airelle.

– Bon appétit, mes chères hôtesses, servez-vous ! dit Xénia.

Mais voici que Soja répond :

– Si tu n’y vois pas d’inconvénient, nous allons d’abord remercier Dieu pour ce repas.

Non, Xénia n’a rien à redire et se lève volontiers avec ses visiteuses pour la prière. Mais c’est tout de même un peu insolite.

« Et à quel dieu adressent-elles leur prière ? » se demande Xénia.

« Puis-je devenir comme vous ? »

Soja prie un certain Jésus, non, elle lui parle tout simplement, comme s’il était présent dans la pièce. Instinctivement Xénia se retourne, mais elle ne voit personne. Et pourtant Xénia trouve si beau et si simple de pouvoir ainsi entrer en contact avec cette force invisible.

La conversation ne tarde pas à s’animer et Soja parle de l’église de Yakoutsk. Durant l’année écoulée, de nombreux alcooliques et drogués ont été libérés de Satan et de leurs liens par la puissance de Jésus et se sont joints à la l’assemblée.

Xénia a beaucoup de questions à poser. Elle est stupéfaite de la facilité avec laquelle Soja traite des problèmes les plus ardus. Elle reste, encore quelques moments, silencieuse dans son insécurité et son abattement dont elle aurait tant voulu s’échapper. Puis, presque en chuchotant, elle pose la question brûlante :

– Puis-je devenir comme vous ? Moi aussi, j’ai besoin d’un sauveur.

Les dames s’agenouillent et prient à tour de rôle. Le cœur de Xénia bat la chamade, comme à l’étroit dans sa poitrine. Puis les paroles viennent d’elles-mêmes sur ses lèvres :

– Jésus, accepte-moi, sois aussi mon Sauveur !

« Désormais je chante pour Jésus ! »

Après quelques heures d’échanges qui passent sans en avoir conscience, les visiteuses doivent repartir et Xénia se retrouve à nouveau seule. En fait non, elle n’est plus seule. Elle sait et elle sent qu’il y a là quelqu’un qui a transformé sa vie : Jésus-Christ.

Peu après, Xénia reçoit le baptême ; elle est désormais un ardent témoin de Jésus parmi les Yakoutes. Aucune distance ne lui fait peur, aucune heure malvenue. Dès qu’elle sait qu’on l’attend, dès qu’elle peut participer à quelque action d’évangélisation, elle est prête à y aller.

Le beau timbre de voix avec lequel naguère Xénia honorait les démons, glorifie désormais Jésus : c’est un chant tout nouveau !

Xénia sait que son peuple est empêtré dans des pratiques occultes et démoniaques ; elle en souffre grandement.

Le Seigneur l’a appelée avec d'autres à porter un puissant flot de lumière dans ces profondes ténèbres.