donnez-leur vous-mêmes à manger

Mongolie : entre liberté et asservissement !

L’été est terminé et avec lui également les colonies de vacances richement bénies, que le Messager de la Paix a pu financer grâce au soutien de ses amis. Deux membres de l’œuvre missionnaire, Andreas K. et Michael R., ont participé du 19 au 29 juillet, en compagnie des responsables de groupes de Russie, à plusieurs colonies en Mongolie. Voici leur rapport :

Comment survivre dans ces conditions ?

Des étendues presque sans limites, un horizon frangé de chaînes de montagnes, du soleil, du sable, des lacs et des forêts de pins. Le pays a trois fois la surface de la France. On peut rouler des heures durant sans rencontrer âme qui vive. La Mongolie est le pays le moins peuplé au monde : à peine 1,9 habitant par km2. Sur les 3 millions d’habitants presque la moitié vit à Ulan Bator, la capitale. Tout cela a l’air romantique, mais il n’en est rien !

Les squelettes blanchis des animaux morts montrent on ne peut plus nettement combien ici le climat est hostile à la vie, et impitoyable. Le désert de Gobi constitue une partie du pays, une autre grande partie est faite de steppes où le soleil a tout brûlé. Les températures oscillent entre –35 °C en hiver et +40 en été. Ici, ne peuvent survivre que des “spécialistes” équipés pour de telles conditions.

Mongole avec ses chèvres et sa yourte (tente en feutre)
Partout dans le pays ces autels où l’on offre argent, alcool et chiffons.
Dans chaque ville on adore des statues de Bouddha surdimensionnées.

Et les êtres humains ? Presque majoritairement itinérants comme nomades, ils vivent des produits de leurs moutons et chèvres.

Le stress des délais, la bousculade quotidienne et les variations des cours en bourse sont des réalités inconnues en Mongolie. Les faibles précipitations, une nourriture uniforme et peu saine sont beaucoup plus familières. À cela s’ajoute le souci de ne pas irriter les esprits.

C’est pourquoi, partout dans le pays, on offre des sacrifices aux démons. On édifie de petits monticules de pierres pour que “quelqu'un” exauce une prière. À certains endroits spécifiques on offre des cadeaux aux esprits, résidant là, pour les apaiser et pour qu’ils accomplissent des souhaits. Tout cela sous l’égide du bouddhisme, en apparence ouvert et tolérant, et du chamanisme.

Malgré tout cela, les gens connaissent-ils quand même la joie et l’insouciance ? Nullement : ils vivent dans une peur constante ! Peur des esprits et du monde invisible, dont ils connaissent la réalité.

La peur des esprits et le “Grand Mongol”

De 1921 à 1990, la Mongolie a été un pays socialiste. Le pays s’est fortement appuyé sur l’Union soviétique et fut influencé par l’URSS pour beaucoup de ses décisions. C’est pourquoi toutes les religions ont été fortement réprimées. De nos jours, la Mongolie passe pour un pays sécularisé. Le bouddhisme et le chamanisme reviennent à pas de géants et avec eux la peur des mauvais esprits.

En même temps, beaucoup de gens adorent Gengis Khan, l’ancien maître de la Mongolie, un homme qui par ses guerres impitoyables a, selon des estimations, anéanti 11 % de la population mondiale. C’est à lui qu’on offre aujourd'hui des sacrifices, car on croit qu’un jour le “Grand Mongol” reviendra comme “messie” pour dominer le monde.

Une vive lumière

C’est dans cette détresse que l’Évangile vient jeter sa lumière, présenté en particulier aux enfants mongols lors de colonies de vacances chrétiennes. Suite à l’étroite proximité avec l’ancienne Union soviétique, beaucoup de Mongols comprennent et parlent encore le russe. Cela permet à des chrétiens de Russie de se faire comprendre des Mongols. Des serviteurs de Dieu russes et mongols mettent leur santé, leur temps et leur argent à la disposition de Dieu pour faire avancer son œuvre dans le pays. C’est ainsi que l’Évangile peut être proclamé en Mongolie. Le christianisme y est encore très jeune. Cela fait à peine 30 ans qu’on y trouve des chrétiens !

