Quand des enfants et des femmes n’ont plus de maison…
Une tragédie double, malgré le soleil
On cite souvent la Kirghizie (ou Kirghizistan, Kirghizstan) comme le pays du soleil. Celui-ci peut effectivement briller jusqu’à huit heures en moyenne par jour. Malgré l’ensoleillement, la Kirghizie connaît une double tragédie qui concerne surtout les enfants et les femmes.
Mais il y a quelqu’un que cette situation ne laisse pas indifférent : Dieu.
Et c’est par un fait quotidien que Dieu a conduit Natascha D. à s’en rendre compte. Elle raconte :
« En 2004, j’ai croisé Asamat, un adolescent dans la rue que je connaissais de l’orphelinat public. Il me demande de l’accompagner chez lui, à la maison. J’accepte. Nous parcourons la ville un long moment, traversons une voie de chemin de fer et arrivons sur une place.
Là, Asamat me dit : « C’est ici chez moi ! » Je vois une douzaine de trous de regards de canalisations souterraines des eaux usées de la ville et du chauffage collectif. Avec ses mots : « Je vis ici, suis-moi ! », et il saute dans le trou. Je le suis avec hésitation “sous la terre”, et je me retrouve avec une quinzaine d’enfants des rues.
Tout cela se passe à Bichkek, la capitale de la Kirghizie. Officiellement, 17% des 6 millions d’habitants du pays vivent ici, mais en fait c’est beaucoup plus. À la campagne, beaucoup habitent encore dans une “yourte” traditionnelle : structure circulaire en roseaux, recouverte de feutre. On y pratique l’élevage du mouton. Mais, depuis la disparition de l’URSS, et à la suite de nombreux bouleversements politiques, la situation économique n’est toujours pas stable. Les gens migrent vers la capitale avec l’espoir d’y trouver un travail.
Ce que souhaite vraiment
un enfant de la rue
De retour à la maison, mes pensées revenaient constamment vers ces enfants obligés de vivre sous terre, en ce 21e siècle. J’ai commencé à rendre visite à Asamat et aux autres enfants une fois par semaine.
Après quelques visites, il me dit : « Sais-tu ce qui me ferait vraiment plaisir ? » Je pensais : « Oh non, que veut-il encore ? » Son souhait était tout simple, mais cela m’a vraiment bouleversée : « Comme je voudrais me laver une fois avec de l’eau chaude ! » Un désir que des parents peuvent combler facilement, mais ces enfants n’ont pas de parents.
J’ai emmené Asamat dans mon deux-pièces, situé au neuvième étage d’une tour, pour qu’il puisse se laver. Puis il est venu une seconde fois, puis encore et encore ; il amenait aussi ses copains et copines, c’est ainsi qu’a commencé le service auprès des enfants qui n’ont pas d’abri, qui sont sans toit.
La mission ainsi fondée porte le nom : “Les mains de l’amour”.
À ce jour, il y a environ 10 à 15 enfants qui viennent en été les mardis et vendredis, et jusqu’à 25 enfants l’hiver. Ils se baignent, lavent leurs vêtements et reçoivent un repas chaud. Nous avons appelé ce centre de jour “La source”. Ici, les enfants apprennent que Dieu les aime, qu’Il tient leur vie entre ses mains et qu’Il a un plan pour eux, qu’Il veut les sauver chacun personnellement. Ce qui fait également mal, c’est de voir qu’ils n’ont jamais eu un seul sous-vêtement de leur vie.
La réponse de Dieu à leur prière
Plusieurs racontent que face à leur détresse, ils ont appelé Dieu à l’aide, pour qu’Il leur permette d’avoir un morceau de pain à manger, pour qu’Il change leur vie, pour qu’ils ne soient plus obligés de vivre sur une déchèterie, qu’ils n’aient plus à se cacher dans les caves. « Et puis, tu es venu tout à coup ! », disent-ils.
