donnez-leur vous-mêmes à manger

L’Evangile change la vie des Yakoutes

La Yakoutie, malgré sa croissance spirituelle, demeure notre champ de mission le plus important

La Yakoutie est le champ de mission le plus froid au monde. Sa superficie est environ cinq fois celle de la France. Le nord du pays est bordé par l’Océan Arctique. Sa population est de 1,1 million d’habitants, dont 367 400 (33,4%) appartiennent à l’ethnie yakoute.

Il y a 15 ans, on ne trouvait qu’une vingtaine de croyants en Yakoutie. Aujourd’hui, ils sont plus de 400.

Cette année, quelque 200 d’entre eux, provenant de plusieurs communautés, ont pu, pour la première fois, participer à une conférence sur la foi dans leur langue maternelle, sans l’aide de missionnaires d’origine étrangère.

Les chrétiens disposent de près de 200 cantiques, dont 80% sont des traductions. Le reste a été écrit et composé directement en yakoute. Ceci a un grand impact dans l’évangélisation.

Malheureusement une grande partie de la population yakoute n’a pas la moindre connaissance de l’Evangile. Le mauvais état du réseau routier et les terribles conditions de vie rendent difficile la transmission de la Bonne Nouvelle. Par ailleurs, le gouvernement n’est pas favorable à la mission. Les missionnaires d’origine étrangère n’obtiennent que très difficilement une autorisation de séjour.

Un voyage de 7200 km en direction de l’Océan Arctique

Le 19 février, nous sommes partis à cinq de Yakoutsk, la capitale, en direction du Nord. C’était une “chaude” journée d’hiver, il ne faisait que –35° ! Les 400 premiers kilomètres de notre voyage se sont relativement bien passés. Puis nous avons roulé près de 200 kilomètres sur la route dite “route des squelettes”. Cette voie a été construite sous Staline il y a 50-60 ans, par des prisonniers avec des bêches et des brouettes dans un froid glacial. Des milliers de détenus innocents, dont de nombreux chrétiens, y trouvèrent la mort.

Les 6000 autres kilomètres, sur des voies essentiellement constituées de fleuves gelés, ont été franchis souvent de façon dramatique. Les 450 000 cours d’eau de Yakoutie font quand même en tout, plus d’un million et demi de kilomètres. En revanche, dans tout le pays, la totalité des routes carrossables n’atteint pas les 7000 km.

Dans 25 des 30 villages que nous avons eu l’autorisation de visiter pendant six semaines, les habitants nous disaient : « Nous n’avons encore jamais entendu parler de l’Evangile ! »

Généralement, une à deux heures après notre arrivée dans une localité nous pouvions avoir tout un auditoire dans le “club du village”.

Notre 4x4 suscitait la curiosité. Aussi les villageois nous souhaitaient-ils la bienvenue. Une seule fois un chef de village rejeta notre demande.

Brefs témoignages

Le destin particulier de nombreuses personnes intéressées par l’Evangile mériterait d’être évoqué. La place nous en manque ici. Citons :

Inokentij, devenu l’un des pasteurs de notre mission : Ni la médecine ni les rites chamaniques n’ont pu le délivrer de l’emprise de l’alcool. Voulant mettre un terme à l’absurdité de sa vie, la décharge de son arme dévie et lui emporte la moitié du menton… Il devient ensuite un brûlant témoin de Jésus, qui seul libère.

Olga, une forte personnalité, ancienne directrice d’école couronnée de succès. Sa fille était journaliste à Moscou. Suite aux changements politiques, celle-ci est brutalement assassinée. Olga a tout perdu, tout ce qui faisait sa vie et elle était désespérée. Elle ouvrit son cœur à Jésus-Christ. Puis, tel le geôlier dans Actes 16-34, elle nous prépara un repas et “se réjouit de ce qu’elle avait cru en Dieu”.

Ajal, emprisonné plusieurs années pour meurtre, avait contracté un cancer en prison. Ayant atteint le stade terminal de la maladie, il est renvoyé chez lui. Sa mère entend notre message dans le club du village et nous prie de visiter son fils. Il ouvre son cœur à l’Evangile et reçoit le pardon pour ses nombreux péchés, de manière inespérée !

Porfirij a 80 ans, entend parler de l’Evangile pour la première fois de sa vie. Malgré la faiblesse de son ouïe, ce jour-là il comprend tous les mots de notre prédicateur. Le Seigneur lui avait également ouvert son oreille intérieure : il se convertit.

En fait, dans les villages où se trouvent maintenant de petites assemblées, la vie sociale se transforme. Les débits de boissons sauvages disparaissent et, par conséquent, la situation économique évolue positivement.

Le Seigneur nous a également encouragés, lors des tempêtes de neige qui durent parfois une semaine, faisant rage sur la toundra blanche et infinie, et effaçant toute trace de passage. Alors plus rien ne peut rouler…

Michaïl Trubtchik

En plus du ministère de Michaïl Trubtchik, pensons aussi, en particulier, au travail missionnaire de :

  • Saïd Protopopov (voir son témoignage dans Le Messager 1/2007), responsable du travail pastoral dans les églises d’autochtones ;

  • Agit Pavlov, très engagé, lui aussi dans le Grand Nord.