donnez-leur vous-mêmes à manger

Ici, Dieu est à l’œuvre

“De la poussière il arrache le pauvre et il relève l’indigent de la fange pour l’installer au milieu des puissants et lui donner une place d’honneur.” (1 Samuel 2.8a)

Au printemps dernier Eduard Ewert a passé presque deux semaines dans la ville de Haïfa, en Israël, pour soutenir le travail parmi les drogués. Voici son compte-rendu :

C’est en Israël que Jésus a proclamé la Bonne Nouvelle. C’est là qu’il fut crucifié et qu’il est ressuscité, victorieux. Et pourtant la vie en “Terre Sainte” n’a rien d’enviable quand on reste loin du salut en Jésus et quand on meurt des suites d’une des plus graves addictions.

Dans un quartier de Tel-Aviv, il y a un endroit où se retrouvent de nombreux émigrants juifs drogués, venus surtout de Russie. Ce sont des SDF qui ont tout perdu et qui sont autorisés à passer la nuit là, pendant la saison froide.

Il y a quelques années, Dieu a mis à cœur à un petit groupe de chrétiens d’aider ces gens. Une ou deux fois par semaine, ils viennent à ce triste endroit et distribuent des tartines avec du thé chaud et des Nouveaux Testaments. Bien des jeunes sont ouverts pour des entretiens.

Les frères et sœurs ont eu un choc en constatant les ravages causés par la mort dans ce groupe. De très jeunes gens meurent ici, soit d’infection, soit d’overdose.

Après quelques années de travail désintéressé, ces chrétiens ont vu Dieu leur offrir des locaux adéquats pour apporter une aide pratique à plus long terme à ces personnes esclaves de la drogue ou de l’alcool. Ils les ont appelés Beth-El, c’est-à-dire “maison de Dieu”. Depuis lors, bien des hommes y ont appris à commencer une nouvelle vie avec Jésus. Certains ont réintégré leur famille, quelques-uns se sont mariés et connaissent désormais une vie de famille heureuse. En général, les jeunes hommes trouvent aussi un emploi. Mais le plus important, c’est qu’ils proclament à leur tour l’amour libérateur de Dieu.

Dieu accorde son aide là où toute autre solution est restée inefficace. Le cadre de ce bulletin ne permet pas de donner davantage de témoignages de personnes sauvées d’une mort certaine. Voici donc juste trois récits, à titre d’exemple, transmis par Maxime D., le directeur de Beth-El. (Les noms ont été modifiés pour raison de sécurité.)

De “l’autorité” criminelle à l’autorité de Jésus

Michaël a purgé 12 ans de prison en Ukraine. Il avait une position influente dans le milieu du crime, mais cela ne lui apportait pas de satisfaction. Et, lorsqu’il contracta la tuberculose, il se mit sérieusement à réfléchir au sens de sa vie.

Un jour, un prédicateur a rendu visite à sa prison et a appelé les détenus à se repentir de leurs péchés. Michaël s’est brusquement ressenti coupable envers sa mère, son épouse et d’autres personnes à qui il avait fait beaucoup de mal. Mais se mettre à genoux et prier, c’était pour Michaël perdre sa position dominante dans le monde du crime. Dans ce milieu, les chefs jurent de ne jamais s’agenouiller devant quiconque. Mais pour Michaël l’hésitation fut de courte durée. Après sa prière, il sut que ses péchés lui étaient pardonnés, et son cœur en fut rempli de joie. Peu de temps après, il fut totalement guéri de sa tuberculose.

Après sa libération, Michaël est retombé dans l’alcool. Il a d’abord cru que l’émigration en Israël, au pays de ses pères, l’aiderait. Mais tous ses efforts de mener une vie correcte échouèrent. Il était désespéré.

C’est alors que Michaël entendit parler de Beth-El et demanda à y être admis. On y donnait une formation biblique, à laquelle il a volontiers participé. La Parole de Dieu lui a montré ce que Dieu pense de lui, elle a changé sa mentalité et sa vie. Il a consacré son existence au Seigneur Jésus et l’a entièrement soumise à la direction de Dieu. Il vit désormais dans la vraie famille des enfants de Dieu, où Dieu est son Père. C’est lui que Michaël veut suivre et servir jusqu’à la fin de sa vie.

Kaï, une triste destinée

À Beth-El, il y a malheureusement aussi des événements bien plus tristes. Kaï n’avait que 25 ans lorsqu’il mourut. Il venait de passer un an et demi au milieu de nous. Il s’était, semble-t-il, converti à Jésus et faisait de bons progrès, prenant volontiers sa part aux travaux dans la maison. Sa vie s’était radicalement transformée. Il n’avait pas tardé à trouver du travail et projetait de faire des études, désirant aussi se faire baptiser.

Nous pensions encore garder Kaï quelque temps parmi nous, pour l’accompagner dans ses débuts. Mais il voulait retourner chez ses parents, des juifs orthodoxes qui ne croient pas en Jésus. Sa relation avec eux s’est rapidement améliorée.

Après quelque temps, Kaï ne put résister à la tentation et est malheureusement retombé. Certes, tout le monde fait des erreurs, mais Kaï dut payer le prix fort pour la sienne. Il avait quitté la maison depuis une semaine, lorsque son père le retrouva mort dans une cave. Une surdose l’avait tué.

