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Le "chasseur" au service de l'Evangile en Yakoutie

L’acquisition d’un véhicule tout terrain pour les missionnaires œuvrant dans le Grand Nord était devenue indispensable. La somme nécessaire fut rapidement collectée, et l’achat a pu se faire rapidement chez un concessionnaire à Nishni Novgorod (à plus de 9000 km de là).

Depuis lors, les missionnaires ont réalisé des expéditions dans des territoires yakoutes, très difficiles d’accès, grâce à ce 4x4, appelé le “chasseur”.

Voici quelques nouvelles de ce travail missionnaire :

A Wiljuisk – Onzième ville de Yakoutie

Le but de notre premier et troisième voyage avec “le chasseur” était la ville de Wiljuisk. Elle compte presque 10 000 habitants et se trouve à 680 km de Yakoutsk, la capitale. Dix-huit personnes y ont trouvé la foi grâce à l’action de deux de nos collaboratrices, Pascha et Anna. Nous devions nous y rendre pour les baptiser.

Les deux missionnaires ont aussi œuvré à 15 km de là, dans le village de Sosnovka, où trois femmes se sont converties. Celles-ci se rendent souvent à Wiljuisk à pied pour assister au culte. En hiver, elles doivent affronter tempêtes de neige et froid glacial, alors qu’en été ce sont de fortes pluies et des millions de moustiques. On ne peut qu’admirer le courage que la foi donne à ces femmes, également candidates au baptême.

Quand Dieu veut changer les cœurs, aucun chemin n’est trop difficile ou trop long

Champa est un village à 80 km de Wiljuisk. C’est là que vit Prokopi, le frère de Pascha. Il était profondément enraciné dans le chamanisme, et la foi chrétienne de sa sœur le rendait furieux. Malgré tout, il nous a accueilli chez lui alors que nous étions huit personnes. Tard dans la soirée, son voisin se joignit à nous et nous discutâmes toute la nuit. Le lendemain Prokopi était devenu un autre homme. Son cœur était brûlant pour Jésus et il était triste que nous le quittions.

Peter, un autre Yakoute, fut très enthousiaste à l’écoute de la Bonne Nouvelle. Il y a quelques années, il était le plus important éleveur de bétail de sa région. Mais, après l’effondrement économique, il est devenu alcoolique. Il a perdu tout ce qu’il possédait. Aujourd’hui il est chômeur.

Peter fit en sorte de nous permettre de prêcher l’Evangile dans la salle municipale (foyer culturel) du village. Les auditeurs furent peu nombreux, mais deux femmes ainsi que Peter se sont convertis. Louons le Seigneur !

Le plus intéressant dans ce voyage, fut la rencontre avec des gens, de tous âges et de toutes conditions, qui n’avaient jamais entendu parler de l’Evangile. Lors de notre périple nous avons également visité de petites communautés où nos frères et sœurs en Christ avaient besoin de consolation et d’encouragement.

De plus en plus, les Yakoutes annoncent la Parole dans leur langue. Ainsi les erreurs sont mieux écartées.

Il n’avait pas plu depuis longtemps. Durant l’été, le soleil du Grand Nord reste longtemps au zénith, aussi les premières couches de terre sèchent-elles rapidement. Les villageois nous firent part de leur crainte de mauvaises récoltes.

Nous nous mîmes à prier pour qu’il pleuve, et Dieu exauça abondamment notre prière. La pluie nous a accompagnés durant tout notre voyage du retour. Elle transformait toutes les routes en bourbiers. Là encore, nous eûmes l’occasion de tester notre “chasseur” dans des conditions extrêmes.

Conduire les enfants à Jésus… en dépit des souffrances

Le missionnaire Michaïl Philipenko était responsable d’une mission avec le “chasseur” lors des vacances scolaires dans la colonie de Namzy. Mais peu après le démarrage des activités, sa fille aînée, Dascha, âgée de 16 ans, mourut tragiquement.

