donnez-leur vous-mêmes à manger

Journal de bord du voyage France-Russie-Ukraine en juillet 2014

Le 16 juillet, depuis Paris, Louis Pelzer, Pierre Vaubaillon et leur interprète Natacha Sviatiuk partent pour trois semaines en Russie et en Ukraine. Premier couac : une fuite de carburant sur une aile de l’avion Air France nous conduit à changer d’appareil, un Airbus A 320, ce qui, plus loin, ne manquera pas d’amuser les gens d’Aéroflot, souvent accusés d’incidents divers. Second couac : de ce fait, nous manquons la correspondance Kiev-Moscou, ce qui nous retardera de 24 heures pour le vol suivant. Nous serons hébergés fort aimablement en Ukraine par la famille de Natacha.

Le 17 juillet, alors que nous faisons escale à Moscou, nous apprenons que nous aurions pu connaître le sort de l’avion de la Malaisian Airways, pulvérisé en plein ciel par un missile ! Nous rendons grâces à Dieu pour la protection des siens, envoyés en mission. C’est finalement le 18 juillet, à 1h30, que nous atterrissons à Kasan, où Alexandre Dresviannikov nous attend. Il ne reste plus que 200 km à effectuer par la route pour atteindre Viatskié Poliany. Après une petite collation à la russe, nous nous reposons jusqu’à 10 heures. Un copieux petit déjeuner nous attend !

En Russie, à Viatskié Poliany et dans la région (environ 1000 km à l’est de Moscou)

Alexander Goss, président de Friedensbote, nous rejoint et, à 11 heures nous partons pour Sosnovka, où nous visitons la maison que nous avons achetée en juin pour y établir une Maison de Prière, notamment pour les enfants de l’orphelinat, situé à 5 minutes à pied. Il y a beaucoup de travaux de transformation à effectuer, tant au-dedans (photo 3) qu’aux abords, le tout sur un beau terrain de 1000 m². Un arrêt bus se trouve juste en face, ce qui permettra aux gens de la ville de venir aux réunions.

 

Nous partons ensuite pour le camp d’ados situé à 25 km de Viatskié Poliany, le long de la Viatka, fleuve qui se jette dans la Volga. Après le déjeuner, pris avec 48 jeunes, Louis apporte une étude sur 1 Samuel 8 : le peuple juif exige un roi humain comme en ont les autres peuples, et rejettent Dieu pour seul Roi, légitime.

Le soir, au dîner, Pierre se place au milieu des jeunes pour tester son “parler en langue” russe ! Il progressera beaucoup tout au long du voyage. Il est fort impressionné par tout ce qu’il voit et entend, ce qui confortera Louis dans le choix de sa relève. La soirée autour du feu de camp (photo 4) est ponctuée de chants, témoignages, message et projection d’un court diaporama sur la mission au Pamir, par Alexander Goss.

 

Le 19 juillet, nouvelle visite plus détaillée de la Maison de Prière de Sosnovka, avec discussion sur les travaux à venir.

Puis, au camp avec les jeunes, un message de Louis sur 1 Samuel 10 : le choix par Dieu de Saül montrera au peuple que le plus beau et le plus impressionnant parmi ses tribus (cf. 9.2) ne peut lui apporter plus de bonheur que Dieu qu’ils rejettent. Le soir autour du feu, plusieurs messages, témoignages et chants sont apportés avec sérieux et beaucoup de joie. Nous regagnons la maison Dresviannikov vers une heure du matin, et il fait assez froid.

Dimanche 20 juillet. Le culte pour l’église de Viatskié Poliany se déroule au camp des jeunes, sous une pluie toujours plus forte : chants, témoignage de Louis, message d’Alexander Goss et prière. Personne n’a fui la pluie avant la fin de la prière. Jamais on ne verrait cela en France ! La pluie redoublant, le repas est pris debout car tout est trempé ; puis, tous donnent la main pour démonter le camp dans la bonne humeur (photo 7).

Le soir, A. Dresviannikov nous raconte son périple dans la toundra cet hiver, par -30° et -40°C, jusqu’à -50 !

