La semence de l’Évangile lève en Asie centrale
Une semence arrosée de larmes
Il y a longtemps que les Européens connaissent les États d’Asie centrale issus de l’ancienne Union soviétique : le Kazakhstan, le Kirghizstan (ou Kirghizistan ou Kirghizie), l’Ouzbékistan, le Turkménistan et le Tadjikistan.
C’est de ces États précisément que, dans les années 1990, émigrèrent la majeure partie des Allemands de souche vers l’Allemagne. Depuis la dernière guerre mondiale, ils ont connu d’indicibles souffrances, conjuguées à l’exil, l’isolation morale et physique et bien d’autres malheurs.
Le combat était d’ordre spirituel
En 1941, la férule inexorable de la NKVD, la police secrète soviétique, avait balayé la république auto-nome des Allemands de la Volga. En même temps que ces Allemands de la Volga, les Allemands d’Ukraine, de Crimée et du Nord du Caucase ont été entassés dans des wagons à bestiaux, sous les aboiements des chiens de garde, et déportés dans les steppes et les régions semi-désertiques d’Asie centrale.
Aujourd’hui, la plupart des victimes de ces menées barbares sont décédées. Beaucoup d’entre elles sont mortes pendant l’interminable déportation vers ce qu’on appelait les “armées de travail” – des installations analogues aux camps de concentration mises au point spécialement pour les Allemands – ou elles ont tout simplement été fusillées comme “ennemies du peuple”. On a ainsi éliminé un tiers des Allemands de souche qui avaient émigré au 18e et au début du 19e siècle invités alors par les tsars russes. Ils ont perdu la vie comme proscrits sous l’étiquette infamante de traîtres et de saboteurs.
Pourtant bien des gens n’ont toujours pas saisi que ces événements d’il y a 80 ans – arrivés aussi bien en Union soviétique que dans le Troisième Reich – constituaient en fait un combat spirituel. C’était un combat contre Dieu, en ce sens qu’on a exterminé par tous les moyens des Juifs et des chrétiens, des êtres humains qui croyaient au Dieu de la Bible.
Le réveil entraîne un renouveau
Malgré cette déportation brutale, ces Allemands de souche sont devenus une composante importante de la société en Asie centrale. Ils ont apporté une contribution très significative à la vie sociale et intellectuelle de la population asiatique d’origine turque.
Une partie importante des Allemands bannis étaient des chrétiens confessants. Dans les années 1960 certains d’entre eux ont obtenu l’autorisation de bâtir leurs propres lieux de culte, dont certains pouvaient accueillir plus de 600 personnes, à la fin des années 1980.
Après l’effondrement de l’Union soviétique et l’obtention de la liberté religieuse, des représentants d’autres nationalités sont venus s’ajouter à ces églises essentiellement russes-allemandes. En remplacement des chrétiens émigrés en Allemagne sont venus des évangélistes de Russie, d’Ukraine et même de Moldavie. Les années 1990 ont été marquées par des renouveaux spirituels. À l’écoute de la Parole de Dieu les gens spirituellement affamés ont trouvé la paix de l’âme qu’ils recherchaient depuis bien longtemps. Ce sont ces chrétiens qui forment actuellement sur place le noyau des églises et de leurs dirigeants.
Après le réveil vient l’épreuve
Pour des raisons économiques, le début du 21e siècle a également vu l’exode des Russes, des Ukrainiens, des Grecs, des Coréens et autres populations qui avaient été déportées de force par Staline en Asie centrale.
Cependant, certains ont décidé de rester et de poursuivre le travail missionnaire. Les cinq pays du centre de l’Asie sont peuplés de quelques 65 millions d’habitants : les Kazakhs, les Kirghizes, les Ouzbeks et les Turkmènes forment une population turcophone, tandis que les Tadjiks font partie d’un groupe linguistique perse.
Tout en se déclarant sécularisés (laïcs), dans ces pays l’islam sunnite est la religion dominante. Les développements historiques et politiques de ces nations favorisent la progression de l’islam et contribuent à combattre ceux qui pensent autrement. Malheureusement l’islam radical aussi s’impose de plus en plus, et certains représentants de la population luttent pour l’instauration d’un État islamique.