Ce ne fut pas facile d’annoncer à son père la dramatique nouvelle. Nous étions partis en camion pour relever Michaïl dans son service et lui permettre d’assister aux obsèques de sa fille. Après 390 km de route, notre camion s’arrêta, mais dix minutes plus tard, arrivait le “chasseur” conduit par Michaïl. Nous avons alors prié ensemble et consolé notre frère par la Parole de Dieu, puis nous avons échangé nos véhicules avant de poursuivre la route jusqu’à Namzy.

A notre arrivée, les enfants impatients se réjouirent bruyamment. Ils ont beaucoup appris durant leurs huit jours de vacances. Certains parmi eux se sont convertis. Alors que nous les reconduisions chez eux, ils chantaient en russe et en yakoute des cantiques à Jésus et à la rédemption, alors qu’une semaine plus tôt ils ne connaissaient que des chansons du monde.

Baptêmes à Kempendjai

Notre route se poursuivit sur 400 km, de Namzy à Kempendjai, où sept jeunes convertis, attendaient d’être baptisés.

Pour le parcours, il fallait franchir six fleuves. Cela représentait beaucoup d’attente et, parfois, des frais importants, mais notre “chasseur” répondait à tous nos problèmes !

La communion avec les chrétiens de Kempendjai était chaleureuse et la rencontre se prolongea jusque tard dans la nuit. Les baptêmes, la Sainte Cène et les agapes eurent lieu en pleine nature. Un voyage de près de 1000 km nous attendait pour le retour.

Direction : le nord-ouest

En septembre, nous sommes repartis avec "le chasseur" à Chandyga (450 km de Yakoutsk). Après plusieurs jours de pluie, l’état des routes était catastrophique, mais notre “chasseur” est passé partout sans encombre.

La communion avec l’église de Chandyga fut pour tous une grande joie, car les visiteurs y sont rares.

Nous avons demandé au Seigneur de nous permettre de rencontrer des gens qui ne le connaissaient pas. Et Dieu nous offrit l’opportunité de passer trois jours dans un camp de nomades, éleveurs de rennes. Le besoin de vodka de ces jeunes Ewenks est parfois si grand, qu’ils sont prêts à vendre un renne pour quelques bouteilles. Ivres, ils n’ont plus aucune retenue. Ils sont comme déchaînés et se battent.

Kescha et Wolodja, deux jeunes hommes, nous ont vraiment fait de la peine. Nous avons discuté avec eux à plusieurs reprises et leur avons offert à chacun un Nouveau Testament. L’Etat et les institutions sont incapables d’améliorer leurs tristes conditions de vie.

Il y avait aussi Darja, une vieille dame éwenke âgée de 69 ans. Elle leur prépare les repas, même par moins 60°C. En discutant, nous avons compris qu’ils avaient des notions de paradis, d’enfer, de bien, de mal et de péché, mais qu’ils ne connaissaient pas Jésus, le Sauveur.

Concernant l’état du “chasseur”

Actuellement, notre “chasseur” est en révision en vue d’affronter un nouvel hiver long et glacial. Les garanties offertes par la qualité “russe” sont bien insuffisantes. Les soudures ne tiennent pas. Certains écrous se desserrent et d’importants bruits de moteur imposent une révision complète.

En dépit de toutes ces difficultés, nous sommes très reconnaissants au Seigneur et à vous, chers amis de la mission. Actuellement, nous ne disposons pas de meilleur véhicule tout-terrain que notre “chasseur”. Même lorsque, par deux fois, le véhicule était embourbé jusqu’aux essieux, nous avons pu nous dégager en attachant la longue corde de notre treuil de halage à un arbre.

Si le Seigneur le veut, nous ferons encore bien d’autres voyages missionnaires à l’avenir ! Priez pour nous, s’il vous plaît.

Agit Pavlov (Namzy – Yakoutie)