« Avec des frères, nous arrivons de nuit chez une famille dont la mère était partie. Il ne restait que le père et ses fils ; on imagine l’état de la maison ! Il n’y avait rien à manger, si ce n’est de la viande faisandée immangeable, d’ailleurs le père ne sait pas cuisiner ! Les fils reviennent bredouilles de la pêche. L’un des nôtres réussit à chasser un canard, mais il est trop petit et trop dur. Finalement les fils retournés à la rivière ont trouvé du poisson. Ils n’avaient pas mangé depuis plus de 24 heures ! Le lendemain, nous avons voulu terminer la soupe mais, stupeur, il y avait une souris morte dedans ! C’est à ce moment-là que mes problèmes d’estomac ont commencé ! »

Lundi 21 juillet. Nous rendons visite aux 240 orphelins de Sosnovka. L’orphelinat n’est pas loin de la maison de prière. Il est composé de grands bâtiments datant de l’époque soviétique. Les enfants y sont bien habillés et propres ; pas de bagarres. Tous chantent avec le groupe de jeunes qui les avaient encadrés lors des camps. Trente-deux d’entre eux avaient participé au dernier camp, et ils sont tout heureux de retrouver leurs moniteurs et monitrices. Nous avons une bonne discussion avec la directrice (photo 9). En aparté, elle dira : « Je ne sais pas ce que vous leur faites, quand ils reviennent, ils ne sont plus les mêmes, ils chantent et sont obéissants » ! Une fois l’école secondaire terminée, ils partent en faculté ou ailleurs pour achever leurs études. Certains reviendront plus tard s’installer dans la région. Pour eux, l’orphelinat est leur berceau familial. Louis prend la parole et offre à la directrice cinq exemplaires de son témoignage en russe, pour la bibliothèque et un petit sac à main comme cadeau personnel. Elle en est très touchée. Nous distribuons ensuite les cadeaux à chacun. La Directrice nous remercie chaleureusement, puis elle explique aux enfants que chaque matin elle prie pour eux afin qu’ils comprennent qu’ils ne sont pas seuls, mais que, par le monde, beaucoup prient et agissent pour qu’ils soient heureux. La séparation est toujours touchante. Cela confirme la nécessité d’une maison de prière à proximité pour leur enseigner la Parole de Dieu.

Puis, nous partons pour Mojga, un village en Oudmourtie, à 120 km. C’est une soirée d’évangélisation-témoignage, suivie par une quinzaine de personnes très attentives.

Mardi 22 juillet. La matinée est employée aux formalités administratives concernant l’hôtellerie. Le propriétaire de l’hôtel est tenu de présenter aux autorités la copie des 30 pages de nos passeports, copie effectuée avec des moyens dépassés pour nous. À midi, nous sautons le repas pour rejoindre au plus tôt Youmia, un petit village éloigné.

C’est la Russie profonde où la rue principale, la seule d’ailleurs, est en terre battue, plus ou moins défoncée et très large. Les principaux êtres vivants, qui la parcourent en tout sens, sont les oies ! (photo 11) Nous sommes accueillis très chaleureusement par le propriétaire d’une ferme. Une des pièces de sa maison est réservée aux réunions de prières. Comme d’habitude, témoignages et courte prédication d’Alexander Goss. La réunion est suivie d’un repas succulent et très copieux.

Mercredi 23 juillet. Après le petit déjeuner, visite de ruches appartenant à des frères. Louis se fait piquer. À notre étonnement, beaucoup de datchas et de jardins sont abandonnés. Les arbres croulent sous les fruits, mais personne n’ose les ramasser, de crainte d’être taxé de voleur, bien que la plupart des propriétaires soient partis chercher fortune ailleurs.

L’après-midi, nous partons pour Sloudka, dont nous avons déjà parlé dans de précédents bulletins (NDLRW: voir N°121). Nous donnons nos témoignages, et A. Goss apporte un court message. Louis et Pierre chantent en français, puis suivent des chants russes et la prière. L’environnement de la Maison de prière de Sloudka a bien changé. Les travaux sont terminés, le jardin est bien entretenu par un frère âgé. Artiom Dresviannikov assure la charge spirituelle.

Le pope du village est toujours aussi haineux envers les évangéliques, sans pour autant être aimé de ses paroissiens (NDLRW: voir N°117 & N°116). Il devrait bientôt être muté par sa hiérarchie. C’est ce pope qui avait créé des ennuis à Alexandre, l’accusant d’avoir volé les icônes de son église. Il a fallu l’intervention de la Friedensbote auprès du président Poutine pour que cela cesse.

Sur le chemin du retour, le soleil étant déjà bas à l’horizon, nous contemplons des paysages splendides sur les plateaux, d’où la vue porte très loin vers les coteaux et les forêts qui dominent la Viatka.

