Grands besoins et envoi de missionnaires
La région au-delà de l’Oural se trouve bien isolée, surtout pour les chrétiens ! Beaucoup de missionnaires ont souvent regardé bien plus loin encore, jusqu’en Yakoutie, voire jusqu’au Kamtchatka.
En 1993, un groupe de chrétiens loua un bateau pour mener une campagne d’évangélisation le long des fleuves Irtych et Ob, dans la plaine de la Sibérie occidentale. C’est ainsi que des églises ou des groupes chrétiens ont été établis dans divers villages, comme dans des villes plus ou moins grandes.
Après quelques années, certains de ces groupes sont tombés dans l’oubli, de sorte que, malheureusement, la vie spirituelle ne s’y est pas grandement développée.
En 2008, notre Mission a établi un premier contact direct avec les chrétiens de Tobolsk et de ses environs. Depuis, nous soutenons leurs activités selon nos possibilités: séminaires bibliques, colonies de vacances, actions à Noël, etc.
Cependant, dans les villes et villages isolés, les besoins spirituels demeurent aussi pressants qu’auparavant. Dans les petites assemblées, les chrétiens sont très jeunes dans la foi ; ils ont un besoin urgent de conseils et d’enseignement par des pasteurs plus âgés et plus expérimentés.
Les frères Alexander Dribnokhod (57 ans) de Kharkov et Andreï Oselsky (71 ans) de Kichinev se sont déclarés prêts à entreprendre, en notre nom, un voyage de six semaines à travers la Sibérie occidentale. Tous deux ont l’expérience de la région. Alexandre était déjà à Tourouchansk, au bord du Yénisseï, et Andreï a vécu 15 ans en Sibérie (deux ans en détention pour sa foi à Kysyl, puis volontairement à Krasnoïarsk).
“Chemins” nordiques
Partis de Tobolsk, le 1er mars, les deux frères, accompagnés de l’ancien de cette église, Alexeï Bogdanov, visitent d’abord deux églises en zone “civilisée”.
Puis, le chemin devient un “simnik”, c’est-à-dire une “route” praticable seulement en hiver, quand tous les marécages sont gelés et qu’on peut traverser les fleuves et les forêts primitives. Il est parfois inquiétant de parcourir 100 km sans rencontrer une seule voiture ni apercevoir le moindre signe de vie. Plusieurs tempêtes de neige ont rendu le voyage encore plus éprouvant. Ici, mars reste un vrai mois d’hiver avec des températures proches de -40°C.
Quel soulagement lorsque soudain le téléphone portable, resté muet depuis des jours, revient à la vie et émet un signal. Quelque part, à “proximité”, se trouve une antenne, donc aussi des hommes !
Bénédiction de la communion fraternelle et opposition des forces du mal
Le plus important était de rencontrer nos frères qui, par leur éloignement, ne sont visités que très rarement et qui eux-mêmes ne peuvent guère visiter d’autres églises. Ils ont pu être encouragés dans leur isolement, et certains malentendus parmi les chrétiens ont été levés. Alexandre et Andreï connaissent bien les Écritures, ils sont aussi de bons chanteurs et de bons musiciens. Aussi sont-ils partout les bienvenus et les rencontres durent d’autant plus longtemps, jusque tard dans la nuit. Si déjà un visiteur vient “se perdre” dans ces contrées, il faut utiliser l’occasion au maximum pour s’entretenir avec lui !
À Pionersky, l’église s’est réunie le 9 mars, tout le samedi. Mais les forces du mal n’étaient pas absentes. Quelques événements ont failli perturber la communion fraternelle.
Un frère, en route pour la réunion, a fait quatre tonneaux avec sa voiture, à 130 km de Pionersky. Cependant, il s’est retrouvé sur les roues pour arriver tout de même au but avec sa voiture cabossée ! La sœur qui devait assurer le service à la cuisine a vu son toit brûler ce jour-là. Heureusement, la maison a pu être sauvée. Des jeunes frères se mirent immédiatement en route pour réparer provisoirement les dégâts. Un autre frère, prenant sa casquette, fit promptement une collecte pour la sœur sinistrée. Ainsi la communion fraternelle n’a pas été interrompue, même si en fin de journée un petit garçon est tombé des marches en se blessant.
Même loin de la civilisation, la joie du Seigneur demeure
Vous devriez voir les intérieurs des maisons... En tout cas, ils ne sont pas faits pour une vie raffinée. Dans certaines cabanes de ces “contrées inhospitalières”, la couche de poussière peut atteindre un centimètre… Il faut s’attendre à être dérangé par des poux (appelés “les partisans”). La nuit, le frère Andreï s’est réveillé par de l’eau qui s’écoulait sur lui abondamment par le plafond.
Une femme de 72 ans a particulièrement impressionné les frères. Elle vit dans une petite cabane du village de Le-Uschi. Elle se déplace beaucoup à skis, toujours accompagnée par son accordéon à boutons qu’elle aime tout particulièrement. Chez elle, elle chante et joue des cantiques à la gloire de Dieu jusque tard dans la nuit.
Priez pour la suite du voyage !
Justement maintenant, pendant que vous lisez ce bulletin (ndlr : c’est-à-dire en mars), le voyage se poursuit dans le Nord. L’essentiel est encore à venir pour nos deux frères.
Alekseï a dû rentrer chez lui dix jours plus tard, tandis qu’Alexandre et Andreï ont poursuivi le périple. Souvent les déplacements ne peuvent s’effectuer que sur les “simniks” (voir plus haut). Au nord de Chanty-Mansysk, à l’aide de scooters des neiges, ils rendront visite à des éleveurs de rennes.
La Friedensbote
Dieu voulant, le rapport avec photos de cette dernière partie du voyage paraîtra dans le prochain bulletin. Dans nos prières, n’oublions ni les missionnaires ni les frères et sœurs visités. Et que d’autres âmes trouvent le salut en Jésus-Christ !