donnez-leur vous-mêmes à manger

Premier hiver d’après-guerre en Géorgie

Levan Akhalmosulichvili, le bien connu médecin et missionnaire en Géorgie, qui nous a déjà rapporté des nouvelles sur les victimes de la guerre et sur le travail des chrétiens géorgiens parmi les réfugiés, décrit la situation actuelle en Géorgie.

Les nouveaux défis

La guerre et ses conséquences ont modifié le rythme habituel de notre équipe missionnaire (8-9 responsables d’églises).

Près de 70 000 réfugiés habitent toujours dans des écoles, des crèches et de vieux bâtiments délabrés. Ils ont tout perdu. De plus, la crise financière mondiale a touché le pays de façon dramatique. On n’y construit plus. Personne ne sait quand et comment cette situation catastrophique peut changer.

Par suite de la guerre, les habitants n’ont pas pu faire leurs provisions d’hiver. En général, la saison froide est courte et il suffit de chauffer une seule pièce du logement avec un petit poêle en fonte. Mais cet hiver a commencé avec deux mois d’avance et le froid est inhabituel.

En fait, ce froid est devenu le plus grand problème de la population. Les prix des combustibles ont atteint des niveaux exorbitants. Les plus touchés sont surtout les personnes âgées, les handicapés et les isolés (presque 30% de la population). Leurs rentes mensuelles sont d’environ 32 €. L’Etat se soucie à peine de cette détresse.

Notre conscience est encore troublée par le décès, dû au froid, d’une sœur âgée isolée dont nous n’avions pas remarqué la misère l’hiver dernier.

Cette année, grâce à votre aide, nous avons chargé deux gros camions de bois de chauffage pour 600 €. Vingt-cinq chrétiens sans ressources de diverses églises ont pu être secourus.

Grand-mère Babale

La sœur Babale, 92 ans, habite au village de Sagaresho. De façon étonnante, elle est encore autonome grâce aux pommes de terre, haricots et maïs qu’elle cultive dans son petit potager.

En lui apportant du bois de chauffage et des vivres, nous l’avons trouvée au lit, sous trois chaudes couvertures, dans un logement froid. En réponse à nos questions sur sa santé, elle précise dans un large sourire : « Je ne suis pas malade, mais je ne peux plus ramasser le bois mort comme autrefois, alors j’ai froid. Je suis déjà au lit depuis cinq jours et j’espère ne pas mourir de froid. » Par –7° à l’extérieur, la situation était grave. Dieu soit Loué ! nous ne sommes pas arrivés trop tard ! Grâce à la mission, nous avons pu pourvoir grand-mère Babale en nourriture ainsi qu’en bois de chauffage.

Aidez-nous à passer l’hiver !

Le deuxième problème est le manque de nourriture. Suite de la crise économique de nombreux jeunes travailleurs ont émigré durant la dernière décennie. Cela n’a fait qu’empirer la situation des personnes sans ressources ou âgées.

A Tbilissi, la capitale, on a installé quinze “cuisines chauffées” pour ceux qui vivent sous le seuil de la pauvreté. Mais c’est nettement insuffisant. Dans les petites localités, ces institutions sont totalement absentes.

Nous avons résolu d’offrir un déjeuner chaud, au moins aux chrétiens âgés de notre église. Pour commencer, tout allait bien. Puis d’autres personnes âgées inconnues demandèrent, timidement et poliment, la permission de se joindre aux repas. Nous n’avons pas pu refuser. Puis s’ajoutèrent aussi quelques voisins et d’autres personnes…

Schota était autrefois très connu dans le monde de la criminalité. Aujourd’hui, il a 70 ans et vit en solitaire. Après avoir entendu parler de notre cuisine, il a pu participer aux repas, puis il est aussi venu à nos cultes où il est très attentif à l’Evangile. Son passé, vide de sens, le rend tout triste.

Les membres de notre église ont travaillé bénévolement à la cuisine, certains ont apporté de la nourriture de chez eux. Mais, après 6 mois, nous avons dû nous excuser auprès de nos protégés et fermer la cuisine, étant arrivés au bout de nos moyens. C’était bien dommage, parce que nous avons perdu là une bonne occasion d’évangéliser.

Les petits fruits

Notre participation au soutien des réfugiés porte ses premiers fruits. Nous organisons déjà régulièrement des cultes d’évangélisation à trois endroits différents.

La ville de Signachi (30 000 habitants) est située au sommet d’une montagne et entourée de hauts remparts. Durant 15 ans, nous avons prié, sans résultat, pour avoir l’occasion d’y annoncer l’Evangile. Gloire à Dieu ! Maintenant, il se trouve là aussi des hommes qui veulent écouter la Parole de Dieu ! Nous prions pour que ces réunions puissent se poursuivre.

(à suivre)