De la dépendance des démons à la lumière de l’Évangile
Le Touva, champ missionnaire en Asie Centrale
La république du Touva est située dans l'un des recoins les plus éloignés de la Confédération russe (CEI). La seule route qui y mène passe par le sud de la région de Krasnoïarsk et traverse les montagnes Saïan, encore couvertes de neige en juin. Il n'existe pas de train. À partir de Krasnoïarsk (dans le sud de la Sibérie centrale), il n'y a que deux ou trois vols hebdomadaires vers Kysyl, la capitale.
La confusion spirituelle
La première religion des Touvain était le chamanisme. Au XIIIe siècle s'y ajouta le bouddhisme qui surpassa largement le chamanisme, mais ne put le supplanter. Au XVIIIe siècle, les deux croyances furent reconnues comme religions d'État.
L'actuel président invite aussi bien les lamas (prêtres bouddhistes) que les chamanes dans sa résidence où ils célèbrent leurs cérémonies les uns après les autres.
D'après les dires des lamas, 90% des Touvains se déclarent bouddhistes. Mais il leur est permis de solliciter l'aide des chamanes, car il n'y a pas de contradiction dogmatique entre les deux religions.
En 1911, le Touva comptait environ 4000 lamas bouddhistes, soit presque 10% de la population masculine de l'époque.
Depuis le tournant des années 90, les intellectuels du pays sont de nouveau persuadés que l'idéologie bouddhiste est indispensable à la renaissance de l'unité nationale.
En 1990 fut fondée la première communauté bouddhiste. Un an plus tard déjà, les premiers temples étaient construits. Actuellement, le pays compte neuf temples et six autres maisons de prières bouddhistes. L'État finance ces constructions.
Inutile de parler de l'au-delà à la population ; elle y croit de toute façon. Mais elle vit dans la crainte continuelle des démons.
En général, la confusion spirituelle est immense. Rendus conscients de leur état de péché, les gens ne connaissent pas le chemin de la délivrance.
La valeur d'une seule personne
Jésus est venu pour anéantir les œuvres des ténèbres. La petite assemblée de Kysyl, qui s'est formée grâce au travail missionnaire de Dimitri Chmygalev, se donne beaucoup de peine pour propager l'Évangile. Malgré de très grandes difficultés, les chrétiens témoignent jusque dans des villages reculés. Quelques personnes ont trouvé la foi.
Il y a 5 ans, Liudmila, de la ville de Yrban, est venue à une foi vivante en Jésus-Christ. Elle est toujours la seule chrétienne de ce lieu éloigné de 270 km de Kysyl.
Notre collaborateur Jakob Janzen, a fait partie d’un groupe qui s’est rendu à Yrban fin mars 2009. Voici son récit :
Le trajet long et dangereux passait par un col de montagne. Comme moyen de transport, nous disposions d’un vieux UAS russe (un véhicule qui ressemble à un ancien minibus VW).
La dynamo étant tombée subitement en panne, le départ a été retardé. À la tombée de la nuit, nous sommes partis en direction du col. La route très étroite était recouverte d'une couche de 20 à 40 cm de neige tassée. Les véhicules ne pouvaient se croiser qu'à certains endroits. Souvent on arrivait à la hauteur d'une voiture sortie de la route, désespérément bloquée. Heureusement que dans cette contrée il existe une loi, non écrite, obligeant les automobilistes à secourir les voitures immobilisées.
Et voilà que notre véhicule a également quitté la route, se bloquant dans un fossé ! Les boulons maintenant l’assemblage de l'essieu arrière n'ont pas résisté au choc contre une pierre. L'essieu s'est séparé en deux… puis les deux parties se sont de nouveau jointes. C'était une intervention de Dieu ! Dans le village où nos sommes parvenus bientôt après, nous avons pu acheter de quoi remplacer les boulons défectueux. Mais maintenant, voilà que les freins ne fonctionnaient plus…
Le voyage ne put se poursuivre qu’en fin d'après-midi pour arriver à Yrban vers 21h. On nous y attendait depuis longtemps !
Grande fut la joie du revoir ! Liudmila n'a pas souvent des visites. Mais la fatigue du voyage nous a ôté toute capacité à jouir de la communion fraternelle.
Le lendemain, Liudmila avait beaucoup de travail avec les vaches. Notre voiture aussi devait subir une bonne révision mécanique en vue du retour. Ainsi, la visite se transformait en épreuve de patience pour tous ! Il tardait à Liudmila de vivre enfin une bonne communion fraternelle. Toute l'année, elle ne dispose que de cassettes et de livres. Ce n’est que tard dans la soirée que nous avons enfin pu célébrer notre culte.
Quatre jours plus tard, nous étions de retour, sans dommage, bien que la voiture soit restée bloquée dans la neige à plusieurs reprises. En fin de soirée, avec d'autres frères et sœurs de Kysyl, nous avons pu remercier le Seigneur pour l’heureuse conclusion du voyage !
Peut-être vous demandez-vous pourquoi un si long récit d'un seul voyage ? La réponse est simple : pour que nous ayons un petit aperçu de la vie quotidienne de nos missionnaires. Que d'engagements avant de voir naître un groupe chrétien dans un village isolé !
Le mari de Liudmila n'est pas encore prêt à suivre le Seigneur, mais nous espérons sa conversion. Un de leurs fils a plusieurs fois regretté ses péchés, mais il retombe toujours dans l'alcoolisme. Prions pour que bientôt il connaisse le soutien d'une bonne assemblée. Prions aussi pour Liudmila, ainsi que pour tout le travail missionnaire dans cette petite république du Touva.
La FriedensBote