donnez-leur vous-mêmes à manger

L’Évangile au Kazakhstan

Rapport donné par Valéry Bratan, lors des deux journées missionnaires de la FriedensBote, le 23 octobre 2016 à Rothrist (CH) et le 30 octobre à Oranienbourg (D), sur les interventions de Dieu pour sauver des âmes dans ce pays et affermir dans leur foi ceux qui sont déjà ses enfants. (Les noms des personnes ont été modifiés pour raison de sécurité.)

Tels des brebis parmi les loups

La ville de Zhetisay (Ndlr : 36 494 habitants en 2009) se situe à l’extrême sud du Kazakhstan.

Il n’est pas facile d’y travailler comme chrétien ; ces dernières années les mosquées se sont multipliées à travers le pays et l’islamisation ne cesse de progresser. Encore tout récemment on a construit et ouvert une grande mosquée dans cette ville : dans ses différents locaux elle peut accueillir jusqu’à 1000 personnes. Quatre nouvelles mosquées ont été construites ces dix dernières années.

On constate une progression rapide de l’islam, surtout de l’islam radical. Ce dernier se manifeste non seulement envers les chrétiens, mais aussi envers les musulmans modérés. De plus, dans le sud du pays on trouve très peu de russophones, mais surtout des Kazakhs, des Ouzbeks et des Tadjiks. Il y a pourtant aussi des assemblées chrétiennes, mais beaucoup d’entre elles n’ont pas de reconnaissance officielle, de sorte qu’elles restent clandestines.

Sauvé pour servir

Je suis originaire de Moldavie et appartiens au peuple des Gagaouzes. À ce jour on ne connaît pas l’origine de cette population. Elle parle le turc ancien, mais elle s’est très tôt convertie au christianisme orthodoxe. Malheureusement la plupart se contentent d’être religieux et ne connaissent pas Dieu. Quelques-uns, pourtant, croient au Seigneur Jésus et travaillent pour lui.

En 1992, ma famille s’est installée au Kazakhstan parce que mon père s’était engagé dans un service missionnaire à Zhetisay. De ce fait, j’ai passé l’essentiel de ma vie au Kazakhstan. Je m’y suis marié et, par la suite, j’ai pu poursuivre le service de mon père.

Ma femme, Chotyna, est Tadjike et Dieu nous a donné quatre enfants. Ce qui nous remplit d’une reconnaissance particulière envers notre Père céleste, c’est qu’une bonne partie des parents de mon épouse sont devenus enfants de Dieu. Auparavant ils étaient musulmans.

Je n’avais que huit ans quand nous sommes arrivés au Kazakhstan. J’ai bien compris pourquoi mon père y est allé, mais non pourquoi moi je devais y vivre ! C’est seulement par la suite, après ma conversion, que j’ai peu à peu compris les voies de Dieu : je le remercie de tout cœur qu’il m’ait sauvé dès ma jeunesse et que je puisse maintenant le servir.

« Seigneur, où veux-tu que j’aille ? »

Par des prédications et ma lecture de la Bible, Dieu n’a cessé de me montrer des passages où il était question de le servir. C’est l’ordre de mission de Jésus, en Matthieu 28, qui m’a particulièrement interpellé ; ce texte est resté important à mes yeux jusqu’à ce jour.

Parallèlement, Dieu m’avait fait remarquer le manque de serviteurs dans notre région. C’était un grand besoin. Bon nombre de prédicateurs ont même quitté l’église pour émigrer, ce qui a fortement réduit cette assemblée, autrefois importante.

Dieu m’a aussi parlé par l’exemple que mon père m’a laissé par sa consécration. Mais, bien plus encore, ce sont les disciples de Jésus et le Seigneur Jésus lui-même qui m’ont servi de modèles. Dans ma prière j’ai souvent demandé à Dieu ce qu’il voulait de moi : il a de plus en plus attiré mon attention sur le service chrétien et cela m’a donné de l’assurance.

« Tu dois prêcher la Parole de Dieu ! » Ce n’était pas là une question, ni une proposition, c’était l’ordre de mission de Dieu.

Il arrive souvent que le missionnaire se rende dans un autre pays, mais pour moi ce fut l’inverse : je dus rester au Kazakhstan et y servir Dieu, même lorsque mon père eut une grave attaque et dut rentrer en Moldavie.

