donnez-leur vous-mêmes à manger

Trente années de mission

Placée sous la devise : “Que votre lumière brille” (cf. Matt 5.16), la dernière conférence missionnaire de la Friedensbote a été l’occasion de faire une courte rétrospective sur les trente années d’existence de la mission.

Origines

A la fin des années 70, des milliers d’émigrants ont quitté l’Union Soviétique pour l’Allemagne. A l’époque, le candidat à l’émigration vers “l’Occident ennemi” était considéré comme traître à l’Etat, de sorte que beaucoup d’Allemands d’URSS avaient peur d’être classés dans cette catégorie. La plupart d’entre eux étaient déjà considérés comme des “ennemis”, car chrétiens, avant de quitter le pays où eux et leurs ancêtres avaient vécu depuis des générations.

En prenant congé de leurs amis, beaucoup de ces partants – peut-être la plupart d’entre eux– se sont entendu exprimer le vœu que Joseph avait confié à l’échanson libéré par pharaon : “Souviens-toi de moi quand tu seras heureux !” (Gen 40.14)

Nos émigrants ont pris cela à cœur en s’engageant de diverses manières pour les chrétiens du bloc communiste laissés derrière eux. La fondation d’œuvres missionnaires offrait une réelle possibilité d’aider les frères et sœurs persécutés.

Fondée en 1978, la mission “Friedensstimme” comptait déjà parmi ses collaborateurs – encore actifs dans l’actuelle “FriedensBote”, depuis 1993 – : Jakob Esaü, David Klassen (décédé le 12 août 2004), Walter Penner, Jakob Janzen et Johan Janzen (bénévole, décédé depuis de longues années). Un peu plus tard, arrivèrent Robert Gönner, Olga Loukanovski et Gerhardt Schmidt.

Premiers succès

Parmi les fondateurs de la mission allemande figurent surtout d’anciens détenus pour leur foi. Ewald Hauff fut envoyé en URSS pour établir des liens en vue d’une collaboration.

Les renseignements nécessaires à un soutien efficace provenaient surtout du Conseil des Familles de Prisonniers, constitué de femmes engagées dont les maris, fils ou autres parents étaient emprisonnés pour leur foi. De 1977 jusqu’à la fin de l’URSS, il n’y a pas eu un seul cas de transmission d’information fausse, si bien que les indications fournies par la Mission étaient considérées en Occident comme absolument dignes de foi.

Hermann Kort, actuellement retraité, était l’homme de liaison. Il parle de “trous dans le rideau de fer”, “trous” qui permettaient de passer Bibles et produits nécessaires aux imprimeries clandestines. Les débuts ont été modestes : un premier messager transporte 12 nouveaux testaments. Puis d’autres moyens sont explorés. Finalement, en un seul transport, jusqu’à 12 000 bibles et autres littératures chrétiennes sont acheminés. Les caches aménagées dans les camions étaient si astucieuses (la protection de Dieu aidant !) que les douaniers n’ont jamais rien découvert.

Cependant, le volume de littérature demandé par les églises devenant de plus en plus important, cela ne pouvait pas rester secret. Les autorités ont repéré d’où cela provenait.

Les dangers et la crédibilité

Le service de la Mission devenait dangereux. Par deux fois Walter Penner reçut des menaces de mort. Hermann Kort, qui avait été averti lors de son émigration de ne rien entreprendre contre l’Union Soviétique, reçut également deux appels téléphoniques pour lui rappeler la menace. De même, Peter Unruh au Brésil, Rien Uÿl en Hollande et d’autres furent menacés.

Notre Mission a même retenu l’attention du gouvernement fédéral allemand. Par exemple, lorsque des représentants de l’Etat se rendaient en URSS, ils présentaient souvent des listes de prisonniers chrétiens à leurs interlocuteurs. Ces listes étaient toujours élaborées avec la participation de notre Mission.

Un jour, nous avons reçu l’information urgente que Serafina Judinzeva, membre du conseil des familles de prisonniers et mère de 10 enfants, devait être jugée le surlendemain. A cette époque se tenait à Vienne une conférence sur la collaboration en Europe. Suite à notre action, la délégation allemande est intervenue auprès des Soviétiques : le procès a été annulé et n’a jamais eu lieu par la suite.

Eduard Ewert a passé 5 ans en détention. Il a raconté que, grâce à l’intervention de la Mission, un avocat chrétien de Kiel a accepté d’assurer sa défense. A la suite de quoi les autorités sont devenues très prudentes et ne se sont plus permis un seul acte de torture, ni contre lui, ni contre aucun des autres frères coaccusés. Les centaines de lettres du monde entier qu’il recevait chaque semaine constituaient un rempart pour lui. Les surveillants ainsi que les détenus ont pu voir les effets de l’amour de Dieu qui règne parmi les chrétiens. Lorsque Eduard Ewert a eu un accident du travail dans le camp, se blessant à la main, il a été opéré dans le meilleur hôpital civil de la région et on lui a constamment demandé si cela allait se savoir en Occident…

Notre tâche n'est pas encore terminée

Avec le changement politique et la libération des chrétiens détenus qui en a résulté, nombreux furent ceux qui pensèrent que notre tâche était achevée. Mais Walter Penner répondit lucidement : « Notre devoir n’est pas terminé. Le plus important reste la Mission, c’est maintenant que notre devoir commence pour de bon ! »

Le gouvernement russe a reconnu le travail de la Mission, malgré toutes les critiques des médias soviétiques. Ce n’est pas fortuit s’il a précisément demandé à notre Mission de tenir à la disposition du Gouvernement des Bibles et des Bibles pour enfants. La distribution de plus de 1000 Bibles aux élus du Parlement russe, le 30.11.1990, a été une expérience mémorable pour notre équipe missionnaire !

Aujourd’hui, la mission FriedensBote a des missionnaires dans la plupart des vastes régions de la Russie et dans plusieurs Etats membres de la CEI. Le travail s’étend toujours plus. Mais une chose demeure : notre dépendance du

Seigneur. S’il retire sa main, tout s’écroule !

Dans la prédication de clôture, Johann Voth a insisté sur le fait que les chrétiens sont comme une lampe pourvue de cellules solaires : si la lampe n’est pas rechargée par le soleil elle ne peut pas briller, elle perd sa raison d’être. Nous restons dépendants du Seigneur.

Alexander Goss, Président de la Mission, résume les projets d’avenir :

« Le but principal était, est et restera le même : propager la Parole de Dieu aussi loin que possible. Nous voulons apporter l’aide nécessaire aux églises pour qu’elles agissent avec efficacité et que beaucoup parviennent à la foi par leur ministère. »

Walter Penner a souligné l’importance de notre travail par les camps de jeunes, l’aide à la construction de locaux pour les églises dans les campagnes, l’édition d’une littérature édifiante, ainsi que le soutien et la formation des missionnaires.

Aujourd’hui comme hier, nous sommes soutenus par les prières, les dons et l’aide de nombreux amis de la mission. C’est grâce au soutien de milliers de personnes que notre travail missionnaire est possible.

Chers amis de la mission, nous ne pouvons exprimer personnellement notre reconnaissance à chacun, car nous ne vous connaissons pas tous par votre nom. Mais le Seigneur vous connaît. Il va aussi vous le rendre selon la richesse de sa grâce !

Votre Mission