Expériences d’un évangéliste au Turkménistan
Après de nombreux problèmes, le prédicateur Viatcheslav Kalatajevsky, marié à Valentina et père de 7 enfants est condamné pour sa foi à trois ans de prison. en mai 2007, par le gouvernement turkmène, Libéré par anticipation fin 2007, il est expulsé du pays. La situation de leur fille aînée, de son mari et de 2 petits-enfants , retenus au Turkménistan, est des plus préoccupante. Rencontré en Ukraine par Louis et Marie-Thérèse Pelzer, en juillet 2008, accompagné de Natacha Svyatuk leur interprète, il raconte :
Je suis ingénieur en construction hydraulique, et ma femme a étudié la comptabilité. Issus tous les deux de familles athées, nous avons trouvé la foi en 1993 en Ukraine, lors d’une campagne d’évangélisation.
J’ai occupé diverses activités dans mon église jusqu’en 1998, lorsque Dieu a éveillé en moi le besoin de prêcher l’Evangile dans mon pays d’origine, le Turkménistan.
Après bien des prières j’ai eu la confirmation de l’appel. Les responsables de l’église ainsi que ma famille sont parvenus à la même conclusion.
En 1999, nous avons vendu notre maison en Ukraine pour nous installer au Turkménistan, une terre de l’islam. Là, j’ai pu assurer mon ministère de prédicateur dans quelques églises de maison, presque sans problèmes.
Puis est survenue la persécution des chrétiens. Quiconque fréquentait simplement un lieu de culte était soumis à une totale surveillance de la part de la KNB (sécurité d’Etat). En 2000, cinq familles de croyants ont été expulsées du pays. Un chrétien turkmène, S. Atakov a été arrêté et condamné.
L’année suivante, je suis arrêté à mon tour par la KNB. Mon certificat de séjour est déclaré non valable et, par une nuit noire, je suis conduit illégalement au Kazakhstan voisin.
Après bien des prières avec d’autres chrétiens, j’ai décidé de revenir chez les miens pour poursuivre mon ministère de la parole, espérant toujours que la persécution prendrait bientôt fin.
Ma courageuse épouse – maman de sept enfants – faisait inlassablement appel aux autorités du pays, aussi bien qu’à des instances internationales des droits de l’homme. Beaucoup de chrétiens priaient pour moi.
A l’automne 2006, le président Niyasov meurt, laissant l’espoir d’un changement. Un agent de haut rang de la ville de Krasnovodsk dit à ma femme que, dans mon cas, justice pourrait m’être faite, nous devons nous rendre à la mairie pour un entretien.
Le 12 mars 2007, un représentant du maire s’adresse à nous amicalement, nous laissant l’espoir d’une fin heureuse après tant d’années de souffrances… en même temps il avait sournoisement averti la KNB de mon retour. Je suis de nouveau arrêté et conduit ailleurs. Ma femme ma cherché vainement durant des heures dans les divers services.
Le 14 mai, je suis condamné à trois ans de prison en tant que malfaiteur extrêmement dangereux et transféré dans un camp de travail dans le désert, près de la ville de Tchardjoou.
Là, il m’est sévèrement défendu de parler de ma foi à mes compagnons de captivité. Mais le Seigneur m’a donné la force de leur dire clairement que je ne peux pas me taire et que je ne me tairai pas.
Ma femme réussit de me passer un Nouveau Testament que j’ai pu garder jusqu’à ma libération. J’ai aussi pu le lire avec de nombreux co-détenus. C’est à Dieu, et à nombre de chrétiens qui ont prié pour moi, que je dois d’avoir été traité de manière assez supportable par les gardiens.
La traditionnelle grâce gouvernementale a été promulguée, en octobre 2007, suite au “saint mois du Ramadan”. Près de 9000 condamnés à des peines légères ont bénéficié d’une remise de peine. La main sur le Coran, ils devaient jurer ne plus jamais recommencer.
Quant à moi, je ne comptais pas sur une remise en liberté, mais, à ma grande surprise, j’ai été “gracié” ! Je n’ai cependant été libéré qu’un mois plus tard.
Dès la semaine suivante, je suis convoqué devant une haute commission. Après de nouvelles menaces on me soumet un engagement écrit que je dois signer par lequel je promets de renoncer à toute activité chrétienne.
Comme cela m’est impossible, je reçois l’ordre de quitter le pays dans les dix jours.
Depuis décembre 2007, je me retrouve donc en Ukraine, sans domicile privé, ni source de revenu.
Une partie de ma famille est toujours au Turkménistan. Notre maison y avait été démolie quatre années auparavant, sous prétexte qu’il fallait de la place pour un bloc d’habitation – qui n’a jamais été construit… En compensation, les miens ont obtenu un appartement mais sans déclaration officielle, de sorte qu’ils n’ont pas de droit de résidence au pays.
Pour ramener ma famille en Ukraine je n’en ai ni les moyens, ni encore de logement adapté.
Je sais qu’à Dieu tout est possible. Il peut même provoquer un retournement de la situation au Turkménistan, auquel cas j’y retournerais volontiers pour y poursuivre la proclamation de l’Evangile.
Ma demande à vous, chers amis de la mission : priez avec nous et pour nous, afin que nous discernions la volonté de Dieu à notre égard.
Viatscheslav Katalajevsky