Plus sur les orphelins en Ukraine
Suite au voyage de l’équipe internationale canado-franco-germanique, l’été dernier en Ukraine[1], nous ajoutons ici des informations complémentaires sur la visite à l’orphelinat de Drouchkovka, près de Donetsk.
[1]Voir les deux bulletins précédents Un voyage en Ukraine, l’été 2017 N138 et N137
(par Eduard Ewert, FriedensBote)
À l’internat pour enfants orphelins handicapés : quelque chose que l’on ne peut oublier !
Depuis trois ans, l’internat pour enfants handicapés à Drouchkovka (région de Donetsk) accueille environ 200 orphelins handicapés, alors évacués de la zone des combats et de leur internat bombardé. Comme il n’y avait pas de places libres, on les avait mis simplement sur de vieux matelas tout déformés à même le sol. Ils sont, pour la plupart, handicapés à vie par leur paralysie. À l’époque, nous avions débuté l’opération : « Des lits avec matelas pour enfant ». Nous avons souhaité revoir cet internat pour constater de nos yeux le travail inlassable accompli par des chrétiens venus de Kharkov.
Notre chemin vers Drouchkovka, à 240 km au sud de Kharkov, passe à proximité de la ligne du front. Les dégâts de la guerre sont catastrophiques : les magasins, hôpitaux et habitations sont bombardés. Quelques constructions ont été réparées de façon précaire, mais personne ne sait si la situation actuelle est tenable. Les mines disséminées représentent un danger mortel pour la population civile, dont beaucoup ont été les victimes. Pendant des mois, on n’entendait plus de chants d’oiseaux. Même les animaux avaient fui. Un silence de mort s’était installé. Mais, maintenant, les premiers oiseaux sont de retour et font leur nid dans les ruines.
Les orphelins handicapés de l’internat de Drouchkovka se sont beaucoup réjouis de notre visite. La responsable de l’établis-sement, Oxana Viktorovna, nous a montré l’organisation dans son ensemble et nous avons pu constater une bienveillance des enfants entre eux qui fait chaud au cœur. Les plus âgés veillent sur les plus jeunes aussi bien qu’ils le peuvent. Les jeunes et les adolescents, tous handicapés, nous ont présenté leurs travaux de bricolage et de construction.
“Nos lits”, ceux que nous avions financés, étaient dans deux pièces où dorment les orphelins. Tout semblait bien propre et confortable. Dans certains lits, nous avons alors découvert de petits êtres qui ne bougeaient pas. Ils ont éveillé en nous une profonde compassion. Me penchant sur certains, je les ai caressés de la main, leur chuchotant doucement à l’oreille : « Jésus t’aime ». J’espère qu’ils ont pu comprendre quelque chose.
Par ailleurs, nos amis de Kharkov ont déjà cherché quelques-uns des orphelins à plusieurs reprises pour les emmener au culte, et aussi pour les faire participer à des activités pour enfants en ville. Ces petits en gardent toujours de très bons souvenirs et ils expriment le souhait de recommencer. La direction de l’orphelinat est ouverte à de telles initiatives de la part des chrétiens et cela est très encourageant. Maintenant, au moins, ils commencent à sourire quand on les caresse. Soixante-cinq d’entre eux ne pourront plus marcher de leur vie. À cause de leur paralysie, des jeunes de 14 ans paraissent en avoir à peine 7. Vous ajoutez à cela une guerre implacable… pourront-ils y survivre ?
L’attitude de la directrice de l’établissement est d’autant plus surprenante : « Nous n’abandonnerons pas ces enfants aussi longtemps que nous le pourrons. Et il semble bien que Dieu voit cette misère, sinon vous ne seriez pas venus. »
Il y a de l’espoir, Dieu entend les prières
À la fin de la visite, nous avons demandé à la directrice quel est le besoin urgent auquel il faudrait remédier. Elle nous a répondu tristement : « Notre machine à émincer vient juste de tomber en panne, or les enfants paralysés ne peuvent pas mâcher. C’est une sorte de hachoir à viande avec lequel nous préparons des purées nous permettant de nourrir les enfants à la cuillère. »
Après une concertation avec les frères du Canada, nous avons décidé de financer le remplacement de la machine par l’intermédiaire de l’église de Kharkov.
Nous avons aussi laissé aux orphelins quelques cartons avec des habits et des bananes. Cela a provoqué une très grande joie parmi eux. Au moment de nous quitter, une jeune fille, Irina, nous a dit : « Vous venez toujours pour très peu de temps. Nous voudrions venir avec vous pour un culte dans votre église. Nous allons prier pour que cela soit possible. » Nous lui avons demandé : « Comment sais-tu que l’on peut prier Dieu et qu’Il entend les prières ? » Elle répondit : « La première chose que les chrétiens nous ont apprise, lorsqu’ils nous ont apporté les lits pour enfants, c’était de prier. Ils nous ont dit que nous devions remercier Dieu pour cela et ils nous ont expliqué comment nous pouvions le faire. »
Nous étions étonnés. La graine qui avait été semée, portait déjà du fruit.
Ces enfants qui n’ont plus d’espoir dans cette vie, à 30 km de la ligne du front, ont trouvé de l’espoir en Dieu.
Des orphelins au service du dimanche soir à Pekhotravniev
Les deux fois dix orphelins adoptés par les deux sœurs Natacha et Tatiana Nicolaïenko (voir le dernier bulletin) étaient présents à cette rencontre de l’église avec sept autres orphelins. Il y avait plus d’enfants que d’adultes ! Ils rayonnaient de joie et on avait l’impression que leurs chants, plein d’entrain et de ferveur, allaient soulever le plafond ! Au bout de deux heures, ils dirent : « Ici, nous sommes acceptés, ici nous sommes aimés. Ici, nous pouvons chanter, même si nous chantons mal, et personne ne se moque de nous. Pouvons-nous encore chanter un cantique ? ». Et ils ont encore chanté un cantique, puis un autre… et un autre encore. Finalement, la réunion a duré plus de trois heures !
Les personnes présentes nous ont aussi remerciés du plus profond du cœur pour les convois d’aide fournis par la mission FriedensBote avec le soutien des amis donateurs.