Les Mongols sont un peuple très serviable et hospitalier. Ils ont de la considération pour des étrangers qui respectent leur culture. Et pour cela il suffit d’apprendre quelques mots de leur langue, comme “Bonjour” ou “Merci”. Les personnes âgées font l’objet d’un respect tout particulier.

L’état des routes apprend à prier !

Parfois on reste bloqué dans la rivière
Des ponts effondrés représentent un grand obstacle !

Lors de notre engagement cet été, nous avions prévu de visiter trois des quatre colonies organisées en Mongolie occidentale. Mais en cours de route nous avons dû changer notre itinéraire car nous avons été bloqués dans un fleuve que nous n’avons pu franchir.

Nous sommes reconnaissants à Dieu que notre panne se soit produite non loin de l’une de ces colonies, ce qui nous a permis de chercher de l’aide. Nous avons pu dégager le véhicule embourbé avec l’aide d’une autre voiture. Bien que l’intérieur et le moteur aient été inondés, nous avons pu réparer le véhicule, sécher le moteur et reprendre la route.

Les véhicules pour le transport sont un des plus grands problèmes lors des engagements au loin. Bien des missionnaires sacrifient leur propre voiture. Souvent, celle-ci a déjà beaucoup de kilomètres au compteur. Ainsi Michaïl Troubtchik de Kansk, en Sibérie, a proposé son vieux minibus Toyota pour amener les responsables de groupes de Krasnoïarsk jusqu'en Mongolie. On a beau réviser les véhicules et les mettre en état avant chaque opération, en cours de route il y a pas mal de casse imprévue étant donné le mauvais état des routes. Or, il est pratiquement impossible de réparer la voiture en chemin, quelque part dans la steppe ou dans le désert. Ces circonstances sont devenues pour nous une importante leçon et, après coup, on apprécie d’autant plus la prière et les nombreux intercesseurs chrétiens de l’Ouest.

Lors de notre intervention nous avons été accompagnés par Pavel Barsoukov, le pasteur de l’église de  Krasnoïarsk, en Sibérie, et par Ankha, un frère mongol qui nous a servi d’interprète. Ankha aide Pavel et son équipe dans l’organisation des colonies de vacances, de séminaires bibliques pour nouveaux chrétiens et de formations de chefs de groupes de colonie.

Son aide comme interprète constitue un appui important, parce que désormais beaucoup d’enfants n’apprennent plus le russe comme langue étrangère, mais l’anglais.

Ankha l’interprète

Un crack qui échoue

Ankha nous a raconté comment il a accueilli Christ. Il était un des meilleurs élèves et ses professeurs lui promettaient une brillante carrière. Il était sûr de pouvoir poursuivre des études dans une des meilleures grandes écoles de la capitale. Ce fut un véritable choc pour lui quand on lui annonça qu’il avait échoué à l’examen d’entrée.

Il présenta alors sa candidature dans une grande école de la ville de province de Chovd et y fut admis. Il y étudia quelques années avec succès. Puis, au titre d’un des dix meilleurs étudiants, il participa à une compétition entre les grandes écoles. Il pensait être l’un des meilleurs et ce fut un coup dur pour lui de se retrouver en dernière place !

Une règle de fer

Le fier ego d’Ankha n’a pas supporté cette humiliation. Il se mit à la noyer dans l’alcool. Bien vite, il en buvait de grandes quantités et ne pouvait plus s’en passer.

Un jour, sa sœur l’invita à participer au culte d’une petite église assez éloignée. Après son ivresse, Ankha n’eut vraiment pas envie de suivre sa sœur, mais le devoir d’obéir à plus âgé que soi est une règle inviolable. Il l’a donc accompagnée tout de même. Dans la chaleur qu’il faisait, il n’a pas vraiment compris pourquoi il devait se rendre à un service religieux, mais il y est allé. Sur place, il n’a pas saisi de quoi il en retournait. À plusieurs reprises il a voulu sortir, mais il est resté sur sa chaise et a écouté la prédication jusqu'au bout. Puis on a chanté un cantique.

