donnez-leur vous-mêmes à manger

NDLRW: La première partie de ce récit missionnaire est dans le N144 ICI

Des cantiques qui défient le froid

Sur la route de Srednekolymsk, le chauffage du 4x4 tombe en panne. Le frère Valéry prend la place du chauffeur et reste au volant les 200 km restants. Le trajet durera environ cinq heures, ce qui est bien long par ce froid et sans chauffage !

À Srednekolymsk, le chauffage est enfin réparé, mais Valéry a pris froid et tombe malade. Dans ce village nous avons aussi trouvé des chrétiens. Ensemble nous avons célébré la cène, nous avons répondu à quantité de questions et mené de longues conversations avec telle ou telle personne. Partout dans le Nord, les chrétiens ont besoin de soutien spirituel et les églises manquent de pasteurs. Comme ils sont environnés de fleuves et de marécages, un contact direct n’est possible avec eux qu’en hiver, en roulant sur les fleuves gelés. Veuille le Seigneur les assister !

Partout où nous sommes allés, accompagnés des chrétiens du lieu, nous avons chanté le cantique composé dans leur région et très apprécié d’eux. Nous aussi avons appris à l’aimer. On y trouve les paroles suivantes : « Pour aider les gens perdus dans le froid et les tempêtes de neige, Jésus est venu dans la toundra : il est la lumière dans la nuit polaire. Ici, en ce bout du monde, où règnent neige et gel, Christ nous a chargés de chanter son amour sans limite. »

Vivre la communion avec des chrétiens, c’est le ciel sur terre

Non loin de Srednekolymsk se trouve la localité de Sylgy Ytar. C’est précisément là que s’est “égaré” Valentin, un Ukrainien qui, à l’époque soviétique, est parti dans le Nord, pour y gagner de quoi s’acheter une paire de jeans. En ce temps-là, les jeans coûtaient deux salaires mensuels. Des années plus tard, Valentin a épousé une Yakoute et se fixa dans la région. Plus tard encore, il crut en Jésus-Christ et fut baptisé.

Le service de Sainte-Cène dans l'une des communautés situées derrière le cercle arctique - les lampes de poche et les téléphones doivent toujours être à proximité...

Ce frère en Christ s’est grandement réjoui de notre rencontre, de la communion fraternelle et de la cène partagée. En larmes, il a remercié Dieu de ces merveilleux moments de communion qu’il a vécus comme si c’était le ciel sur la terre. Ensuite, sur la route vers Sylgy Ytar, il a fallu affronter une longue section de surglace, dans laquelle une jeep 4x4 russe était restée prisonnière. Nous avons réussi à dégager la voiture et avons pu parler de notre Seigneur Jésus aux voyageurs.

La destination suivante était Andryouchkino où nous avons rendu visite à un groupe de femmes chrétiennes. Quatre d’entre elles étaient de l’ethnie évène. Ces trois dernières années, j’avais souvent eu des contacts avec elles par téléphone. Elles m’appelaient souvent pour me poser des questions sur des thèmes bibliques. Chaque fois elles me demandait de prier à propos de leurs

problèmes.

Les efforts d'évangélisation de ces dernières années ont porté leurs fruits - dans de nombreux villages, il y a maintenant des chrétiens, comme ici à Andryouchkino.

Elles nous dirent : « Nous n’avons vu aucun chrétien, depuis votre passage il y a trois ans. » C’est pourquoi elles se sont grandement réjouies d’avoir une nouvelle visite. Ce soir-là, ces chrétiens ne voulaient plus rentrer chez eux, de sorte que nous sommes restés longtemps ensemble à échanger sur des sujets bibliques.

Pour la nuit nous avions retenu des places dans un établissement public que les gens du lieu appellent fièrement HÔTEL. Voulant faire notre toilette, il sortit du robinet, non de l’eau froide, mais une sorte de filet épais plein de rouille. Par la suite, nous avons appris que l’eau provenait d’anciens radiateurs... Quand on voit de telles choses, on commence à apprécier les bénédictions qui nous accompagnent dans notre quotidien.

