“Souvenez-vous de vos conducteurs qui vous ont annoncé la Parole de Dieu ; …
imitez leur foi”
Hébreux 13.7
Mikhaïl Korev, serviteur de l’Évangile
Le 3 mai 2012, l’un des chrétiens les plus connus lors de la dernière persécution en ex-URSS a rejoint la maison du Père, à l’âge de 80 ans.
Suivre un exemple courageux
Souvenirs:
C’était en 1979, à Saint-Pétersbourg (Léningrad à l’époque). La question que m’a posée le frère Mikhaïl Korev était simple :
« Frère, nous avons besoin d’un traducteur. Parles-tu l’allemand ? »
À ce moment-là, je vivais encore en Union Soviétique. Ayant acquiescé à sa demande, il poursuivit : « Mais c’est dangereux. Es-tu prêt à aller en prison pour cela ? »
Un peu hésitant, je dis que le Seigneur me donnerait cer-tainement la force et le courage nécessai-res pour cela. Alors le frère Korev me dit :
« Rentre chez toi, prends congé de ta famille, mais ne parles à personne de ta mission, ni de ses dangers. Puis rends-toi à cette adresse… »
C’est ainsi que j’ai eu la charge de réceptionner de gros camions provenant de l’étranger dont le chargement clandestin consistait en 30 à 40 mille Bibles et autres livres chrétiens.
Il est remarquable que, pas plus que d’autres collaborateurs, je n’ai eu de difficulté à dire oui pour ce “travail” illégal de transport de Bibles et de matériel d’imprimerie clandestin, si risqué, même après la claire allusion à un éventuel “salaire” sous forme d’empri-sonnement et de privations. Nous voyions dans le frère Korev un bon exemple de consé-cration au ministère. Il ne s’est pas mis à l’abri quand il s’agis-sait du dangereux travail de la proclamation de l’Évangile, mais il en a assuré la direction.
(Edouard Ewert)
Rendez-vous devant le trône blanc
Mikhaïl Korev a été imprégné par l’exemple de son père. Il avait 7 ans quand son père fit, au cours d’un culte de famille, la proposition : « Mes enfants, organisons un rendez-vous au ciel ! Venez tous auprès du trône blanc. Moi-même j’y serai aussi, et c’est là que nous nous retrouverons ! »
Peu après, le père fut arrêté et il mourut en martyr dans une prison soviétique.
La prison plutôt que l’émigration
Le frère Mikhaïl Korev a consacré sa vie à Jésus-Christ à l’âge de 18 ans. Il a été un chrétien ardent et a assumé diverses responsabilités dans les églises baptistes persécutées.
Sa première détention, en 1966, a duré deux ans et demi. Seulement après une année de liberté, s’est ajoutée une seconde captivité, celle-ci de trois ans.
En 1973, le KGB a proposé un choix à Mikhaïl Korev : « Nous avons assez d’éléments pour vous emprisonner une troisième fois. Mais nous ne voulons pas attirer de cette manière l’attention de l’Occident. C’est pourquoi nous vous proposons de quitter le pays volontairement avec toute votre famille. Vous pouvez choisir. »
Mikhaïl répondit : « Je choisis la prison, car mon ministère est en Russie. »
Sept années de service intense s’écoulèrent avant une nouvelle arrestation. Durant cette période, Mikhaïl était aussi responsable de la réception de beaucoup de transports clandestins, que les collaborateurs de notre Mission envoyaient en URSS. Il s’agissait de fournir les éditions “Christianin” en encres et plaques d’imprimerie, et d’acheminer des centaines de milliers de Bibles et d’autres livres chrétiens. La “marchandise” était distribuée à des centaines d’églises, à travers toute l’URSS.
En 1980, Mikhaïl Korev fut condamné à cinq ans de détention. En particulier à cause de son article, “La sainte désobéissance”, dans lequel il précisait la vraie position des croyants vis-à-vis des exigences de l’État athée.
Le dernier jour de cette détention de cinq ans, il a été condamné à deux années supplémentaires. Quiconque n’a pas traversé une telle épreuve, ne peut pas se représenter ce que cela signifie…
Mikhaïl formula alors cette prière : « Seigneur, si ma détention te glorifie plus que ma liberté, alors je ne veux pas la liberté. Si ma mort te glorifie plus que ma vie, alors je ne veux plus vivre ! »
La cellule de torture “Afrikanka”
Dans la prison, la cellule de torture “Afrikanka” était considérée comme une punition particulièrement sévère. La température y était de 3 à 5°C. Le prisonnier ne pouvait pas s’y réchauffer en bougeant, car des équerres métalliques tranchantes dépassaient du sol, entre lesquelles il pouvait difficilement poser ses pieds. Aucune possibilité de s’asseoir ou de s’étendre tout au long de la journée ! Au bout d’un certain temps, les détenus, à bout de forces ou inconscients, tombaient sur ces lames. Après deux ou trois jours, tout le corps du détenu devenait noir à cause des nombreuses blessures et hémorragies.
Mikhaïl Korev a passé 25 jours et 25 nuits dans cette cellule. Dieu lui a donné la force de rester ferme. Mais dans ses prières, il n’arrivait même plus à se souvenir des prénoms de ses enfants ! Jusqu’à sa mort, il a gardé sur son corps les traces de ces journées.
Mais la Parole de Dieu n’est pas enchaînée
En 1990, après les changements politiques dans le pays, Mikhaïl Korev a distribué 600 Bibles en russe et en roumain au Parlement moldave. Puis, il s’est adressé aux députés depuis la tribune : « Dieu est témoin que nous avons fait tout notre possible pour répandre la Parole de Dieu en Moldavie. »
Levant sa Bible, il termina son discours par ces mots :
“En vérité, pour la Parole de Dieu, il n’existe pas de chaînes” 2 Tim 2.9 (traduction russe)
La FriedensBote