Le soir, nous dînons dehors, et les enfants Dresviannikov chantent pour nous, puis Alexander, leur papa raconte ses péripéties dans le Grand Nord, la toundra et la taïga. Il faut emporter la nourriture, de peur de risquer sa vie. Les gens sont dans une grande précarité, avec une hygiène presque inexistante. Il nous raconte l’histoire vécue par un pasteur :

« Ayant manqué le bus qui devait le conduire dans la taïga, il fut contraint de marcher longtemps sous une pluie glaciale et se trouve complètement trempé. Il avait beau héler les rares voitures qui passaient, aucune ne s’arrêtait. La nuit noire l’obligeait donc à marcher sur de longs kilomètres. Finalement une grosse voiture le dépasse, s’arrête et recule pour le prendre. Voyant les sièges de cuir, et étant trempé, il refuse de monter, mais le chauffeur insiste vraiment et le prend à bord, puis lui demande ce qu’il fait dans la nuit noire et sous la pluie. “Je suis pasteur et je me rends à tel endroit pour y prêcher l’Évangile”. Le chauffeur lui dit alors : “Ne voudriez-vous pas prier tout de suite en urgence pour Mourti, il est en danger de mort”... Le pasteur se met donc à prier et, vers la fin, il remarque que le chauffeur pleure à chaudes larmes. “Qu’avez-vous ?” lui demande-t-il. “C’est que Mourti, c’est moi. Je suis très malheureux et j’ai décidé de me suicider cette nuit dans la forêt. Cependant, j’ai eu le désir de parler encore une fois à un être humain avant de passer à l’acte, et voilà que c’est vous que Dieu a mis sur mon chemin. Qu’importe les sièges mouillés, je vous suis très reconnaissant”. Arrivé à un carrefour, le chauffeur dit : “Je dois retourner chez moi”, et ils se séparèrent, le pasteur poursuivant sa route à pied jusqu’au terme fixé, le cœur rempli de reconnaissance d’avoir manqué son bus. Un bus raté, et peut-être une vie sauvée ! Dieu tient le temps et les choses en sa main, ne nous plaignons jamais. Toutes choses concourent au bien de ceux qui aiment Dieu. »

 

Jeudi 24 juillet. Nous allons voir des champs de pommes de terre. La Friedensbote a fourni 22 tonnes de pommes de terre à planter en provenance de Biélorussie. À force d’utiliser les mêmes plants, le rendement diminuait beaucoup. Un accord a donc été conclu avec la Friedensbote. Les paysans prennent soin de la culture et gardent 50% de la récolte, le reste est pour les églises, soit 25% pour les chrétiens et 25% pour les colis “cœurs à cœurs”, distribués à Noël au profit des plus démunis. Alexander Dresviannikov espère ainsi faire une récolte trois fois supérieure à celle des années précédentes.

À 18h, nous nous rendons à Krasnaïa Poliana pour un culte dans une église de maison avec le programme habituel, suivi de la petite collation préparée par les familles.

Vendredi 25 juillet, lever à 3h30 et départ à 4h30 pour l’aéroport. C’est Alexéï Dresviannikov qui nous y conduit, car le FSB. (le service de police, ex KGB) devrait faire un contrôle à Sloudka, où les jeunes font un camp de jour. Alexandre Dresviannikov préfère être présent.

En Ukraine de l’Ouest

Le vol Kazan-Moscou-Kiev s’effectuera sans incident. Victor Martchuk nous attend avec son plus jeune fils. Arrivés à Bila Tserkva, chez Victor, nous prenons le repas du soir et, après un tour d’horizon sur plusieurs points, nous prenons un repos bien apprécié vers 23 heures.

Samedi 26 juillet. Un programme chargé nous attend. La température montera à 38°. Après le petit déjeuner, nous partons pour le camp d’enfants de Soukholecy. Comme toujours, une parfaite discipline y règne, consentie par tous !

Vers midi, nous nous arrêtons chez le couple Vadim et Nadiya Tarnopolski, qui a accueilli dix orphelins (cf. le numéro spécial de septembre, “Papa, emmène-moi”). Louis les connaît bien, car il y a quelques années Le Messager de la Paix France avait financé, l’opération de Vadim d’une tumeur dans la région du cervelet. Il en est resté marqué.

 

Après cela, nous revenons à Bila Tserkva pour une réunion dans un local avec des Juifs plus ou moins messianiques (photo 22). Le frère Stass Boytsov, évangéliste, y a une grande part, ayant manifestement un ministère auprès des Juifs, non seulement en Ukraine, mais aussi en Israël.

