donnez-leur vous-mêmes à manger

Comment l’amour triomphe du froid !

En février, toute l’Europe fut frappée par la vague de froid. En Ukraine, le froid s’est maintenu à -30°C pendant plusieurs jours. S’en suit un triste record d’Europe : plus de 130 personnes sont mortes de froid dans le pays. Des milliers ont rejoint les hôpitaux. Dans quelques villes d’Ukraine, des tentes ont été dressées pour que les pauvres et les sans-abri puissent recevoir des vêtements chauds. Les autorités aussi ont demandé aux chrétiens de participer aux actions d’aide. Les églises ont ainsi eu la possibilité de partager l’Évangile et l’amour du Christ. Voici deux exemples d’actions menées en Ukraine durant le grand froid.

À Kharkov, il fait de nouveau chaud dans la maison

Il faisait encore nuit quand je fus arraché à mon sommeil, tôt un dimanche matin, par la sonnerie du téléphone. Une voix de femme, basse, fatiguée et rauque me ramena à la réalité : « Il fait siii… froid... » Je posai quelques questions à la femme, lui promit de l’aider et me préparai pour aller au culte.

Au moment des annonces, je demandai qui serait prêt à se rendre dans une ferme pauvre et isolée, habitée par deux vieilles dames. La couverture de neige d’un mètre les avait piégées et l’eau du puits était gelée. On recherchait des hommes courageux…

Dieu merci, il y avait suffisamment de volontaires ! Après un petit casse-croûte, on se mit en route avec des vêtements chauds, de l’eau potable, des provisions, des pelles et autres outils.

Le chemin était enneigé et à peine reconnaissable. Les efforts déployés pour avancer avaient entamé nos forces, nécessaires pourtant pour le travail qui nous attendait. Quand notre voiture s’est trouvé bloquée, nous avons décidé de parcourir les 800 mètres restants à pied avec tout l’équipement. Nous sommes partis en priant.

La vieille dame Alexeïevna ne pouvait pas en croire ses yeux ; elle enlaça chacun de nous, pleurant de joie. Nous nous sommes vite attelés à la tâche, car les journées en hiver sont courtes. Quelques frères ont scié et fendu du bois pour qu’il y en ait suffisamment jusqu’au printemps, d’autres ont assuré l’accès à l’eau potable et déblayé la neige. Le poêle fut rallumé et il commença à faire chaud dans la maison. Il y eut beaucoup de travail accompli ce jour-là. Nous sommes rentrés fatigués, mais aussi contents. Ce qui est remarquable, c’est que notre joie était aussi intense que celle des vieilles dames que nous avions pu aider.

Le gel s’est maintenu encore longtemps. Le service social de la ville de Kharkov nous a aussi appelés à plusieurs reprises pour d’autres cas urgents : « Venez s’il vous plaît, et faites quelque chose pour ces gens en train de geler, sinon, ils vont périr ! » Je pensais aux paroles de notre Seigneur : “Que votre lumière luise ainsi devant les hommes, afin qu’ils voient vos bonnes œuvres, et qu’ils glorifient votre Père qui est dans les cieux.” (Mat 5.16)

L. Tkatchov

À Usin, des vêtements pour changer les cœurs

Nous avions proposé au service social de la ville d’envoyer tous les gens pauvres vers nous, à l’église, où nous pouvions leur procurer des vêtements chauds. Cette action dura plusieurs jours, de 9 à 18 heures. Les intéressés devaient se rendre par groupes dans une grande pièce où les vêtements étaient étalés sur des tables. Ils disposaient d’une demi-heure pour faire le choix de ce qui leur convenait. Les bénéficiaires faisaient ensuite peser leurs sacs et signaient un reçu. C’était l’exigence du service des douanes, qui demandait l’établissement d’un décompte. Puis nous déballions d’autres sacs et préparions les vêtements pour le groupe suivant. Quelques frères et sœurs discutaient avec les visiteurs qui attendaient leur tour, leur offrant du thé et leur proposant un Nouveau Testament que la mission nous avait envoyé.

Au total, 287 personnes d’Usin ont répondu à l’invitation. C’étaient surtout des familles nombreuses et des filles-mères. Les dimanches suivants, nous avons vu de nouveaux visages au culte : celles et ceux qui avaient reçu des vêtements. Le 26 février, un homme en loques, d’un village voisin, s’est présenté au culte nous implorant de lui donner quelques vêtements. Il devait attendre que la réunion se termine.

Au cours de ce culte, une femme se convertit. À la fin de la réunion, l’homme aussi exprima le désir de se repentir. Je lui expliquai qu’il n’était pas nécessaire de simuler une conversion pour recevoir des vêtements, il les recevrait de toute façon. Après un entretien personnel de quarante minutes, l’homme souhaitait toujours se repentir.

Après avoir prié avec lui, nous lui avons donné l’occasion de prendre un bon bain et de se faire couper les cheveux. Puis on l’a habillé complètement de neuf. Quand il s’est regardé dans le miroir, il s’est écrié, réjoui : « On me laissera maintenant entrer dans le bus ! ». L’homme, à peine âgé de 50 ans, avait été chassé de la maison par sa femme et ses enfants, car c’était un buveur invétéré, un cas désespéré... Le dimanche suivant, il revint au culte et montra ses vêtements en expliquant : « Regardez, je ne les ai pas vendus ! ».

Le 11 mars, la chorale terminait son premier chant lors du culte, quand un homme s’avança. Il exprima le souhait de se convertir. L’homme était connu comme ancien officier. Auparavant, il était venu à quelques réunions réservées aux hommes. Puis, pendant un temps, on ne le voyait plus. Mais, subitement, il réapparut et voulait simplement faire la paix avec Dieu.

Un jeune de 11 ans s’est également avancé pendant la prédication. Il expliqua qu’il allait être prochainement opéré du cœur ; il nous assura que ce n’était pas la peur de l’opération qui le motivait, mais que l’Esprit de Dieu le poussait à se convertir.

On parle beaucoup de l’action de l’église dans toute la ville. Les frères et sœurs aussi ont été secoués et renouvelés par ces évènements. Ils nous remercient profondément pour ces vêtements, envoyés par la mission FriedensBote, qui ont été une source de riches bénédictions. Le Seigneur nous a utilisés et c’est tellement réjouissant ! 

Viktor Martchouk