donnez-leur vous-mêmes à manger

Au Pamir, à chaque visite moins de personnes en vie et plus de tombes.

Depuis plusieurs années la mission Le Messager de la Paix soutient des voyages missionnaires auprès des Kirghizes dans les montagnes du Pamir. Nous en avons déjà rapporté dans nos éditions passées, dont la dernière le N°122_1/2014.

Cela ne va pas de soi

En août 2014, Dieu nous a permis de refaire un tel voyage. C’est parce que les choses ne vont pas du tout d’elles-mêmes que nous sommes très reconnaissants à tous ceux qui ont prié et nous ont soutenus. Les équipiers n’obtiennent pas chaque fois l’autorisation de franchir la frontière afghane. Ces derniers temps en particulier la situation est très tendue.

Le “meilleur hôtel” du monde...

dans le secteur du petit Pamir, où vivent des Kirghizes ethniques. Il a fallu cinq jours seulement pour aller de Bichkek (la capitale kirghize) jusqu’au village de Sarchat. Pour l’une des étapes, il nous fallut toute la journée pour couvrir 210 km. Des éboulements rocheux avaient barré les routes et les fleuves avaient emporté les ponts. Souvent nous devions descendre vers la rivière, à la recherche d’un gué pour la traverser avec le véhicule. S’ajouta encore le problème du radiateur percé à plusieurs endroits par des cailloux et la nécessité de refaire le plein d’eau de refroidissement toutes les demi-heures.

Nous étions reconnaissants d’atteindre enfin Sarchat. Nous y avons passé la nuit dans un prétendu “hôtel”. Il y manquait à peu près tout. En revanche, lorsque, sur le retour, nous sommes redescendus dans ce même “hôtel”, il nous est apparu comme le meilleur du monde, tellement le dénuement est grand dans le Pamir ! L’hôtelier nous a aidés à louer des chevaux pour la suite du voyage, ce qui n’était pas si simple. Comme les chevaux sont le seul mode de déplacement, on nous demandait jusqu’à 20 $ par jour et par bête.

La lutte pour les âmes...

Tôt le matin, nous avons chargé les chevaux et nous voilà repartis, cette fois du côté afghan. Partout nous avons constaté les progrès de l’islamisation. Certaines coutumes donnent l’impression d’un retour en arrière de plusieurs siècles.

Le chemin très étroit était extrêmement dangereux. Il longeait l’impétueux fleuve Wachan et montait de plus en plus haut dans les montagnes. Le troisième jour, une forte pluie nous trempa complètement dans notre tente la nuit. Puis vinrent le froid et la neige. Le lendemain nous avons péniblement avancé à travers une tempête de neige, à plus de 4000 mètres d’altitude. Grande fut notre reconnaissance envers Dieu en apercevant enfin les premières yourtes.

Nous avons passé quelques jours à visiter une yourte après l’autre, parlant de Dieu à ces hôtes si accueillants. Mais le vent et la neige étaient si violents que nous avions toutes les peines du monde à maintenir les rênes des chevaux, et plus encore à atteindre la yourte suivante…

Les enfants étaient très ouverts lors de notre visite à la petite école. Il en restait une vingtaine sur une cinquantaine naguère. Nous leur avons parlé du Dieu vivant et leur avons offert des crayons de couleur, des cahiers et des stylos à bille que nous avions spécialement apportés pour eux.

Qui a besoin de nous en Kirghizie ?

Les conditions de vie sont très diverses là-haut. Certains vont relativement bien ; mais d’autres ont perdu leur bétail à cause de la sécheresse ou de la rudesse des derniers hivers. Ils sont totalement démunis et essaient de travailler chez ceux qui ont un peu plus de moyens pour tâcher de reprendre pied. Bien rares sont ceux qui y parviennent.

