"Priez pour l'Ukraine"
Témoignage d’Eduard Ewert après sa visite début septembre dans l’est de l’Ukraine
Comment les frères se portent-ils ?
Apporter une réponse à cette question était l’objectif de ma visite (cf. Act 15.36: "Quelques jours s’écoulèrent, après lesquels Paul dit à Barnabas : Retournons visiter les frères dans toutes les villes où nous avons annoncé la parole du Seigneur, pour voir en quel état ils sont.") : savoir comment vont nos frères dans la zone de guerre en Ukraine, et comment se fait l’évangélisation parmi les réfugiés.
Malheureusement, l’État n’a pas de programme organisé pour l’accueil et le secours matériel aux sinistrés. Une grande partie de l’aide est prise en compte par des bonnes volontés, dont les églises évangéliques qui s’engagent fortement et supportent des charges énormes.
Sur la place Maïdan : Ici, à 700 km à vol d’oiseau de la zone de guerre, on ressent les effets de celle-ci. Les citoyens qui ont combattu sur cette place au printemps pour un meilleur avenir sont appelés “l’unité de combat du ciel”.
Aujourd’hui, l’ordre est largement rétabli. Mais, sur l’un des bâtiments gouvernementaux est fixée une grande affiche (10 x 15 m) portant l’inscription : « Priez pour l’Ukraine ! »
Voici quelques informations reçues lors d’une rencontre avec des responsables (photo 1) d’églises dans l’est du pays :
« Ta maison a disparu ! »
Eduard N., pasteur d’une église baptiste, engagée dans l’évangélisation, qui comptait 150 membres, à Lissitchansk, raconte :
"Durant les combats, il n’y avait ni eau, ni électricité ni gaz. J’avais placé les miens en sécurité ailleurs dans le pays, mais moi-même je suis resté sur place, me sentant redevable envers les quelques-uns qui ne pouvaient pas partir. Des non-croyants venaient également trouver refuge dans les locaux de l’église. Ils se trouvaient en sécurité et ne voulaient plus quitter les lieux, car dans la rue beaucoup étaient blessés par des éclats d’obus. J’ai partagé avec eux le reste des provisions stockées là, et je leur lisais dans la Bible (ce qui était apprécié).
Un soir, je retourne à l’église pour y assurer le soutien moral et spirituel, lorsqu’au bout d’un moment un ami m’apprend que ma maison venait d‘être détruite, touchée par deux obus avant d’être consumée par un incendie."
Je lui demande : « Comment surmontes-tu la perte de tes biens ? » il me répond calmement :
"Rien n’arrive sans la volonté de Dieu. Tout doit concourir à mon bien. Je pense à Job qui a, lui aussi, pu accepter le mal. Maintenant mes paroles de consolation étaient bien accueillies et j’étais en mesure de consoler ceux qui ont subi de grands dommages. Je suis surtout reconnaissant envers Dieu de ce que personne ne se trouvait dans ma maison lorsqu’elle a été détruite."
« Tu peux rester en vie, car ton ami a prié… »
Un pasteur, dont l’église avait fondé un centre de réhabilitation pour alcooliques et drogués, expose des fruits de la prière.
"Deux hommes de ce centre voulaient quitter la ville assiégée de Lissitchansk, laissant leurs passeports derrière eux. Dès le premier poste de contrôle, ils furent suspectés d’appartenir à un groupe de rebelles et arrêtés. L’un des deux ne cessait d’affirmer qu’il était chrétien et n’appartenait à aucun groupe terroriste.
Dans un premier temps tous deux furent torturés. Le lendemain, ils devaient se mettre à genoux et allaient être exécutés. Il ne leur restait plus qu’à exprimer leur dernier vœu. Sergueï, le chrétien demanda qu’il pût faire une prière, tandis que son compagnon désirait fumer une dernière cigarette.
Subitement, l’ambiance fut transformée. En feuilletant la Bible de Sergueï, quelqu’un y avait trouvé un DVD qui relatait sa conversion. On lui dit : « Bien, tu peux prier, mais prie aussi pour nous ! Sur le DVD, nous avons vu que tu pleurais en priant. Autrefois, tu étais bien un grand pécheur ? Bon, maintenant nous croyons ce que tu nous a dis. Tu es libre. Voudrais-tu nous offrir ta Bible ? » Puis, se tournant vers le compagnon de Sergueï : « Toi aussi tu es libre, parce que ton ami a prié. »"
À qui la faute ?
À qui la faute si, au passage d’un simple petit avion, un enfant tombe par terre et se met à pousser des cris hystériques ? À qui la faute si le nombre de tués et de blessés, de part et d’autre de la ligne de front, ne cesse d’augmenter considérablement ?
Mais il ne s’agit pas de savoir à qui revient la faute. Voici les mots d’un pasteur de la zone de guerre : « Les larmes et la souffrance des mamans pour leurs fils tués sont les mêmes des deux côtés. La détresse des blessés et des orphelins est pareillement tragique, quelles que soient leurs nationalités ! »
Dans mes oreilles résonnent encore les paroles d’un autre pasteur ukrainien : « Quelque chose est pire que la guerre, c’est que nous avons rejeté et crucifié le Fils de Dieu ! »
Dans la confusion des esprits surchauffés, où deux États frères mènent une guerre sanglante, il n’y a que des perdants. Espérer en la raison humaine n’a rien apporté.
C’est pourquoi, prions pour la situation dans le pays et secourons les malheureux.
La gare, centre de collecte et de redistribution
À la gare de la mégapole Kharkov (photo 5), le pasteur Dontchenko a pu, après de multiples échecs (on ne voulait pas reconnaître la réalité des réfugiés), installer une zone de secours. De nombreuses victimes de la guerre avaient vécu des choses terribles et avaient besoin de soutien moral et spirituel. Certains sont là, le regard vide, à peine sensibles à l’offre d’une soupe chaude.
Après un séjour d’une ou deux journées, et une enquête approfondie, ils reçoivent même un titre de voyage gratuit pour se rendre à leur lieu d’affectation.
L’essentiel, c’est qu’il n’y ait pas de coups de feu
Certains retournent dans leurs maisons, mais les trouvent souvent détruites ou pillées. De plus, la plupart des lieux de travail sont détruits. Il faudra des années pour que la vie redevienne normale.
En de nombreux endroits, les combats et les fusillades se poursuivent, de sorte que le flot de réfugiés ne tarit pas. Les hébergements deviennent précaires, les chambres exiguës et les lits trop étroits pour qu’on puisse y dormir tous. Mais on est content : « L’essentiel, c’est qu’il n’y ait plus de coups de feu ! »
Que pouvons-nous faire ?
Beaucoup de réfugiés devaient fuir leur maison en habits d’été. La plupart n’ont même pas pu prendre une valise. Il fallait fuir de toute urgence, dans des minibus bondés. Maintenant, l’automne est là et, bientôt, le rude hiver. La situation s’aggrave aussi par le fait que de nombreuses récoltes ont été perdues durant des combats incessants.
Nombreux sont ceux qui m’ont demandé : « Quelle est l’attitude de l’Allemagne devant notre situation ? » (photo 6). J’ai pu leur affirmer que leurs malheurs nous conduisaient à prier et à apporter de l’aide pratique.
En tant que mission, nous voulons fortifier les mains de nos frères et sœurs dans la foi qui secourent les réfugiés et remercions de tout cœur tous les amis de la FriedensBote - Messager de la Paix qui nous aident à le faire.
Témoignage d’Eduard Ewert après sa visite début septembre dans l’est de l’Ukraine.