Dieu est à l’œuvre dans les Carpates

Les amis de notre mission connaissent bien Piotr Nastasiytchouk qui a pris la parole lors de notre dernier congrès. Cela fait vingt ans qu’il mène un travail de pionnier richement béni dans les Carpates, en Ukraine occidentale.

Au congrès et dans les nombreuses visites d’églises Piotr a évoqué les possibilités sans cesse renouvelées, offertes par Dieu, de présenter le message de Jésus-Christ à la population des Carpates et en particulier aux jeunes.

Il est originaire de Tchernovtsy, dans le sud-ouest de l’Ukraine. À lui et à son épouse Léna Dieu a donné cinq enfants et dix petits-enfants. Voici son rapport :

Un logement privé devient une bibliothèque chrétienne

À partir de 1990 nous avons pu installer une petite bibliothèque dans notre église et sortir évangéliser en ville avec notre stand de livres. Depuis ce moment-là et jusqu'en 2000 j’ai eu la responsabilité de ce stand de livres chrétiens.

Bien des gens ont ainsi reçu des publications chrétiennes et ont été amenés par leur lecture à fréquenter notre église. Plus de mille personnes sont ainsi régulièrement venues pour emprunter des livres à ce stand et nous avons pu distribuer des milliers de traités et de Nouveaux Testaments.

À l’époque j’avais un logement d’une pièce à Tchernovtsy. Nous l’avons transformé en bibliothèque, ce qui a permis aux gens de passer emprunter des livres, lire, discuter avec nous et poser leurs questions. Cela nous a aussi conduits à des entretiens de relation d’aide avec eux. C’est ainsi qu’a commencé notre travail.

« Comment conclure un mariage heureux ? »

Quand je repense à cette période, je suis impressionné par les voies choisies par Dieu. Je ne me doutais pas, alors, des miracles que Dieu nous réservait pour les 20 années suivantes. La Bible nous rapporte l’épisode où par une petite fille, dont on ne connaît même pas le nom, Naaman, le Ministre de la Défense de Syrie, trouve la foi au Dieu vivant. Il me semble que par l’intermédiaire de cette petite fille juive bien d’autres personnes ont encore trouvé la foi. Dans nos milieux aussi les enfants et les adolescents sont nombreux et chacun de nous peut se poser la question : Qu’est-ce que Dieu peut faire par moi ?

Dans les Carpates il y avait aussi une petite fille, Marika. En 1990, elle découvrit notre bibliothèque et demanda :

- Avez-vous un livre qui explique comment faire un mariage heureux ?

- Nous avons des livres chrétiens et des Nouveaux Testaments.

- Ma mère aimerait beaucoup lire ce genre de livres.

Elle emprunta des livres pour sa mère. À peine deux semaines plus tard, sa mère l’accompagna à notre bibliothèque et nous dit : « Si je n’avais que la moitié de ces livres chez nous dans les Carpates, j’aimerais alors organiser un culte pour enfants à l’église orthodoxe. » Nous lui avons dit que nous lui apporterions volontiers ces livres.

À peine 140 km plus loin personne ne connaissait la Parole de Dieu

C’est ainsi que le 11 mai 1997 nous avons rempli le coffre de la voiture de publications chrétiennes et de Nouveaux Testaments et sommes partis avec toute la famille dans les Carpates, à la recherche de ce village. Il ne se situait qu’à 140 km de notre ville, mais, compte tenu de l'état des routes, nous avons roulé des heures durant. Cela ne nous a pas gênés, nous étions si heureux de savoir que ces personnes orthodoxes allaient pouvoir lire la Parole de Dieu. C’était clair pour nous : tôt ou tard nous y retournerions.

À notre arrivée, nous avons exposé les livres dans la pièce prévue à cet effet dans l’église orthodoxe et plus de 15 personnes y sont venues après le culte. Visiblement, les gens étaient très intéressés ; ils nous ont demandé qui nous étions, d’où nous venions. J’étais très étonné : alors que chez nous, à Tchernovtsy il y avait déjà eu plusieurs évangélisations dans des stades et que des milliers de gens avaient entendu la Parole de Dieu, à peine 140 km plus loin, dans les Carpates, personne n’avait encore eu accès au message du salut par Christ seul. Nous avons alors chanté plusieurs cantiques, accompagnés à la guitare par notre fils, et comme on nous avait posé beaucoup de questions, nous avons promis de revenir le dimanche suivant.

Première fête des moissons et premiers groupes bibliques

À notre retour, le dimanche d’après, les visiteurs furent encore plus nombreux. L’intérêt était si grand que nous y sommes retournés le dimanche suivant, puis encore et ainsi de suite. Six semaines plus tard, j’ai dit à ma femme Léna : « Je crois que nous sommes venus pour longtemps dans les Carpates ! » Et il en fut effectivement ainsi.

La rumeur d’une “nouvelle foi” venue dans la région s’est répandue comme une traînée de poudre dans les villages voisins. Après seulement une année, il y avait déjà cinq groupes bibliques où on lisait et étudiait la Parole de Dieu. En automne, nous avons célébré la première fête des moissons dans une salle polyvalente devant une assistance nombreuse. Dans la période de Noël nous y sommes revenus avec les jeunes de Tchernovtsy pour annoncer la Parole de Dieu de lieu en lieu.

Nous avons bien vite compris qu’il nous fallait de l’aide pour poursuivre ce travail qui s’était développé si rapidement. J’ai prié et cherché quelqu'un qui puisse nous aider. Un jour, j’ai pris en main un des livres de notre bibliothèque et ai découvert une adresse avec un numéro de téléphone sur la face intérieure de la couverture. J’ai composé le numéro et fus mis en relation avec la mission FriedensBote en Allemagne. Peu après, un collaborateur de la mission est venu nous rendre visite et nous lui avons exposé notre travail. Ce premier contact fut prometteur.

