donnez-leur vous-mêmes à manger

Nouvelles alarmantes du Pamir…

Abrégé d’un article du numéro de novembre-décembre des “Nachrichten” (le bulletin en allemand).

De manière répétée nous avons, par le passé, donné des nouvelles sur des Kirghizes qui vivent, exilés – depuis l’arrivée des communistes –, entre 4200 et 4500 m d’altitude, dans les montagnes du Pamir, en Afghanistan.

En janvier de cette année, nos amis de Kirghizie ont reçu la surprenante nouvelle que deux hommes et quatre femmes ont été transportés dans un hôpital de Murgab, une ville frontière tadjik.

Aussitôt, quelques chrétiens de Bichkek (capitale de la Kirghizie) se mirent en route pour Murgab. Le court voyage a été extrêmement dangereux, car ils devaient franchir des cols jusqu’à 4600 m d’altitude. Le risque est d’autant plus grand qu’en hiver il neige beaucoup.

Revoir les compatriotes fut une grande joie, mais les nouvelles étaient extrêmement alarmantes.

Les deux derniers hivers ont été très durs. Le gel jusqu’à -50°C, les vents violents, le manque d’oxygène et l’air sec causèrent des tensions artérielles très fortes, des maux d’estomac et de dents, des douleurs dans les articulations, des problèmes rénaux, de l’anémie, etc. Le manque de soins fut la cause de plusieurs morts.

Peu de personnes atteignent l’âge de 40 ans. La souffrance des enfants déchire le cœur. Huit à neuf sur dix d’entre eux meurent avant d’entrer dans l’adolescence.

Nos amis kirghizes ont entrepris un nouveau voyage en août, en vue d’apporter de l’aide matérielle, ainsi qu’un soutien moral et spirituel à leurs compatriotes. Là aussi le voyage a apporté bien des surprises. Déjà en arrivant à la frontière afghane, les douaniers ne voulurent pas leur délivrer les visas d’entrée dans le pays. Les discussions et formalités ne furent réglées qu’au bout de deux semaines !

Cependant, les voyageurs n’ont pas perdu leur temps. 99% de la population de cette région est d’ethnie kirghize. Dans cinq localités des environs, ils ont pu visiter des écoles et des centres culturels. Après avoir dispensé de brèves leçons à des auditeurs très intéressés, et frappés par ses bonnes dispositions à leur égard, l’équipe a pu leur distribuer de la littérature chrétienne accueillie avec beaucoup d’empressement. Dieu a également touché le cœur des autorités, de sorte que de bonnes relations ont pu être établies avec elles.

Malheureusement, il fallait encore une ultime autorisation. On la promettait pour le “lendemain”… cela pouvait très bien signifier une nouvelle semaine d’attente. Le cœur lourd, il fut décidé de faire un détour par une autre frontière où il ne fallait pas cette dernière autorisation… mais là, c’était fermé… pour cause de ramadan ! Au dernier moment apparut une voiture dont le conducteur, après moult discussions, fit lui-même traverser la frontière aux voyageurs (plus tard ils apprendront qu’il s’agissait du chef régional des services secrets !). Les bagages devaient prendre un autre itinéraire…

Sur les routes afghanes, de nouveaux problèmes attendaient : ponts emportés par des rivières en crue, voyages à dos de yacks, de chevaux ou d’ânes…

Vu la brièveté du séjour autorisé, l’équipe devait se contenter de visiter le Petit Pamir. Là déjà, la situation était tragique. Le faible revenu des familles était encore amputé par la perte de nombreux chevaux et yacks qui n’avaient pas survécu au grand froid des derniers hivers. Ainsi, on ne pouvait plus faire du commerce avec des biens de consommation avec le Pakistan. Les maladies continuaient de décimer la population.

« Nous avions huit villages – distants de trois à quatre heures de voyage à cheval – à visiter. Chaque fois nous avons pu laisser derrière nous, savons, dentifrices et brosses à dent, affaires d’école, fruits secs, noix, vêtements, sucreries et jouets. Les anciens des villages nous ont exposé leurs besoins. »

Au bout de neuf jours, il fallait prendre le chemin du retour. Arrivés à la frontière tadjik, les voyageurs apprenaient qu’elle était fermée pour cause d’épidémie de choléra… Cinq nouvelles journées d’attente se passèrent dans des conditions sanitaires qui mettaient les vies en danger. Cependant, la frontière franchie, il fallait rester en quarantaine, avant que chacun retrouve son foyer sain et sauf.

En novembre, une possibilité de dernière heure s’est présentée pour effectuer un nouveau voyage, cette fois, pour la première fois, au Grand Pamir. « En plus des biens courants, nous avons également pu emporter des couvertures chaudes, des vêtements d’hiver et des tentes. Ici, la situation est encore pire. Les habitants nous ont suppliés de les aider à s’installer en Kirghizie. Écrasés par la souffrance, ils nous dirent : “Encore il y a quelques années, 400 familles vivaient ici. Aujourd’hui, il y en a plus d’entre nous sous terre que sur la terre !”

S’il vous plaît, priez pour notre prochain voyage au Grand Pamir que nous projetons d’entreprendre à l’été 2014. Nous comptons aussi prendre un médecin avec nous. »