Soudain Ankha prit conscience de sa dépravation et de sa nature pécheresse et il éclata en sanglots. Il tomba à genoux et demanda à Dieu de lui pardonner ses péchés. Ce fut le moment clé où sa vie a changé. Depuis ce revirement vers Dieu, Ankha sert activement le Seigneur Jésus parmi son peuple mongol.

“La décision a été prise au ciel”

À l’époque, Pavel Barsoukov a commencé un travail pour l’implantation d’une église à Krasnoïarsk, la troisième ville de Sibérie. Lorsque nous lui avons demandé comment il en était venu à organiser des colonies de vacances en Mongolie, il nous a expliqué :

« Cela n’a jamais été ni mon souhait, ni mon intention. Je n’ai jamais pensé à la Mongolie et il y avait bien assez à faire en Sibérie. Mais cette décision avait été prise au ciel et, moi, je n’ai pu m’y opposer ! Un jour, j’ai entendu parler de la grande détresse spirituelle de la Mongolie. Depuis, Dieu ne m’a plus laissé en paix. Finalement, j’ai fait un voyage dans ce pays en compagnie de quelques frères et sœurs. Nous avons trouvé plusieurs petites communautés très dispersées.

Dans ces temps de loisirs les enfants sourient sans soucis.
Que l'on prenne du temps pour jouer avec eux est inhabituel pour ces enfants.
Un trampoline est quelque chose de très spécial pour les enfants mongols.
Pendant la leçon biblique : l'homme ne vit pas de pain seulement mais aussi de chaque parole de Dieu!

Voilà maintenant neuf ans que nous organisons chaque été des colonies de vacances pour les enfants. C’est l’occasion pour eux comme pour leurs parents d’entendre parler du salut par Jésus-Christ, de sa libération de tout lien et de l’espérance vivante pour l’éternité.

Nous projetons d’atteindre toutes les grandes villes de la Mongolie occidentale d’ici à 2020, de façon qu’il y soit régulièrement tenu des colonies de vacances pour les enfants. Jusqu'à présent, c’est surtout dans le secteur de Bayan-Ölgii que nous avons eu des difficultés, parce que la population y est essentiellement musulmane.

Malgré cela, et grâce au soutien des chrétiens d’Allemagne, nous avons pu accueillir cet été 450 enfants dans nos colonies. 75 % d’entre eux viennent de familles non chrétiennes. Beaucoup entendent parler de Jésus-Christ pour la première fois.

Nous constatons avec plaisir que les enfants mongols aiment beaucoup entendre la Parole de Dieu. Les chefs de groupes s’efforcent de proposer chaque année un nouveau programme, et de traduire et d’imprimer quelques textes pour que les enfants puissent les lire eux-mêmes. C’est ce qui rend ces colonies intéressantes et instructives pour les enfants.

Outre l’enseignement biblique, ils font beaucoup de bricolage, ils jouent ensemble et le sport ne manque jamais.

Formation des collaborateurs

Une tâche importante est la tenue de séminaires pour la formation des chrétiens mongols. Ils ont lieu tous les deux mois. L’objectif est d’attirer le plus possible de serviteurs locaux ayant déjà de bonnes connaissances de base. Ils pourront ensuite apporter l’Évangile plus loin, dans l’immensité de la Mongolie et peut-être jusqu'en Chine où vivent aussi quelques 6 millions de Mongols.

Une école pour les jeunes chrétiens

Ces colonies d’enfants en Mongolie sont aussi une bonne école pour de jeunes chrétiens de Russie. Ils acquièrent une précieuse expérience dans le contact avec d’autres cultures et s’exercent dans la transmission de l’Évangile.

« Nous encourageons nos jeunes, nous dit  Pavel, à confesser Jésus-Christ à leur domicile, dans leur voisinage, au travail et dans les écoles. C’est plus facile pour eux quand ils ont déjà aidé dans une colonie de vacances ».