Bien que la situation des chrétiens ne s’améliore pas dans ces pays, il y a pourtant actuellement encore des évangélistes qui présentent aux gens le message du salut en Jésus-Christ.
De nouvelles lois pour réprimer les chrétiens
Bien que la population d’Asie centrale ne bénéficie pas du droit de diffuser librement l’Évangile, ni de la liberté d’opinion et de religion, il y a toujours à nouveau des personnes qui viennent à la foi au Seigneur Jésus-Christ.
Des chicanes juridiques et bureaucratiques compliquent la vie des églises, qui se voient, de ce fait, de plus en plus obligées de se rassembler illégalement dans des logements privés. Pour faciliter la réunion de petites cellules et pour passer inaperçus, différents groupes du voisinage se retrouvent dans les lieux de culte à des heures différentes, de sorte que dans certains locaux il y a jusqu'à douze rencontres, voire plus, par semaine.
Alors que les autorités ne s’occupent guère des chrétiens russes ou d’allure européenne, la situation des chrétiens autochtones, convertis de l’islam au christianisme, est bien plus difficile. Dès que ceux-ci déclarent vouloir servir le Dieu vivant et vivre pour le Christ, ils se retrouvent généralement tout à fait isolés et perdent bien souvent pratiquement tout du jour au lendemain : les contacts avec la parenté et le groupe social, l’emploi, ainsi que le respect de la population.
« Renonce à Jésus, sinon on te torture ! »
Malheureusement, tous ne résistent pas aux multiples formes de tortures, de menaces et d’humiliation. On cherche fréquemment à forcer les chrétiens à abjurer publiquement leur foi au profit de l’islam. Mais beaucoup refusent de se compromettre et maintiennent leur fidélité au Seigneur Jésus, malgré la persécution.
On comprendra, de ce fait, que bien souvent le travail d’évangélisation ne se fait que de personne à personne. C’est autour d’une tasse de thé que les chrétiens font part de leurs expériences dans la foi et racontent comment Dieu conduit leur vie.
Il n’est pas rare que des gens se convertissent après avoir observé le mode de vie de gens de leur parenté ou de leurs connaissances. La main de Dieu n’est pas devenue trop faible pour accomplir, même de nos jours, des miracles et pour changer les personnes.
Au poste de police on avait contraint, sous la torture, un responsable de groupe de jeunes à renier le Seigneur Jésus. Le policier a ensuite exigé que le lendemain matin il vienne répéter son reniement en présence de toute la brigade de police. En échange, il lui a promis la liberté et l’arrêt des enquêtes à son encontre. Le jeune chrétien a passé la nuit dans les larmes et la repentance pour sa défaillance.
Le lendemain matin, il a déclaré devant les policiers réunis qu’il n’allait pas renier Jésus, quoi qu’on puisse lui faire ensuite. Rempli de colère, le chef de la police lui a commandé de disparaître immédiatement du commissariat. Il ne l’a plus fait arrêter par la suite.
La Parole de Dieu ne revient pas à vide
La sœur en Christ, G., a raconté qu’avec d’autres chrétiens elle avait été arrêtée par les forces de l’ordre. Après une perquisition on lui a confisqué tous les livres chrétiens et son smartphone personnel. En contrôlant le smartphone, un policier a écouté plusieurs fois un chant chrétien. Ce cantique lui a fait une telle impression que, entre quatre yeux, il a demandé à la sœur l’autorisation de le télécharger pour lui. Naturellement, elle le lui a permis.
Au moment de sa remise en liberté on lui a rendu ses affaires personnelles, mais non les publications et on avait aussi supprimé les fichiers sur son smartphone. La seule chose qu’elle y retrouva, c’est le cantique qui avait tellement plu au policier.
Le frère F. a raconté que, lors d’une arrestation impromptue, il a annoncé l’Évangile au policier de garde du poste. La Parole de Dieu a si fortement interpellé le policier qu’il a demandé :
– Que dois-je faire pour être sauvé ? Comment mes péchés peuvent-ils être pardonnés ?
Le frère a appelé un autre jeune chrétien à la rescousse et, ensemble, ils ont prié avec le policier. Celui-ci, après sa conversion, a laissé les deux chrétiens rentrer chez eux.