« La lumière s’éteindra-t-elle en cet endroit ? »

L’église où je sers aujourd’hui fut fondée en 1957 par des chrétiens allemands. Le régime communiste les avait expulsés de Russie et déportés dans le sud du Kazakhstan. Les dix premières années, la communauté s’est réunie dans des maisons privées, puis elle finit par obtenir l’autorisation de bâtir un lieu de culte. Cela conduisit à la construction de la première église à Zhetisay. Beaucoup de gens se sont convertis et, dans les années 1960 à 1980, l’église était bondée. Elle pouvait accueillir 500 personnes, mais souvent il n’y avait plus de place, tant la soif de l’eau de la vie était grande.

Cependant, à peine quinze années plus tard le nombre de membres a fortement diminué en raison de plusieurs vagues d’émigration. Les frères et sœurs allemands sont retournés en Allemagne, le pays de leurs ancêtres, et les Russes en Russie. Désormais la question inexprimée était : « La lumière de l’Évangile va-t-elle s’éteindre chez nous ? » Mais Dieu ne l’a pas permis. Quelques frères eurent la prévoyance et la sagesse, avant leur départ pour l’Allemagne, d’inviter des missionnaires de Moldavie et de leur confier leur ministère auprès de l’église. Ivan, mon père, fut l’un de ces derniers.

Ce fut un tout nouveau départ. Le projet de Dieu pour l’Église de Zhetisay n’était pas encore à son terme. Les missionnaires ont organisé des cultes d’évangélisation parmi les Russes, les Tadjiks et les Kazakhs. C’est ainsi qu’au cours des années 1990 le visage de l’église a changé. Là où il y avait auparavant surtout des chrétiens allemands, désormais des gens de toute autre nationalité sont venus à la foi.

L’église a constitué des groupes de maison dans les villages environnants et a lancé un travail parmi les enfants. Les jeunes surtout ont été très actifs de sorte que, dès les années 1990, les groupes de maison ont donné naissance à trois petites églises. Pour permettre les réunions, on a acheté, rénové et transformé de petites maisons en lieux de culte. L’église a continué de grandir régulièrement et nous comptons aujourd’hui plus de cent membres baptisés répartis entre six communautés.

Dieu donne l’accroissement – le service parmi les musulmans

L’église du village de Madinijet est surtout composée de Tadjiks. Nous constatons que ces dernières années Dieu a suscité un renouveau dans notre région. Ce réveil n’a pas commencé parmi les croyants, mais parmi les prédicateurs. Voici comment. Peu à peu, dans mon service, Dieu m’a adjoint six frères. Nous avons décidé de nous retrouver chaque semaine pour la prière et la lecture de la Bible en commun. Nous y avons en particulier demandé à Dieu de nous montrer comment poursuivre notre travail et ce que nous devions exactement faire. Peu à peu Dieu nous a indiqué des portes ouvertes.

L’une de celles-ci est le travail parmi les Kazakhs, dont certains, entre-temps, se sont déjà convertis. Parmi eux, se trouve la sœur Dagirat, qui habite dans la ville d’Atakent. Elle a entendu l’Évangile pour la première fois par des frères Allemands, avant le départ de ceux-ci. Quand nous avons commencé des études bibliques dans sa localité, elle s’est mise à les fréquenter et s’est convertie. Aujourd’hui, partout en ville, elle se présente comme Kazakhe, joyeusement et sans crainte sur les bazars et les marchés, et témoigne à ses compatriotes de sa foi en Jésus-Christ.

Motif du licenciement : être chrétien

À Chardara habite une autre famille, très pauvre au plan économique, mais sous l’angle spirituel elle est très riche : la foi en Christ est leur plus grand trésor que nul ne saurait leur prendre. Cette année, Kalamgul leur fille s’est fait baptiser. Comme sa mère, elle aime beaucoup la Parole de Dieu et toutes deux font tous leurs efforts pour ne manquer aucun culte. Souvent elle subit une forte opposition de la part de sa parenté et de ses voisins.

Elle a plusieurs fois perdu son emploi parce qu’elle croit en Jésus. Cette année, elle a aidé à la récolte des oignons : lorsque ses collègues ont appris qu’elle était chrétienne, les difficultés n’ont pas tardé, mais elle n’a pas pour autant perdu courage et continue à rendre témoignage de sa foi. Oui, ils existent, ces gens dont la Bible dit : “Lorsqu’ils traversent la vallée des larmes, ils en font une oasis et la pluie d’automne vient la recouvrir de bénédictions. D’étape en étape leur vigueur s’accroît et ils se présentent à Dieu en Sion” (Ps 84.7-8).