Le problème majeur reste celui des soins médicaux. N’ayant pas de médicaments, beaucoup tombent malades et meurent, surtout les enfants. Les habitants du Pamir ont alors recours au seul remède disponible : l’opium. Bien vite ils en sont tellement dépendants qu’ils ne peuvent plus vivre sans cette drogue. Tout va alors très vite. La population ne cesse de diminuer, car huit nourrissons sur dix meurent. S’y ajoute encore la forte mortalité des femmes pendant ou peu après l’accouchement.

Ce sont justement ceux qui ont tout perdu, qui aimeraient partir en Kirghizie. Mais la plupart n’ont pas les papiers nécessaires : pièce d’identité et acte de naissance. De plus, beaucoup ont peur d’un déménagement : « Le Pamir, nous le connaissons, il est dur, mais c’est notre patrie. Que trouverons-nous en Kirghizie ? Qui a besoin de nous là-bas ? » demandent-ils, découragés.

Et le temps nous manque...

La situation de ces personnes constitue un grand sujet de prière. Il devient de plus en plus difficile de leur parler de Jésus, car on construit toujours plus de mosquées, tout là-haut dans les montagnes, pour lier les gens plus étroitement à l’islam. On les voit devenir de plus en plus religieux et il faut du temps pour les convaincre que seul l’Évangile est véritable.

Dans chaque yourte nous avons parlé de Dieu des heures durant et leur avons raconté des témoignages montrant comment Jésus libère des péchés, du tabac et de la drogue. Avant chaque repas nous avons prié avec eux et pour eux, prenant le temps de les écouter. Ils ont, comme tout le monde, un grand besoin de faire part à quelqu’un des difficultés d’une vie difficile. Quand ils réalisent que nous nous intéressons réellement à leurs problèmes, la confiance s’établit et ils nous écoutent. Mais tout cela prend beaucoup de temps, et le temps nous manque ! À chaque visite nous voyons moins de personnes en vie et davantage de tombes.

Seigneur Jésus, délivre-nous de là !

Le chemin du retour s’avéra encore plus difficile ! À la frontière du Tadjikistan on nous mit aux arrêts. Nous n’avions prétendument pas d’autorisation pour franchir la frontière. On nous a menacés de trois mois de prison. Comme, pendant les dix derniers jours, nous n’avions eu aucun contact avec le monde extérieur, personne ne savait où nous étions. Nous ne pouvions donc attendre aucune aide. Un seul espoir nous restait : « Seigneur Jésus, délivre-nous de là ! »

À ce jour, nous ne savons pas ce qui est arrivé, mais, à la tombée de la nuit, on nous a subitement fait monter dans un minibus de l’époque soviétique, et conduits dans la ville de Murghab. De là, on nous a laissés rentrer chez nous sans difficulté. Dieu soit loué !

L’Évangile reviendra-t-il encore dans le Pamir ?

 

 

Ces voyages valent la peine, malgré tous les dangers, car tous nos problèmes ne sont rien en comparaison de ceux rencontrés par ces personnes trompées qui meurent à petit feu.

Il faudrait que quelqu’un vive là-bas avec eux, six mois, toute une année ou même plusieurs années ; qu’il partage leurs maux et leur apporte quotidiennement l’Évangile. Mais qui d’entre nous survivrait à cela ? Comme la situation politique est actuellement très compliquée dans ce pays, nous ne savons même pas si ces prochaines années il sera possible d’y entreprendre de nouveaux voyages missionnaires.

Veuillez prier pour que la semence répandue lève et porte du fruit. Veuillez également prier pour que le Seigneur appelle quelqu’un qui puisse vivre quelque temps là-haut, parmi cette population.

S’il nous était possible d’inviter, au moins une fois, leurs enfants à un camp, nous pourrions leur faire découvrir beaucoup de choses sur Dieu. Prenons cela à cœur pour en faire un sujet de prière majeur. Les difficultés ne doivent pas nous empêcher de poursuivre notre intercession pour les Kirghizes du Pamir, afin qu’ils ne vivent et ne meurent pas sans Jésus-Christ.

Pasteur Damir, Kirghizie