donnez-leur vous-mêmes à manger

"La Main secourable", une lueur d’espoir à Khmelnitski

Comment continuer sans Poliktin ?

Le frère Poliktin Janovski est décédé d’une manière tout à fait subite le 2 juillet 2013., ayant ainsi été enlevé à ses nombreuses et importantes activités. Il avait été le directeur de “La Main secourable”, une association déclarée officiellement comme “Centre de développement spirituel du secteur de Khmelnitski” (Ukraine du sud-ouest). Depuis le début des années 1990 le Centre s’est fait connaître comme un lieu où des milliers de personnes reçoivent de l’aide, tant matérielle que spirituelle. Dans des périodes particulièrement difficiles on a vu jusqu’à 300 personnes venir chaque jour chercher des biens humanitaires.

“Polik”, comme on l’appelait familièrement, n’a pas connu une enfance facile. Il en a gardé un cœur particulièrement sensible à la souffrance d’autrui, en particulier des enfants. On a un peu l’impression que dans sa ville, de quelques 250 000 habitants, il connaissait tous les nécessiteux.

Le don d’évangéliste de Poliktin a permis à beaucoup de trouver la foi. Après la construction du Centre, soutenue par notre mission, il a fondé une nouvelle église de gens “mal dégrossis”, arrachés au monde.

Après que le Seigneur Jésus eut repris son serviteur, tout le monde s’est demandé comment le Centre allait continuer sans lui.

La grande vision de Polik s’accomplit

Il y a bien des années, Poliktin avait la vision d’aider des handicapés qui ne reçoivent de l’État qu’une maigre pension d’invalidité et qui, pour le reste, sont les grands “oubliés”. Et voilà qu’après sa mort son souhait se réalise. Les membres de l’église sont tombés d’accord de poursuivre l’œuvre. C’est pour eux la meilleure façon de donner corps à leur amour chrétien du prochain.

Quelques membres se chargent des jeunes et des adultes lourdement handicapés dans un bâtiment constitué de conteneurs d’habitation. Dans une pièce se font les massages, dans une autre sont disposés des agrès sportifs avec lesquels les handicapés s’entraînent.

Lena G. est essentiellement chargée des massages. Ludmilla S. soigne les articulations raidies de ses patients, ce qui demande beaucoup de force. L’ensemble du travail exige de se donner à fond, car la plupart des patients doivent d’abord être cherchés chez eux, puis ramenés à la maison après les soins. Pour cela on utilise un combi VW offert il y a des années par la mission FriedensBote.

Certains handicapés physiques habitent dans les derniers étages d’immeubles dépourvus d’ascenseurs. Avant que les chrétiens se soient lancés dans ce travail, certains paralysés n’avaient plus été dans la rue depuis des années. Ils n’ont tout simplement personne qui leur fasse descendre puis remonter les escaliers.

Les collaborateurs se réjouissent lorsque leurs patients parviennent à assumer seuls l’une ou l’autre activité à leur domicile. Leur consécration se trouve récompensée.

Ils sont conscients que beaucoup des membres de la famille des personnes concernées souffrent, eux aussi, de la surcharge physique et psychique. Pendant que les handicapés reçoivent leurs soins, quelqu’un de l’église propose un entretien de relation d’aide ou fait une étude biblique avec les accompagnateurs qui les ont amenés. Tatiana, la fille de Poliktin a dû hériter de son père de l’amour pour ceux qui souffrent. Comme son mari Vassili, qui a repris la direction de l’œuvre “La Main secourable” après la mort de Poliktin, elle s’engage inlassablement dans cet important travail.

Un engagement qui porte ses fruits

Ces deux dernières années, l’église a continué de grandir. Il y a régulièrement des cultes et un enseignement pour les enfants le dimanche. Quelques années plus tôt, avec le soutien de notre mission, une maison importante “La datcha des enfants”, a pu être acheté, sur un terrain de 3500 m2 situé en dehors de la ville, sur le bord d’une cité de maisons de week-end. En été, on y organise successivement plusieurs colonies de vacances. Elles constituent un événement très particulier pour les enfants de l’église, comme aussi de la rue.

Parfois les chrétiens organisent également des sorties avec les handicapés, ce qui constitue pour eux un grand défi. L’été dernier, comme faisant partie du programme, Vassili a emmené les participants de la colonie à la piscine. Ils les ont équipés de gilets de sauvetage et, pour la première fois de leur vie, ils ont pu nager, assistés d’un aide. Vassili explique qu’il ne pourra plus jamais oublier les regards enthousiastes de ces jeunes infirmes !

