donnez-leur vous-mêmes à manger

Oubliés par les hommes, mais trouvés par Dieu

Voir aussi Le Messager de la Paix n°121, pp. 10 et 11.

C’est fort justement que la Sibérie du Nord est appelée “le bout du monde”. Le chemin est sans fin. Rarement un étranger s’y aventure, et nombreux sont ceux qui ne sont jamais revenus de ces contrées inhospitalières.

Les petits peuples du Nord vivent et meurent depuis des siècles esclaves du péché, du chamanisme et de la violence entre eux.

Les Khantys constituent une population d’environ 29 000 personnes. Ils forment l’un de ces petits peuples de la région autonome de Yougra, située derrière les montagnes de l’Oural, dans les zones reculées de la Sibérie occidentale. Comme leurs ancêtres, ils vivent dans des cabanes primitives, près de fleuves riches en poissons. Ces derniers constituent “‘le Pain du peuple” durant la longue période hivernale. Le poisson est aussi la nourriture des chiens et même des rennes.

Le renne est tout pour ces gens : l’alimentation, les transports, l’habitat et l’habillement en dépendent. Chaque renne porte un nom et appartient à l’un des membres de ces familles. Pendant des décennies, personne ne s’est intéressé à ce peuple, jusqu’à ce que l’industrie pétrolière trouve avantageux d’exploiter la région. Dès lors, l’environnement s’est beaucoup dégradé. En guise de dédommagement pour leurs espaces, on a donné de l’argent, de l’alcool et du tabac. Une telle “aide” n’a fait que mener à la ruine ce peuple, sans que cela inquiète vraiment les autorités.

Enchaînés par les démons

Toute la vie de ces gens est déterminée par les rites occultes et païens ; le sang des animaux sacrifiés est répandu sur les murs des maisons pour les “protéger du malheur”. Dans l’arrière-cour, ils ont aussi un autel pour les sacrifices et une place pour conserver les dieux de la famille. Ceux-ci peuvent être constitués par des morceaux de tissu ou des figurines sculptées dans le bois. Ils attachent également des tissus colorés aux arbres de la forêt pour honorer les démons. À chaque démon correspond une couleur : le rouge pour l’esprit du feu, le bleu pour celui de l’eau, le noir pour la maladie et le malheur.

Même les nourrissons sont consacrés aux démons. Au cours du rituel, l’enfant est aspergé d’eau de vie et appartient ainsi à un démon spécifique. Ces démons rendent la vie des Khantys insupportable et triste. Sous leur influence, et possédés par eux, les gens s’entre-tuent sans réfléchir à leurs actes.

Dieu n’oublie personne

Cependant, oubliés par les hommes, ils ne le sont pas de Dieu. Toujours à nouveau, le Seigneur leur envoie des missionnaires et touche le cœur de milliers de chrétiens à travers le monde pour qu’ils soutiennent ce travail financièrement et par la prière.

Nous remercions tous ceux qui prient pour cela et ceux qui ont apporté les fonds nécessaires pour l’achat d’un bateau à moteur rendant possible un voyage en 2013.

Trois frères de la Biélorussie ont entrepris, le 30 juin avec le missionnaire Mannikov, un voyage à la rencontre des Khantys.

Le bateau à moteur a remonté le fleuve Bolchoï Yugan, un bras de l’Ob. Les cours d’eau sont les principales artères de communication, les seules “routes” praticables en été. Dans chaque village, nous avons fait des haltes pour parler aux gens du Dieu vivant.

Dieu nous a accordé de très nombreuses occasions pour parler de Jésus à beaucoup de personnes qui n’avaient jamais entendu parler de l’Évangile.

Voici quelques exemples qui montrent combien la situation est sérieuse :

Lorsque le meurtre devient
le quotidien

L’une des familles khantys nous a accueillis très amicalement. Tandis que la mère de famille préparait le repas sur la cuisinière à bois, son mari nous raconta son histoire : « Enfant, j’ai, un jour, visité un ami. Le soir, en rentrant chez moi, j’appris qu’entre temps son père avait tué toute sa famille avant de retourner l’arme contre lui-même. »

Ce n’est pas un récit isolé. Nous avons visité un grand village d’environ 300 maisons. Cependant, seules vingt familles y vivaient encore. Pourquoi cela ? La réponse nous a choqués : « Personne n’a quitté les lieux. Le village s’est détruit lui-même au cours des quarante dernières années. Ses habitants ont péri de diverses manières. Le plus souvent, ils se sont entre tués. »

Malgré ces terribles événements, Dieu travaille dans les cœurs endurcis de ce peuple. Nous avons été réjouis d’apprendre que déjà un couple chrétien, Victor et Julia, vivait ici. L’amour de Dieu les avait transformés. Libérés des chaînes du péché, ils sont en mesure d’aimer les autres.

Dans nos visites dans les familles, la rencontre de Wassily, doyen du village, a été une expérience réjouissante. La première visite de Dimitry – l’un des rares chrétiens de la région – lui a presque coûté la vie. Il allait, alors, courageusement à la rencontre des personnes, même si celles-ci le menaçaient de leur arme, il les embrassait. Dieu a opéré un miracle. Wassily, l’homme le plus respecté du village se convertit. Depuis lors, Dimitry a pu parler ouvertement de l’Évangile

Cette année Wassily exprima le désir d’être baptisé publiquement pour bien montrer que, désormais, il vivait pour Dieu. Jamais personne n’avait été baptisé, de sorte que les villageois restaient tous dans l’expectative.