En outre, ils apprennent à vivre au contact de diverses générations, car à la colonie il n’y a pas que des aides jeunes, mais également des chrétiens d’âges et d’origines divers.

Les privations en valent-elles la peine ?

Après les colonies nous avons rassemblé tous les chefs de groupes pour un échange à propos de ce service. Chacun a pu dire ce qui l’a particulièrement frappé et la bénédiction qu’il en a personnellement retirée.

Ce fut encourageant de constater que personne n’a regretté le temps et les moyens consacrés à ce travail. Malgré une pénurie occasionnelle de légumes et de fruits, la gêne causée par les moustiques, les araignées, l’absence de douches, et en dépit des “toilettes en plein air”, tous les participants ont déclaré :

« Cela valait la peine de faire ce long voyage et d’accepter ces privations ! »

Cela nous a rappelé les paroles de l’apôtre Paul en 2Tim 2.10-13 : “C’est pourquoi je supporte tout à cause des élus, afin qu’eux aussi obtiennent le salut qui est en Jésus–Christ, avec la gloire éternelle. Cette parole est certaine : Si nous sommes morts avec lui, nous vivrons aussi avec lui ; si nous persévérons, nous régnerons aussi avec lui ; si nous le renions, lui aussi nous reniera ; si nous sommes infidèles, il demeure fidèle, car il ne peut se renier lui-même.”

D’autres actions sont prévues

C’est chaque année une vraie gageure de trouver des bâtiments adéquats, mais jusqu'à présent Dieu nous a toujours donné la possibilité de louer quelque chose, quelques yourtes (des tentes en feutre) ou encore d’anciens camps de pionniers. Veuillez prier pour que nous trouvions les fonds nécessaires pour les colonies de l’an prochain !

Mais priez aussi tout spécialement pour l’action imminente de Noël. On va préparer des petits paquets pour les enfants dans le cadre de l’action « Un Noël pour CHAQUE enfant », ainsi que des paquets de vivres « De cœur à cœur » pour ceux qui sont particulièrement pauvres.

La Mongolie a besoin de Christ

« Chaque opération nous rappelle combien les Mongols ont un urgent besoin de Christ », nous dit  Pavel. Nous avons pu nous rendre compte par nous-mêmes de cette nécessité. À chaque endroit, pour chaque question et dans chaque difficulté, les gens se tournent vers les chamanes et, par leurs offrandes, cherchent à obtenir les grâces de Bouddha. Ils sont dépités de n’en recevoir aucune aide. Mais, comme ils ne connaissent pas le chemin de la vie, demain ils vont retourner vers leurs dieux morts.

Beaucoup d’hommes sont dépendants de l’alcool ou des jeux. J’ai vu des billards autour desquels des gens parient et jouent leurs derniers centimes, même sur la place du marché. Ces lieux ne sont jamais déserts, été comme hiver les gens y sont entraînés par leur addiction.

Jésus est plus fort

Nous sommes reconnaissants à Dieu de ce que les ténèbres spirituelles ne sont pas toutes-puissantes : parmi ce peuple, Jésus-Christ sauve des personnes de leurs péchés. À la croix de Jésus ils trouvent la liberté.

L’objectif de Pavel Barsoukov est clair : « C’est notre mission d’expliquer à un maximum d’enfants le message salvateur de Jésus. La jeune génération doit comprendre ce qu’est le péché aux yeux de Dieu. Et pour cela il faut qu’elle connaisse sa Parole. »

L’un des groupes de colons

Souvent, dans les villes, nous avons rencontré des jeunes qui nous ont salués et disant : « J’ai été chez vous à la colonie chrétienne ». Cela nous donne l’espoir que la Parole de Dieu transformera cette génération, et que parmi le peuple mongol une semence est jetée qui portera un fruit éternel. C’est à cela que nous voulons nous consacrer, pour l’honneur de notre Père céleste. Nous remercions tout un chacun qui s’engage avec nous dans ce service par la prière et par les dons.