Culte en plein air

Comme les Kazakhs ont du mal à se laisser inviter au lieu de culte, on prêche souvent l’Évangile en plein air, cela leur fait moins peur. Ce travail parmi les Kazakhs est très différent de celui parmi les Russes, il exige beaucoup de tact. Nous prions pour que ces gens trouvent la foi.

Gulmira est originaire d’Alma-Ata, l’ancienne capitale du pays. Quand elle s’est mariée, elle s’est aperçue que sa belle-mère était chrétienne, ce qui l’a mise en contact avec la Parole de Dieu. Longtemps, elle ne put comprendre un certain nombre de points : comment Dieu peut-il avoir un fils ? Comment Dieu peut-il être une trinité ? Mais, après bien des prières et une lecture assidue de la Bible, Dieu put atteindre son cœur. À présent elle est persuadée que Jésus-Christ est Dieu et elle voudrait témoigner de sa foi par le baptême. Mais comme sa parenté est surtout musulmane, une telle démarche entraîne de grandes difficultés. Veuillez prier pour de tels nouveaux convertis !

Cours bibliques pour les nouveaux convertis

Beaucoup de nouveaux chrétiens ont peu de connaissance biblique. Aussi, leur offrons-nous des cours pour qu’ils acquièrent un solide fondement et qu’ils s’enracinent bien dans la Parole de Dieu. Il est remarquable de constater que de nombreux Tadjiks se joignent à ces cours, notamment des pères avec leurs fils. Ainsi le message passe de génération en génération.

C’est surtout à des chrétiens venus de l’islam que cette méthode apporte une grande aide dans leurs luttes et leurs épreuves.

C’est difficile pour eux, car ils sont constamment soumis à une forte pression de la part des musulmans et de leur parenté non convertie.

Une fois par an, nous organisons une grande rencontre interrégionale en Kirghizie où les frères et sœurs de diverses églises peuvent faire connaissance au cours d’un séminaire d’une semaine.

Un sac de farine, le poteau indicateur vers l’éternité

Dieu nous a aussi donné la possibilité de lancer quelques projets parmi les gens en détresse. Par la “Maison de la miséricorde”, nous offrons aux pauvres et aux sans-abri des repas, des vivres, des vêtements, des médicaments, etc. Depuis le début de ce travail il y a déjà eu des conversions.

Dans cette maison nous proposons aussi régulièrement une fois par semaine un repas chaud à des enfants pauvres. Pour la plupart d’entre eux c’est la seule possibilité de manger à leur faim.

D’autre part, un projet “farine” nous permet d’aider des familles par un sac de farine, tout en leur présentant la Parole de Dieu. On note déjà des résultats : Dieu touche les cœurs. Des musulmans se demandent : « Pourquoi ne nous aide-t-on pas dans les mosquées ? » Également la population orthodoxe s’interroge : « Pourquoi l’Église orthodoxe ne nous aide-t-elle pas ? »

Nous entendons aussi des déclarations comme celles-ci : « Comment avez-vous été informés de notre détresse ? » « Vous êtes venus juste à temps. » « Qui êtes-vous ? Pourquoi nous aidez-vous ? » Dieu ouvre les cœurs et les prépare à entendre l’Évangile.

Conduit à Jésus par un vêtement

À plusieurs reprises, la mission FriedensBote nous a envoyé un semi-remorque de biens humanitaires. Nous voudrions en remercier tous les frères et sœurs d’Europe : chaque chemise, chaque paire de chaussettes tricotées et chaque chaise roulante sont une marque de votre amour pour les nécessiteux et les gens en détresse.

Une fois déchargés, les biens sont triés et entreposés. Puis, aux jours fixés, nous invitons les gens dans nos locaux où nous apportons d’abord un message d’évangélisation et des prières. Puis les gens peuvent choisir quelques vêtements ou des chaussures, ce pour quoi ils sont très reconnaissants, surtout en période de froid. On manque de plus en plus de vêtements solides ; au marché on ne peut, le plus souvent, trouver que des vêtements fabriqués en Asie qui s’abîment vite.