 

Nous allons ensuite au petit centre de réhabilitation de drogués et alcooliques, à une trentaine de kilomètres, perdu dans la campagne, pour vingt pensionnaires au maximum (photos 23/24). Il est géré par d’anciens drogués repentis, nés de nouveau et émanant des églises de la région. Assistés de leur encadrement, ils cultivent un grand jardin, des produits duquel la vente couvre les frais de fonctionnement du centre.

Au retour, nous dînons chez Stass, où l’on parlera surtout d’Israël et des projets de notre hôte, soutenu par notre mission, le Messager de la Paix.

Dimanche 27 juillet. Nous nous rendons au culte à l’église d’Uzin, dont Victor Martchuk est le pasteur. Il est impressionnant de voir jeunes et vieux se mettre à genoux et en larmes pour la prière, vu la situation angoissante du pays engagé dans une guerre interne. Les responsables de plusieurs églises réfléchissent à la manière de réagir spirituellement face au rappel des réservistes de 20 à 40 ans ayant moins de 3 enfants. Plusieurs sont déjà partis, laissant la famille dans l’angoisse. Les réfugiés affluent et ont besoin de notre soutien.

Lundi 28 juillet. Nous prenons le bus pour Tchernovtsy. Surprise : sur Internet, il était indiqué que ce serait un Mercedes avec climatisation, et on se retrouve avec un Setra, dont la clim ne fonctionne pas ! Le thermomètre affiche une température extérieure de 39° ! Combien à l’intérieur du bus ? Les joies du voyage !… Arrêt tous les 100 km pour pause. Nous arrivons à Tchernovtsy vers 1h30 du matin. Piotr Nastasiytchuk nous attend et nous conduit chez lui pour une bonne nuit de repos.

Mardi 29 juillet. Nous rejoignons la colonie de Staïché (Carpates), où se tient le camp de vacances. Nous sommes accueillis toujours très chaleureusement. Des sœurs écaillent des poissons pour le repas du soir (photo 27). Nous prenons le repas de midi avec les enfants : c’est excellent !

Les Carpates : c’est un massif montagneux qui ressemble aux Vosges. Le plus haut sommet, le Hoverla, culmine à 2260 m. Dans les Carpates, en guise de “Bonjour”, la population se salue par : « Слава Иисусa Христa ! » (Gloire à Jésus-Christ !). Louis me dira : « Écoute bien, car ce n’est pas tous les jours que tu entendras cela ! »

Il y a 20 ans, il n’y avait pas d’églises évangéliques dans les Carpates. La plupart sont le résultat du travail de Piotr et des siens. La population est orthodoxe ou catholique, mais très peu pratiquante. Il y a beaucoup d’occultisme et de superstition.

Louis remarque les importants travaux qui ont été faits à la colo par rapport à ses précédentes visites, notamment les mobil-homes rehaussés, cela permet d’accueillir davantage d’enfants dans de bonnes conditions.

Mercredi 30 juillet. Nous visitons une église de maison, à Kossiv, un village de montagne. Le directeur des aides sociales, Youri Dimitriévitch, nous accueille. Il est sympathique et a à cœur les plus démunis. Il est très reconnaissant de l’aide de Piotr et de la Friedensbote. Piotr organise une réunion d’évangélisation. Suit une distribution organisée par la mairie : habits, jouets, etc. avec des flyers, des calendriers et des petites brochures évangéliques. Tout est noté, car il n’est pas question de retrouver de la marchandise sur le marché !

Nous partons ensuite pour un autre village de montagne, Yablouniv, où nous prenons le déjeuner avec les responsables de l’aide sociale de la région.

Cette délégation sociale est dirigée par une femme énergique, bien que légèrement infirme.

Tous sont soucieux de la situation dans le pays, car, à Kiev, les autorités suppriment toute aide financière au profit de la “guerre”.

À 15h, nous sommes tous réunis à la Maison de la Culture. Piotr tient une réunion d’évangélisation (photo 31). La directrice semble touchée par le témoignage de Louis et adresse une parole d’exhortation et de reconnaissance envers la mission (photo 32).

 

 

Là, une femme très angoissée
demande que l’on prie pour son fils de 20 ans,
parti sur le front de l’Est.

Jeudi 31 juillet.

Jeudi 31 juillet. La journée se passe à Verkhovina où se trouve une maison de prière édifiée par la mission, et permettant de rassembler de temps à autre les petites églises de montagne.

