Le témoignage d’Olga Troubtchik
Dieu a placé Olga comme aide aux côtés de son mari, l’un des missionnaires les plus bénis dans le nord-est de la Sibérie. Tandis que Michaïl (prononcer Micaïl) remplit ses nombreuses missions, Olga accomplit toutes ses tâches auprès de ses six enfants encore petits. Elle porte aussi dans la prière, avec son époux toutes les difficultés du service missionnaire.
Le chemin qui a conduit Olga à la foi n’a guère été aisé, vu l’arrière-plan athée de ses parents. Voici son témoignage.
Je suis née le 18 décembre 1977 à Batagaï, une ville du nord-est de la Yakoutie, qui compte près de 10 000 habitants – à une quarantaine de kilomètres de Verkhoïansk. C’est l’une des deux régions les plus froides de la terre habitée. Le jour de ma naissance, le thermomètre indiquait un froid extrême : -64°C ! C’était durant la nuit polaire. Seulement cinq semaines plus tard on a pu apercevoir, pendant un court moment, un petit rayon de soleil…
Par contre, l’été, le soleil ne se couche jamais durant deux mois et demi. La température extérieure atteint parfois plus de 35°C. Les gens ne différencient le jour de la nuit que s’ils sont liés à des horaires d’école ou de travail.
En grandissant, mes camarades et moi, nous nous sommes beaucoup interrogées sur le sens de la vie. Hélas, personne ne pouvait nous donner de réponse satisfaisante. Et comme nos professeurs nous disaient que Dieu n’existe pas et que la vie humaine s’éteint avec la mort, il restait un grand vide dans mon cœur.
Dans les livres de la bibliothèque, que j’avais presque tous lus, on n’évoquait Dieu que très rarement, avec plus ou moins de sérieux, mais aussi une grande dérision. Je réfléchissais à l’origine de l’univers, à son but. Pour que quelque chose se développe il fallait bien qu’il y ait un but fixé à l’avance ! Mais quel pouvait être le but d’une matière inerte ? Où était l’intelligence qui dirige cette évolution ?
En 1988, une famille nombreuse est venue s’installer à Batagaï. Rapidement, elle a fait parler d’elle. C’étaient des chrétiens ! Ils ont visité toutes les entreprises, toutes les sociétés, les écoles – partout où ils pouvaient avoir accès –, parlant de choses étranges que l’on n’avait jamais entendues à Batagaï : Dieu avait créé la terre et tout ce qui la peuple ; de plus, Il connaît chaque personne. Mais en même temps une rumeur se propageait : ce genre de chrétiens sont très dangereux, ils sacrifient des enfants, éteignent la lumière pendant leurs réunions et organisent des orgies.
Ceci explique évidemment que notre maman ait strictement défendu à ma jeune sœur Hélène et à moi-même d’aller vers ces gens.
Pourtant, quelques personnes furent assez courageuses pour aller chez eux. Saisies par la Parole de Dieu, elles se convertirent. Une petite église locale est née. L’une de mes meilleures amies et sa maman se sont aussi décidées pour le Seigneur. Mon amie a essayé de me convaincre de l’accompagner, au moins une fois. Mais je ne me suis pas laissé persuader. Elle ne connaissait pas encore assez la Bible pour répondre à toutes mes questions et dissiper mes doutes.
Au collège, mes amies et moi avions eu de bons résultats et nous voulions absolument poursuivre nos études. Mais à Batagaï nous n’en avions pas la possibilité. Aller à Yakoutsk pouvait être très dangereux pour des jeunes filles inexpérimentées de la campagne. À l’époque, en 1993, après la chute de l’URSS, la criminalité était très importante. C’est pour cela que mon amie a proposé que nous nous adressions à des chrétiens de la capitale.
À Yakoutsk, j’ai été très étonnée de voir que des personnes qui m’étaient tout à fait étrangères s’occupaient de moi comme si j’étais de leur famille. C’est une femme croyante qui me logeait et je pouvais suivre une formation dans un collège spécialisé dans la finance. J’ai fréquenté pour la première fois une réunion chrétienne et j’ai été très étonnée d’y rencontrer des personnes très convenables et même beaucoup de jeunes avec une formation universitaire. Autrefois on affirmait que les croyants étaient tous des personnes âgées incultes et ne comprenant rien à la science.
J’avais encore beaucoup de questions et je discutais vivement avec les chrétiens. Leurs réponses étaient bien argumentées et, après une semaine seulement, j’ai été convaincue de m’être trompée jusque là.
Le jour vint où, assise au bord d’un petit lac, j’ai supplié Dieu pour la première fois de ma vie de me pardonner mes péchés. Le Seigneur m’a exaucée. Je me suis relevée transformée ! Mes priorités avaient changé. Maintenant ma priorité était de vivre avec le Seigneur. Ma conversion n’a guère plu à ma mère. Elle a mis longtemps pour comprendre que j’avais fait le bon choix. Dix ans plus tard, mes parents ont trouvé la foi à leur tour !
Le service du Seigneur faisait partie intégrante de ma foi. Après ma formation, j’ai travaillé un certain temps à Batagaï. Puis on m’a proposé un poste de libraire dans la petite station missionnaire de Yakoutsk. Là, mon salaire était bien réduit, mais je n’en ai pas été affectée.
C’est ainsi que j’ai appris à mieux connaître Michaïl Troubtchik. Il avait participé activement à ma progression spirituelle. Notre mariage a bientôt suivi ! Aujourd’hui, nous avons six enfants en bonne santé, et nous nous réjouissons de pouvoir servir le Seigneur ensemble.
(à suivre)
Nota : Nous prions nos lecteurs de nous excuser de ne pas avoir pu publier, comme annoncé, la suite de l’article du dernier numéro : “Sur les champs missionnaires de Sibérie orientale”. Il n’a pas encore paru dans le bulletin allemand !