Un martyr du 20e siècle
Jésus dit : “… celui qui perdra sa vie à cause de moi et de la bonne nouvelle la sauvera” (Mc 8.35b).
Il était si important pour le Seigneur Jésus de transmettre cette vérité céleste aux hommes, qu’il l’a répétée plusieurs fois au cours de son ministère terrestre. Nicolaï Krapov fut l’un des chrétiens les plus remarquables du 20e siècle qui vécut cela.
Qui était Nicolaï Krapov ?
Dans son livre en russe, ‘Imitez leur foi’, sur Nicolaï Krapov, Herrmann Hartfeld écrit : « Il était connu pour son zèle comme prédicateur, enseignant avec des connaissances théologiques approfondies, défenseur sans compromis de l’éthique biblique, poète talentueux et écrivain, mari et père de famille exemplaire. Sa devise était : “Délivre ceux qu’on traîne à la mort” (Prov 24.11). » La version allemande du livre doit sortir des presses en cours d’année.
Le livre contient quelques témoignages de ses contemporains, ainsi que de ses enfants. Puis, il rapporte des sermons, des poésies et des lettres écrites à sa famille au cours de ses détentions, ainsi qu’un extrait de son procès.
Ses souffrances, son arrestation et sa mort
Nicolaï Krapov est l’un des martyrs les plus connus du 20e siècle. Voici un aperçu sur ses arrestations :
1. Le 10 février 1935, à l’âge de 21 ans, suite à son courageux témoignage, à peine quelques semaines après sa conversion, il est condamné à 5 années de camp dans l’extrême nord-est sibérien dans la redoutée Kolyma. Là régnait l’arbitraire, la terreur, la torture, la faim, les maladies, des travaux inhumains, des exécutions au fusil en masse.
2. Après avoir purgé sa peine, son bannissement dans le nord est prolongé de 7 ans et 8 mois.
3. Trois années de liberté s’étaient rapidement envolées, et il se retrouve condamné le 10 octobre 1950. La sentence : 25 années de privation de liberté pour propagande antisoviétique. Après 5 ans et six mois, il est libéré et réhabilité suite à la mort de Staline.
4. Le 18 mars 1961, nouvelle condamnation à 7 années de détention pour son activité d’évangélisation. Cependant, trois ans plus tard il est encore libéré avant terme après la levée de l’accusation d’activités politiques.
5. Il jouit de deux années de liberté, avant d’être encore condamné pour sa collaboration active dans la vie des églises. Verdict : 5 ans.
6. Le 3 mars 1980, le frère Krapov entame sa dernière captivité. Il est condamné à trois années d’emprisonnement pour sa Trilogie autobiographique : Le bonheur de la vie perdue, et pour sa participation à une fête de la jeunesse.
Élisabeth, son épouse, décède six semaines après sa dernière arrestation. Il n’en apprend la nouvelle que deux mois plus tard, ce qui lui inflige des souffrances supplémentaires.
Le 6 novembre 1982, il est défendu à ses filles de lui rendre une dernière visite. Elles se tinrent toute la journée devant les barbelés du camp dans le désert casaque, tandis que leur père était mourant.
« Par sa vie, notre père nous a démontré le sens de la Bible et la signification de la prière »,
disent aujourd’hui ses six enfants. Malheureusement, il n’a pas eu l’occasion de voir ses enfants très souvent. Les années de liberté étaient marquées par des évangélisations, des implantations d’églises et des formations pastorales. Lorsqu’il poursuivait ses activités dans la clandestinité – car recherché sans relâche par les services secrets (KGB) –, il ne pouvait voir les siens qu’en cachette. Nicolaï, l’un de ses fils n’est pas encore converti. Prions pour lui afin qu’il parvienne aussi au salut en Jésus-Christ.
Notre Dieu est le Dieu des vivants
Des milliers de chrétiens vinrent, de près et de loin, à Tachkent (capitale de l’Ouzbékistan) pour assister à ses obsèques. Le cortège funéraire était sécurisé par la police. Tous les feux des carrefours étaient réglés au vert. Les persécuteurs du frère lui témoignaient leur respect en secret, fascinés par sa fidélité et sa persévérance. Un fonctionnaire, haut gradé du KGB, confia aux chrétiens : « Devant un tel homme, j’enlève mon chapeau ! »
Les obsèques du Nicolaï Krapov eurent lieu le même jour que ceux du président du Soviet suprême Leonid Brejnev. En relation avec l’événement, l’un des prédicateurs aux obsèques lut les paroles de Jésus sur la mort de Lazare et de l’homme riche (Luc 16.22-24). Dieu traite les deux hommes de manières très différentes : le riche se retrouve dans des tourments sans fin, tandis que Lazare est porté par des anges dans l’éternelle communion avec Dieu.
Notre “Dieu n’est pas Dieu des morts, mais des vivants” (cf. Matt 22.32).