Cependant, le prêtre orthodoxe et le maire du village n’appréciaient pas du tout de nous voir organiser chez eux des cultes dans un internat. Ils sont venus nous voir pour exiger que nous cessions. Mais la mère d’un diacre de l’église orthodoxe nous a autorisés à tenir des cultes dans sa propre maison. C’est ainsi que nous avons pu continuer à nous réunir là. Ainsi est née la première église à Krivopiya.

Un Nouveau Testament après 25 ans de maladie

À quelques 30 km de cette première communauté en est née une autre, au village de Rivnia. Par la suite, par l’intermédiaire du Messager de la Paix, des frères et sœurs de France nous ont aidés à construire un lieu de culte. Dès 1998, un certain nombre de personnes s’étaient converties et nous avons célébré les premiers baptêmes pour onze personnes. Parmi elles il y avait des jeunes, mais aussi un frère âgé de plus de 80 ans.

Nous nous demandons souvent pourquoi même des chrétiens subissent de graves revers. C’est ce qui est arrivé à la sœur Doucya. Sa famille a subi plusieurs lourdes épreuves se suivant de près. Lorsqu’elle a commencé à fréquenter nos cultes, un incendie mystérieux a détruit la maison familiale. Et lorsque, trois jours après sa conversion, son mari a trouvé la mort lors de travaux en forêt, les villageois ont dit : « Maintenant on va voir comment son Dieu l’aidera. »

Mais la sœur est restée fidèle au Seigneur Jésus. Dans ses prières, elle a promis à Dieu d’accueillir des orphelins, s’il l’aidait à obtenir un toit pour les héberger Peu après, nous avons de nouveau eu la visite de frères de FriedensBote et je leur ai parlé des souffrances de cette veuve La mission, avec d’autres frères et sœurs l’ont prise en charge et elle a été aidée pour bâtir une maison.

Elle a tenu sa promesse. En plus de ses cinq propres enfants, elle a accueilli cinq orphelins. À présent, elle prend soin de dix enfants et a expérimenté la sollicitude et le secours de Dieu dont elle est très reconnaissante jusqu'à ce jour.

500 000 personnes entendent la Parole de Dieu

En 1998, les responsables de FriedensBote nous avaient proposé d’organiser des colonies de vacances. Pour nous, c’était un domaine inconnu et nous ne savions pas du tout comment nous y prendre. Mais Dieu nous a aidés.

En 1998, nous avons organisé la première colonie pour enfants dans les Carpates. Il y eut 70 enfants provenant essentiellement de familles catholiques et orthodoxes

Nous aurions beaucoup à raconter de ce travail au cours duquel nous avons très souvent vu Dieu conduire les choses. Ces vingt dernières années, nous avons pu organiser soixante colonies de vacances dans les Carpates. Fréquemment les parents viennent voir comment nous occupons leurs enfants. Ils sont très étonnés d’entendre les chants et d’assister aux programmes préparés par les enfants.

Durant sept années nous avons loué une école pour y tenir les colonies. Mais voilà déjà douze ans que nous pouvons le faire sur un terrain que nous avons pu acheter grâce au soutien des amis de la mission. D’abord nous avons reçu des conteneurs d’habitation auxquels nous avons ajouté un étage par la suite. Désormais, nous pouvons accueillir 100 enfants à la fois et, rien que l’an dernier, plus de mille enfants ont participé à diverses cessions.

Jamais je n’avais vécu pareille colonie !

Selon le programme, la matinée est consacrée à l’Évangile : nous racontons des récits bibliques, nous apprenons aux enfants des cantiques et nous prions avec eux. L’après-midi, nous sortons en montagne, y organisons des jeux, faisons du bricolage et bien d’autres activités. Bien entendu, les enfants peuvent aussi manger à leur faim !

À la clôture des colonies nous demandons aux enfants de faire un récit par écrit sur ce qu’ils ont vécu. C’est une lecture intéressante et saisissante. En voici un exemple : « Jamais encore je n’avais vécu une telle colonie. Elle a profondément marqué ma vie. Mon grand souhait, c’est que beaucoup d’autres enfants puissent venir ici et apprendre toutes ces bonnes choses. » Une autre écrit : « Si nos instituteurs nous ouvraient l’esprit comme le fait Léna, notre animatrice, les filles ne feraient pas autant d’erreurs dans leur vie. »

Dans chaque colonie des enfants se convertissent au Seigneur Jésus et demandent le pardon de leurs péchés. L’un d’eux écrit : « Ici j’ai beaucoup appris sur Dieu. La vie de Jésus-Christ et sa résurrection sont fantastiques. Jésus m’a libéré de tous mes doutes. Il est mon Sauveur. » Des centaines de rédactions sont de cette veine. Dieu soit loué de ce qu’il est vraiment l’ami des enfants et qu’il les aime !

De la colonie au rôle d’ancien

Il y a des familles qui entendent la Parole de Dieu pour la première fois par l’intermédiaire de leurs propres enfants. Une mère a raconté qu’à son retour de la colonie sa fille lui a dit : « Maman, pourquoi ne pries-tu pas ? » Elle lui a répondu : « C’est que je n’ai jamais prié ! » À quoi sa fille répliqua : « À la colonie on m’a enseigné comment on prie. Je peux te montrer. Viens, on va prier ensemble ! »

La maman a commencé à prier avec sa fille. Au bout de quelque temps elle s’est convertie et, par son intermédiaire, plusieurs membres de la famille ont fait de même. Aujourd'hui il y a une église à cet endroit.