Quand le pain est bien plus que du pain…

Être une bénédiction en pleine guerre
La guerre a fait irruption dans la vie des chrétiens de Lougansk, au Sud-est de l’Ukraine (dans le Donbass) et y a amené une indicible détresse. Pour eux, l’an dernier est devenu une vraie vallée des larmes. Beaucoup ont fui la ville.
Pourquoi certains chrétiens restent-ils malgré tout ? Il y a des quartiers où les conditions de vie sont plus calmes. D’autre part, le fait de fuir entraîne beaucoup de privations. Ce qu’on laisse derrière soi est souvent pillé. Au fond d’eux-mêmes, ils espèrent que la guerre va, après tout, bientôt cesser.
Ces chrétiens qui restent souffrent naturellement autant que leurs compatriotes non chrétiens. Eux aussi doivent chercher refuge dans les caves, quand les balles sifflent. La plupart n’ont pas d’emploi, donc pas de revenu.
Malgré toutes leurs souffrances ils ont tout de même une certitude : Dieu a fait d’eux des sources de consolation et des messagers de sa grâce auprès des autres en pleine guerre. Cela a conduit certains frères et sœurs à cette évidence : les paroles doivent être suivies d’actes, selon qu’il est écrit : “Nous sommes son ouvrage, ayant été créés en Jésus-Christ pour de bonnes œuvres, que Dieu a préparées d’avance, afin que nous les pratiquions” (Éph 2.10).

Comme on manque cruellement de pain, un petit groupe de croyants de Lougansk a décidé de faire du pain pour leurs concitoyens démunis et affamés. Tous les mercredis, du matin au soir, ils font cuire 200 miches de pain, dans deux fours électriques et un four à gaz, à l’intention des personnes particulièrement nécessiteuses.
C’est un travail très difficile. Par des voies secrètes et incroyablement compliquées ils se sont procuré de la farine, d’abord en provenance de la région voisine. Mais elle fut vite épuisée. Puis Dieu a inspiré à d’autres personnes le désir d’offrir de la farine. C’est tout à fait comme à l’époque du prophète Élie chez la veuve de Sarepta. La provision est toujours très limitée, mais la réserve ne s’épuise pas !
Le lendemain une grande foule de gens attend la distribution du pain. En quelques minutes tout est parti, bien que chacun ne reçoive qu’une miche. On ne fait d’exception que pour les familles nombreuses et pour les personnes grabataires, à qui un autre apporte leur pain. Malheureusement beaucoup repartent tout tristes, parce qu’il n’y en a pas pour tout le monde. Mais les chrétiens n’arrivent tout simplement pas à faire cuire plus de 200 miches.


Les calomnies cessent
Par cette action, les chrétiens réduisent efficacement l’attitude négative de la population. Il y a seulement quelques semaines les locaux de l’église avait été confisqués par le nouveau gouvernement et de graves calomnies avaient été répandues sur les chrétiens.
Mais Dieu a conduit les événements de telle sorte que le bâtiment a été rendu et, à présent, outre les cultes, on y fait cette bienfaisante distribution de pain. Celui-ci est d’ailleurs très bon, ce que les frères et sœurs expliquent par la bénédiction par laquelle Dieu répond à leurs prières.
Lors de la distribution les portes sont grandes ouvertes. Beaucoup de curieux viennent voir et peuvent ainsi se rendre compte par eux-mêmes que les chrétiens sont des gens “normaux” et bienfaisants. Sans même parler, ceux-ci réfutent ainsi, par leurs bonnes actons, les graves préjugés et calomnies de leurs adversaires. Par ce biais d’excellents contacts personnels ont été établis.
Cela nous rappelle ces paroles de la Bible : “ Ne nous lassons pas de faire le bien ; car nous moissonnerons au temps convenable, si nous ne nous relâchons pas. Ainsi donc, pendant que nous en avons l’occasion, pratiquons le bien envers tous…” (Gal 6.9-10a)
Chers amis de la mission, ce travail des chrétiens de Lougansk mérite d’être soutenu par la prière et financièrement.
Un pasteur de Kharkov
Alexander Dontchenko (55 ans) est pasteur d’une église baptiste de Kharkov (nord-est de l’Ukraine, environ 2 millions d’habitants). Converti à 19 ans, il s’est aussitôt engagé dans la vie de l’église. Au temps de la persécution, la jeunesse chrétienne était fortement marquée par l’acceptation des sacrifices enduré par leurs pères spirituels.

À cette époque, Alexander assurait le transport de Bibles et de Nouveaux Testaments imprimés clandestinement. Pour cela, il fut arrêté et condamné à deux ans de détention. Durant la même session, le tribunal condamna sa sœur aînée à trois ans de détention, parce qu’elle avait également pris une part active à ce travail d’imprimerie clandestine. Alexander passa ainsi une année de sa vie en Yakoutie, à Peledui, au bord de la Lena. Autrefois des familles allemandes y avaient été déportées.
Après le revirement politique en Ukraine, Alexander, doué pour l’évangélisation des jeunes, a suivi de nombreuses formations. Dans le quartier Rogany de Kharkov il y eut près de 800 enfants à l’école du dimanche. Certains se convertirent, ainsi qu’une partie des parents, ce qui constitua en 1991 le noyau de départ de l’église dont Alexander est le pasteur. Elle compte aujourd'hui environ 100 membres.
En 2003, la mission Friedensbote aida l’église à acquérir une petite maison. Voici ce que constate Alexander :
« Il y a un étrange phénomène qui ne cesse de se répéter. Dès que des travaux d’agrandissement augmente la surface de notre salle de réunion, celle-ci se remplit en peu de temps de nouveaux visiteurs. Nous accueillons actuellement 50 réfugiés venus de la zone en guerre. Après le culte nous leur distribuons des vivres. »
Alexander et son épouse Léna ont deux filles et trois petits-enfants.