Là où des chrétiens ont péri, la Parole de Dieu est maintenant prêchée

Il y a trois ans, lors de notre action en Arctique, nous avions déjà été à Andryouchkino. Mais, alors, il nous avait été impossible d’aller plus loin, les routes étant bloquées par des tempêtes de neige. Et l’an passé les nombreuses précipitations avaient encore compliqué les choses. Mais cet hiver il y eu moins de neige. De plus, le gouvernement yakoute avait an-noncé vouloir visiter les villages isolés de la circonscription de Nichnekolymsk. Ainsi, la route a été maintenue en état par le service de déneigement, ce qui nous a permis d’atteindre sans problème le village de Kolymskoyé.

On accueille volontiers la littérature chrétienne

Afin que l’Évangile parvienne dans ces régions, naguère couvertes des camps du Goulag, et où tant de chrétiens ont perdu la vie à cause de leur foi, Dieu a mis les autorités en branle pour qu’elles annoncent leur visite et que, de cette façon, les chemins le long du fleuve Kolyma soient dégagés des congères de neige. C’est ainsi que nous avons pu les utiliser, nous aussi. Du temps de Josué, Dieu avait arrêté le soleil dans sa course, aujourd'hui il parle au cœur des fonctionnaires pour qu’ils veillent à faire dégager les routes !

À Kolymskoyé, les frères et sœurs nous ont également accueillis très chaleureusement. Même la population du village était très favorablement disposée envers l’église. C’est alors que surgit soudain un délinquant local malveillant que la population ne connaît que sous le nom de “La Peste”. Très agressif, il a exigé de chacun de nous 50 000 roubles (environ 700 €), parce que nous offrions aux diverses familles des Nouveaux Testaments. Ayant remarqué nos frères yakoutes, il les aborda. Puis, après un moment de réflexion, il finit par dire : « Bon, pour une fois je renonce à mes exigences. »

L’Évangile apporté aux Tchouktches

Dès lors, nous n’avons plus eu de difficultés avec lui ; nous avons même pu tenir une réunion à la maison de la culture.

Ensuite, nous avons été invités au musée local où nous avons découvert l’histoire et les coutumes des Tchouktches, la population locale. Une de nos sœurs médecin, qui vit là, a pu apporter des soins à Valéry à cause de son refroidissement.

Au moment de nous séparer, l’assemblée de Kolymskoyé nous a déclaré : « Nous voulons participer à l’annonce de l’Évangile, voici une petite collecte ». La suite du trajet le long du fleuve Kolyma nous a conduit à la ville de Tcherski où vivent encore 2 500 personnes. C’est le centre administratif de la circonscription de Nichnekolymsk, un territoire un peu plus étendu que la Bavière, en Allemagne.

Témoignage aux gardes-frontière

À Tcherski, nous avons été accueillis par la police et les gardes-frontière. Ils ont fait le nécessaire pour nous faire perdre du temps en nous créant des obstacles, et leurs interrogatoires ont pris bien du temps. Il a fallu un long moment pour les convaincre que notre activité ne contrevenait pas à la loi, mais ils étaient incapables de comprendre que nous ne poursuivions pas des objectifs intéressés. Chacun a eu plusieurs entretiens individuels avec différents fonctionnaires. Ce fut une occasion unique de présenter à ces officiers un témoignage de notre foi en Christ.

Le soir se déclencha une tempête de neige ; les gens du lieu dirent qu’elle allait durer bien des jours. De notre côté, nous pensions avec appréhension combien le chemin du retour allait être difficile. C’est avec instance que nous avons donc demandé le secours de Dieu, et il nous a exaucés. Le lendemain matin la tempête avait cessée.

Nous sommes restés deux jours à Tcherski et avons visité chaque maison en distribuant notre littérature. Puis nous nous sommes séparés en deux groupes pour visiter deux localités voisines. Quelques frères se rendirent avec le 4x4 à Anyouisk, qui se trouve déjà dans le territoire autonome des Tchouktches, tandis que l’autre groupe visita Pochodsk au moyen du tout-terrain Kamaz. Avec leur gros véhicule, il leur a fallu se frayer un passage dans la neige. L’administration de l’arrondissement leur en a été reconnaissante, car, à l’origine, les fonctionnaires du gouver-nement de Yakoutsk avaient exclu d’aller à Pochodsk. Ayant finalement changé d’avis et décidé d’aller tout de même dans ce village isolé, le grand embarras de l’administration locale était levé après le passage de notre Kamaz !

