donnez-leur vous-mêmes à manger

Face aux menaces de guerre

Pendant que les cris de guerre s'amplifient…

Au téléphone, la voix de notre homme de confiance, le médecin-missionnaire Lévan Akhalmosulichvili, est calme et pourtant extrêmement préoccupée :

Chez nous, toutes les conversations tournent sur le sujet de la guerre. Beaucoup affirment que ce n'est plus qu'une question de temps. Des politiciens géorgiens, russes et des peuples minoritaires des territoires autonomes sont mêlés aux contestations territoriales. Les tensions et les émotions augmentent. Les partis opposés se préparent à un combat acharné. Le thème donne aussi lieu à de vives discussions sur le plan international.

La beauté de ce petit pays caucasien qu’est la Géorgie la rend d'autant plus vulnérable. De plus, nous conservons le douloureux souvenir des malheurs et des troubles violents qu’à connu notre peuple dans les années 90. Beaucoup pleurent des proches, tués ou estropiés. Nous avons vécu plusieurs années sans avoir suffisamment de pain, sans électricité ni chauffage, sans espoir de vivre encore le lendemain. Aujourd'hui, nos églises prient et jeûnent pour que Dieu nous épargne le pire.

Il est triste de constater que, dans ces temps agités, l'Eglise Orthodoxe devient toujours plus agressive envers les chrétiens évangéliques. La semaine dernière, un de leurs prêtres s'est précipité dans une réunion de maison et a exigé que les personnes présentes quittent immédiatement la pièce. Comme les gens restaient assis et essayaient de calmer l'ecclésiastique, il appela la police.

  Dans ce cas, il n'y eut pas de conséquences graves. Mais souvent les prêtres excitent des hommes violents qui provoquent des tumultes pendant nos évangélisations dans les villages, qui nous insultent et cassent tout autour d'eux. Les autorités locales sont impuissantes contre les prêtres orthodoxes.

…nous voulons agir tant qu'il fait jour

Mais, Dieu soit loué, ici et là, il y a des gens qui cherchent la vraie paix pour leur cœur fatigué. Nos cercles de maison grandissent.

Récemment une famille de trois personnes, extrêmement pauvre, est venue vers nous. Pour un travail physique exténuant dans les vignes, à trois, ils gagnaient juste leur pain quotidien. Le père de famille est gravement malade. Nous leur avons fourni du bois de chauffage, des habits, de la nourriture et des médicaments. Ils ne pouvaient d’abord pas comprendre ce qui nous motive et cherchaient où nous leur tendions "un piège". Ce n’est qu’après plusieurs semaines qu’ils nous ont ouvert leur cœur. Ils se convertirent à Dieu et, par leur témoignage, leurs voisins aussi trouvèrent la foi.

Cet été, nous avons pu organiser un camp d'une semaine avec une cinquantaine de jeunes. Sur 22 participants incroyants, 14 se convertirent au Dieu vivant. Nous leur consacrons beaucoup de temps, et, pour 15 de ces jeunes gens, parmi les plus capables, nous assurons une formation au service spirituel dans les églises.

La situation de notre clinique chrétienne était depuis longtemps désespérée et nous envisagions sa fermeture. Grâce à votre aide, nous avons pu acheter quelques objets indispensables. Bien que tous nos problèmes ne soient de loin pas résolus, notre activité peut se poursuivre.

Entre-temps beaucoup de choses sont devenues plus difficiles qu'il y a 2-3 ans.

