Mission auprès des Nénètses de Jamal
“Si le Fils vous affranchit, vous serez réellement libres.” (Jean 8.36)
Jamal est une presqu’île dans le Nord de la Sibérie occidentale. Son climat est rude : l’hiver est froid et long, l’été très bref, est frais et venteux. C’est là que vivent les Nénètses, un peuple profondément enferré dans le paganisme, le culte des idoles et le chamanisme.
Malgré les intempéries, les tempêtes et le froid (Ndlr : Cette année, entre Noël 2016 et le 1er janvier 2017, le thermomètre est descendu à moins 60°C !), nos missionnaires Andreï Oselsky et Liviu Gusak, de Moldavie, accompagnés de quelques frères du Grand Nord, ont effectué une tournée missionnaire pour faire connaître à cette population l’amour et le salut accompli par Jésus-Christ. Ce voyage du 21 août au 10 septembre nous est présenté par notre frère Oselsky :
Nous entrons par la toute-puissance de Dieu
Nous avons atteint la localité de Salekhard sans difficulté particulière. Mais à l’entrée du territoire autonome des Nénètses il y avait un contrôle frontalier qui nous a retardés dans la poursuite de notre trajet.
(Ndlr : Les Nénètses sont une exception parmi les peuples minoritaires de l’Arctique : premiers éleveurs de rennes de la planète, ils sont les seuls à avoir réussi à préserver totalement un mode de vie ancestral. Nomades, ils déplacent leur campement environ 70 fois par an, sur plus de 1.000 km…)
La loi antiterroriste, appliquée depuis juillet 2016 dans la Fédération de Russie (Ndlr : cf. N° 133, p.10 : Interdiction du témoignage public en Russie), a considérablement compliqué notre entrée. Nous n’avons pu franchir le point de contrôle qu’après avoir passé un examen minutieux de nos papiers et avoir présenté un document écrit de l’ancien (Ndlr : ancien de l’église de Salekhard) Vladimir S. Cet écrit justifiait notre séjour dans le pays et dans sa maison. C’était la première fois que nous connaissions un contrôle aussi sévère depuis la chute de l’Union soviétique.
À cela s’ajouta l’éruption d’une épidémie de fièvre charbonneuse parmi les rennes, juste avant notre arrivée. Cette maladie peut également être mortelle chez l’homme. On a d’abord voulu nous mettre en quarantaine, mais dans sa toute-puissance Dieu a conduit les choses autrement et, après avoir perdu deux jours, nous avons pu entrer.
Sémion répand la Parole de Dieu
À Salekhard nous avons rendu visite à l’église où nous avons rencontré Sémion, un Nénètse qui nous avait aimablement hébergés dans son tchoum (tente en peaux de rennes, variante de la yourte) lors de notre précédente tournée. Ce fut une joie immense d’apprendre qu’il était devenu un enfant de Dieu baptisé et que sa femme Katiya avait aussi émis le désir d’être baptisée.
Émerveillés de la grande grâce de Dieu, avec les frères et sœurs de l’endroit, nous avons célébré ce baptême et un culte comprenant la cène.
Le frère Liviu a demandé à Semion :
- Qu’est-ce qui vous a convaincus de lire la Bible et de croire en Dieu ?
- La première fois que vous êtes venus chez nous, lui répondit Sémion, nous pensions que vous étiez de ces touristes qui s’intéressent seulement à notre mode de vie. Quand ces touristes viennent, le plus souvent ils font quelques photos et puis repartent.
Mais vous, vous avez passé la nuit et partagé vos vivres avec nous. Nous avons été surpris que vous ayez supporté plusieurs jours nos dures conditions de vie. Oui, vous avez partagé notre vie, dormi sur les peaux de bêtes et pris part à notre travail. Cela nous a montré que vous preniez votre foi au sérieux.
Après votre départ nous avons lu le Nouveau Testament que vous nous aviez laissé. Nous avons réalisé que Jésus nous aime encore plus que vous ne le faites et qu’il a même payé pour nos péchés. Nous voulons désormais le servir.
Le soutien de la mission FriedensBote et des frères et sœurs sur place a permis de remettre à Sémion des lattes pour sa tente, un moteur pour son bateau et un petit générateur électrique. La famille s’est dit comblée et a exprimé sa profonde reconnaissance. Elle a aussi pris de nombreux évangiles à distribuer à la parenté et aux amis. Veuille Dieu bénir leur témoignage, pour que d’autres également s’ouvrent à Dieu !
