donnez-leur vous-mêmes à manger

Un jugement remarquable

Depuis des années les conditions des chrétiens qui veulent être de fidèles témoins de leur foi en Ouzbékistan sont l’objet de persécutions sévères de la part de l’Etat (voir bulletins n°94 et 96). En particulier, Salavat Serikbayev, 32 ans, et Makset Djabbarbergenov, 26 ans, ont eu de graves problèmes avec la justice. Voici le témoignage de Makset qui ressemble en bien des points à l’expérience de l’apôtre Paul devant le tribunal d’Agrippa et de Festus, en Actes 26.

“… l’église ne cessait d’adresser pour lui des prières à Dieu.” (Ac 12.5)

Les questions du juge tonnent, menaçantes et impitoyables aux oreilles de Makset : « Qu’est-ce qui t’a poussé à devenir chrétien ? Pourquoi as-tu osé abandonner la foi de tes pères (l’islam) ? Pour combien d’argent t’a-t-on acheté ? Qu’en est-il de ta participation aux actes de terrorisme dans notre pays ? »

Le juge, assis entre les deux jurés à une longue table installée sur le podium, a une expression effrayante. Cependant l’accusé Makset ressent soudain une profonde paix dans son cœur. Un rapide coup d’œil sur la salle d’audience lui permet de constater dans le regard des personnes présentes plus de blâme et de curiosité que de compassion.

Mais, en ce moment, cela non plus ne le dérange pas. Même, les nombreuses questions du juge le réjouissent justement parce qu’elles lui donnent l’occasion de rendre témoignage de sa foi :

« J’ai vécu une enfance difficile. A l’âge de 12 ans j’ai appris, fortuitement, que j’étais un étranger dans la famille indigente de six enfants qui m’avait recueilli, et que ma mère m’avait rejeté. Seulement le premier mois elle avait payé une petite pension, puis elle s’était désintéressée de moi.

Depuis, je me sentais solitaire et abandonné. Chaque soir je m’endormais profondément malheureux. Parfois j’ai tenté de me tuer en m’électrocutant ou en sautant du toit. Je pensais à me pendre. Puis, j’ai cherché à refouler mon chagrin par l’étude du Coran. Je suis devenu le disciple le plus réussi du mollah.

Cependant, rien n’y faisait. La conduite de ma mère qui m’avait livré à un destin si misérable me pesait très lourd, au point que j’avais juré la tuer dès que je serais assez âgé pour le faire.

A l’âge de vingt ans, je me suis subitement trouvé devant un autre problème énorme. Mon amie Aigul était enceinte et je la harcelais pour qu’elle avorte, mais Aigul refusait. Aussi, dans ma situation sans issue, j’ai été heureux lorsqu’un jeune inconnu (Gabit) m’a abordé.

Gabit, voulait me persuader qu’avorter est un crime, que je ne devais pas haïr ma mère mais lui pardonner, et que Dieu pouvait changer ma vie en m’accordant le pardon de mes péchés. Il m’était difficile d’admettre tout cela. Nous devions nous revoir à un autre moment.

Dès ce jour, j’ai commencé à lire l’Evangile avec Aigul. Bientôt, nous nous sommes convertis à Jésus et nous nous sommes mariés. Nous avons deux garçons. L’aîné n’a pas été tué – avorté – parce que Dieu a transformé nos cœurs.

Dès lors, j’ai comparé les enseignements du Coran avec ceux de l’Evangile. C’est ce dernier qui m’a montré le chemin du salut et de l’amour. Savez-vous ce que j’ai fait à ma mère infidèle ? Je l’ai recherchée pendant huit années, convaincu que j’allais la tuer comme elle le méritait. Je l’ai retrouvée peu après ma conversion. Enfin le moment tant attendu était arrivé. En tant que musulman j’aurais dû accomplir mon serment., mais l’Evangile m’a appris que je devais lui pardonner. Aujourd’hui, j’ai de bonnes relations avec elle, et je prie pour elle.

Je ne sais toujours pas où est mon père, mais lorsque je le rencontrerai, je lui dirai que je l’aime et que je lui pardonne. »

Les personnes présentes dans la salle d’audience sont maintenant très touchées. Même le juge semble avoir oublié sa sévérité initiale. Makset ajoute :

« Depuis que j’ai été transformé par l’Evangile, je ne fume plus et je ne bois plus d’alcool. Je ne connais plus la haine et ne souhaite que du bien à tous. Egalement à vous, Monsieur le Juge, je vous souhaite, quelle que soit votre décision de justice, le bonheur et la bénédiction de Dieu, comme c’est écrit dans l’Evangile. Je suis accusé d’un crime que je n’ai pas commis, car au moment de l’attentat j’étais à un autre endroit. Voici mon passeport qui en atteste. »

Le juge feuilletant le passeport, déstabilisé, lui répond : « Par conséquent l’acte d’accusation contre toi se trouve être une calomnie ? » Il ferme son classeur et, écrivant quelque chose en gros caractères sur sa couverture, ajoute : « Mes respects ! Voici ton passeport ; tu peux rentrer chez toi ! »

Mission ‘Friedensbote’ (Le Messager de la Paix), bulletin n°2/2007

Makset est resté fidèle à sa foi et actif pour l’Evangile à Nukus. Cependant, régulièrement, de nouveaux orages grondent dans son ciel et dans celui de ses frères en Christ à cause de leur foi.