Punitions sévères pour une lecture clandestine de la Bible
Dieu agit précisément là où, à vue humaine, un changement semble impensable. C’est ce qui est arrivé à Fatima et à son fils handicapé, dans la ville de N.
En 1984, Fatima a eu un grave accident de voiture, alors qu’elle était enceinte. En conséquence son fils vint au monde avec un handicap. Ce handicap fit que son mari l’abandonna, malgré l’enfant.
Lorsqu’en 2000 Fatima crut au Seigneur Jésus-Christ, son fils avait déjà 16 ans. Dans son désespoir elle tenta de mettre de l’ordre dans sa vie personnelle et de refonder une famille. Dans la suite, son fils dut entrer dans un internat. Elle glissa une Bible parmi les affaires qu’elle lui donna à emporter.
À l’internat, son fils se lia d’amitié avec deux garçons qui avaient, eux aussi, subi un sévère coup du sort. Un de ces garçons savait lire et les trois se mirent à lire la Bible ensemble en cachette. Dans leurs prières, ils exprimèrent leur ardent désir de pouvoir un jour rentrer chez eux.
Ils cachaient toujours cette Bible sous les planches du parquet. Mais un jour un “éducateur” les surprit en train de lire la Bible. Comme punition on suspendit les trois garçons par les pieds à une barre fixée au plafond et on les frappa à la tête.
Dieu porte ceux qui sont faibles
Lorsque les projets de vie de Fatima échouèrent, parce que Dieu donnait à sa vie une tout autre direction, elle reprit son fils chez elle. Les trois amis de celui-ci furent également repris par leur parenté.
Aujourd'hui Fatima et son fils tiennent bon avec Christ malgré leurs difficiles conditions de vie. En dépit de leurs maladies, ils ne cessent de rendre témoignage du Seigneur Jésus-Christ dans leur voisinage. Non seulement ils prient pour les nécessiteux qui les entourent, mais aussi les portes de leur maison délabrée sont ouvertes à tous ceux qui demandent de l’aide. Même dans leur grand dénuement, ils économisent chaque mois quelques pièces et les donnent pour le travail du royaume de Dieu.
Jamais on n’entend la plus légère plainte de leur part. Au contraire, leur disponibilité à aider est connue par tous aux alentours. C’est ainsi qu’ils continuent à répandre l’espoir et la joie de vivre avec Dieu dans leur monde sans perspective.
Ce témoignage remarquable et exemplaire illustre ce qui est écrit à la gloire de Dieu en 1 Cor 1.27 : “Mais Dieu a choisi les choses folles du monde pour confondre les sages ; Dieu a choisi les choses faibles du monde pour confondre les fortes.”
Être chrétien n’est pas un passe-temps
Bien des services commencent par un projet d’aide, en soutenant par exemple une famille en détresse, en soignant un malade, en distribuant des paquets à Noël ou à Nouvel An ou par d’autres actions diaconales de ce genre.
Partout où c’est possible on conduit des colonies de vacances pour enfants, en prenant toutes les précautions de sécurité.
Pour la population locale, la foi au Dieu des chrétiens n’est pas un hobby ou un agréable passe-temps dans un cercle d’amis.
Ce n’est pas une distraction, c’est un combat pour trouver la possibilité de croire en Celui qui délivre de la puissance du péché et qui donne la vie éternelle pour le servir.
C’est le souci d’annoncer à son propre peuple la Bonne Nouvelle, même s’il faut ensuite subir en permanence la pression et l’incompréhension de tout le monde.
Priez pour des portes ouvertes
Dans vos prières veuillez penser aux chrétiens persécutés d’Asie centrale. Sachons apprécier la liberté religieuse dont nous jouissons dans les pays occidentaux. Pour beaucoup de chrétiens dans le monde, la liberté de croire est et demeure un rêve et l’objet de leurs prières.
Prions et croyons que les portes du salut puissent être largement ouvertes aux populations d’Asie centrale et qu’on ait le droit d'y prêcher ouvertement la Parole de Dieu sur les places et les marchés.
Andreas K. (FriedensBote)