donnez-leur vous-mêmes à manger

Dans la nuit du 7 au 8 juin 2011, le bâtiment de la jeune église de Chandyga (une petite ville de sous-préfecture yakoute, dans le Grand Nord) a été en grande partie détruit par un incendie criminel. Mais les chrétiens ne se sont pas laissés aller au découragement. De plus, des amis de notre mission ont eu à cœur d’apporter leur aide. Voici la lettre de remerciement de l’église de Chandyga :

À proximité du point le plus froid de la terre

Chandyga fut construite par des détenus en 1941 au bord de l’un des plus puissants fleuves de Sibérie septentrionale, l’Aldan (qui s’étire sur 2273 km), à 445 km au nord de la capitale Yakoutsk. Des milliers de prisonniers (parmi eux figuraient beaucoup de victimes innocentes du régime stalinien) y furent amenés dans de grands remorqueurs. Puis, il fallait poursuivre à pied. De nombreux détenus sont morts suite aux conditions de vie inhumaines et de travail extrêmes.

Oïmjakon, où des températures record (-72,2°C) ont été enregistrées, et point le plus froid du globe, n’est située qu’à 400 km au nord de Chandyga. En novembre, nous avons déjà beaucoup de neige et la température descend jusqu’à -40°C. Et, l’été, il peut faire jusqu’à 40°C, car le soleil brille 24 heures d’affilée. C’est pour cela que même les pommes de terre réussissent, tandis que dans les forêts champignons et airelles foisonnent.

La prière d’une mère au départ d’un réveil

Le jeune Dimitri Dikarev menait à Chandyga une vie mouvementée et dissolue. Sa mère priait pour lui sans se décourager, mais Dimitri ne se convertit qu’après la mort de celle-ci.

Plein d’énergie et de consécration, il se voua à sa nouvelle foi. Ses anciens amis le trompèrent et l’abandonnèrent. Mais rien n’arrêtait Dimitri, tant son cœur brûlait pour Jésus.

Avec l’argent qui lui restait, il acheta une vieille petite maison qui n’avait ni eau courante, ni chauffage central. En 1990, cette maison est devenue le lieu de naissance de l’église et elle a été utilisée durant dix ans.

De plus en plus de personnes s’empressaient de venir dans la petite maison pour lire la Bible et prier en commun. Dès l’année suivante, de nombreux convertis furent baptisés dans l’Aldan. Toute la localité (7500 habitants) parlait alors de cet extraordinaire événement. Les chrétiens brûlaient de leur “premier amour” pour le Seigneur. Un jour, les baptêmes ont même eu lieu par des températures négatives, en automne, parce que les jeunes gens ne voulaient pas attendre l’été suivant.

Dès le début, l’église avait l’esprit missionnaire et le travail s’étendait. Elle envoya des missionnaires dans d’autres localités où naquirent des groupes de maison et des églises. Dimitri déménagea avec sa famille dans un autre lieu ; là aussi, une église vit le jour.

Les chrétiens de Chandyga aidaient volontiers les nouveaux groupes aux plans spirituel et matériel. Récemment, ils ont même commencé un modeste cours par correspondance. Ils accordent beaucoup de temps aux enfants. Dans leurs colonies de vacances, des enfants issus de familles déchirées ont pu découvrir la paix dans l’amour de Jésus, et manger à leur faim.

Au bout de dix ans, la municipalité mit à leur disposition une partie d’un baraquement du jardin d’enfants communal. Mais l’église ne disposait malheureusement d’aucune parcelle de terrain à proximité. Or, les opposants à cette belle œuvre chrétienne se scandalisaient quand les enfants chantaient ou jouaient à l’extérieur de la baraque.

Incendie criminel - Un coup...?

C’est ainsi qu’en juin 2011, un inconnu a incendié le bâtiment de notre église pendant la nuit. Ce fut pour nous un coup très dur. Dans la salle, tout était entièrement calciné ou brûlé. Le feu et l’eau avaient détruit toute l’installation pour le travail parmi les enfants, ainsi qu’une grande quantité de littérature chrétienne. Des équipements précieux avaient aussi été emportés. Notre église était à la rue. Nous ne savions que faire, n’ayant pas l’argent nécessaire à la rénovation.

... ou bénédiction ?

Mais nous avions confiance en Dieu, qui a dit : « Je ne te délaisserai point, je ne t’abandonnerai point » (Josué 1.5). Par ce triste évènement, Dieu nous a rapprochés les uns des autres et Il nous a appris que nous ne sommes pas seuls dans notre détresse.

Beaucoup de chrétiens ont compati à notre malheur, si bien que, dès 2011, nous avons pu acheter un terrain avec un bâtiment de 7m sur 8 dont le gros-œuvre était déjà achevé. Il y avait aussi les matériaux nécessaires à la construction d’un garage avec chauffage, ce qui est très important avec nos températures hivernales !

Les frères se sont immédiatement mis à l’ouvrage. Plusieurs tonnes de remblai ont aussi été apportées sur le terrain, et nous avons clôturé celui-ci. Une extension comprenant des toilettes et un vestiaire est également achevée.

Bien que la fin des travaux ne soit pas encore en vue, les cultes ont déjà lieu dans la maison depuis l’été 2012.

En octobre, l’école du dimanche a pu reprendre “à plein régime”. Mais c’est là que les équipements incendiés nous manquent beaucoup.

Le travail missionnaire, perspectives d’avenir et remerciements

Avant l’incendie, tout au long de l’année, nous visitions les petites églises et les groupes de maison de notre région : à Keskil, à Tephyj, à Klyutch, à Topolinnoïe, à Krest-Chaldchaï, à Legino et en d’autres endroits (les plus éloignés sont à 300 km de chez nous !). Là, habitent des Yakoutes et des Évènes (une toute petite ethnie) devenus chrétiens.

Le chemin qui mène vers eux franchit des cols dangereux. Certains endroits ne peuvent être atteints qu’en été, par bateau. D’autres uniquement en roulant sur les fleuves gelés, en hiver. Dans toutes ces localités, nous organisions des camps bénis pour enfants.

Malheureusement notre véhicule tout-terrain est actuellement hors d’usage. Pour le moment, le temps nous manque pour entreprendre la grosse réparation de ce vieux modèle russe. Mais dès que nous aurons achevé les travaux sur le bâtiment de l’église, nous comptons reprendre intensivement les services pour l’Évangile dans la région.

Nous désirons de tout cœur remercier tous les frères et sœurs qui ont pris part à notre détresse. L’Aldan, notre fleuve si puissant et majestueux, est né de la confluence de très nombreuses petites rivières. C’est aussi à cela que ressemble votre aide. Notre nouvelle expérience sur le “chemin étroit” nous prouve, à nous et à bien d’autres, qu’il n’y a pas de raison de se décourager. Que le Seigneur rende à chacun, pour son soutien, selon la richesse de Sa grâce !

Eduard Sevrjuk, Venjamin et Irina Kopylov
et d’autres membres de l’église de Chandyga