Navigation avec Jésus dans de violentes tempêtes
Notre voyage vers le Nord se poursuivit, avec cinq frères, à bord d’un chalutier. Outre Liviu et moi, il y avait Vladimir S, ancien de l’église, Sergueï le missionnaire local qui a fait la cuisine, et Youri, notre capitaine.
Nous avons suivi le fleuve Ob en direction de l’Arctique. Mais en raison du mauvais temps le trajet jusqu'à notre prochaine destination dura nettement plus longtemps que prévu. On avait beau être en août, il faisait très froid, la température de l’air tournait autour de 4 à 6 degrés et le vent ne cessait de se renforcer. Cela se transforma en violente tempête sur le fleuve, qui avait jusqu'à 5 km de large. Nous avons été surpris de voir le vent soulever des vagues sur le fleuve, jusqu'à 2 mètres de haut, qui retombaient avec un grand fracas. Et le vent ne cessait de changer de direction, tournant les vagues dans son sens.
Le bateau tanguait si fort que nous nous sommes sentis en grand danger. Nous avons continué d’avancer autant que possible, mais quand la violence du vent empêcha de poursuivre le voyage, nous avons fait halte à un endroit où il y avait des tentes. Cet arrêt forcé nous permit de visiter les différents tchoums et d’apporter aux Nénètses la Bonne Nouvelle de Christ. C’est à la grâce de Dieu seule que nous devons d’avoir pu atteindre notre destination ! Lorsque de telles tempêtes sont annoncées, même de gros bateaux restent à l’ancre et attendent de meilleures conditions. Mais Jésus nous a portés sans dommages à travers tout cela, il était avec nous dans le bateau, nous épargnant de grands problèmes.
Grave confusion : où est la vérité et qu’est-ce qui est mensonge ?
Nous avons jeté l’ancre et commencé à visiter les différentes tentes. Mais les gens se sont montrés très réservés et prudents à notre égard. Ils nous ont expliqué que des prêtres orthodoxes étaient venus les voir et avaient distribué beaucoup d’icônes (images de saints) en les avertissant de n’accueillir personne, et surtout pas des membres de sectes. Il fut très difficile d’entamer une discussion avec eux, ils ne cessaient de nous demander si nous faisions partie d’une secte.
Nous leur avons alors expliqué : « Nous ne sommes pas venus vous entraîner dans une religion, mais nous voudrions vous apporter la vérité, la Bible. Quand vous la lirez, vous reconnaîtrez ce qui est vrai de ce qui est mensonge. La Bible vous parle de Jésus-Christ ; il est Dieu. C’est la Bible qui vous conduit à Dieu, pas nous. Et pour que vous puissiez discerner la vérité, il est important de lire la Bible. »
- Mais qui, demandèrent-ils, hésitants, qui peut comprendre la Bible ? Qui va répondre aux questions qui vont surgir au cours de notre lecture. Tout ça, c’est si difficile !
- Dieu lui-même vous répondra par sa Parole écrite. Lisez et étudiez ce livre et vous trouverez peu à peu les réponses. Ce livre parle du Créateur du ciel et de la terre, de la vie et de la mort, du jugement de Dieu, de la foi et de la vraie libération du péché. Si vous êtes d’accord, nous allons vous chanter quelques chants au sujet de Dieu et de son grand amour envers nous, hommes pécheurs.
Ils ont accepté volontiers.
Des cantiques dissipent la peur
J’ai donc pris ma guitare et nous nous sommes mis à chanter. Peu à peu, les cœurs se sont radoucis, nous avons vu l’expression de leurs visages changer. Non seulement les cantiques leur ont plu, mais ils ont aussi touché leurs cœurs et les ont apaisés. Jamais ils n’avaient entendu de tels cantiques. Ils allèrent jusqu'à essayer de comprendre et de retenir leur sens. Leur peur à notre égard s’évanouit et alors nous avons pu parler très ouvertement avec eux de Dieu et de son œuvre de salut, et raconter des témoignages vécus. Le pasteur Vladimir les a invités dans son église à Salekhard en leur proposant un lieu où séjourner et où passer la nuit.
Aux parents qui avaient des enfants internes dans des écoles de Salekhard, nous avons aussi proposé de s’adresser aux croyants du lieu en cas de difficulté. Ce fut une heureuse surprise pour les Nénètses qui nous remercièrent vivement.