Un policier soucieux de l’ordre public est une bénédiction

En route pour Anyouisk nous sommes arrivés dans le village abandonné de Nichnekolymsk, une ancienne capitale régionale. Actuellement, il y vit encore un couple âgé. Nous n’avons pu le trouver que parce que deux drapeaux flottent sur leur maison : le russe et le yakoute. Ce sont des descendants d’anciens bannis. Les larmes aux yeux, ils nous expliquèrent combien leurs conditions de vie étaient dures. Nous leur avons présenté le plan du salut de Dieu pour l’humanité, et apporté une aide matérielle.

Offrir des vivres ainsi que de la littérature introduit chaque fois un entretien sur Dieu

Après Anyouisk, à l’écart du fleuve Kolyma, il a fallu une fois de plus frayer un passage avec notre tout-terrain, parce que tout était recouvert de neige.

Dès notre arrivée dans la localité nous sommes tombés sur le policier local qui, d’abord, n’a pas du tout apprécié notre venue. Il nous a demandé de ne rien entreprendre avant qu’il ait vérifié la légalité de notre activité. Mais, n’ayant pas le temps d’attendre l’arrivée d’une autorisation, nous avons pris contact par téléphone avec l’administration locale et avec les quelques chrétiens de l’endroit, avant de commencer le porte-à-porte.

Quant au policier, nous avons appris qu’il passait pour être sans doute le meilleur de toute la presqu’île. À Anjouisk il n’y a ni commerce illégal de spiritueux, ni chauffeur ou particulier ivres roulant sans permis ; après 10 h du soir, il n’y a pas d’enfant dans la rue. Sa rigueur fait que l’ordre règne dans l’ensemble de sa zone de responsabilité.

Lorsqu’il eut enfin établi qui nous étions et quels étaient nos objectifs, il nous a tendu la main, n’ayant plus rien à redire à notre activité d’évangélisation. De retour de Pochodsk avec le Kamaz, les frères, sont également arrivés vers le soir, apportant des paquets de vivres.

Une fois notre service achevé dans ce village, nous nous sommes réunis pour un temps de communion avec les frères et sœurs de l’endroit, et pour remercier notre grand Dieu de sa fidèle assistance.

Émerveillement devant la parfaite protection de Dieu

Sur le trajet du retour, nous avons à nouveau rendu visite aux églises de Kolymskoyé, d’Andryouchkino, de Syry-anka, de Chandyga et de Yakoutsk, leur racontant toutes les bénédictions reçues.

La boîte de transfert a gelé plus d'une fois à -50 ° C et a dû être décongelée par Sergei avec le brûleur.

Tout le long de la route, nous avons vu plusieurs véhicules n’ayant jamais atteint leur destination.

Quelqu’un est tombé dans le ravin et s’est tué. 

Un autre s’est endormi au volant et a également chuté dans un ravin, la voiture restant accrochée à un rocher, tous les passagers sont morts, eux aussi.

Un autre encore n’a pas distingué le fossé comblé par la neige et a couché sa voiture sur le côté…

Nous aussi, nous avons dérapé sur la neige, parce que la température s’était radoucie et que la neige était devenue glissante comme du savon.
Le véhicule s’est mis à virer latéralement, il a frappé le bas côté enneigé et, Dieu soit loué, nous ne sommes pas tombés en bas de la pente !

Portés sur les ailes des prières

Annonce de l’Évangile dans un hôpital.

Au total nous avons visité quinze localités.

Dans onze d’entre elles, après des années de service éprouvant, il existe désormais des petites églises de maison ou des groupes d’étude biblique.

Nous avons pu distribuer 3700 paquets de littérature. En 34 jours, nous avons parcouru quelques 16 000 km dont 9000 sur les routes glacées du Grand Nord.

Nous remercions tous ceux qui nous ont portés pendant tout ce temps sur les ailes de la prière. Dieu nous entend et exauce nos prières. Loué soit notre Seigneur Jésus-Christ !

Pavel SINIZA

 Unis à vous dans l’amour fraternel et dans l’intercession pour vous tous, Pavel Siniza, votre frère en la foi et notre équipe d’évangélisation.