Voyage en Ukraine en août 2018 (3/3)
Pour les deux premières parties, voir les articles, sous le même titre, dans les numéros précédents (142 et 143) - Récit de Pierre Vaubaillon
Une excursion à Kiev
Stass Boïtsov, missionnaire parmi les Juifs, vient me chercher pour une excursion à Kiev. Lui-même est juif de naissance, et son grand-père a été tué par les nazis pendant la dernière guerre mondiale. Son père, qui était connu comme musicien et compositeur de talent dans le milieu juif, a pu s’échapper, mais il est mort d’une leucémie. Sa mère et sa sœur sont parties en Israël.
Stass parle l’hébreu. Il était officier mécanicien sur la base des bombardiers d’Ouzyn et faisait partie des officiers qui se sont intéressés à la Bible à la fin des années 80 – avant la chute du communisme. Un temps, il s’était aussi laissé entraîner dans l’alcool et la drogue. Sa future femme, qui venait d’une famille orthodoxe, se trouvait aussi dans son groupe d’amis.
La visite de Kiev a commencé par la “laure” de Saint Andreï. Une "laure" est un ensemble de monastères pour hommes et femmes, qui assure la formation de l’autorité orthodoxe. Durant la semaine, les “séminaristes” y vivent comme des moines.
Aujourd’hui est une fête importante : toutes les autorités religieuses sont là, ainsi que quelques personnalités politiques. Au centre d’une grande place, une importante foule entoure une bonne dizaine de religieux habillés de grandes chasubles bleues et dorées. L’un d’eux chante en solo avec une voix impressionnante ! Un peu plus loin, adossé à une église, un chœur d’hommes lui répond. Quelles voix magnifiques ! La foule les entoure et fait moult signes de croix !
Sur le même site, nous visitons le “Péretch”, une sorte de catacombes : couloirs étroits et bas où reposent çà et là des reliques que les fidèles embrassent à grand renfort de signes de croix. La visite se fait avec une bougie allumée, les lampes de poches ou appareils photo étant interdits. En sortant, nous passons devant six ou sept voitures de grand luxe appartenant au clergé. Nous revenons au centre où se forme une procession, bannières portées en tête par des moines, suivis par de jeunes “séminaristes”.
Puis, nous arrivons sur la fameuse place Maïdan, que surplombe le grand hôtel Ukraïna (30 étages), où s’étaient installés les snipers pro-russes qui avaient tué une centaine de personnes lors des manifestations de 2013. Les photos des morts sont toujours affichées…
Après le déjeuner, nous allons dans le vieux quartier juif où Stass a grandi. Le secteur jouxte le quartier juif moderne qui descend jusqu’au Dniepr. À Kiev, il y a aujourd’hui une importante communauté juive où Stass exerce son ministère d’évangéliste.
Igor Slavenko
Le père d’Igor était officier de l’armée de l’air et communiste convaincu. Sa grand-mère paternelle était croyante et lisait la Bible régulièrement. Peu avant sa mort (Igor avait 12 ans), elle lui a dit : « Toi, tu es comme moi ! »
Durant son service militaire, Igor a rencontré un officier chrétien qui l’a invité à une réunion d’évangélisation au cours de laquelle il a été convaincu de péché et a accepté Jésus comme son Sauveur. Igor est professeur d’histoire et partage le ministère de Stass auprès des Juifs.
Comment Viktor Martchouk est devenu pasteur à Ouzyn
Vers la fin des années 80, le travail de Viktor consistait à préparer des programmes pour la TV et la radio d’Ouzyn. Ouzyn était une ville de garnison de mauvaise réputation. Mais une femme âgée et athée s’était mise à lire la bible. Parmi les militaires qu’elle fréquentait, un officier en faisait autant. Mais ni l’une, ni l’autre ne comprenaient ce qu’ils lisaient. Viktor a été invité à conduire des réunions qui avaient commencées à être tenues au club des officiers de la base aérienne. C’est ainsi, qu’il est devenu le pasteur de cette petite église naissante.
En dehors de son travail à l’hôpital, son épouse Lilya Martchouk, avec sa fille Dina, visitent des personnes âgées et des familles en grande pauvreté. Elles n’y vont jamais les mains vides.
Chaque mois, les frais de fonctionnement de l’église d’Ouzyn sont plus importants, surtout l’hiver. Jusqu’en 2017, une remorque de bois coûtait 100 $, aujourd’hui il faut compter 200 $. Le gaz est trop cher. En 2013, 1 m3 revenait à 1,04 grivnas, en 2018, c’est 9,3. En 2013, le chauffage au bois revenait à 2500 grivnas, en 2018, 10 000 grivnas.
NDLRW : 1 grivnas (Hryvnia) vaut 0,033 Euro
2500 grivnas sont près de 83€ soit 93$
10000 grivnas sont 330€ quelques 370$
Une école chrétienne à Bila Tserkva[1]
C’est Sergueï, le fils de Pavel Martchouk (frère de Viktor) qui en est le directeur. Elle se situe au rez-de-chaussée du bâtiment de l’église.
Après la chute du communisme, tout était à faire ou à refaire. Plusieurs églises sont alors décidées à fonder leur propre école chrétienne, certains membres étant professeurs. Mais où et avec qui ?
En 2015, une nouvelle loi permit la création d’écoles privées. Les premières classes ont commencé en 2017, avec un statut particulier, ne concernant pour le moment que le primaire, lequel accueille aujourd’hui 25 élèves répartis dans deux classes. Certains enfants viennent de familles non-chrétiennes. L’enseignement fondamental est complété par une formation biblique. La publicité se fait par le bouche-à-oreille. Chaque famille apporte une contribution financière.
Sujets de prière :
- L’école étant à l’étroit dans les locaux de l’église, l’idéal serait d’acquérir un immeuble voisin à trois étages qui est à vendre à un prix pas trop élevé. Ce serait la meilleure solution.
- Situation personnelle de Viktor Martchouk : Suite à l’agression violente que notre frère a subie lors de la construction du lieu de culte, il y a quelques années – du fait de l’hostilité du pope qui ne voulait pas de “concurrence” sur son territoire à Ouzyn – il a fait trois AVC, en 1998, 2001 et 2011. Le médecin pensait qu’il resterait en chaise roulante. Mais le Seigneur en a décidé tout autrement… La seule séquelle qui en subsiste est qu’il boite physiquement… mais pas spirituellement !
Pierre Vaubaillon
[1] Bila Tserkva est une ville de 210 000 habitants. L'église de Pavel Martchouk est la plus grande église baptiste de la ville. Ayant toutes les ressources humaines à sa disposition, l’église peut se permettre de fonder une école qui réponde à ses besoins.