Il arrive qu’après leur conversion des gens avouent : « En fait, j’étais venu pour trouver un vêtement. Mais les paroles de la Bible que j’ai entendues là, m’ont poursuivi. J’ai compris que je ne pouvais pas continuer à vivre comme jusqu’alors. »

Des vitamines pour les enfants

Un autre projet s’appelle “Vitamines”.

Comme beaucoup d’enfants sont sous-alimentés, on leur remet un paquet de vitamines les plus indispensables pour une vie normale, suffisamment pour un mois. Cela fortifie leur système immunitaire et diminue le risque de nombreuses maladies.

Les enfants sont heureux de recevoir ces vitamines AVEC l’invitation aux colonies ou aux clubs d’enfants.

Le chemin interdit vers Dieu

En été nous organisons des colonies de vacances. Officiellement, ces colonies chrétiennes ne sont pas autorisées au Kazakhstan ; aussi avons-nous organisé cette année 20 journées de plein air. Pour les enfants, c’est la seule occasion de détente et surtout une grande bénédiction de valeur éternelle pour leur âme. Pour ces occasions, des enfants de souche allemande et des enfants kazakhs sont assis côte à côte sur le même banc : Christ fait tomber les barrières entre les peuples et rend la paix possible.

L’huile dans le pot n’a pas tari…

Grâce au soutien de la mission FriedensBote nous sommes en mesure de remettre des cadeaux aux enfants dans le cadre de l’action “Noël pour TOUS les enfants”.

Durant cette période de Noël nous organisons des cultes d’évangélisation dans beaucoup de villages voisins. Nous y encourageons particulièrement les enfants à présenter eux-mêmes l’histoire de Noël. Cela ancre dans leur cœur le fait que Jésus-Christ est né. Comme les parents et grands-parents les accompagnent, c’est une occasion unique de leur présenter, à eux aussi, le message du salut.

Pour ce projet, nous confectionnons des paquets de vivres. Nous achetons les produits de première nécessité, tels que du riz, de l’huile, de la farine ou des pâtes, nous les répartissons dans des paquets que nous distribuons aux nécessiteux. Ces gens nous disent leur grande joie et nous remercient, mais nous insistons toujours : « Ce n’est pas nous qu’il faut remercier, c’est Dieu ! »

Une femme nous a écrit les lignes suivantes : « Ce jour-là, j’avais utilisé les dernières gouttes d’huile et c’est alors que vous êtes arrivés et m’en avez apporté ! » Elle a bien vu et compris que c’était une bénédiction venue de Dieu.

Construction et inauguration d’un lieu de culte

Bien qu’en Asie centrale les chrétiens doivent affronter beaucoup de défis, Dieu leur fait grâce et bâtit son Église. C’est ainsi qu’au cours de cette année la communauté de la ville d’Atakent a pu construire un lieu de culte avec le soutien de la mission FriedensBote. Le 25 septembre, un culte d’ouverture a marqué la fin des travaux.

De même, dans la ville d’Arys, à 340 km au Nord de Zhetisay, nous avons pu acheter un petit terrain et lancer la construction d’un lieu de culte. Veuillez prier pour que ce projet puisse, lui aussi, être mené à bonne fin avec l’aide de Dieu.

Dieu guérit des familles brisées

Mais Dieu bénit aussi l’édification spirituelle. Au cours de cette année, quatorze personnes se sont fait baptiser. À l’Église d’Arys ce furent trois sœurs, dont Galina qui a fait deux séjours en prison pour avoir vendu de la drogue. Là, en détention, Dieu a touché son cœur. Aujourd’hui elle est une enfant de Dieu joyeuse. À sa libération, elle est aussitôt venue à l’Église en disant : « Le reste de ma vie, je veux le vivre pour Dieu ; ce que j’ai vécu jusque là ne peut pas s’appeler vivre. »

Quand on regarde son visage, on voit briller ses yeux de bonheur. Sa relation avec son mari et ses enfants s’est également normalisée. Voilà comment Dieu bénit et guérit des familles auparavant en ruines. Nous sommes heureux de voir aussi de nombreux jeunes parmi les nouveaux convertis. C’est une grande bénédiction pour notre région.

Chers frères et sœurs, veuillez prier pour que le travail dans le sud du Kazakhstan puisse se poursuivre et que des personnes trouvent le salut.

Valery Bratan

 

Si vous souhaitez soutenir le service du frère Bratan, vous pouvez le faire avec la mention “Kazakhstan-Bratan”.