Avant d’arriver vers ces enfants, Dieu les voyait déjà et Il m’a envoyée comme une réponse à leurs prières. Les premiers bénéficiaires sont devenus des adultes et, parfois, ils ont fondé une famille. Mais il y a toujours des enfants de la rue en Kirghizie et leur nombre augmente.
S’il y a autant d’enfants sans toit, cela tient en grande partie à une tragédie parmi les femmes.
Enlèvement et rapt de personnes – Refuge pour les femmes de la rue
Près de 15 000 femmes sont enlevées annuellement dans le pays et contraintes de se marier. Cette pratique correspond à la coutume “Ala katchou” qui signifie :“Saisis-la et disparais”. Ce n’est ni plus ni moins qu’un rapt. Ainsi, des milliers de jeunes femmes vierges sont enlevées et violées chaque année. Après avoir subi un tel traitement, elles ne peuvent plus rentrer chez leurs parents, car un enfant naturel est une honte insupportable en Asie centrale.
Malgré une loi récente qui interdit ce genre de mariage forcé, seule une victime sur 700 se décide à établir un signalement, car elles redoutent d’être rejetées ou même tuées. Et seul un dossier sur 1500 est vraiment traité par la justice.
Les femmes sont très souvent frappées et brutalisées. Leur vie devient un véritable esclavage. La plupart des hommes ne connaissent malheureusement pas la Bible et ce que Jésus dit sur la fidélité : « Aime ta femme comme toi-même ». Ils ne soupçonnent pas que battre sa femme est une preuve de faiblesse.
En 2008, j’ai fondé le centre de secours “Le refuge”, aidée par quelques personnes, pour assister ces femmes jetées dans la rue.
J’avais besoin d’aide, je ne possédais rien !
Dchasgulya, une femme accueillie au refuge, raconte : « J’ai 23 ans. J’ai passé un an au centre car j’avais besoin d’aide. J’ai un fils, Raphaël. Il a maintenant un peu plus d’un an. Ce centre m’a vraiment beaucoup aidée. Je ne savais pas où aller, je n’avais rien et j’étais là dans la rue avec mon bébé. Mais ici, on m’a aidée et j’ai entendu parler de Dieu. Cela a toujours été mon rêve d’apprendre le métier de pédicure. J’ai eu cette possibilité dans ce centre et je peux maintenant subvenir à mes besoins. Je suis tellement reconnaissante pour ce centre ! Je remercie le Seigneur car, grâce à Lui, nous avons appris à nous connaître les uns les autres, et à connaître le Seigneur. »
Des mères acceptent leur enfant comme un don de Dieu
Huit femmes avec leurs enfants peuvent séjourner dans ce centre pendant une année. Au cours des neuf dernières années, le centre a accueilli plus de 120 femmes et presque 130 enfants. Il est arrivé qu’une femme mette au monde un enfant avec un bec-de-lièvre ou un autre problème de santé. On lui fait porter la faute car cela est perçu comme une malédiction et elle est chassée avec son enfant.
Mais ce sont aussi très souvent des femmes qui ont été violées ou contraintes au mariage, qui ne veulent pas ou ne peuvent pas garder l’enfant et elles le confient à un orphelinat. Leur premier souci est d’oublier le malheur qui leur est arrivé.
Nous voulons, au contraire, faire en sorte que les enfants restent avec leur mère et que les mères acceptent leur enfant et s’en occupent. C’est une grande joie pour nous que de très nombreuses femmes ayant fréquenté notre centre, se soient décidées à garder leur enfant, et aient appris à l’aimer ! Elles ont compris qu’un enfant n’est pas un malheur ou une punition, mais plutôt un cadeau de Dieu et que Dieu sera toujours là pour les soutenir tôt ou tard dans un moment difficile de la vie. En tant que mères, elles sont appelées à aimer leurs enfants et à en prendre soin !
Natascha D. depuis Bichkek, la capitale du Kirghizistan.
Les personnes ayant à cœur de soutenir ce travail, peuvent adresser leur don au Messager de la Paix (France), avec la mention : pour “Les mains de l’amour”.
Nous les en remercions à l’avance !