Notre visite inspire confiance et joie
Aux familles extrêmement pauvres nous avons remis des vivres, car, en dehors du poisson, elles n’avaient rien à manger. Elles ont accueilli nos cadeaux, pleines de joie et de confiance. Aux enfants nous avons donné des petits gâteaux et d’autres douceurs qui firent briller leurs yeux de joie. Chaque fois qu’il s’est trouvé en présence de malades, Liviu, le médecin, a pansé des plaies, donné des médicaments et des conseils. En particulier, il leur a expliqué à quoi veiller lors de la préparation des repas, pour ne pas nuire à la santé. Il leur a aussi expliqué combien il est important de ne boire que de l’eau bouillie, car le fleuve est pollué par des eaux usées.
Aux parents, il a donné des conseils pour protéger les enfants de maladies et comment soigner les maladies déclarées. Les gens en furent très reconnaissants car il n’y a pas le moindre hôpital à plusieurs centaines de kilomètres à la ronde, et encore moins un médecin qui consulte. Ils nous ont vivement remerciés, bien conscients désormais que nous n’étions pas venus leur demander quelque chose, mais pour les aider et leur donner de ce que nous avions.
Notre arrivée tombait dans la saison de la pêche, quand les Nénètses laissent leurs troupeaux de rennes et se tournent vers le fleuve Ob pour faire provision de poissons pour l’hiver. Ces poissons sont salés, congelés et mis en réserve pour de long jours. Certains les vendent ou les échangent contre du combustible.
« Dieu est injuste envers moi ! Ou bien je me trompe ? »
Un jour nous avons eu la visite de Piotr, un Nénètse de l’endroit. Il était relativement ivre et en colère contre le monde entier. Il allait très mal. On nous a expliqué que l’an passé sa famille avait connu une terrible tragédie : ses deux fils majeurs se sont noyés et on a retrouvé sa fille pendue.
Nous sommes allés le voir le lendemain. Il était dégrisé. Nous nous sommes assis et avons porté avec lui le deuil de ses enfants.
- Puisque vous prétendez que Dieu existe, demanda-t-il, il est très injuste envers moi. Pourquoi m’a-t-il pris mes fils et ma fille ?
- Piotr, lui avons-nous répondu, nous comprenons que c’est une grande douleur de perdre trois enfants. Et pourtant il n’y a que Dieu qui puisse t’aider et te porter au travers de cette souffrance. Car ce n’est pas lui qui t’a pris tes enfants, ce sont les démons que tu adores. Nous aimerions te présenter un message qui t’aidera, quelque chose que tu n’as encore jamais entendu. Ce message vient de Dieu lui-même, c’est la Bible ! Dans ce livre tu trouveras les réponses aux questions qui te tourmentent.
Dans la suite de l’entretien nous avons vu son comportement changer. Il nous a écoutés attentivement, hochant toujours à nouveau la tête, et cessant de s’en prendre à Dieu. Et, comme quelques petits enfants étaient à proximité, nous l’avons consolé :
- Tu vois, vous avez une consolation : vos petits enfants. Il s’agit d’en prendre soin et de les élever. Pour eux nous t’invitons à prier Dieu et non les mauvais esprits, car seul Dieu peut les garder et les protéger de tout le mal en ce monde. C’est dans sa main que repose toute notre vie.
Puis nous avons chanté des cantiques. Pendant tout ce temps sa femme écoutait attentivement ; nous avons vu avec quelle joie elle accueillait l’Évangile dans son cœur.
« Qui répondra à nos questions ? »
Dans l’une des tentes nous avons trouvé un vieux Nénètse très malade. Nous avons pris du temps, Liviu l’a aidé de son mieux, nous lui avons parlé et avons prié Dieu de se révéler à lui dans son amour. Nous lui avons aussi expliqué comment prier Dieu.
C’est ainsi que deux semaines durant nous sommes passés de tente en tente. Nous avons chanté, raconté des témoignages vécus, prié, enseigné, transmis la Bonne Nouvelle de la Parole de Dieu et apporté de l’aide médicale.
Dans chaque tente les gens ont réagi de manière très différente. Les uns ont dit franchement : « Nous n’avons que faire de vos livres et de vos histoires ! Vous ne faites pas partie de notre confession ! » À quoi nous répondions : « Nous comprenons que vous ayez du mal à distinguer un ami d’un ennemi. Mais avec le temps vous reconnaîtrez la vérité. Lisez donc ce livre ! »
Quand nous aidions gratuitement les gens dans leur travail, tout en chantant, ils ouvraient leur cœur. Et dans l’entretien qui suivait, ils exprimaient souvent bien des questions auxquelles nous répondions avec l’aide de Dieu. Certains ne pouvaient pas comprendre pourquoi il y avait tant de dénominations différentes parmi les chrétiens. « Comment savoir quelle foi est la bonne ? » Et chaque fois nous les rendions attentifs à la Parole de Dieu. C’était triste de voir les dégâts causés par Satan dans leur âme.
