Le Tatarstan, un pays de mission
Quelques données
La république du Tatarstan, située à un millier de kilomètres à l’est de Moscou (jusque vers l’Oural), fait partie de la fédération de Russie et a une superficie de 67 847 km2 (celle de la France est de 552 000 km²). Plus de 53% de ses 3 802 300 habitants sont Tatares. Une partie d’entre eux et des 13 700 Bachkirs professent l’islam sunnite. Mais il y a une proportion importante de Tatars “baptisés”, devenus orthodoxes au fil des siècles. D’autres peuples sont présents dans le pays : Russes à 40%, Tchouvaches, Oudmourtes, Mordves, Maris, etc. Certains parmi eux se reconnaissent nommément dans l’Église orthodoxe. Depuis l’échec du communisme prévaut un mélange foisonnant d’enseignements erronés et de pratiques occultes païennes. Le terme “Dieu” est inconnu du plus grand nombre
« Jonas, va à Ninive ! »
En 2008, notre mission a conduit une conférence dans la ville d’Ukraine Bila Tserkva, à 100 km au sud de Kiev. Documents et images à l’appui, nous avions montré aux communautés locales les grandes régions de la Russie autrefois athée et communiste, où on devait intervenir en urgence pour annoncer l’Évangile. Les églises prient depuis lors (parfois en permanence) que Dieu leur donne les bonnes dispositions face aux besoins spirituels d’autres peuples, ainsi que les moyens pour y répondre. Depuis ces quatre dernières années, une quarantaine de chrétiens actifs et talentueux de Bila Tserkva ont pris part à différentes missions dans ces régions de “désert spirituel”. Notre mission les a aidés financièrement. Une jeune famille est partie au Tatarstan. On peut parler maintenant de fruits spirituels, à savoir des conversions.
Des participants à la mission 2012 racontent :
Anastasia Kravtchenko (20 ans) : j’ai grandi chez ma grand-mère et je ne me suis encore jamais éloignée de chez moi. Mais le Seigneur m’a convaincue de partir. J’ai ouvert la Bible en priant et j’ai lu les paroles de Jésus : “… je vous ai choisis, et je vous ai établis, afin que vous alliez, et que vous portiez du fruit” (Jean 15.16). Ma grand-mère donna ensuite aussi son accord pour mon voyage.
Au Tatarstan, j’ai offert des nouveaux testaments aux passants dans les rues. Un homme regarda rapidement dans le livre, me le rendit aussitôt en expliquant que cela ne lui serait d’aucune utilité, et s’en alla. Je le rejoignis et essayai de le persuader qu’il en avait vraiment besoin. Il me raconta alors qu’il avait fait la guerre, qu’il savait par exemple ce que signifiait la mort des enfants. Je n’avais encore jamais perçu dans le regard d’un homme autant de tristesse et de désespoir. Je ne peux pas oublier de telles rencontres. J’ai à cœur de supplier Dieu de susciter la soif de spiritualité chez l’être humain.
Sergueï Voroviev, responsable de l’équipe : Dieu nous a mis à cœur le district tatare de Tchistopol (environ 60 000 habitants) et ses environs. L’église de Tchistopol s’éteint doucement, car ses 25 membres ont pratiquement tous un âge avancé. Nous étions tristes que si peu de jeunes du Tatarstan connaissent Christ. Sur le long chemin de 2000 km jusqu’au Tatarstan, la police nous a arrêtés plusieurs fois. Mais il suffisait qu’on leur dise qu’on était chrétien pour qu’ils nous laissent poursuivre la route.
Nous avons passé deux semaines à Tchistopol. En journée, nous parcourions les rues, allions au parc municipal, au stade et le long des rives. Dans notre recherche de contact avec les jeunes gens, nous commencions souvent en chantant, accompagnés d’une guitare. Quelques passants s’arrêtaient et nous écoutaient attentivement. Certains parmi les jeunes, non convertis, avaient des parents croyants.
Chaque soir, nous avons eu des discussions en groupe avec les jeunes et nous lisions la Bible. Nous leur témoignions notre amitié par des jeux organisés en commun. Notre unité était aussi un bon témoignage pour des opposants nerveux et parfois querelleurs.
J’ai discuté deux heures avec un jeune homme de 20 ans. Il affirmait ne pas avoir besoin de se convertir puisqu’il ne faisait pas de mal. Je lui ai proposé de faire un petit calcul : à raison de deux ou trois mauvaises pensées par jour dans sa vie passée, le nombre de ses péchés s’élève déjà à plus de 10 000 ! Quand je lui demandai comment il peut assumer cette charge devant Dieu, il est devenu très nerveux, puis s’en est allé en pestant contre nous. Mais un autre jeune m’a abordé juste après, il avait attentivement suivi la conversation en silence. Il voulait en savoir plus ...
Grand-mère Choura
Grand-mère Choura est un miracle à nos yeux. Elle est la seule chrétienne dans le village de Petropovlovskaïa. Elle est devenue aveugle dès l’âge de deux ans, à la suite d’une négligence de sa mère. Malgré son handicap et ses 83 ans, elle travaille de façon assidue à la cuisine, au jardin, elle tricote et elle essaie même de fendre du bois de chauffage.
Souvent, elle s’assied devant sa maison et offre des traités aux passants. Il n’est pas rare que des jeunes aillent voir grand-mère Choura pour lui demander de prier pour eux. Elle nous a confié en soupirant : « Mais personne ne prie pour moi ! » Elle ne se plaint jamais. Elle a mis volontiers sa chambre à disposition lorsque nous avons invité du monde pour nos réunions.
Parmi les activités missionnaires de grand-mère Choura figurent aussi la traduction et la copie de la Parole de Dieu en langage Braille pour d’autres aveugles. Elle demande au jeune voisin de lui lire le texte et lui paye un rouble par chapitre (2,5 centimes). Elle nous dit en souriant : « L’évangile de Matthieu me coûte beaucoup plus que celui de Marc, car il a 12 chapitres de plus. »
Les adieux et les fruits
Au moment du départ, plusieurs jeunes sont venus nous saluer. Et quelques jours plus tard, nous recevions déjà un SMS : « Votre travail n’était pas vain. Nous vous aimons beaucoup. – Les jeunes de la ville de Tchistopol ». Et trois jours après, une autre nouvelle : « David, Maria et Katïa ont accepté Jésus comme leur Sauveur ».
Chers amis de la mission, nous vous sommes reconnaissants de soutenir par vos dons de tels projets. Nous vous remercions de continuer de prier pour cela.
Votre Friedensbote