Mais je ne veux pas terminer mon récit sur une note pessimiste. Notre Seigneur nous a promis de rester avec nous. C'est notre consolation, et elle nous permet d’en consoler d’autres. S'il vous plaît, continuez à prier pour nous. »

Lévan Akhalmosulichvili (juillet 2008)

Extraits de la lettre de Lévan, lue le 18 août :

« Que la paix soit avec vous, chers frères et sœurs. Aujourd’hui mon peuple aspire à la paix de manière toute particulière. Nombreux sont ceux qui se demandent si une paix véritable est encore possible et comment une telle catastrophe a bien pu survenir. Pourquoi Géorgiens et Ossètes devraient-ils se faire la guerre ?…

Prier pour nous…

Presque toutes nos églises prient 24h/24. Au sein de notre détresse nous nous reconnaissons coupables de ne pas avoir reconnu les développements dramatiques qui s’opéraient avant l’éclatement du conflit, et prié davantage que Dieu nous fasse grâce. La peur et la tension restent grandes. La moindre étincelle peut remettre le feu à la poudre. Nous persévérons dans le jeûne et la prière. Nous sommes reconnaissants de tout notre cœur pour tous ceux qui se sont mis en souci pour nous et qui ont prié pour nous. S’il vous plaît, continuez à le faire !

Le contexte

L’Ossétie du Sud fait partie de l’Etat multiracial géorgien. Suite à des conflits politiques en 1991, elle est devenu indépendante. Elle comptait alors 29% de Géorgiens. Une suite de guerres civiles a conduit à de grandes vagues de réfugiés, de sorte que la population est passée de 164 000 en 1989, à 75 000 en 2008.

Aujourd’hui

Les sources d’informations contradictoires ne donnent pas de chiffres sur le nombre de blessés, de morts et de personnes encore sous les décombres. Selon les rapports, plusieurs milliers de soldats ont perdu leur vie. Les pilleurs profitent du chaos pour ajouter aux drames de la population. Une grande partie des infrastructures du pays sont détruites.

Nos églises

Ces dernières années plus de 20 églises et communautés ont vu le jour. A Tskhinvali, la capitale d’Ossétie du Sud, une bonne église rassemblait Ossètes et Géorgiens dans une entente totale. Dans plusieurs villages géorgiens, alentour, on trouvait également des églises.

Tskhinvali a été rasée. A l’heure actuelle, nous sommes sans nouvelles de cinq églises. A Gori, partiellement détruite, les cultes ont cessé. Les chrétiens ont fui la ville ou restent dans les caves.

A Tbilissi également…

Là également la situation était menaçante. Un communiqué gouvernemental avertissait la population qu’il fallait se préparer à résister à une invasion par l’armée russe approchant avec 300 chars. J’habite à 100km à l’est de Tbilissi. Le 11 août, j’ai été réveillé à 3h du matin par des dix personnes de ma parenté venues de la capitale. Cette nuit-là, j’ai téléphoné à tous les responsables de nos églises de la région. Tous mesuraient l’imminence du danger. Mes voisins aussi sont venus nous rejoindre pour, ensemble, adresser nos supplications à Dieu afin qu’Il nous assure Son aide, tandis que l’armée russe approchait de la capitale. Nous avons longuement demandé à Dieu de nous garder des ravages de la guerre : combien de victimes innocentes durant les prochaines heures, des mamans pleurant leurs enfants, et leurs maisons en ruine ? Vers le matin, j’ai invité les gens à retourner dans leurs maisons, prendre du repos, mais personnes ne voulait nous quitter. Tendus, nous écoutions la radio… Le speaker ne s’expliquait pas pourquoi, à un moment de la nuit, les chars russes ont fait demi-tour ! Nous regardant les uns les autres, nous avons compris que le retournement de la situation s’est opéré juste au moment où nous étions le plus instamment en prière. Dieu a montré “qu’Il tenait la situation en main” et protégeait ses enfants. Nous nous sommes à nouveau tournés vers Lui pour lui exprimer notre profonde reconnaissance. »

Lévan Akhalmosulichvili

Les chrétiens du Caucase ont besoin de nos prières comme de notre soutien matériel. Près de 40 000 réfugiés sont arrivés en Kakhétie (Géorgie de l’Est). Le docteur Lévan, qui habite dans ce secteur, est également responsable d’églises. Avec ses amis, il considère de son devoir de venir en aide à ces malheureux en leur donnant de la nourriture et des médicaments, en les consolant et en leur apportant l’Evangile du salut.

Les dons peuvent être adressés au Messager de la Paix, avec la mention “Victimes de la guerre du Caucase”.