Plusieurs des handicapés et des membres de leur famille se sont convertis. Ludmilla, citée plus haut, s’est convertie après avoir vu son fils handicapé bénéficier de l’amour pratique des chrétiens. Aujourd’hui elle fait partie du personnel.

Un autre précieux collaborateur, c’est Alexeï. Il est certes cloué sur un fauteuil roulant, mais depuis sa conversion il aide les autres. Il s’entraîne régulièrement et montre aux autres handicapés tout ce qu’on peut réaliser grâce aux exercices. Son exemple a beaucoup d’effets.

Vassili et Alexeï ont créé un petit atelier de réparation de fauteuils roulants. Bien peu de handicapés en ont un, mais ils sont naturellement incapables de les réparer eux-mêmes. À cela s’ajoute le fait qu’aucune pièce en provenance d’Allemagne ne convient pour les fauteuils roulants hors d’usage. Nous ne pouvons donc y envoyer que des fauteuils en parfait état de marche.

Projets d’avenir

Vassili est justement en train de rendre les bâtiments du Centre encore plus fonctionnels. Outre les cultes réguliers, ceux-ci accueillent actuellement des séminaires bibliques. Un des projets est une sorte d’école de cadres pour former des animateurs de groupes, des responsables de jeunesse avec une perspective missionnaire. Fin octobre 2015, 20 jeunes chrétiens se sont réunis au Centre pour une semaine d’études intensives de la Bible.

Il y aura chaque année quatre modules d’enseignement de deux groupes à la fois. Beaucoup sont vivement intéressés. Le plus souvent les participants arrivent à se libérer une semaine ; puis ils peuvent étudier chez eux d’autres leçons de manière autonome. Pour ce projet Vassili aimerait trouver plusieurs lits à étage.

Vassili est un bon successeur de Poliktin. Il a actuellement un emploi qui représente à ses yeux une bénédiction de Dieu. C’est pourquoi il paye de sa propre poche une grosse partie des frais. C’est un homme modeste qui ne se hâte pas de demander de l’aide [ndlr : Les frères Louis Pelzer et Pierre Vaubaillon l’ont constaté eux-mêmes, lors de leur visite en Juillet 2014 !]. Mais nous trouvons indispensable de le soutenir et nous continuons à le faire.

Et Valentina, la veuve ?

On ne cesse de nous demander comment va Valentina Janovski. Elle habite également au Centre, en compagnie de trois enfants adoptés. Après la phase du deuil, elle s’est chargée de plusieurs services.

Presque chaque jour l’un des nombreux enfants dont elle s’est occupée et qui sont maintenant adultes, vient “à la maison”. Tantôt ils demandent un vêtement, tantôt ils ont tout simplement besoin des conseils de la maman. La fille adoptive aînée, qui est mariée et a trois enfants, s’occupe de manière émouvante de sa “maman”, comme elle appelle Valentina. Elle saisit toute occasion pour apporter des œufs frais de son village ou pour apporter à Khmelnitski d’autres vivres nettement plus coûteux en ville.

Pendant les colonies d’été, Valentina avait la charge de la cuisine. Jour et nuit elle a travaillé à rassasier les bouches affamées. Elle y trouve manifestement toujours encore beaucoup de plaisir.

Les séminaires bibliques dépendent aussi de sa capacité à faire la cuisine pour les étudiants. Suite aux affrontements guerriers en Ukraine orientale, beaucoup de réfugiés sont arrivés à Khmelnitski, la plupart d’entre eux les mains totalement vides. Le conseil municipal sait qu’à “La Main secourable” on trouve de l’aide et il y envoie des gens. De ce fait pratiquement chaque jour des nécessiteux viennent demander des vêtements, du linge de lit, etc. Et voilà encore Valentina en train de distribuer des vêtements, tout comme dans les années 1990 !

Valentina souffre toujours de la perte de son mari, mais elle est de nouveau capable, avec un sourire discret, de parler des moments heureux vécus avec lui, pour revenir ensuite aux défis du quotidien et à l’espérance de revoir, dans l’éternité auprès de notre Sauveur, son Poliktin et tous ceux qui sont décédés.

La FriedensBote