Avant les distributions, l’Évangile est prêché à tous par Piotr Nastasiytchuk. La distribution sera effectuée sur le parvis.

Vendredi 1er août. À Verkhovina nous rencontrons un certain Tarass, directeur adjoint des services sociaux du canton. Il est très satisfait de sa collaboration avec Piotr. Noël dernier, ils ont rassemblé 1200 enfants et 200 adultes.

Étonnamment, ce qu’il apprécie le plus chez Piotr, c’est qu’il commence d’abord par l’aide spirituelle, puis il donne l’aide humanitaire selon ce qu’il possède. C’est un très bon témoignage. Piotr ne fait pas du social pour du social. Le social n’est qu’un moyen d’évangéliser, c’est un bon témoignage d’amour pour le prochain.

Quand, dans un village une dizaine de personnes se sont tournées vers Dieu en abandonnant leurs idoles, il forme un ancien et l’installe… Le meilleur exemple est Stephan, responsable de l’église de Toutchapi. Sur le retour, nous nous arrêtons chez lui. Il a quatre enfants et possède un grand potager de la production duquel il vend une partie pour subvenir aux besoins de sa famille.

 

Vers 18 h, nous nous rendons à Khmelnitski. Le chauffeur n’est autre que Vassili Guminiuk, gendre de Politkin et Valentina Janovski, qui ont adopté douze enfants des rues, en plus de leurs trois filles. Chemin faisant, Vassili nous parle de ce qu’il fait dans l’église et de ce que faisait son beau-père (décédé l’année dernière). En plus de son église et celle de feu son beau-père, Vassili s’occupe d’un centre pour handicapés, vient en aide à une maison de retraite et dirige un centre de réhabilitation pour alcooliques et drogués.

Nous arrivons au centre “La main secourable” à 23 heures, où nous accueille Valentina.

Les retrouvailles sont émouvantes pour Louis qui a bien connu Poliktin. Ce jour-là, il fait 39°C ! Nous prenons une “petite collation” et apprécions le repos au calme, les enfants étant absents, car ils participent à un camp de vacances.

Samedi 2 août. Victor Perkoun, un frère de l’église, nous présente une émouvante rétrospective de la vie de Poliktin. C’était un chrétien hors pair. Il faudrait au moins quinze personnes pour le remplacer, nous dit-on. Vassili et sa femme Tania habitent un appartement  non loin du centre. Valentina se retrouve donc seule le soir avec ses ados : un jeune adulte de 19 ans, cinq ados de 14-16 ans.

À midi, nous allons au camp d’ados et de jeunes majeurs que tiennent les amis de Vassili. Il se termine ce jour-là. Louis y donne un court témoignage, après quoi, nous nous rendons à la datcha qu’aimait particulièrement Poliktin pour y faire des camps de jeunes. Elle est entourée d’un terrain de 600 m², avec, non loin, un étang permettant les baignades.

C’est l’anniversaire de Valentina. Elle a tenu à rassembler ses propres enfants et ceux qu’ils ont accueillis, ainsi que les conjoints et les petits-enfants. Mais les cœurs sont assez lourds, juste un an après le décès de Poliktin (cf. sur notre site le n° spécial de septembre : “Papa, emmène-moi”) (photo 40). Valentina est bien seule, mais combien tous l’aiment et le lui témoignent par leur grand respect. De la part d’enfants de la rue, quel exemple pour nos propres enfants !

Dimanche 3 août. Le culte avec la Sainte Cène dure 2h30.

Pour la prière on se met à genoux (photo 41). Les hommes, les femmes et les jeunes chantent à tour de rôle, ou font une lecture (photo 42).

 

Après le déjeuner, nous allons à la maison de retraite de Selo Bilogorodka.
Pierre a l’impression de revenir en 1969, à l’hospice de Flers (Orne).

La maison de retraite se situe dans un bâtiment désaffecté de deux étages. Les autorités l’ont donné pour qu’il ne soit pas complètement abandonné ! La maison a été ouverte à l’initiative des chrétiens que Vassili soutient.

Les visages des pensionnaires sont particulièrement marqués, et les mains usées par le labeur… Alexander Goss donne un message, Louis son témoignage. Les jeunes chantent (photo 43).

Nous partons ensuite pour Kapustina, petit village où il y a une maison de prière fondée par Poliktin. Une trentaine de personnes assistent à la réunion “habituelle” (photo 44). Il fait chaud et une “petite collation” est servie à l’extérieur où l’on respire mieux (photo 45).

