Du Coran à la Bible en Kirghizie (2/2)
Résumé de la 1re partie du récit, paru dans le bulletin N°113 : Mukachev Bakyt et sa femme Elmira, tous deux anciens musulmans convertis à l’Évangile, ont ouvert une petite boulangerie qui sert de “centre d’évangélisation”. En l’espace de trois années, 18 personnes ont été amenées à la foi. Plus de 30 enfants assistent aux cours bibliques. Mais les autorités ne voulaient plus tolérer ces activités. Bakyt et Elmira ont été calomniés dans la presse locale et la police menaçait les personnes qui montraient de l’intérêt pour l’Évangile…
« Je sais qui tu es ! »
Kalima est la voisine de Bakyt et d’Elmira. Autrefois haut fonctionnaire de l’administration, elle est aujourd’hui à la retraite. Mais elle se considère toujours comme un agent actif du KGB, la sécurité intérieure. Elle observe chaque fait et geste dans le voisinage, suit les touristes à la trace et fait un rapport à la police, à l’administration et au KGB.
Kalima se tient parfois sur la route devant le portail des chrétiens, le regard fou, criant : « Je sais qui tu es ! Et tu sais qui je suis ! Tu ne me donnes aucun répit ! Depuis que tu habites ici, on n’est pas tranquille ! J’en ai assez ! Pars d’ici ! Je ne peux pas vivre dans cet état, tu dis que Jésus est Dieu ! Non, il n’est pas Dieu ! Il n’est pas Diiiieu ! »
Un jour, Kalima interpelle Elmira depuis le portail, alors que Bakyt était sorti. Elle recommença son tapage. Dans la maison, il y avait les enfants et deux nouveaux convertis kirghizes. Elmira se dressa devant l’entrée et ferma la porte du jardin. Kalima alla chercher un groupe de femmes qui se trouvaient dans les environs et leur cria : « Aussi longtemps que je vis, je combattrai ces gens jusqu’à la dernière goutte de sang ! Je leur déclare la guerre ! ».
Bakyt et Elmira regrettent les dispositions hostiles de leur voisine, qui est vraiment tourmentée par les puissances démoniaques. Depuis, ils lui ont offert un petit évangile et prient pour elle.
À quelle nation appartient Jésus ?
Bakyt et Elmira considèrent aussi leur convocation par le Procureur de l’État comme un moyen d’annoncer l’Évangile. Bakyt raconte volontiers le parcours par lequel il a découvert la foi. Quelques-uns des fonctionnaires sont intrigués et posent des questions sur le quotidien des chrétiens. Lorsqu’un agent du KGB demanda une Bible, Elmira lui dit aimablement : « Nous vous offrons cette Bible ; permettez-moi de vous la dédicacer ; donnez-moi s’il vous plaît votre nom. » L’officier avait trop peur de cela et Elmira écrivit simplement : « Un cadeau au KGB de la part de la famille Mukachev. » Plusieurs Bibles ont ainsi été distribuées.
Elmira a convaincu les agents : « D’abord, je pensais aussi que Jésus était un dieu russe. Mais Jésus n’appartient pas aux nations. On peut le comparer à Adam, le premier homme qui n’avait pas de père terrestre. De quelle nation était Adam ? » Les officiers 0se regardaient0stupéfaits et 0dirent : « Nous ne le savons pas ! » Elmira poursuivit :
« Il est aussi écrit dans le coran que Marie a eu son fils Jésus sans l’intervention de père terrestre ; alors à quel peuple appartient Jésus ? » Les officiers répétèrent encore : « Nous ne le savons pas ». Elmira conclut courageusement : « Donc Jésus nous appartient à nous aussi, les Kirghizes ! » Les hauts gradés devinrent furieux : « Tu veux nous enseigner pour nous faire devenir baptistes ?! »
« Non, répliqua Elmira, mais venez chez nous et rendez-vous compte que nous ne faisons rien de mal lors des cultes ». Mais les fonctionnaires craignent trop une telle rencontre.
Les autorités publiques considèrent Bakyt et Elmira comme des extrémistes religieux. Elles leur ont strictement interdit par écrit de partager des marchandises pour venir en aide et d’organiser des réunions de toute nature. Les trois filles de Bakyt et Elmira font partie des meilleures élèves de l’école. Mais on leur fait du tort en les traitant de “baptistes”.
Une bonne soupe conduit à la conversion…
Manas, un musulman, menaçait de brûler la maison de Bakyt. Il arriva éméché chez Bakyt et voulait le rouer de coups. Mais bientôt, après avoir voulu agresser Bakyt, il s’assoupit à même le sol. Bakyt alla chercher l’épouse de Manas pour qu’elle l’emmène. La femme regarda Manas étendu dans ses vomissures, puis elle dit : « Je ne veux pas l’emmener, faites-en d’abord un baptiste ! » L’hôte se réveilla de bonne heure le lendemain et retourna chez lui. Elmira avait cuisiné une soupe avec de la viande (comme pour les fêtes) et Bakyt en apporta à Manas, disant : « Tu as eu une mauvaise nuit et tu as besoin d’un bon repas pour reprendre des forces ! »
Manas avait honte. Il revint plus tard chez Bakyt et lui posa beaucoup de questions. Jusque-là, il était fier de ses origines, de son histoire, et il considérait Bakyt comme un traître méprisable. Maintenant, il se voyait à la lumière de l’amour de Christ. Manas était prêt à se convertir. Il coupa aussitôt avec l’alcool et le tabac.
Peu de temps après, il se fit insulter dans la rue. On le traitait de “baptiste !” Il revint chez Bakyt et lui dit : « On me rend l’injustice que je vous ai fait subir ! Que dois-je faire maintenant ? »
L’épouse de Manas s’était d’abord réjouie de sa conversion. Mais très vite, elle le tourmentait sans cesse, lui disant : « Tu nous blâmes. Reviens à nos anciennes coutumes. Lis le coran. » Mais Manas resta ferme. Un autre jour, sa femme posa un verre d’eau de vie devant lui et voulut l’obliger à boire. Manas ne put supporter cela, il la roua de coups et lui dit : « Tu veux aussi ça de ma part ? »
Le lendemain, elle se rendit chez Elmira, le visage couvert de bleus et lui demanda de sermonner son mari pour qu’il ne la batte plus. « C’est tout de même un péché pour vous ! »…
La fille de Manas devait se marier à la fin de l’année. Tous connaissaient le penchant de Manas pour l’alcool et ils étaient impatients de savoir comment il allait se comporter. Mais Manas resta inébranlable. À toute la parenté qui s’interrogeait sur les raisons de son abstinence, il expliqua comment Dieu l’avait délivré de l’alcool. De plus, il encourageait ses invités à plus de sobriété !
Dieu a accompli beaucoup d’autres miracles dans la vie de Bakyt et d’Elmira. La parenté qui les avait maudits auparavant, est devenue chrétienne. Remercions Dieu pour cette famille courageuse et prions pour qu’ils soient encore richement bénis.
E. Ewert