Les “pourquoi” nous ont beaucoup tourmentés. La Bible nous dit de ne pas jouer avec le péché, parce que son issue c’est la mort. Et c’est ce qui est arrivé : son péché a entraîné Kaï dans la mort.

À notre grande surprise, ses parents nous ont demandé de nous charger de la cérémonie d’enterrement de leur fils. De nombreux parents y sont venus, en majorité des juifs orthodoxes. Nous n’aurions sans doute pas pu les atteindre d’une autre façon. Et voilà que la mort de Kaï les a rassemblés et rendus attentifs à la Parole de Dieu !

Par la suite, sa mère nous a expliqué que ses dernières années avaient été les plus heureuses de son existence. Et il était clair pour sa mère, comme pour tout un chacun, que c’était Jésus qui avait rendu cela possible.

Comment “Uksus” en vint à écrire à Dieu, et ce qui s’en suivit

Nathan était surnommé “Uksus” (vinaigre), sans doute du fait que tout le laissait insatisfait et qu’il avait toujours une expression amère. Son usage de drogues pendant des années lui avait fait tout perdre et l’avait jeté à la rue. Avec une santé en ruine, il ne pouvait plus marcher qu’avec une canne. L’odeur de son corps, qui n’avait plus connu de toilette depuis longtemps, détournait les gens de lui. Comme pour un lépreux, c’était déjà la puanteur de la mort proche.

Malgré son état catastrophique “Uksus” refusait énergiquement que l’on prie pour lui.

« Prier quel Dieu ? Donnez-moi votre soupe et fichez-moi la paix avec votre lavage de cerveau ! »

Un jour, nous avons fait une visite au grand hôpital de Tel-Aviv, parce qu’on y soignait aussi occasionnellement les drogués. Dans l’entrée nous sommes tombés sur “Uksus” qui avait les deux mains bandées. Il avait voulu voler un climatiseur pour se faire de l’argent en vue de se droguer. Dans l’opération, il s’était gravement blessé aux deux mains. À présent, il envisageait de venir nous voir, et il s’est vivement réjoui de nous avoir rencontrés. Nous l’avons naturellement emmené avec nous.

Les phénomènes de manque ont tellement fait souffrir “Uksus”, que, à peine une semaine plus tard, il a décidé de retourner à la rue. Aucun contre-argument ne l’a touché, et il a refusé que je prie pour lui. Alors je lui ai déclaré que je ne le laisserai aller qu’après qu’il aurait lui-même exposé sa détresse à Dieu. Il eut de longues hésitations et finit par accepter le compromis : exprimer son désir dans une lettre adressée à Dieu. Sur la feuille, on pouvait lire : « Dieu, si tu t’intéresses à moi, alors fais-le-moi savoir ! »

Puis, je l’ai conduit au train pour Tel-Aviv, où il a de nouveau eu accès aux drogues.

Le lendemain, nous nous sommes rendus à Tel-Aviv pour apporter, comme d’habitude, un repas chaud aux SDF. À la porte du lieu de rassemblement des SDF nous avons trouvé... Uksus. Il accourut vers nous et, au lieu de nous saluer, il s’est écrié de manière à être entendu de tous : « Dieu existe !!! » Puis, il nous raconta :

« Déjà dans le train, je me suis brusquement senti très mal. Alors j’ai imploré Dieu de me secourir, après quoi ça allait mieux. Puis, à Tel-Aviv, j’ai retrouvé mes amis au parc, qui m’ont offert de la drogue. En effet, je n’imaginais plus pouvoir m’en passer. Et c’est alors que se produisit l’incroyable : sans même réfléchir à l’offre alléchante, je dis : “Je ne veux plus de drogue”. Je ne me comprenais plus moi-même : était-ce bien ma voix ? Quelqu’un s’était emparé de ma langue et de mes sentiments, un miracle avait eu lieu. J’ai senti en moi une liberté comme je n’en avais jamais connu. Dieu existe donc vraiment ! »

Il est revenu avec nous à Beth-El et y a vécu six mois. Il nous a aidés pour divers travaux et a activement lu la Bible. Après sa conversion, il a mis de l’ordre dans sa relation avec son épouse Maria et ses deux enfants et, peu après, il a trouvé un emploi. Maria n’est pas encore chrétienne, mais elle aussi comprend que les changements en Nathan-Uksus sont l’œuvre de Dieu, et elle se réjouit des relations familiales devenues bonnes. Nathan déclare : « Jamais encore je n’avais connu une telle relation avec ma femme. » Leurs voisins les envient !

Quelques mois plus tard, Nathan est venu nous visiter avec toute sa famille. Il a tout d’abord demandé une Bible, et ajouta : « Il faut que je vous lise ce que la Bible dit de moi ! » Et il se mit à lire Ésaïe 65.1 : “Je me suis laissé trouver par ceux qui ne me cherchaient pas.”

 

Chers amis de la mission, la Bible nous interpelle : “Délivre ceux que l’on entraîne à la mort et sauve ceux qui vont, chancelants, au supplice !” (Proverbes 24.11) Si votre cœur est touché par ce travail de sauvetage de gens avançant, chancelants, vers la mort, au premier sens du terme, vous pouvez prier pour cette action et la soutenir financièrement en notant la mention “Beth-El”.