"Chance" dans la "malchance" en Ukraine de l’Est
Une désolation sans fin
Tchastyé, une petite ville paisible de la région de Lugansk, est subitement investie, en pleine nuit, par des troupes qui laissent derrière elles de terribles destructions. L’explosion d’obus et des tirs de mitrailleuses provoquent la tragique et subite disparition de voisins et d’amis. La guerre a rendu les rues impraticables et coupé la ville de ses liaisons avec les autres villes du district, la privant ainsi de ses approvisionnements en nourriture, vêtements, articles de base pour le ménage et autres objets indispensables à la vie de tous les jours. La vie, déjà difficile jusque là, est devenue une désolation sans fin.
Les militaires sont partout, occupant d’abord les maisons de ceux qui ont réussi à s’enfuir. Les cœurs des habitants restés sur place sont remplis de peur, de désespoir, de frustrations et de rancœur contre tous. En très peu de temps Tchastyé (qui signifie chance/bonheur) est devenue un lieu de ruines, de l’extérieur comme de l’intérieur. Même le petit groupe de chrétiens est abattu et insécurisé : « D’abord, nous ne savions pas quoi faire. Seule la rivière Seversky-Donetz sépare la ville des hostilités. On a devant soi le spectacle de ces armements qui ont ravagé la ville. Les militaires sont partout. Personne n’a jamais connu une telle scène. Cela effraie les gens et vole le bonheur simple qui leur restait. »
Le voyage vers le bonheur
C’est justement vers cette ville que de jeunes chrétiens de Kharkov (photo ci-contre) ont décidé de se rendre pour porter secours à sa population qui souffre plus que d’un manque de pain : ces gens ont besoin de consolation et d’encouragement, ainsi que des paroles d’une espérance vivante !
En priorité, ils ont préparé de quoi satisfaire les besoins matériels de première urgence : du riz, du blé noir, des conserves et autres denrées alimentaires non périssables, des pansements, des produits d’hygiène, etc. Les jeunes ont emballé cela dans des paquets à distribuer individuellement aux nécessiteux, commençant par les soldats et allant jusqu’aux habitants. Chacun devait recevoir la même quantité.
Puis, il a fallu trouver les personnes courageuses pour apporter ces biens sur place. Pour cela aussi, beaucoup de sagesse est demandée pour apporter aux personnes assoiffées de consolation, les paroles de la foi, de l’espérance et de la confiance en Dieu.
Grâce au Seigneur, qui suscite toujours des vocations parmi ses serviteurs disposés à faire un effort, à se donner de la peine en Son nom et pour Le servir auprès des démunis, certains jeunes de Kharkov se sont réunis pour entreprendre ce voyage avec une détermination qu’ils exprimèrent ainsi :
« Avec le secours de Dieu, nous voulons Le servir ensemble, chanter, proclamer Sa Parole, rendre témoignage et encourager les gens qui vivent dans cette zone du front de la guerre. »
Voici le récit de leur voyage:
Lorsque le sourire disparut de Tchastyé (chance/bonheur)
D’abord, nous étions en souci : les gens oseront-ils s’approcher de nous ? Quelle sera l’atmosphère ? Qu’est-ce qui sera le plus important à dire ? Nous avons prié, puis nous avons vu comment Dieu a tout merveilleusement dirigé. Cependant, arrivés au dernier poste de contrôle, on nous dit : « Nous ne pouvons pas vous laisser entrer, car nous ne pouvons pas assurer votre sécurité ! » De nouveau nous avons prié, puis nous avons renouvelé avec insistance notre demande d’entrer. Finalement, l’accès fut accordé.
Il fallait maintenant s’organiser et agir avec un objectif précis ! Nous avons rapidement rassemblé les habitants autour de la maison de prière (des frères chrétiens). Une fenêtre en éclats témoignait des combats qui n’avaient pas épargné le bâtiment de l’église. Mais la vie s’y poursuivait et les gens savaient qu’ils pouvaient y venir n’importe quand pour être aidés. Là, ils étaient compris et encouragés. « En pleine guerre, on trouve ici un coin où règne le vrai bonheur ! » témoignait l’un des arrivants.
Ici, comme à d’autres endroits de la ligne de front, nous avons pu tenir un service religieux en chantant et en proclamant la Parole vivante de Dieu. L’oppression et les soucis pour la survie de tous les jours se lisaient sur les visages. Nous comprenions que le sourire avait disparu à Tchastyé, qu’il n’y avait plus de “bonheur” ! Nous comprenions aisément la situation et nous savions ce que ces gens pensaient : « Qu’adviendra-t-il d’ici quelques heures ? Serons-nous encore en vie demain ?… »
Malgré tout, ces gens nous écoutèrent attentivement. Lentement, en entendant nos cantiques, les cœurs se dégelaient et des larmes coulaient sur ces visages fatigués. L’impact de la Parole de Dieu était manifeste. Nous pouvions assister à la germination des semences de l’encouragement et de l’espérance.
Jésus, le vrai bonheur dans le malheur !
Notre service s’achevait et il nous fallait partir, sans tarder, avant le prochain tir de l’armée d’en face. De retour dans la voiture, nous pensions nous reposer quelque peu, mais, à peine une demi-heure plus tard, les obus destructeurs explosaient de nouveau à Tchastyé !
Nous étions en souci pour toutes ces personnes qui avaient reçu nos colis. Pourront-elles encore en profiter ou bien la vie de quelques-uns allait-elle subitement prendre fin ?
Cependant, nous étions heureux d’avoir eu l’occasion de leur apporter le message du bonheur possible en Jésus-Christ. Ayant connu au plus près l’abîme de leurs besoins et les souffrances de leurs cœurs, nous avons aussi prié avec d’autant plus de sérieux et de ferveur sur le chemin du retour, en quittant cette malheureuse ville de Tchastyé. Et nous continuons de prier pour que ces personnes saisissent encore, peut-être au dernier moment, le pardon de leurs péchés. Nous sommes confiants quant aux fruits que notre voyage portera à la gloire de Dieu.
Chers amis de la mission, priez s’il vous plaît, vous aussi avec nous pour de telles actions de secours dans lesquelles s’engagent des chrétiens ukrainiens, chaque semaine, dans ces zones de guerre. C’est grâce aux soutiens actifs et pratiques de chrétiens d’Allemagne, d’Autriche, de France et de Suisse que ces entreprises peuvent être menées à bien.