Un profanateur de tombe devenu faux-dieu !
Un peu partout nous avons vu des idoles dressées, les unes en bois, d’autres en pierre ou encore en os. Dans ces contrées les gens ont des quantités de faux dieux qu’ils adorent. Ils adorent même un oiseau, le corbeau, car ils croient qu’il leur apporte la vie.
Les icônes apportées par les prêtres orthodoxes sont aussi devenues des idoles.
Un peu plus loin, au bord du fleuve Choutchya, nous avons trouvé un spectacle tragique. Sur la rive, il y avait un cimetière avec quelque 30 à 40 tombes. L’insolite, est que les cercueils bruts pendaient à un arbre. On nous a expliqué que l’année précédente un ours avait retourné une dizaine de ces tombes. Désormais les Nénètses apportent aussi des sacrifices pour l’ours et adorent un ours sculpté pour qu’il les protège.
Une fois de plus, nous avons réalisé l’importance d’apporter la vérité à ce peuple. Leur vie ne dépend pas d’un quelconque destin, d’idoles inertes ou d’un ours en colère. Non, ils peuvent se confier au Dieu vivant, tout-puissant et plein d’amour.
« Seul Jésus vous libère ! »
Sur le retour nous avons également visité plusieurs villages et quelques Nénètses déjà convertis. Les croyants sont souvent isolés et ils ont tout particulièrement besoin d’être visités par d’autres frères qui les encouragent et prient avec eux.
Revenus à Salekhard nous avons eu le plaisir de découvrir que deux étudiantes s’étaient rendues au lieu de culte dont nous avions donné l’adresse aux parents. Elles nous ont posé quantité de questions sur la foi et sur la Parole de Dieu. Leurs cœurs était ouverts, et elles ont même chanté quelques cantiques avec nous.
Nous nous sommes également rendus à un centre médical pour malades psychiques et pour dépendants aux drogues et à l’alcool. La directrice, une doctoresse, nous a accueillis et conduits dans les divers services. L’un des malades nous a demandé qui nous étions, et, sur notre réponse, il a réagi avec une grande agressivité et a hurlé qu’il ne voulait pas nous écouter. Mais les autres ont montré beaucoup d’intérêt. Nous avons commencé par chanter quelques cantiques et avons vu les gens se calmer et dresser l’oreille.
Puis nous leur avons dit : « Personne n’est en mesure de vous libérer de vos péchés et de vos dépendances. La Bible nous déclare : “C’est seulement si Jésus-Christ, le Fils de Dieu, vous libère, que vous serez réellement libres !” (cf. Jean 8.36). C’est pourquoi, il vous faut appeler Dieu à votre secours. Si vous ne le faites pas, vous ne pourrez compter que sur le traitement médical et vous resterez toujours dans les chaînes du péché. Tant que vous êtes en vie, il y a de l’espoir pour vous. Vous avez le choix : soit Dieu vous transforme, soit vous allez à une perdition éternelle.
La Parole de Dieu touche les cœurs
À notre grande joie nous avons constaté que la Parole de Dieu a particulièrement touché le cœur du personnel médical. Leurs yeux brillaient, remplis de larmes ; eux aussi ont posé beaucoup de questions : « Pourquoi tant de souffrances, de malades, d’enfants abandonnés, de mariages malheureux, de divorces ? »
Nous avons répondu à l’aide de la Bible, en ajoutant que tout cela est causé par le péché. L’entretien dura une heure et demie. Quand nous avons pris congé, les médecins et le personnel nous ont remerciés en nous demandant de revenir assez souvent. Deux médecins plus particulièrement intéressés ont pris un évangile et noté l’adresse du lieu de culte local, promettant de s’y rendre.
Cela vaut toujours la peine !
Nous avons répandu la Parole de Dieu avec joie, et à présent nous prions instamment qu’elle lève et porte beaucoup de fruits.
Notre cœur est rempli de reconnaissance à l’idée que ce voyage n’a pas été inutile, car Dieu l’a abondamment béni.
Nous remercions la mission FriedensBote et chaque personne qui prie et qui soutient : c’est grâce à eux tous que cette tournée a pu se faire. Veuille Dieu poursuivre son œuvre dans tous ces cœurs !
Chers amis de la mission et chers intercesseurs, nous espérons qu’en 2017 de tels voyages vers les peuples oubliés de Sibérie pourront se renouveler. Veuillez prier pour cela avec nous !