Aucun appareil photographique ne saurait rendre compte de l’ampleur de la tragédie. La souffrance se lit dans les yeux des gens après la destruction de leur maison et de leur jardin. Partout ce sont des arbres au sol, des branchages entremêlés et des montagnes de boues et de cadavres d’animaux domestiques. La moisson est perdue. Et la plupart des villageois n’ont plus aucune source de revenu leur permettant de constituer leurs provisions pour l’hiver. Les rues défoncées et les nombreux glissements de terrain augmentent encore le désespoir face à cette scène de désolation.

Aujourd’hui les rivières sont à nouveau paisibles et l’eau cristalline. Comment imaginer un instant que des masses d’eaux en colère ont emporté les ponts et autres constructions en béton armé ?…

Durant ces journées terribles les gens étaient livrés à eux-mêmes. Prenant leurs enfants dans leurs bras, ils ont fui vers la montagne.

Dans l’une des maisons, une maman, à genoux, prie avec ses enfants avant de fuir les lieux. Son époux, encore incroyant, hurle après elle : « Donc, vous avez quand même peur de mourir ?! »

« Non, nous voulons simplement présenter une dernière fois notre détresse à Dieu, ensuite nous ferons notre possible pour le reste », répondit-elle calmement. Puis, avec ses enfants, elle s’enfonça dans la nuit sous une pluie torrentielle vers la montagne. Peu de temps après, la maison disparut, emportée par les vagues des eaux déchaînées. Plus tard dans la nuit, la famille a été sauvée, chacun “trempé jusqu’aux os” et souffrant d’hypothermie.

Notre semi-remorque est arrivé dans la zone sinistrée seulement quelques jours après ces événements. De plus, comme si cela avait été programmé, deux containers de notre mission-sœur canadienne “Faith Mission”, étaient réceptionnés en Ukraine. L’église destinatrice a rapidement accepté de modifier les formalités douanières pour que l’envoi soit dirigé vers les Carpates.

Des chrétiens ukrainiens distribuèrent les secours, non seulement dans les églises, mais aussi dans des écoles, sur des places publiques et sur des terrains de sport. De cette manière, les chrétiens, que l’on considère trop souvent comme étant des gens à part, ont pu faire la preuve qu’ils ne sont ni égoïstes ni sectaires.