donnez-leur vous-mêmes à manger

Secours en Ukraine

Le cri du tréfonds des ruines : « Donnez-nous la Parole de Dieu ! »

Le conflit armé se déchaîne en Ukraine orientale depuis plus de vingt mois. Les conséquences en sont dévastatrices : effondrement des droits et de l’ordre, les snipers font régner la peur parmi la population qui ne s’est pas enfuie (souvent les gens âgées), plus d’un million de personnes ayant perdu leurs maisons ou leurs appartements, 2.200.000 ont fui à l’ouest ou en Russie (Source : UNHCR).

À cela s’ajoute une très forte inflation – les prix de la consommation courante ont augmenté de 78 % en 2015, ce qui représente un coup très dur, surtout pour les retraités qui touchent 52 € par mois. Le froid ajoute sa part de complications. Depuis Noël, rares sont les jours où la tempétaure a dépassé 0°C (atteignant la nuit jusqu’à –26°C).

La FriedensBote reste en contact permanent avec des églises. Grâce aux amis de notre mission, plusieurs personnes ont échappé à la mort par manque de nourriture ou par le froid.

Notre contact dans cette région, le pasteur Alexander D., de Kharkov, nous a donné le rapport suivant sur les engagements de son église en décembre dernier :

Plusieurs fois par mois, nous nous rendons ,à trois ou quatre personnes et durant deux à trois jours, dans des villages sur le front de la guerre avec un minibus lourdement chargé. Il faut franchir plusieurs postes de contrôle militaires. Nous sommes prêts à laisser de la nourriture aux soldats, mais un officier nous répond : « Nous avons assez de pain… mais pourquoi faites-vous cela ?… Vous êtes chrétiens ? Avez-vous aussi de la littérature chrétienne ou des Nouveaux Testaments ? Laissez-nous-en, s’il vous plaît ! » Des soldats aussi font la même demande.

À Marinka et à Krasnogorovka (une zone soi-disant démilitarisée avant la ligne de front), comme dans bien d’autres localités, les gens survivent dans les caves. Au dehors tombent des obus de 100 mm, semant la dévastation. Les “habitants” osent à peine nous rejoindre

dans la rue, peu à peu une longue queue se forme. D’abord nous prions avec eux, puis nous les écoutons avant de leur parler de l’Évangile. Ensuite, nous distribuons à chacun un petit colis comprenant des denrées alimentaires, des produits sanitaires, des médicaments et un Nouveau Testament. Il y a aussi des blessés à soigner.

L’intérêt pour l’Évangile est remarquable. S’entendre dire : « Dieu t’aime », les fait réfléchir, eux qui ont passé par tant de souffrances. Nous entendons souvent la question : « Nous voulons changer nos vies. Comment devons-nous faire ? » Notre seule réponse est : « Crois au seigneur Jésus ! Sans lui tu ne peux pas changer ta vie. » Pour le Donbass, comme pour toute l’Ukraine, Dieu est la seule solution.

« D’où proviennent ces aides ? » demande-t-on souvent. « De la part de simples chrétiens de l’ouest du pays, de Russie, d’Allemagne, de Suisse et d’ailleurs », répondons-nous. Des larmes de recon-naissance coulent de leurs yeux cernés. Un homme sort des rangs et s’adresse à nous à haute voix : « Pardonnez-nous ! Nous pensions toujours que vous étiez une secte. Maintenant nous voyons qui est un vrai chrétien. Nous vous remercions tous, vous et tous ceux qui ont donné pour nous venir en aide. Nous vous remercions parce que nos peines ne vous sont pas indifférentes ». Je lui réponds : « Remerciez Dieu, pas nous. Il vous aime et veut guérir vos cœurs brisés. » Alors se produisit ce pour quoi nous étions venus : lentement, et pour la première fois de sa vie, cet ex-communiste se met à prier : « Dieu qui es au ciel, merci pour ce pain ! Merci pour ces gens qui nous apportent de l’espoir ! »

Nous devions les quitter sans avoir pu satisfaire le restant des malheureux qui faisaient toujours la queue. Après nous être encore entretenus avec eux de longs moments, nous sommes rentrés dans nos maisons où nous attendaient aussi des réfugiés qui ont réussi à y trouver un espace chaleureux.

Je m’endors avec la question : « Comment survivrions-nous sans Dieu et sans les prières des milliers de chrétiens qui nous soutiennent ? »