Cependant on nous demandait de ne pas descendre dans le fleuve là où quelqu’un s’était suicidé, leurs pratiques religieuses ne le permettant pas. Cela devenait compliqué pour nous ; de tels endroits se retrouvaient presque partout ! La détresse morale des Khantys est tellement grande…

« Si votre Dieu vit, alors priez pour qu’il envoie la pluie. »

À Taura, un autre village, nous avons expérimenté en direct, dans la première maison, cette terrible dépendance des démons. Il s’est avéré plus tard que c’était la maison de la chamane du village et de ses enfants. Apprenant la raison de notre venue, ils sont devenus très agressifs, s’emparant même d’une hache. C’est à grand-peine que nous avons réussi à les calmer. Nous leur avons chanté quelques cantiques et parlé de notre Dieu. Les Khantys se moquaient de nous en montrant leurs idoles, ricanant lorsque nous leur disions qu’ils étaient morts. Sarcastiquement, ils nous expliquèrent : « Oui, mais derrière ces idoles, il y a des démons vivants ! Ça, nous en sommes sûrs ! »

La chamane nous dit alors : « Nous allons vérifier tout de suite si votre Dieu est puissant. Nous avons une sécheresse depuis longtemps ; si votre Dieu est vivant, alors priez pour qu’il envoie la pluie ! ». Que pouvions-nous faire d’autre ? Notre foi était vraiment mise à l’épreuve. Nous savions que nous étions désormais totalement dirigés par Dieu, car aucun d’entre nous ne pouvait agir sur les conditions atmosphériques. Nous avons prié.

Et là… subitement, une goutte, puis une seconde... et finalement, il a plu en trombe ! Combien Dieu est grand ! La chamane et ses acolytes sont devenus tout silencieux. Ils ont écouté très attentivement l’épisode biblique d’Élie qui avait prié pour la sécheresse, puis, trois ans plus tard, pour la pluie. La chamane a interprété aussitôt à sa manière le sens de ce récit. Manifestement, elle craignait beaucoup que cette pluie ne cesse qu’au bout de trois ans. Doucement, elle dit : « De grâce, priez pour que votre Dieu fasse cesser la pluie bientôt. » Et Dieu agit une seconde fois, la pluie cessa ! Après cet événement, personne ne vint plus nous empêcher d’annoncer la Bonne Nouvelle de Jésus Christ dans ce village.

Quand le moment de partir arriva, toute la famille de la chamane nous accompagna jusqu’au bateau et nous salua avec un profond respect. Son souhait était : « Revenez nous voir ! »

 

Dennis, le gardien solitaire

Sur le chemin du retour, nous nous sommes approchés d’un village dans la soirée pour y dormir. En accostant, nous avons constaté que tous les hommes du village étaient fortement pris par l’alcool. Le frère Dimitry, qui connaît bien cette région et ses habitants, a pensé : « Dans un tel état d’ébriété, ces hommes sont imprévisibles ; c’est trop dangereux de passer la nuit ici. »

Mais planter une tente au bord de la rivière n’est pas moins dangereux, on peut s’attendre à la visite d’un ours. Aussi, avons-nous poursuivi notre périple sur l’eau dans l’obscurité en espérant qu’une occasion se présenterait. Soudain, à la lumière de notre lampe torche, nous avons aperçu un sentier qui conduisait à travers des buissons jusqu’à une maison. Nous avons accosté.

 

Il s’est avéré qu’il se trouvait là quelques maisons de villégiature appartenant à de riches commerçants. Personne n’était là, excepté Dennis le gardien qui nous ouvrit la porte. Nous avons remercié Dieu pour cet hébergement.

Jusque tard dans la nuit, Dennis nous a raconté sa vie, à la lueur des bougies. Il avait 35 ans et avait grandi comme orphelin. Ses deux sœurs avaient été placées dans un autre orphelinat, et il avait perdu leurs traces.

Il y a quatre ans, des commerçants l’avaient engagé et amené ici. Ils y auraient quelquefois passé des vacances, mais il y a déjà bien longtemps. Lui-même se nourrissait de poisson pêché à la ligne et de baies sauvages. Il n’avait plus mangé de pain depuis longtemps et ne buvait que l’eau de pluie.

 

Il nous a alors demandé la raison de notre voyage ; nous lui avons expliqué que nous sommes venus pour parler de Dieu à des gens comme lui. Il s’est montré intéressé et il nous a écoutés attentivement.

Bientôt, il devenait clair que Dieu avait déjà préparé le cœur de cet homme solitaire pour accueillir la bonne semence. Cela n’a pas duré longtemps, il s’est converti à Dieu.

Le lendemain, il alla chercher une caisse pleine de cigarettes de sa cachette et la brûla.

Il ne voulait plus rien avoir à faire avec le péché.

Nous lui avons offert un Nouveau Testament et toutes nos provisions. Puis nous nous sommes quittés pour reprendre le chemin du retour.

Une fois de plus, par cet événement, nous réalisons la grande valeur que Dieu attache à chaque âme en particulier.

Nos sujets de louange et de prière

L’aide et la bénédiction de Dieu sont des faits évidents durant ce voyage ; il n’était pas certain que nous rentrerions en bonne santé et sans blessure. Sous la surface de l’eau de la rivière se trouvent souvent d’épais troncs d’arbres et de grosses pierres. Un bateau peut sombrer lors d’une collision avec de tels obstacles non visibles ; des gens se sont déjà noyés ou gravement blessés en de telles occasions. Nous vous avons déjà relaté les dangers des hommes et des animaux.

Nous dépendons totalement de la grâce et de la protection de notre Seigneur Jésus Christ pendant ce voyage et pour les prochaines missions. Nous remercions profondément tous ceux qui nous ont accompagnés par la prière. Notre sujet de prière va pour le peuple des Khantys, qu’ils se convertissent et soient délivrés des liens sataniques. Priez aussi pour la famille du missionnaire Dimitri Mannikow qui vit et agit dans cette contrée.

Nikolai Ryschuk (Biélorussie)