 

Lundi 4 août. Tous ressentent la fatigue. Il semble que trois semaines de voyage à ce rythme soient trop longues. En vérité, Louis tenait à faire rencontrer le plus de monde possible à Pierre, pour l’encourager à connaître les responsables des sites où la mission apporte son soutien.

L’aspect social et matériel ne doit jamais cacher l’aspect spirituel : Jésus-Christ bâtit son Église faite de petites églises locales, avec leurs responsables, anciens et diacres. À ce sujet, voir le message de Louis Pelzer sur le site www.messagerdelapaix.org, dans la rubrique : Pensée humanitaire.

 

Vassili nous ramène chez Victor Martchuk à Bila Tserkva, soit à 500 km. En route, nous nous arrêtons chez une dame, réfugiée de Donietsk, dont le fils est lourdement handicapé moteur (photo 46). Elle s’appelle Natacha, et son fils Maxime. Elle a la garde de ses petits-enfants, sa fille ayant rejeté ses enfants : Pacha, un garçon diminué mentalement et Léra. Vassili Guminiuk leur apporte un gros sac de nourriture. Il les visite de temps à autre. Maxime et sa maman sont convertis à Christ. Maxime passe beaucoup de temps sur son ordinateur et, grâce à Internet, il écrit des encouragements à ceux qui sont aussi limités que lui. Le père, alcoolique, effectue un séjour de sevrage, qui fait partie de la mission de réhabilitation des drogués et alcooliques du groupe de Vassili.

Mardi 5 août. Victor Martchuk nous raconte une expérience faite lors d’un passage à une frontière :

« La petite république des Maris ou Mari El, est située en Anatolie à plus de 500 km de Kazan. La population est animiste et pratique l’occultisme… Il y a quelques années, je m’y suis rendu avec d’autres frères, en deux voitures (cf. bulletin n°118). À la frontière, il pleuvait des cordes et la police nous fait signe de nous mettre sur le côté. Les gardes prennent nos papiers et nous font des histoires car ces papiers sont rédigés en ukrainien et en anglais, et pas en russe ! Ils retiennent les papiers, tandis que je retourne avec le frère à notre véhicule et nous nous mettons à prier. Puis je téléphone à une sœur de mon église, qui met en action une cellule de prière. Je téléphone ensuite à une sœur, conseillère du ministre de l’Intérieur de la Fédération de Russie à Moscou et lui explique la situation. Elle me répond de ne rien signer et de ne rien dire. À un moment, la pluie s’arrête et nous sommes convoqués par haut-parleur au bureau du chef de poste. Ce dernier me demande : “Qui connais-tu d’important ?”. Je lui dis que je ne comprends pas sa question. “À qui avez-vous téléphoné ?” reprit le chef. “À une sœur de mon église en Ukraine !”, et je n’ajoute rien de plus ; l’autre est stupéfait et nous rend les papiers. Nous pouvons poursuivre notre voyage… »

Dans cette république, il n’y avait pas de chrétiens. Un frère de Moldavie est venu s’y installer, et une petite église de maison s’est constituée.

Victor exhorte son église à soutenir des missionnaires. Il dit : « Dans les années 80-90, les Américains, les Allemands et les Français sont venus chez nous. Pourquoi ne ferions-nous pas la même chose : envoyer des frères en mission dans l’ex-empire soviétique ? »

En fin d’après-midi, nous allons chez une veuve, Mme Singh, dont le mari a été assassiné il y a quelques années à Kiev. Elle habite avec son jeune fils, de santé très précaire, dans un immeuble en bois très vétuste. C’est relativement propre, mais quelle misère ! Elle se trouve confrontée à un gros problème : le chauffage qui était collectif passe en individuel, et  elle n’a pas les moyens de le faire installer. Son fils aurait une partie de son cerveau qui ne fonctionne pas. Il a aussi des problèmes cardiaques et a été opéré du cœur. Il nous montre ses cicatrices. Selon les médecins, à sa naissance, il ne devait vivre que 15 jours, et il a 15 ans !…

Victor nous amène ensuite chez Stass Boytsov pour le dîner. Nous avons une bonne discussion biblique concernant Israël.

Mercredi 6 août, c’est le retour à la maison. Notre Dieu a réellement pris soin de ses enfants en gardant leur départ et leur arrivée. À Lui soit toute la gloire ! Quel encouragement pour Pierre dans son apprentissage du russe en vue de la relève de Louis, et quel service nous a rendu Natacha par ses talents d’interprète !

Louis Pelzer et Pierre Vaubaillon