Voyage en Ukraine en août 2018 (2/3)
Pour la première partie, voir l’article, sous le même titre, dans le numéro précédent (142)
Chez Sergueï et Ira Shirpa
Fils de pasteur, il a fait les “quatre-cents coups”, s’est drogué et est devenu alcoolique. Il a connu la prison et s’est retrouvé dans un centre de réhabilitation où il s’est converti avant de se marier.
Dès le début de la guerre au Donbass, il se réfugie vers l’ouest avec sa famille. Il est accueilli par l’église d’Ouzyn. Là, il reçoit une formation biblique avec Viktor Lyachchenko et Stass Boïssov. Maintenant, il évangélise dans les maisons de retraite, dans la rue… Il retourne aussi dans la zone de guerre où, avec des jeunes, il coupe du bois pour les veuves et les personnes âgées et leur distribue du charbon qu’il a acheté. Il organise aussi des camps de jeunes, réunissant jusqu’à 120 enfants, qu’il évangélise et nourrit. Ayant été averti d’un contrôle par la milice, il a demandé aux enfants : « Qui a son anniversaire aujourd’hui ? » Quand la milice est arrivée, ils fêtaient donc l’anniversaire de l’un des leurs. L’argument a marché !…
Il faut savoir que dans la zone de guerre les chrétiens baptistes apportant du secours sont considérés comme des terroristes… Il leur faut trois jours pour traverser le no man’s land. Mais, le danger est surtout au retour : ça tire des deux bords, car la guerre est loin d’être terminée…
Chez Mme Sorokina
Soutenue par notre mission, cette sœur est veuve avec quatre enfants. Son dernier (6 ans) est déficient mental et atteint par la mucoviscidose, maladie découverte au printemps dernier. Le professeur de Kiev a pleuré quand il l’a vu. On soigne relativement bien cette maladie si elle est prise en charge avant l’âge de 4 ans.
Déjà, il ne parle plus, ses jambes s’amenuisent et sa tête grossit ; il lui faut un fauteuil roulant ; son avenir est sombre. Il panique dès qu’il y a des gens autour de lui. Pour aller aux consultations à Kiev, la maman se déplace en taxi. Cela revient cher, de même que les traitements de la maladie.
Le 25e anniversaire de l’église
Le dimanche 26 août est un jour spécial à Ouzyn. L’église fête les 25 années de son existence.
Le culte commence par la prière de l’aîné des membres (90 ans).
Sur l’un des murs de la salle a été fixée une décoration représentant une vigne avec ses grappes. Sur chaque grappe, les raisins portent des photos des 25 années écoulées. Le pied du cep repose sur un gros livre ouvert. Sur la page de gauche est écrit : “Je bâtirai mon Église et les forces de l’enfer ne la maîtriseront pas” (Mat 16.18). Et, sur la page de droite : “25 ans”.
Sur le mur, au-dessus du chœur, on lit : “N’abandonnez pas votre assurance, à laquelle est attachée une grande rémunération” (Héb 10.35). Plusieurs frères, dont je fais partie, interviennent, en alternance avec des chants du chœur ou de l’assemblée. Certains viennent déclamer quelque prose ou poème personnels, ou chanter…
Reconnaissance envers Dieu pour les 25 ans passés, où les uns et les autres ont participé à la construction matérielle et spirituelle de l’église, à l’évangélisation, à la distribution de littérature.
On se souvient aussi de ceux qui sont partis… Il manquait 40 personnes…
L’église d’Ouzyn donne une belle image de la vie chrétienne : il y a une solidarité et une entraide qu’envieraient bien des responsables d’églises en France !
Le lendemain, nous visitons le camp de Soukholessy, où se tient une retraite pour sourds-muets.
Quel silence par rapport aux camps précédents !
Nous sommes salués par le responsable qui est muet, mais non sourd.
La retraite est animée par un frère de Kiev spécialiste en langage des signes.
(à suivre)
Pierre Vaubaillon